Prologue
Lever 4h30 pour
les habituels préparatifs de brevet, dont le principal étant fait la veille pour éviter d'oublier
des choses importantes dans la fébrilité du jour J. Le but
matinal est de se remplir la panse de liquide et de solide, c'est toujours
autant de fuel emmagasiné. Une heure plus tard, je pédale sur mon fidèle destrier arnaché de multiples
sacoches et d'accessoires à la haute pointe de
la technologie. Je teste l'humidité de la journée, c'est pas si pire puisqu'il ne pleut pas mais il a flotté une partie de la
nuit, la chaussée est encore toute détrempée. Me voilà au stationnement
de la voie maritime, j'aime cette ambiance de départ, je salue les participants, beaucoup de têtes connues qui sont devenues au fil du temps, des compères de brevet, des partenaires de joie et de souffrance, des breveteux, des
mongols quoi ! Marie Claude a sorti son nouveau Look, je parle du vélo tout rutilant tout droit sorti du magasin, avec 0 km au compteur,
nouvelle selle, nouvelle position, tout ça pour son premier
300 km, le défi est de taille et la miss à choisi de le
relever ! Nous sommes une douzaine de braves à se rassembler pour
la photo de départ de l'ami Jean, nous scrutons le ciel gris et moche
mais nous sommes plein d'optimisme, miss météo nous l'a prédit.
Les groupes se
forment, les plus rapides partent devant, et pour une fois ce n'est pas notre ami Fred, en vacances en Floride avec
sa douce moitié. Bien sur, nous ne sommes pas les plus rapides dans
notre club des 5 formé de MC, Yves, Marc, Sam et moi. D'autant
que nous voilà déjà à l'arrêt pour régler les nouvelles lumières de Marc et Yves, acquisition de chez Peter White, le ricain qui
assemble de si belles roues avant avec dynamo incorporée pour une autonomie d'éclairage, idéal pour la nuit. Nous goûtons à ce vent
redoutable, prédit aussi par la grenouille de la météo, oscillant entre sud et ouest, pour l'instant plutôt favorable. Je fais connaissance avec un autre frenchy du peloton, Sam de
la région de Grenoble et du Dauphiné, arrivé au Québec il y a 3 ans et qui chevauche un Marinoni vintage, très à la mode cet an-ci chez nos amis breveteux. Nous effectuons nos premiers
relais entre hommes car nous voulons protéger Marie Claude,
notre petite reine du groupe, et néophyte de ce 300.
Il ne pleut pas vraiment mais la route est humide, ce qui salit nos vélos fraîchement nettoyés à cause des précédents brevets très arrosés. Un dernier virage à gauche, nous
prenons un bord vent arrière, dépassons le golf de St Césaire et arrivons à l'Ultramar, déjà 54 bornes de liquidées.
On retrouve Jean
et Martin, pointage rapide des bouts de papier, photo d'ambiance et on enchaine
par la piste cyclable. Travaux sur ce bout d'asphalte, franchissement
d'obstacle et passage glissant dans la boue, c'est plutôt casse gueule. Et nous voilà avec des vélos repeinturés et surtout tout crottés, bonjour la transmission qui couine ! Jean disparaît à l’arrière, on apprendra
qu'il a fait 2 flats, Martin et Sam mènent la cadence un
peu rapide, ça décroche un peu en
queue de peloton. Pause santé au vélo gare de Granby et retrait des dessous car il commence à faire chaud. Nous
continuons un peu la piste cyclable le long du lac puis attaquons les premiers
reliefs avec la côte de Saxby puis celle de Bromont. Je me fais un peu
largué à cause de la perte de mon mouchoir qui éponge mon nez toujours coulant ! Notre grupetto définitif se forme, je le surnomme les 3 mousquetaires et la petite reine.
Justement celle ci commence à tirer la langue
malgré ou à cause de son nouveau vélo, et bien sûr Yves, son
chevalier servant, reste à ses côtés pour l'encourager. Dernière côte du Lac Brôme, nous
atteignons l'IGA et son contrôle, nous
retrouvons Sam et Martin. Pause lunch et ravito dans le magasin bien achalandé. Yves et Martin nettoient leur chaîne avec 2
techniques differentes, pour Yves ce sera avec de l'huile de canola, quant à Martin, il démonte sa chaîne tout simplement ! Une averse passe et nous retarde
pour repartir, ouf, tous aux abris. Je reçois un texto de
Marielle qui fait du vélo de son côté et lunche au même moment au sommet de la Covey Hill
avec son groupe d’amis.
Étape 3, 64 km, Lac Brôme - Sutton, km 180
Requinqués, on repart, Jean, Martin et Sam se détachent, nous restons à quatre. Vent
favorable, ça roule bien jusque la direction sud vers Mansonville, ou
le vent n'est pas encore si violent grâce aux côtelettes. Pause pipi au Shell de Mansonville, on s'engouffre dans la vallée de la Missisquoi, les choses sérieuses
commencent, le vent est direct en face, prise de relais avec Marcus et Yves, MC
serre les dents et s'accroche. Une autre pause reprise d'énergie pour MC à un km de la Scenic, dommage pour Marc
et moi qui venions juste de prendre une fiole de gel avant le monument coteux
de la journée. Chacun monte à son rythme,
regroupement en haut, pour ma part, tout va bene ! Descente énivrante sur Abercorn puis full pin vent dans le dos jusque Sutton, on jase
avec Marc, nos tourtereaux profitent de la roue libre à l'arrière. Pause copieuse au Sub, soumarin, soupe, yaourt et coke en fontaine dans
ma gourde. Épisode crème à cul, les esprits
s'échauffent et pas que les esprits ... Moi pas besoin avec
ma super selle Brooks, j'ai les fesses aussi fraîches qu'un nouveau né, enfin presque !
Dehors le soleil est radieux, en revanche j'aurais donc du mettre de la crème solaire, en plus j'en ai dans ma sacoche et j'ai tout simplement oublié, grossière erreur.
Nouveau départ pour la plus longue étape du brevet,
axe plein nord, le vent nous aide encore un peu avant d'attraper la 114 ouest.
Qui dit ouest, dit vent, oups, et la on va en avoir pour notre argent, ça souffle et pas à peu près, on s'accroche à nos guidons, on s'arc-boute comme on
peut, on défie le vent grâce à nos mollets musclés, même si c'est a 20 à l'heure, on a signé, c'est pour en chier. Cowansville est dépassé dans la douleur et c'est pas terminé, Dunham à du mal à rendre les armes,
nous nous y arrêtons pour une pause crème glacée pour certain(e)s et numéro 2 pour bibi, fichtre que c'est ben intéressant tout ça. Hey, ce sont les aléas du randonneur, ça rentre, ça sort, quoi de plus normal ! Encore un bord vers l'ouest jusque Stanbridge
et on refile vers le nord, vent de côté, comme c'est agréable de ne plus avoir à forcer sur les pédales comme des fous furieux. MC donne cependant quelques signes de
fatigue, elle ne veut plus avaler les bonnes jujubes pleine de jus, elle a des
envies de vomir, pas bon tout ça, faut continuer
d'alimenter la machine sinon la panne sèche arrive vite
fait. Le soleil se couche à l'horizon, le crépuscule enveloppe notre groupuscule, depuis le temps que je la rumine celle
la, je l'ai trouvée sur le vélo ! Nouvelle
pause au Tim de ... Farnham, hey c'est pas le bon ! C'est fait exprès, escale toilettes et déguisement en pères et mère Nowell, on brille de mille feux sous le regard étonné des gens attablés au dehors, à siroter un Tim
glacé en regardant le hockey, Montréal est en train de
se faire ramasser par les big bad Bruins, déjà 2-0, ça se terminera 4-2 pour Boston. Dernier rush dans la
noirceur jusque St Césaire, avec intermède saut de chaîne pour Yves, celle-ci ne doit pas
aimer la saveur canola. Nous voilà au dernier Tim
pour clôturer la soirée, on titille une
dernière fois nos estomacs avec soupe, paninis, beigne, jus,
coke, et nous sommes rechargés à bloc pour
affronter l’ultime ligne droite plein ouest vers la métropole.
Motivés au bout, nous entamons la série de relais car
le vent ne s’est pas couché avec le soleil et
nous declare encore la guerre. À une moyenne de 20 à l’heure, nous rampons à la queue leu leu
sur la bande cyclable de la 112, slalomant entre les roches et les débris divers, quelques onomatopées se font
entendre dans la noirceur. Notre petite reine tient le choc bien encadrée par ses 3 mousquetaires ! Voilà Chambly où nous décidons d’emprunter la piste cyclable reliant St Hubert, évitant ainsi la circulation et peut-être le vent s’il se fait plus discret parmi les boisés. Nous profitons de ce moment de répit sur un bon
asphalte puis retrouvons la civilisation de la rive sud sur Gaétan Boucher. Plus que 10 km à faire parmi les
lumières, les nids de poules et les râlements de MC qui se voyait déjà arrivée, patience, le but est presque atteint, nous irons au bout de ces 312 kms.
Voilà Victoria qui nous semble être la délivrance de nos souffrances, même qu'avec Marcus,
nous sprintons pour le final. Enfin le Couche Tard de St Lambert, qui n’a jamais si bien porté son nom.
Il est minuit 25
lorsque nous estampillons pour la dernière fois nos cartes
de route, soit 18h25 pour ce foutu brevet de 300 km, l’un des plus difficiles aux dires de Jean Robert. D’ailleurs, celui-ci flanqué de Martin et Sam,
arriveront juste un peu plus d’une heure avant
nous, si on avait su, on aurait flingué pour les rattraper
! Mais non, je niaise Marie Claude. Celle-ci est toute heureuse d’avoir bouclé la boucle, 300 km check ! Un dernier cliché pris par le commis
pour sceller l’instant historique qui sera affiché sur Facebook
quelques instants plus tard par Yves, le roi du couple FB-iPhone.
Congratulations, je quitte ma bande de joyeux drilles, conscient d'avoir écrit avec eux une nouvelle page de cette belle épopée sur 2 roues, ou la camaraderie, l'entraide et la bonne
humeur étaient toujours au RV pour la réussite de l'objectif !
Un pour tous et
tous pour une, comme diraient les mousquetaires de sa majesté la petite reine ! Et rendez-vous dans 2 semaines, pour
le 400 !
Retour au condo
par Victoria, vent arrière, il n'est pas loin d'une heure du
matin, j'ai encore faim. Je grignote
quelques croustilles en relaxant dans le canapé, je mets mes affaires de vélo dans la machine
à laver, je me mets moi même sous la douche
et vais me coucher. Une bien grosse journée, comme je les
aime.
Super récit, on s'y croirait.
RépondreSupprimerDeux excellentes idées que j'aurais du avoir: prendre une petite glace à Dunham, et prendre la piste cyclable depuis Chambly! Malgré la difficulté vous avez tou(te)s l'air heureux, comme on dit en anglais "misery loves company" :-)
RépondreSupprimerFélicitations à MC pour son premier 300km, et on se voit tantôt pour le 400km!
Effectivement, Misery loves my company, c'est même une des tunes de Three Days of Grace que je joue sur mon iPhone tout en cyclant ! J'espère qu'on pourra rouler ensemble pour le 400 !
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