samedi 9 juin 2018

Coup dur pour certains dans ce brevet des 400 coups !

L'échéance de la 4ème étape de mon Objectif Mille arrive bientôt, me voilà à nouveau au pied du mur. Il va me falloir affronter ce redoutable 400 avec son parcours ultra côteux, plus de 3000 mètres de dénivelé dans sa version 2018, gracieux choix du président. A l'issue de cette épreuve, j'en saurai davantage sur ma condition physique, et surtout mon état d'esprit à repartir sur la voie de la longue distance, en vue du PBP 2019. 

J'avais fait l'impasse sur le premier brevet de 400 du 26 mai, alors que la météo avait été fort exécrable, le vent et la pluie annoncés furent effectivement au RV. Du coup, le nombre de participants s'était limité à 2 valeureux mongols frenchy et expérimentés, j'ai nommé Fred Perman et Olivier Januario. J'avais aussi réfléchi que le deuxième 400 était mieux placé dans mon calendrier d'entraînement afin de viser le 1000 Coureurs des Bois du 30 juin, le point d'orgue de ma saison de breveteux. Il y avait bien le 600 dans l'agenda du CVRM, mais celui étant le 23 juin, il m'était difficile d'y participer sans y laisser des plumes. Une seule semaine pour récupérer et attaquer une épreuve de 3 jours me paraissait insensé pour mes pauvres petits muscles. 

Samedi 9 juin, 3h du matin, c'est pour moi que sonne le glas, voilà Hemingway, tu as ta réponse. Reposé, bien dans mon corps, bien dans ma tête, je suis prêt à consacrer les prochaines 24 heures à communier avec mes camarades de la pédale. Préparatifs d'usage, ultime vérification de la météo qui s'affiche bien clémente, avec un vent de Nord-Ouest dans les secteurs traversés et donc favorable pour le premier tiers du parcours. Espérons qu'il tournera au retour, il est permis de rêver. La température devrait osciller entre 8 et 25 degrés, ce qui est somme toute, très confortable. Il faut cependant prévoir une tenue longue pour ne pas greloter dans la fraicheur du départ matinal et celle du retour nocturne. Vers 4h30, je m'en vais joyeusement rejoindre la ligne de départ de la Voie Maritime de St Lambert par la piste cyclable fraîchement refaite. 

Beaucoup d'inscrits pour ce 400, vu les conditions météo, il y a du beau monde présent au stationnement. On se croirait déjà à un brevet de sélection pour le prochain PBP, ce qui n'est pas faux car l'année précédant l'événement peut compter comme présélection en cas de surnombre de participants. 

Du beau monde au stationnement

Marc pique la caisse pendant que JF le rouge hypnotise Jean

Gi & Jo se préparent pour partir les derniers

Revue des effectifs en prenant quelques clichés, voici nos 16 forçats de la route, de gauche à droite sur la photo : 

Nos 16 forçats de la route pour ce 400 version 2018

1- Nathaniel W, tout heureux d'être là malgré quelques livres en trop, et ce ne sont pas des livres de bibliothèque. 
2- Robert L, récent dans les brevets, il veut sa revanche après son abandon au dernier 200. 
3- Guy M, notre québécois de Gatineau, il roule d'habitude avec le club des Randonneurs Ontario, il n'y a pas de honte à ça. 
4- Yvon C, pilier du club, avec son maillot de St Jean sur Richelieu, tiens il est venu en auto aujourd'hui. 
5- Jacob C, le fils du père, un solide gaillard lui aussi, cela explique l'auto. 
6- Pascal P, votre narrateur, qu'on ne présente plus. Humble randonneur, hum hum ... 
7- Jonathan A, le jeunot grano-écolo confirmé, vivres tirées du sac garanties. 
8- Marc B, un autre pilier du club, il en faut plusieurs pour faire tenir le pont. 
9- Jean-François T, dit le Baron rouge par la couleur de son vélo et de sa garde robe, récent dans les brevets, rouleur métronome qui fait de courtes pauses, genre Dave. 
10- Gilles C, dit l'invité surprise car il décide souvent sa participation au dernier moment. 
11- Gabriel A, monsieur Lagaffe qui n'en a pas fait aujourd'hui, juste pour me contredire. Il est à l'heure et son matériel est en excellent état, OMG. 
12- Martin D, l'ombre de Jean, un gars sympa, robuste et discret, autre pilier ... 
13- Ralph L, notre anglo bien aimé de la bande, mister LEL 2017, congrats man ! 
14- Olivier C, autre pilier, véritable locomotive de peloton, prendre sa roue est à vos risques et périls. 
15- Michel L, dit Mitch, il s'est récemment brisé la clavicule, de retour de convalescence, sera-t-il en forme ? 
16- Jean R, absent de la photo car derrière la caméra, dit le président, dit le distributeur de cartes. 

L'ambiance de départ est bon enfant, nous commençons à bien nous connaître et ça fait plaisir de se retrouver pour une nouvelle épopée. Nous savons que longue sera la journée et nombreuses seront les péripéties. A 5h, c'est le temps de la photo souvenir et bien sûr, du coup de pistolet. 14 cyclos se mettent en route, 2 restent encore au paddock à finir de s'ajuster. C'est jour de GP de F1 sur l'île Notre Dame juste en face aujourd'hui, mais faut pas abuser. 

Mitch s'est pété la clavicule récemment, un dur de dur !

Nathaniel aime les défis, chapeau l'artiste !

Gaby plus que parfait ce matin

Jo déconne avec Yvon, JF déjà concentré

Km 0: Qui retrouve-t-on en tête aujourd'hui ? Et bien non, ce n'est pas Fred pour une fois, car absent pour cause de 1200 km en Virginie. Le premier, c'est bibi qui emmène le paquet hors de l'agglomération sud-riveraine, alternant les arrêts au gré des lumières. 10 bornes à mener la danse en ce début de brevet, c'est fabuleux ! Faut dire que derrière, les autres jacassent comme des pipelettes, et pourtant il n'y a pas de féminine dans le peloton. 

Km 12: Oups, une police. Tout le monde respecte la lumière rouge. Gaby me taquine sur le ticket que j'ai récolté la semaine passée ... pour avoir franchi un feu de la même couleur. 

Km 16: J'ai laissé les commandes du groupe aux cadors du club, les gros mollets comme je les appelle, ils imposent la cadence. Avec ce vent favorable Nord-Ouest, ça devrait bien rouler jusqu'à Frelighsburg, pour une centaine de kilomètres. 

Km 30: Richelieu est atteint, l'allure est vive mais relax, ça papote toujours dans les rangs. A droite toute, on rattrape justement le rang de la Savane, direction plein sud. 

Km 37: Que c'est beau un peloton de 14 unités roulant à 2 de front à cette heure matinale sur une route déserte, ensoleillée et poussé par Éole. C'est assez rare de voir ça lors des brevets, c'est donc ici mentionné. Je trouve ce moment tellement historique que je fais quelques clichés sur le vélo pour graver l'instant. 

Une image rare pour un 400, un peloton groupé de 14 unités

JF aime le rouge ... et le noir

Olivier la loco de peloton. À noter l'ombre du photographe

Km 41: Jean-François fait un flat, le kilométrage de l'incident est authentifié par l'intéressé. Il y a zéro volontaire pour l'aider à réparer, c'est beau l'esprit d'équipe. Ça gâche un peu la séquence précédente ou semblait régner la solidarité. La devise du breveteux nord-américain est bien souvent, Dieu pour tous et chacun pour soi. 

Km 49: Voilà le village de Mont St Grégoire avec ledit mont en toile de fond. J'ai planifié une pause sanitaire et alimentaire pour couper l'étape en 2 parties. Mais comme tout va bien dans ce peloton groupé, je préfère continuer avec le paquet. Olivier et Ralph s'arrêtent un peu plus loin pour soulager leur vessie. 3 unités en moins sur un groupe de 14, il en reste 11, j'exerce régulièrement mes neurones avec du calcul mental. 

Km 54: Rang Kempf aux alentours du bonhomme 7h, deux forces fraiches nous rejoignent par l'arrière, c'est Gilles et Jonathan, 11 + 2 = 13. Ils ont dû quand même bien appuyer sur les pédales car nous roulons déjà depuis 2 heures à 27 de moyenne, sans forcer, il est vrai. 

Km 60: Jean qui roulait tranquillement en queue de peloton, a des fourmis dans les jambes. Il décide de passer à l'action en prenant la direction des opérations, il accélère et monte la moyenne a 35. Cela a pour effet de réveiller les troupes qui s'accrochent à l'excité de président. Quelques unités sont surprises et se font décramponner, en un mot. Je reste devant avec les caïds. 

Jean roulait tranquillement en queue de peloton ...

Km 68: En rejoignant Grande Ligne, Jean et Yvon aperçoivent un tracteur qu'ils se mettent à poursuivre comme des gamins. Un sprint effréné s'engage pour se faire aspirer dans son sillage, à plus de 40 de moyenne, quelques cinglés les imitent. A mon tour d'être surpris par ce buzz, il est trop tard quand je me décide à y aller. Je me fais vite décrocher sans réussir à opérer la jonction, avec un manque de volonté évident. Je les regarde s'éloigner en me disant que long is the road, on se reverra tôt ou tard. 

Km 72: Notre Dame de Stanbridge, notre beau peloton a explosé, bravo Jean. Regroupement avec Marc et Nathaniel qui ont lâché prise, Guy nous rejoint par l'arrière. 

Km 82: Quelques hectomètres de garnote, c'est la seule partie gravel bike du brevet, Marc peste sur cette portion. Il pète aussi, je crois. 

Km 88: St Armand, c'est décidé je vais y faire ma pause pipi sandwich avant d'entamer les premiers reliefs, c'est psychologique à cet endroit. Je jette un œil sur ma moyenne, 28 à l'heure jusqu'ici, je m'épate moi-même. Marc et Nathaniel continuent dans la Pigeon Hill, sur cette belle route bosselée longeant la frontière. Michel, Oliver et Ralph me rejoignent aussi et ils poursuivent leur chemin sans m'attendre. Je repars et les suis à distance. 

Pit stop à St Armand, c'est jour de GP de F1

Michel frais comme une rose avant d"attaquer les bosses

Km 105: Il est 9h quand j'atteins le 1er checkpoint de Frelighsburg. Le regroupement est effectué, chacun se restaure au dépanneur. Je m'aperçois que j'ai perdu ma lumière arrière accrochée à ma sacoche, il ne reste qu'un bout de plastique que j'avais pris soin de bien strapper par sécurité. Heureusement que j'avais prévu sa petite sœur, quelle bonne idée. C'est la queue pour les toilettes, de charmantes cyclotes nous demandent ce que nous faisons comme parcours. Elles tombent des nues lorsqu'on leur parle de 400 kms ... en moins d'une journée, c'est impensable pour elles. Clichés d'ambiance, on retire les couches de vêtements inutiles car ça commence à chauffer sous les casques. Les côtes s'annoncent, surtout qu'elles vont être à répétition. 


Jacob se repose, fais gaffe à ton dos l'ami

Jonathan refait le plein de liquide à la station

Les hommes et les bécyks prennent une pause


Jean nous quitte déjà, il intercepte JF le baron rouge qui a réparé sa crevaison mais a zappé le contrôle. Celui-ci s'en retourne au checkpoint. D'autres remettent en route à leur tour, Martin, Yvon, Jacob, Gilles, Robert, Jonathan, Nathaniel et enfin JF qui écourte ses pauses au maximum pour un arrêt minimum. Après avoir avalé un sandwich jambon et un Perrier, je lève le camp avec Michel, Ralph, Marc et Olivier. De nouvelles réjouissances nous attendent et il y aura bientôt de la joie. Reste en arrière, notre Gaby national.

Mitch a grand appétit

Km 108: La Joy Hill est franchie à la moulinette, il faut en garder sous la pédale, le mot d'ordre est LSD, Long Slow Distance. 

Km 117: On rattrape Nathaniel, plus pesant dans les bosses. Nous nous amusons dans les grosses descentes suivies de grosses côtelettes. 

Km 123: Voilà Abercorn et la 139. C'est parti pour 4 km d'ascension dans la redoutable Scenic et ses raidillons à fort pourcentage. Chacun s'arc-boute sur sa machine et franchit l'obstacle. On rejoint Robert qui semble en arracher. Nous apprendrons plus tard qu'il a abandonné, trouvait-il ça trop dur ? 

Km 130: Nous dévalons à fond la caisse dans la vallée de la Missisquoi. Bien que le vent soit encore favorable, je peine à suivre mes 4 compagnons, alors je les laisse filer. Quand le rythme n'est pas le mien, rien ne sert de forcer car on est loin d'être arrivé. 

Km 147: À mon tempo, je rejoins la 243 qui me remonte à Mansonville, il est 11h15. C'est encore un de ces arrêts officieux du brevet car stratégiquement bien placé pour se restaurer. Par expérience, tout le monde y fait une pause. Le dernier tronçon a été assez sportif et le prochain promet de l'être tout autant, alors pas de panique à la Jamaïque. On en profite pour recharger les organismes en glucides et en électrolytes. Bien qu'il ne fasse pas trop chaud, environ 23 degrés, il faut faire bien attention à la déshydratation. J'engloutis une banane, je me cale un Perrier derrière la cravate et je repars solo. Mitch prend ma roue à distance, les 3 autres plus rapides, nous rattraperont. 

Guy à Mansonville donne des nouvelles sur FB

Tout va bien pour Marcus et moi

Robert et Michel abusent du cell mais en manque de sels

Km 157: À nouveau, voici quelques grimpettes bucoliques et le club des 5 est réformé. Nous traversons un hameau que je surnomme la petite Ukraine dans le canton de Potton. C'est un lieu historique ou quelques immigrants ont construit une chapelle sur le chemin Vorokhta, petite nostalgie slave. Fin de la parenthèse culturelle. 

Km 162: Jolie descente panoramique avec la vue sur le lac Memphrémagog, nous atterrissons a Knowlton Landing, comme le nom l'indique. 

Km 172: Nouvelles enfilades de bosses ardues dans le secteur de Vale Perkins, nous arrivons au spa de Bolton Centre. Nous n'irons malheureusement pas faire trempette dans le jacuzzi aujourd'hui, dommage. 

Km 177: South Bolton et jonction avec la 143. La succession d'efforts a encore pompé pas mal de mon énergie, je n'arrive pas à suivre mes acolytes, toujours emmené par un Olivier déchaîné. Sa devise préférée doit surement être, qui m'aime me suive. Comme à mon habitude dans ces cas là, je retourne bien sagement à mon rythme. 

Km 180: Le parcours prend la direction Ouest, ce qui signifie vent dans la poire. Je ne tarde pas à m'en apercevoir et je suis bien dépité de me retrouver seul et sans abri. Ma moyenne s'en ressent quelque peu. Guy me rattrape d'un coup de pédale léger et me largue aussitôt. C'est pas grave mon lapin que se dit la tortue que je suis. 

Km 188: Cette route 243 est toujours aussi pourrie. Heureusement des cônes oranges indiquent une réfection imminente, c'est pas trop tôt. À surveiller lors d'un prochain passage. 

Km 193: Dans ces moments difficiles, je me fixe des objectifs réconfortants. J'ai donc choisi de faire un stop à Lac Brome et son dépanneur avec table accueillante à l'ombre. Là se trouve le Pepsi bien frais et la barre de chocolat qui vont me rebooster jusqu'au prochain contrôle distant de 19 km. 

Km 212: Encore un effort sur la 215 Sud. Vers 14h30, voici l'IGA de Sutton, je vais pouvoir me refaire une santé. Je sais par expérience des longs efforts en endurance, que les passages à vide font partie du jeu. Je sais parfaitement que la solution est de redonner de l'énergie aux muscles sous forme de glycogène. Pour cela, l'unique solution est de bien manger, bien s'hydrater et de ne pas paniquer. Je retrouve là quelques compagnons, Jean, Marc et JF sont sur le point de repartir. Mon quatuor Marc, Olivier, Ralph et Mitch se restaurent tranquillement, ils ont aussi besoin de refaire le plein. Je fais pointer ma carte Audax et vais me chercher un lunch. Croissant jambon, bouchées de fromage, pita, pâté et raisins, le tout arrosé d'un Coke, ben oui, ici c'est pas Pepsi. Jonathan vient d'arriver, tout comme Yvon qui nous annonce que Jacob a abandonné, il a été rapatrié par sa blonde. Il avait mal au dos et ça s'est aggravé au passage des côtes. Yvon fait une escale rapide et repart avec ma gang de 4. 

Une partie de mon quatuor de choc recharge les accus

Guy à Sutton donne des nouvelles sur FB

Marcus, après l'effort, le réconfort

Quant à moi, je me suis donné 30 bonnes minutes de pause pour bien récupérer. Je jase avec Jonathan, il me confie qu'il a mal dormi et se sent affaibli. Comme à son habitude, il mange ses sandwichs maison qu'il transporte dans ses bagages, celui-ci est constitué de pain d'un jaune douteux. En guise de dessert, il savoure ses friandises à la Quintana enrobées d'une feuille végétale biodégradable, il me fait cadeau d'un de ses délices sucrés. Après la collation, nous décidons de repartir ensemble. 

Jonathan content malgré son manque de sommeil

Le lunch du guerrier

Pain jaune douteux et friandise Quintana

Km 216: Notre duo attaque à froid la côtelette à la sortie de Sutton, nouveauté de Jean, encore un choix du président, un joli coup de cul sur le chemin Woodart. Doucement mais sûrement, nous réchauffons nos muscles, toujours raidis après une pause prolongée. 

Km 225: Remontée de la 215 Nord, nous n'avons pas croisé de retardataires mais d'après mes calculs, il ne doit rester que Nath et Gaby après nous. Résumons-nous, nous sommes 2, il y a eu 2 abandons, mon groupe de 4 plus Yvon est devant nous, donc cela fait : 16 - 2 - 2 - 2 - 4 - 1 = 5, soit Jean, Martin, JF, Gilles et Guy, le compte est bon. 

Km 230: Une jolie côte verdoyante nous remonte puis nous redescend sur Bondville. Jonathan n'est toujours pas réveillé, il navigue derrière à distance. Je l'attends un peu pour le tirer jusque Waterloo, il m'en remercie. C'est chacun son tour de donner au suivant. 

Km 242: Déjà le 3ème contrôle, il est 16h45, le club des 5 est encore là. Mitch est assis sur un banc, il a l'air écœuré. Il a mal à l'estomac et n'arrive plus à s'alimenter. Son état me rappelle mon abandon de 2013 sur ce 400 au même endroit, plus capable d'ingurgiter quoi que ce soit, j'étais déshydraté. Mon ex était venue me chercher en auto et mes compagnons avait traversé un terrible orage au retour. Nouvelle phase de remise en condition pour Jo et moi, je refais le plein de liquide. Powerade rose dans la gourde, eau plus électrolytes dans le camelbak, Pepsi avec crème glacée dans l'estomac, tout de suite et maintenant. Faut bien se faire plaisir, que diable. 

Yvon et Marc, 2 randonneurs éreintés mais satisfaits

Guy à Waterloo ne donne plus de nouvelles sur FB

Je continue de prendre des clichés de ces instants de détresse humaine. C'est toujours tellement beau à revoir, installé confortablement dans son canapé, une bière à la main, quelques jours plus tard. Le quatuor infernal reprend la route, nous laissant Michel sur les bras. Quelques minutes plus tard, nous repartons à 3, le trio des éclopés est ainsi rebaptisé. 

Mitch passablement écœuré, les solides ne passent plus

Un tit dodo au motel, mon Jo ?

Km 250: J'emmène mes compagnons sur un petit bout de 212 Est avec vent arrière, ça roule facile. Puis c'est le chemin de la Diligence, autre nouveauté de cette version 2018 du 400. D'abord un long faux plat de 4 bornes puis une belle descente qui nous guide tout droit sur le chemin Bonalie. 

Km 260: Chacun roule à son rythme sur ce sympathique toboggan jouxtant le parc d'Orford, secteur Stukely. Jonathan a repris la tête, il semble se refaire une santé, la chaleur du jour commence à décliner, le corps retrouve des bonnes sensations. 

Km 270: 220 Ouest, normalement vent défavorable. Mais oh surprise, Éole est en train de faiblir à son tour, tant mieux pour nous qui retrouvons chacun du poil de la bête. Mitch a ingurgité une banane qu'il qualifie de magique car elle semble lui débloquer le bide, retrouvant ainsi ses forces. Quant à moi, quelques rasades de ce liquide rose et me voilà comme Astérix, à ressentir mon énergie décuplée, notamment dans les bosses. 

Pause sanitaire sur la 220 du retour

Km 273: Il est presque 19h, nous atteignons le hameau de Bonsecours, le bien nommé. Nous apercevons Gilles arrêté, assis sur le trottoir à côté de son vélo. Il nous raconte qu'il a mal au genou depuis quelques kilomètres et qu'il a décidé d'abandonner. Il faut savoir prendre la bonne décision, c'est tout à son honneur. Il attend sa femme qui va venir le chercher. C'est le 3ème abandon de la journée. Il nous souhaite une bonne fin de brevet, nous le saluons puis reclippons. 

Nous reclippons à Bonsecours, au secours de Gilles

Km 280: Notre trio remet en route dans la bonne humeur, les forces sont revenues, le vent est quasi nul, l'asphalte est tout neuf, le soleil baisse doucement sur l'horizon, bref le moment est parfait. Jonction avec la 243, nous voici à Ste Anne de la Rochelle, joli petit village a l'intonation française. 

Après 280 bornes d'effort, le moment est parfait

Km 290: Encore un peu de relief jusque Warden mais je me rappelle que ça va bientôt achever avec les côtelettes. Jonathan qui a déjà roulé sur ce 400 l'an passé, n'a plus aucun souvenir du tracé. Je motive tout de même les troupes, en dépit des 3000 mètres de dénivelé au compteur, ça commence à nous rentrer dans le corps. 

Km 296: On termine les derniers coups de cul à l'arraché, je caracole en tête pour sonner la charge. La 112 est atteinte avec joie, plutôt rare de dire ça, mais ici, elle est synonyme de douce descente jusque Granby sur une dizaine de kilomètres. On s'est fixé comme objectif le Subway à l'entrée de la ville, maintenant à portée de roues. Nous sommes affamés comme des loups en meute, surtout Mitch qui mangerait bien un boeuf. 

Km 307: Nous arrivons au royaume du pain qui pue, c'est là que nous faisons pointer notre 4ème contrôle, la demoiselle inscrit 20h24. Tavernier, la traite pour tout le monde. Pour moi, ce sera une soupe, un 6 pouces steak-fromage avec Pepsi citron en fontaine. Michel s'envoie direct dans l'estomac, un 12 pouces bien garni. Même Jo qui semble haïr ces restos, s'offre quelques petites douceurs. Le soleil est allé se coucher lorsque nous ressortons, totalement revigorés. Il est temps de se rhabiller car il fait déjà frisquet, la fraicheur nocturne s'installe rapidement. Nous remettons nos tenues longues, accrochons nos lumières sur nos bécyks et repartons pour une autre étape de 55 bornes, destination Otterburn, nouveau checkpoint de ce 400. 

Loups affamés au Sub de Granby

Festival de légumes au royaume du pain qui pue

Le soleil est parti se coucher, pas nous !

Km 312, Balade sous les étoiles sur la piste cyclable, tout phare allumé, on quitte gentiment la ville de Granby pour s'engouffrer à nouveau dans la campagne, enrobée dans son manteau de nuit. 

Km 320: Passage au camping de l'Estrival, j'aime ce coin quand nous y passons by night, quelques campeurs ont allumé leurs feux de bois, ça sent bon, on s'arrêterait bien pour une bière et quelques guimauves. 

Km 333: On file bon train en alternant les relais, la moyenne est bonne et augmente même. St Césaire est en vue mais ce n'est plus un contrôle donc pas d'arrêt. Je sollicite une pause pour destresser mes omoplates endolories, certainement à cause d'une position trop basse de mon guidon pour de longues heures de selle. Faudra régler ce problème à mon retour car les distances des brevets vont encore s'allonger. 

Km 335: Surprise, surprise! Nous retrouvons un groupe de 5 breveteux, c'est le fameux quatuor de Marc, Ralph, Olivier, Yvon accompagné de Gaby qu'ils ont récupéré au WacDo de Granby, en train surement de s'empiffrer avec un bon burger. Nous revoilà maintenant un gruppetto de 8 pour affronter l'ultime difficulté du jour ou plutôt de la nuit, le terrible Mont St Hilaire. 

Km 340: Nous dépassons Rougemont, de minuscules côtelettes scindent le peloton en 2, les pressés d'en finir avec Jo, Mitch, Yvon et Olivier, puis les relax avec Marc, Ralph, Gaby et moi. Sur la 229, je mène la danse contre une légère brise en rase campagne. La moyenne n'est pas très élevée, mes suiveurs ont l'air de s'en contenter car personne ne dépasse. Ralph traîne derrière, il couve quelque chose. 

Km 357: On en termine une fois pour toute avec les bosses, le chemin de la Montagne et son sommet à 105 mètres sont franchis. Nous nous laissons glisser vers le checkpoint d'Otterburn. 

Km 361: 5ème contrôle au Couche Tard, encore le bien nommé, en effet, il est presque minuit docteur Schweitzer. Pourtant, mes amis randonneurs papotent de plus belle, ça blague encore. Seul Ralph s'est allongé pour somnoler dans le stationnement, il semble épuisé avec des problèmes de digestion, peut-être en manque de sels minéraux. Je m'offre une dernière crème glacée arrosée d'un Perrier. 

Le nouveau checkpoint d'Otterburn Park

Ben content d'avoir exploser mon kodak

Mon Magnum vanille d'une main et de l'autre mon Kodak, je prends des instantanés de ce moment jovial. Malheureusement, ma caméra se jette par terre, une tentative de suicide peut-être ? Ma batterie vole, je pense que mon appareil est HS. Mais après analyse, il est réparable moyennant un bout de duck tape. Pour l'heure, je termine mon reportage avec le iPhone. Il est temps de ré-enfourcher nos bikes car certains commencent à s'endormir. 

Ça papote, ça joke malgré la fatigue

Gaby a accumulé des air bouffes

Km 365: Chemin des Trente pour les Huit. Dans la noirceur et la fraicheur, on se les gèle. Le thermomètre passe sous les 8 degrés, brrrrr. Alors nous pédalons plus fort pour nous réchauffer. Oliver et Michel impriment un bon train, il va beaucoup mieux mon Mitch. Il apprend à mieux se connaître en subissant les hauts et les bas des efforts qu'on rencontre dans les brevets. 

Km 376: Richelieu, on a perdu Ralph dans les accélérations. Le groupe décide de prendre la piste cyclable de Chambly. Marcus dit qu'il ne veut pas se faire écrapoutir sur Grande Allée à cette heure de la nuit. C'est vrai que la traversée des bois est plus romantique à minuit et queuques. 

Km 392: Revoici la civilisation, ses lumières, ses routes pourries sur Boucher, Milan, Lapinière, Victoria. Nous sommes un peloton de 8 rescapés qui pédalent depuis plus de 20 heures, on est bien content d'arriver. 

Km 400: 6ème et dernier contrôle du Dépanneur du Coin, c'est la délivrance de cette débauche d'effort. Il est 1h26, verdict du chrono, soit 20h26 dont 3h30 de pause d'après mon Garmin. J'avais inscrit 20h43 sur mon plan de match alors c'est tout bon, avec 23,6 de moyenne roulée. Ralph arrive quelques minutes plus tard, passablement émoussé. Il hésite à repartir tout de suite chez lui ou faire un mini somme dans son auto, sécurité avant tout. Quelques clichés finish avec ma caméra de secours, ce précieux iPhone qui me sert aussi de source musicale, de tracker GPS, d'échange de textos avec ma douce tout au long du brevet, et accessoirement, de téléphone. 

Dépanneur de la délivrance, la boucle est bouclée

Monsieur checkpoint inscrit 1h26 sur nos sésames

Ralph perdu dans un halo de fatigue

Récapitulatif des arrivants, Jean et Martin sont arrivés en 18h52, JF en 19h50, soit 30 minutes avant notre groupe de 8. Le dernier arrivera en 23h05, c'est Nathaniel, bravo pour sa persévérance car ce n'est pas facile de rouler seul. Il y a 3 abandons recensés, donc : 2 + 1 + 8 + 1 + 3 = 15, il en manque un, c'est Guy, où est il passé ? Certainement qu'il est arrivé avec les premiers car il avait un bon rythme. En consultant les résultats du CVRM, j'apprendrai qu'il a bouclé ce 400 en 20h05, seulement 20 minutes avant notre groupe. Il a certainement roulé solo une bonne partie du brevet, chapeau à lui.

On se congratule, on discute des prochaines festivités, certainement le 1000 km organisé par les Randonneurs Ontario, parcours Ottawa-Québec-Ottawa. Nous sommes plusieurs intéressés à le faire comme Marc, Olivier, JF, Mitch et moi, mais ces 2 derniers ne sont pas sûrs encore. On verra comment se fera la récupération de ce 400. Comme toujours, après un dur effort comme aujourd'hui, on est souvent écœuré, on n'a plus le goût de se remettre dans ces situations de souffrance. On sait bien que le lendemain, quand la poussière de l'effort retombera, nos jugements se transformeront. On se sentira prêt à repartir pour de nouvelles aventures. 

C'est quand qu'on remet ça les amis ?

Le repos des guerriers, mission accomplie !

De mon côté, il n'y aura pas de brevet de 600, pas de 5ème étage à ma fusée Objectif Mille, car trop mal placé dans le calendrier du CVRM. J'ai 3 semaines pour préparer mon physique, mon mental, ma logistique pour l'hébergement et revoir ma position de guidon. Ma seule douleur présente se situe au niveau des omoplates et c'est récurrent sur mon Piuma lors de longues rides, à revoir donc. 

Dispersion des cyclos, chacun repart de son côté. Je m'en retourne au condo vers 2h du matin. Douche, dégustation de crottes de fromage et croustilles pour récupérer en sels minéraux, le tout copieusement encore arrosé d'eau gazeuse. Puis zou, au dodo vers 3h, presqu'un tour de cadran, faut pas me bercer ..... ZZZZZzzzzz........ 

Mon kit rouge Apogée, comme promis pour le 400


2 commentaires:

  1. Toujours aussi drôle de te lire et d'entendre ta perception de mes affaires!! :)

    Mon pain était jaune car il contenait du curcuma! Ça vient de la boulangerie Guillaume sur St-Laurent et y'a des trucs délicieux là-bas! C'est pas comme le subway! J'y avais ajouté du végé pâté maison et de l'avocat.

    Je vais essayer de continuer à vous épater avec ma bouffe la prochaine fois encore !

    Bon 1000 à toi! Moi je vais faire le 600 du 7 juillet puis un voyage solo qqpart vers la mer (côte- nord ou Portland) à la fin juillet. J'espère que le 600 suffira pour la présélection du PBP!

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  2. Merci Jo pour ton comm, merci pour ta bonne bouffe, profite bien de ton voyage, bon courage pour ton 600. Go Jo Go !!! A+

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