samedi 11 mai 2019

Chapitre 2 : un 300 démarré sur les chapeaux de roue !

Prologue:

Deuxième brique dans la construction de notre qualification au PBP 2019, c'est le brevet de 300 km. On prend quasiment les mêmes randonneurs qu'au 200 de la semaine passée et c'est reparti pour un tour. Le parcours du CVRM est identique depuis des lustres, exception faite d'une petite retouche dans le final pour éviter la dangereuse bande cyclable de la 112.

Le parcours officiel du 300

Les conditions météo sont extrêmement favorables pour les 150 premiers km, avec un vent de Nord-Ouest proche de 35 km/h, qui devrait se modérer dans l'après-midi, lors du retour, youpi! Pas de pluie annoncée, température un peu fraîche pour la saison, entre 3 et 14 degrés, va falloir jongler avec les couches de vêtements. La forme physique est bonne, cette semaine, j'ai juste effectué 2 entraînements. Une pratique de côtelettes dans Westmount pendant 2 heures et une séance à haute intensité sur Zwift en participant à une race avec les copains du monde entier. Ensuite deux jours de repos et me voilà plein de jus pour le jour J, J comme jus! 

Balade virtuelle au Colorado avec Zwift, mon avatar s'appelle PBP À la Philippe!


Samedi 11 Mai, 5h30:

Aux premières lueurs du jour, je file sur l'asphalte de Victoria, déserte à cette heure matinale, m'amenant direct au stationnement de la VM. Retrouvailles avec mes camarades de jeu, ce sont les moments de préparation et de rigolade pour faire baisser la tension du départ imminent. Jean est seul ce coup-ci pour la distribution des copies. 

À l'heure où blanchit la campagne, je partirai ...

Gaby et John impressionnés par le travail de Jean

Je rencontre en vrac, Gaby, Olivier C, Jonathan A, la gang de St Jean, Guy M, le seul représentant de Gatineau, Michel L. 

Gaby a toujours quelque chose à raconter

Olivier C pas encore tout à fait réveillé

Jonathan tout guilleret nous fait une p'tiite stepette

Jean-François T me demande conseil pour mettre son tracker FollowMee visible pour ses amis à partir de son cell. Celui-ci n'est plus le baron rouge mais le chevalier noir car il ne porte pas son kit rouge habituel, bien reconnaissable! Pour ma part, j'ai mis en marche mon LiveTrack sur Garmin, seul bémol par rapport à FollowMee, je ne peux le diffuser par un lien web, je peux juste le cibler à quelques personnes par courriel. C'est très utile notamment pour ma chérie qui insiste toujours pour me suivre durant mon activité, question de sécurité aussi. 

La gang de St Jean au briefing

Résumé des troupes en présence, d'abord les PBPistes, au nombre de 18: 

Jonathan A, Gabriel A, Jessica B, Marc B, Olivier C, Jacob C, Yvon C, Uryah Mark C, Martin D, Daniel G, France H, Olivier J, Michel L, Ralph L, Guy M, Pascal P, Jean R, Jean-François T. 

Ensuite les randonneurs, et non touristes ;-), au nombre de 7: 

Audrey B, Richard C, Carl F, John J, Marc L, Robert P, Véronique RdM. 

Prêts à faire feu !

La photo officielle du 300, 25 randonneurs au départ (photo de Jean)

6 o'clock, Jean sonne le départ du brevet en prodiguant ses derniers conseils de route. Tranquillement pas vite, le groupe s'extirpe de la banlieue rive sud dans une ambiance bon enfant. Nous commençons à bien nous connaitre, nous savons que du lever au coucher du soleil, de nouvelles aventures humaines d'une quinzaine d'heures vont se dessiner, chaque individu vivant la sienne de son point de vue. 

Photo de Jean au départ

Arrêt lumière sur Victoria, Olivier J salue la caméra

Au petit matin, boulevard du Quartier 10-30, en pleine expansion

Voici Grande Allée, km 11, puis Salaberry, km 18, la hiérarchie des forces en présence s'établit dans les rangs. Les flèches du jour ont déjà pris leur trajectoire devant. Ce sont Carl (fléchette ;-), Jonathan (que ça pour foncer ;-), Jessica (ramels dans ma poche ;-), Audrey, Olivier J, John et le surprenant JF the dark knight, bien décidé à ne pas faire la lanterne rouge cette fois-ci! 

On déboule sur Grande Allée, allez allez!

Éole est effectivement notre allié ce matin, c'est pourquoi ça fonce pas mal pour cette première étape. Notre groupe d'une dizaine d'unités est composé d'Olive, Ralph, Marc B, Mitch, Jacob, Yvon, France, Daniel, Gaby et bibi, nous filons plein pot sur la 112, direction Marieville, km 38. 

Déjà Marieville, roulez petits bolides!

Puis ce sont les petits routes plus ou moins défoncées qui nous conduisent quand même à plus de 31 de moyenne au 1er contrôle de St Césaire. 

Route maganée du Québec, attention au nid d'autruche

Golf de St Césaire, Mitch et France papotent

Km 54, il n'est que 7h48. J'ai rarement roulé aussi vite sans trop de fatigue dans cette section. Routine de checkpoint, pointage, ravito café viennoiserie, pipi, recherche du parcours de la prochaine étape sur le GPS. 

Ambiance de checkpoint, JF en bleu aidé par Marc

Yvon montre ses beaux gants blancs

Bien entendu, la caméra tourne, vous pouvez voir le film de nos exploits ici. Les premiers sont déjà repartis, d'autres arrivent comme Jean, Véronique et Robert puis Martin et Guy. 

Gaby farfouille dans sa sacoche de selle, Véro et Jean relaxent

Michel déjà sur son départ, il raccourcit les pauses

La pause est courte, certains ont des fourmis dans les jambes, alors ça repart par petites vagues. J'ai à peine le temps d'enfiler mes gants, qu'en 30 secondes, je dois rattraper mes acolytes au prix d'un sprint effréné, je me croirais dans Zwift! Je me retrouve avec le trio Ralph-Olive-Marc, Guy reparti avec moi, n'a pu accrocher les wagons. Au km 68, Ralph se retrouve à plat, c'est un flat, ses 2 compères vont l'assister, c'était bien la peine de me décarcasser pour les rejoindre. Du coup, je continue solo, cela va me permettre de souffler un peu. 

Le trio ROM à St Paul d'Abbotsford, vue sur le mont Yamaska

J'effectue la jonction avec la gang de St Jean qui s'est arrêtée, super facile dans ce cas! Sur la piste cyclable, je roule donc mollo, ce qui permet à Guy de me rejoindre. Nous profitons de la quiétude de la route pour piquer une jasette sur nos vies respectives, ça passe le temps et ça crée des liens. 

Mon jumeau d'habillement avec le kit PBP 2015, c'est Guy

En pleine jasette avec Guy sur Simonds Sud

Km 73, nous voici à Granby, atteignant Simonds Sud, Gaby et Martin se joignent à notre duo. Aux tables du Véloroute, proche du lac Boivin, km 80, j'ai décidé de faire une pause pour ôter mon coupe-vent car les difficultés vont bientôt se présenter. Je pensais que les autres allaient aussi s'arrêter mais tout le monde continue, zut alors. Je vois défiler mon trio suivi de la gang de St Jean. Bon ben, je mangerai ma banane seul. Je repars bien vite, y a encore du monde derrière moi de toute façon, ce n'est jamais bon d'être dernier. 

Gaby tire le quatuor sur la piste urbaine

Jolis aménagements sur la piste cyclable de Granby

Une tite pause au Véloroute face au lac Boivin

Je poursuis ma route par la piste longeant la 112, parcours non officiel mais toujours apprécié. C'est là qu'un quatuor composé de Richard, Jean, Robert et Véro me rattrape et m'emmène dans leur sillage. Nous attaquons ensemble le faux plat menant à la côtelette de Saxby. Les quatre filent à un bon tempo, j'ai plutôt envie de prendre ça relax. Aussi je les laisse s'éloigner inexorablement. Km 92, descente sur Bromont, il y a encore de la neige sur la montagne, les stigmates d'un long hiver sont encore présents. 

Un nouveau quatuor me surprend, Richard, Jean, Véro et Robert

Arrivée à Bromont, au loin la montagne encore enneigée

Je commence l'enfilade des bosses du chemin Brôme, rattrapant mon ami Gaby, toujours au ralenti quand la route s'incline. J'aime ce coin de grands espaces où le paysage s'étend à perte de vue sur les monts environnants. Je monte tranquillou, faut dire que le vent est toujours favorable, ça aide! 

Chemin du Lac-Brôme, j'aime ses paysages

En descente pour remonter à nouveau par monts et par vaux

J'atteins la 104 puis à gauche toute pour Lac-Brôme et son IGA, km 115, contrôle 2. Il est 10h32, la moyenne cumulée est descendue à 28, ce qui n'est pas pire tout de même. 

Contrôle 2 à l'IGA de Lac-Brôme, trop frette pour dîner dehors

6 des 7 fuyards de ce matin se sont déjà évaporés vers d'autres horizons, nous ne les verrons plus de la journée. Seul JF ne les a pas accompagnés. L'autre partie des troupes est déjà à se restaurer à l'intérieur car c'est un peu frette pour pique niquer sur les tables à l'extérieur. Je fais mon épicerie comme d'habitude, des bouchées de fromage, du raisin, des mini pitas, du pâté avec un sandwich poulet arrosé d'un coke. 

Épicerie et compostage avec Guy

Nous prenons le lunch en groupe avec la gang de St Jean, Jean-Robert-Véro, Marc L, Martin et Guy. Michel et JF sont déjà sur leur départ, ils privilégient les courtes pauses, ils repartent presque ensemble. Gaby rejoint la base à son tour, suivi par le trio Ralph-Olive-Marc B. Ceux-ci ont pris un certain temps pour réparer la crevaison de Ralph. 

On se restaure bien au chaud

ROM recharge les accus après le coup de pompe inopinée de Ralph

Pause sanitaire, crème au popotin, j'ai fini de luncher et je me prépare à décoller. Gaby a aussi vite avalé sa pitance et il remet en route avec Guy, rapide le Gabriel. Il me dit qu'il n'a plus besoin de s'arrêter longtemps, c'est ce que je constate et cela semble être la tendance générale pour la plupart des breveteux. C'est la clé pour gagner du temps. 

Marc L en pleine élocution

Un peu refroidi durant la pause, je ne tarde pas à me réchauffer dans l’alternance des faux plats montée-descente de la 243, fraîchement refaite l’an passé, un pur délice. Lacs et monts se succèdent à bonne vitesse. 

Je me réchauffe en quittant Knowlton, lieu du Airbnb de cet hiver

Lacs et monts se succèdent à vitesse V

Le zéphyr est toujours favorable dans cette direction vers l’Est, ça ne va plus durer longtemps, on a fini de manger notre pain blanc. Le dépanneur Fusée, km 130, est dépassé à South Bolton, je continue donc vers le sud. 

J'aime le dépanneur Fusée, monument érigé en l'honneur de Fred le missile!

Le duo Véro-Robert qui a perdu Jean, me talonne depuis quelques kms. Mais je vends chèrement ma peau, ils devront appuyer pour me rattraper. Grâce à la bande de St Jean qui roule comme une équipe de contre la montre, Véro-Robert profite de la draft pour me rejoindre au village de Mansonville, km 144. Pas d’arrêt cette fois-ci comme à mon habitude, je n’ai pas de besoin particulier, ni faim, ni soif, alors je poursuis dans la vallée de la Missisquoi. 

La gang de St Jean en formation de CLM

Véro et Robert s'accrochent au TGV

Arrivée à Mansonville, pas de pause aujourd'hui

La gang de 6 se détache devant à la faveur de quelques raidillons éventés, puisqu’on retourne vers l’Ouest maintenant. Je rattrape quand même Gaby et je reste avec lui jusqu’à l’amorce de la côte de Scénic, km 161. Pit stop rapide pour vider ma vessie, m’enfiler un gel potion magique et attaquer le gros morceau du brevet. 

Les douanes US tout droit, la vallée de la Missisquoi à droite

J'accompagne Gaby dans le vent de la vallée

Les États Unis sont de l’autre côté de la rivière, au loin Jay Peak

Au pied de la bosse, Guy s’est arrêté pour retirer une couche afin de moins surchauffer dans l’ascension. J’aperçois aussi Jacob qui repart après une pause, je le dépasse. Dans l’autre sens, en descente, Yvon rejoint son fils en perdition dans la côtelette. Puis en convoi, je grimpe à mon rythme, encadré par les Clément, un devant et un autre derrière. Je ne m’arrache pas le cœur puisque mes pulsations ne dépassent pas les 142 bpm, soit 80% de ma fréquence cardiaque max. Je suis bien dans cet effort et je n’ai pas envie de me mettre dans le rouge. 

Guy retire sa couche avant de débuter la côtelette

Fier d'être un Randonneur du Canada!

Yvon en plein effort dans Scénic road

Au sommet, je rejoins la gang de St Jean en attente de regroupement, c’est beau l’esprit d’équipe. Je déboule solo dans les bonnes descentes qui me ramènent à Abercorn et sa 139. Cela fera de bonnes séquences rapides pour mon film. 

Regroupement pour la gang de St Jean au top, 8,7 km/h!

Descente à bâtons rompus, la vitesse est remontée à 58,1 km/h

Un dernier 8 bornes plein nord, annonciateur de la saveur du reste de la journée, me remonte à Sutton et son IGA. C’est le contrôle 3, km 178, il est 13h51, moyenne de 26. 

Encore 6 bornes sur la 139 jusqu'à la bouffe

Il y a déjà du monde sur les tables, pas le choix ce coup-ci de manger dans le frette, c’est impossible à l’intérieur. Richard, Michel, Marc L, Jean, Véro et Robert s’activent pour leur dîner. À mon tour pour l'autographe et l'épicerie des sempiternelles denrées, régénératrices d’énergie. Je ne suis pas le genre Jonathan à emmener mon buffet dans la sacoche. C’est quasiment le même kit qu’a Lac-Brome, hormi le sandwich remplacé par un croissant jambon. J’ai aussi ajouté une fiole de Gatorade jaune déversée dans ma gourdasse de vélo, jusqu’alors inutilisée, qui servira à me rebooster au besoin. 

Contrôle 3 de Sutton, certains repartent déjà, d'autres arrivent

Mitch de nouveau sur son départ, toujours 30 minutes d'avance

Après moi, sont arrivés dans l’ordre, la gang de St Jean, suivie de près par Guy et Gaby, enfin Ralph, Olive et Marc B. Pour Martin, je ne sais plus dans quel groupe il était. Pas de nouvelle d’Uryah qui doit fermer la marche, ce sera notre vélo-balai. Le pauvre est encore parti pour la gloire avec son gravel bike, chapeau pour son abnégation, cela mérite d’être souligné. 

Vive les calories, sandwich jambon, bouchées, coke et Gatorade

Beaucoup de fun sur les 2 tablées 

C’est la rigolade autour des 2 tablées envahies de randonneurs, les troupes n’ont pas l’air trop rincées des 8 heures d’effort déjà écoulées, nous sommes juste un peu frigorifiés par la fraiche température. Pas mal de groupes se sont rassemblés, si bien que nous nous retrouvons ici à 18 unités sur 25 partants. Michel a toujours un peu d’avance sur notre rythme et il repart déjà. Mes victuailles englouties et franchement ragaillardi, je me prépare aussi pour un nouveau départ. 


Chacun dévore sa pitance avec appétit

C'est pas tout ça mais il reste encore 140 bornes

Je délaisse cette sympathique communauté de cyclos, les seigneurs des roulements annulaires et d’autres à billes! 

Salut les copains, moé je repars!

Gaby, Véro et Robert sont prêts, nous repartons donc à 4. Le nouveau parcours de 2018 nous fait gravir un mur à la sortie de Sutton, excellent pour replacer les aliments dans l’estomac. Bien entendu, on perd aussitôt Gaby dans l’inclinaison du relief. C’est en trio que nous circulons sur la 215 Nord, effectuant des relais alternatifs car ça n’avance plus tout seul! Km 191, on reprend la 104 Ouest, retour à la place du km 110. 

En trio avec Véro et Robert, on a largué Gaby dans la côte

Dans la même configuration de trio, nous déroulons la pénible route achalandée, avec son lot incessant de bagnoles, nous frôlant de près. Le cauchemar se calme en arrivant vers Cowansville, km 204. Je guide mes 2 partenaires car ils n’ont pas l’air de connaître l’itinéraire, surtout avec des GPS éteints ou inexistants, je ne sais plus trop. 

Même configuration sur l'horrible 104 pleine de craques

Sur la 202, je préviens Véro et Robert que je vais faire un arrêt à l’Ultramar de Dunham, km 212. Je vais refaire le plein de liquide et aussi, cela permet de couper l’étape en 2, celle-ci étant longue de 87 km. 

Le contrôle secret à l'Ultramar de Dunham au km 212

Il faut bien étudier le parcours à l’avance pour établir des arrêts stratégiques. C’est souvent vital, n’est-ce pas mon Guy! On saura par la suite que le gars de Gatineau s’est fait avoir dans cette étape, malgré les conseils de Jean. En effet, il ne s’est pas ravitaillé en liquide et solide, arrivant à l’agonie au contrôle suivant de St Césaire, voir son récit pour cette anecdote enrichissante! 

Gaby et Marc L me tiennent compagnie

Pendant mon refill d’eau et ma dégustation de crottes de fromage, Gaby et Marc L se pointent le museau et décident de faire une pause pour me tenir compagnie. Le grand Marc a l’air un tantinet rincé, il souffre du dos, qu’il a très long, d'ailleurs. Nous voyons passer le trio ROM (Ralph-Olive-Marc B) qui continue sur sa lancée, il s’arrêtera un peu plus loin à Stanbridge-East, paraît-il qu’il y a un dépanneur. Jean le suit de près. Véro et Robert, en le voyant, sautent sur leur bécane et lui emboîtent la roue. 

Le trio ROM ne fait que passer, il s'arrêtera plus loin

Jean ramasse Véro et Robert à son passage

La gang de St Jean accompagnée de Martin surgit à son tour, il est temps pour moi, Gaby et Marc L de repartir et d’accrocher le TGV. Dans les craques de la 202, Daniel perd son odomètre, la gang s’arrête comme un seul homme, toujours soudée. Je continue solo à la poursuite de Gaby et Marc L qui s’étaient détachés. 

Le quatuor de St Jean attire des suiveux, j'en fais partie!

La remontée vers le nord dans la cambrousse va s’annoncer folklorique avec ce petit vent fatigant. À Stanbridge, la bande de ROM augmentée de Jean, s’est arrêtée comme prévu, les positions changent à nouveau. C’est dans cette portion du 300 que je souffre généralement et aujourd’hui n’échappe pas à la règle. En plus d’Éole qui réduit notre allure et nous fait ramper à 23 à l’heure, je dois composer avec un bon mal aux omoplates, comme c’est plate! Il me faut changer souvent de position car cela brûle des fois et ce n’est pas très agréable. 

Belle allure dans un virage serré

Tous dans la même galère à lutter contre Éole

Pour faire une histoire courte, (ce qui est encore raté pour cette fois!), après maintes dislocations et regroupements, c'est un paquet de 11 unités qui arrive à St Césaire, voir la vidéo pour les détails! Km 265, il est 18h14, moyenne 25,6. 

Tout le monde s'éclate, à la queue leu leu (air connu)

Les dernières bornes jusque St Césaire sont interminables

Je laisse mes 10 acolytes (St Jean:4, ROM:3, Gaby+Martin+Marc L:3) s’engouffrer dans le Subway. Je réfléchis que ça va être long de préparer les 6 ou 12 pouces pour chacun. 

 
10 breveteux au Subway, ça va être long!

Je décide donc d’aller au Tim juste en face, ce qui s'avère un excellent choix puisqu’il n’y a pas un chat. Y a juste moi à commander ma pitance, une chaudrée aux palourdes (joli nom pour une soupe), un grilled cheese, un yogourt aux fruits des bois et un coke, pas de chausson aux pommes avec ça! 

1 seul au Tim, c'est moé!

Mon dernier repas copieux du brevet: chaudrée, fromage grillé, yogourt et coca

Peu de temps après, Jean fait son apparition, passablement lessivé. Il me raconte qu’il a tiré solo comme un damné dans le vent, essayant vainement de rattraper les paquets unis, trop rapides pour lui. Nous cassons la croûte ensemble puis repartons en récupérant au passage le duo Véro-Robert qui faisait leur checkpoint à l’Ultramar de ce matin. Pendant mon repas, je voyais d’ailleurs celle-ci faire le moulin à vent avec ses bras, sûrement les mêmes petits problèmes physiques que moi, et d’autres aussi certainement. 

Le président a flairé le bon coup, il m'a rejoint

Jean me raconte ses déboires de chasse-patate dans le vent

Il fait encore jour lorsque nous nous élançons pour la dernière étape de 46 bornes. Nous mettons nos loupiotes en prévision de l'obscurité qui va progressivement nous envahir. Jean mène le train, il a l'air d'avoir repris du poil de la bête après son coup de fatigue. Le yogourt et le demi grilled cheese semblent faire leur effet. Quelques kilomètres sur la 112 puis nous prenons rapidos la piste cyclable récemment asphaltée. L'an passé, c'était encore de la gravelle sur la Route des Champs. Super, c'est bien plus tranquille et plus sécuritaire que sur cette foutue 112. De plus, nous pouvons papoter à notre aise et sommes parfois abrités du léger vent défavorable par quelques arbustes rachitiques.

Dernière étape du 300, nous sommes motivés

Véro est très satisfaite de sa condition, elle reviendra pour le 400

Jean et Robert nous emmènent sur la Route des Champs toute neuve

Cette charmante voie se termine malheureusement à Marieville au km 278. Il nous faut reprendre la grande route jusque Richelieu et son pont enjambant la rivière du même nom. Traversée de Chambly au galop, les relais se poursuivent et l'allure monte d'un cran, avoisinant les 30 à l'heure. Ça sent l'avoine et l'écurie pour les chevaux! 

Mon trio gagnant au travail, la gang des Robert

Traversée du Richelieu au soleil couchant

Jean me demande à quelle heure est mon record personnel sur 300. C'est 14h09 mais c'est déjà cuit pour l'effacer des tablettes. Anyway, ce n'était pas mon intention aujourd'hui, j'aurai écourté mes arrêts si j'avais voulu tenter de le battre. Pour ce 300, j'étais plus en mode relax avec les potes, la priorité étant de terminer ce brevet en bonne forme et d'ajouter un check à ma qualif de PBP. 

Km 291, bye bye 112 et bonjour Bellerive. Nous franchissons le cours d'eau nommé Robert, tout comme mes 3 compagnons Robert Pépin, Jean Robert et Véro Robert de Massy, le trio des Robert, ça ne s'invente pas! 

Sur Bellerive, le rythme s’accélère, Jean a retrouvé la patate!

Nous revoici bientôt sur Grande Allée à la brunante puis boulevard du Quartier et Lapinière. 

Joli ciel rosé en déboulant sur Lapinière

Un magnifique ciel rosé nous accueille pour l'arrivée. L'heure planifiée sur mon tableau de marche est à 20h35 mais un dernier sprint sur Victoria avec Véro nous fait pointer à 20h33, soit 14h33 pour l'homologation! Une véritable horloge suisse ce planificateur de parcours que je suis, Jean n'en revient toujours pas. C'est vrai que ma diabolique précision l'énerve un peu. 

Mon tableau de marche pour ce 300, moyenne calculée en fonction du relief et du vent

Véro après son sprint final, il est 20h33 au contrôle final

Km 311, Robert gare sa machine parmi les bidons

La nuit est définitivement tombée, la fraicheur aussi, nous restons donc dans le dépanneur du Coin pour faire tamponner notre carte et ingurgiter notre lait au chocolat. 

Belles têtes de vainqueur, merci les amis!

Signature du contrôleur au Dépanneur du Coin

10 minutes plus tard, voici un groupe de 6 composé de Ralph, Olive, Marc B, Marc L, Gaby et Martin qui en termine. Encore un 10 minutes s'écoule et c'est le tour de la gang de St Jean de boucler la boucle. 

Les groupes arrivent les uns après les autres

Marc B est toujours heureux devant une caméra

Gaby a toujours quelque chose à dire (bis repetita)

Tout le monde se congratule, ce fut un super 300 malgré le froid relatif, en fait 311 km exactement.

Fin des haricots pour la plupart

La gang de St Jean presque au complet, heureuse d'en avoir fini 

Pour ma part, j'ai roulé à 25,7 de moyenne pour un total de pause de 2 heures et 11 minutes, ce qui est davantage que prévu. Ce fut une belle communion dans l'effort même si je n'ai cessé de naviguer d'un groupe à l'autre. 

Mon quatuor gagnant, à dans 2 semaines pour le 400


Épilogue:

Voici le point de vue de Jean sur ce 300:

25 cyclistes au départ de ce brevet de 300Km. Journée nuageuse avec quelques percées de soleil, avec un mercure oscillant aux alentours de 12 degrés toute la journée.

Dès le départ quelques rapides ont pris les devant. À notre arrivée au premier contrôle ils étaient déjà partis. À part les trois ou quatre cyclistes à l'avant la plupart des participants ont roulé dans l'un des deux gros pelotons.

Personnellement j'ai roulé une bonne partie de la journée avec Véronique Robert de Massy et Robert Pepin. Véronique avait fait un brevet de 200Km en 2011 avec son mari et son fils Noah âgé de 11 ans. Elle reprenait donc contact avec le club en venant avec un ami, Robert Pepin. Les deux sont de très bon rouleurs. Véronique m'a impressionné, elle semblait ne jamais être fatigué. Elle espère faire le Paris-Brest-Paris en 2023, ça ne devrait lui poser de problème si elle garde la forme d'ici là.


Nous apprendrons par la suite que le groupe des premiers arrivants a terminé en 13h20, il était composé de Jessica, Audrey, Jonathan, Carl, John et Olivier J, J comme jeune. Je l'appellerai le peloton des jeunes loups (et louves), hormi un individu, cherchez l'intrus! Les autres seraient plutôt la bande des MAMIL à mamelles, MAMIL signifiant Middle Aged Men (and women) In Lycra! 

Voici le point de vue de Jonathan sur ce 300:

Ma petite histoire du 300km va comme suit.. je suis arrivé chargé de glucides pour cette épreuve. "Carb loading" toute la semaine!

Dès le départ, je me suis enfui avec Carl et on a su profité du vent de dos pour gagner du temps tôt. Premier contrôle éclair, seulement pour enlever nos vestes. Au moment de quitter, Audrey, Jessica, Olivier, John et JF arrivaient.

On a poursuivi notre rythme, moi et Carl, en se renvoyant des répliques d'un film. Sur le Chemin Brome, j'ai laissé Carl partir pour ne pas brûler mes réserves. Mais je l'ai bien vite repris alors qu'il venait de crever sa roue arrière. Je l'ai regardé changer son pneu en mangeant, pendant qu'Olivier et John, puis Audrey et Jessica passaient. On est reparti rejoindre les autres à Knowlton.

(J'ai vraiment misé sur des arrêts rapides et j'ai consommé mon buffet sur le vélo tout au long de la route et ça porté fruit.)

J'ai roulé seul en croisant Audrey qqs fois jusqu'à Sutton. À Sutton, je me suis arrêté un peu plus longtemps. J'ai encore roulé seul dans le maudit vent jusqu'à St-Césaire, sans me décourager. En y arrivant, il y avait Audrey, Jessica, Olivier et John.

Nous sommes repartis tous ensemble.

L'énergie venait de reprendre pour moi et j'étais prêt à tirer jusqu'à la fin. Par contre, j'ai suggéré que l'on reste en groupe puisqu'on en perdait à l'arrière. De toute manière, j'en avais assez de la solitude pour la journée.

Vraiment content d'avoir fait ça en 13h20m. J'ai retranché 2h à mon temps de l'an dernier. J'ai beaucoup mieux géré les pauses, mon effort et mon alimentation.

Salutations particulières à Yvon. Ce n'est pas parce qu'il n'a pas fait le 200km sous zéro cet hiver que je n'ai pas roulé avec lui aujourd'hui! Je ne lui en veux pas! ;)

On se voit au prochain 400km.


Voici le point de vue de Jessica sur ce 300:

Deuxième brevet complété!

Tout un début de saison pour les jambes! Après un départ plus que matinal, j’étais heureuse de constater que les sensations étaient bonnes. J’ai réussi à m’alimenter davantage et à m’hydrater convenablement pendant les 300km à franchir. L’ultra distance est non seulement une activité physique mais aussi, et presque davantage, une activité mentale! Effectivement, j’expérimente énormément ce deuxième aspect étant moins entraînée qu’à l’habitude. 

La vie mouvementée qui caractérise mes semaines en ce moment me donne un défi supplémentaire! Malgré tout, je crois que j’y arriverai, si je me conditionne de la bonne façon. Point positif, j’avais moins mal dans les jambes et j’ai eu un peu plus de plaisir que la semaine dernière. C’est bon signe je pense

La confiance revient tranquillement et ... les vacances s'en viennent aussi! J’espère vraiment retrouver le plaisir de rouler, longtemps, longtemps, longtemps…!, dans les prochaines semaines. Il ne reste plus que 2 brevets avant d’atteindre mon premier objectif de la saison. Les brevets de 400km et de 600km sont espacés de 2 semaines. D’ici 1 mois, je serai donc fixée par rapport à ce qui s’en vient.

Un duo formé de JF Dark Knight et Mitch monsieur VP est arrivé une trentaine de minutes après les premiers, soit en 13h53. Puis Richard est arrivé, sorti de nulle part, en 14h03. 

Voici le point de vue de JF sur ce 300:

Bonjour Jean, 

Il faut que je te dise d'abord que j'ai un peu pris la résolution de suivre ton conseil afin d'améliorer mes temps sur les brevets soit de faire des contrôles éclairs. Donc, j'ai roulé avec Jessica, Olivier J et un autre gars dont je ne connais pas le nom jusqu'au 1er contrôle et je suis reparti avec eux. Mon GPS avait crashé au départ et ne fonctionnait pas. J'ai donc tenté de rester avec eux. Ils m'ont un peu semé sur le chemin Saxby (petites côtes).

Quand je suis arrivé au contrôle de Knowlton, ils repartaient. Jonathan Abitbol et Carl Fréchette étaient déjà là et sont partis avant moi. Yvon et Jacob Clément, Daniel Gamache, France Hurtubise, Marc Lusignan et Michel Lemaire sont arrivés après moi. Je suis resté 20 minutes à Knowlton et je suis reparti seul avant ceux qui me suivaient. Michel Lemaire est parti peu après moi et m'a rejoint à Mansonville alors que je consultais ma cue sheet.

À Sutton, quand je suis arrivé, Jonathan y était et est parti avant moi. Michel Lemaire est arrivé peu après moi. Marc Lusignan est arrivé par la suite. Je suis reparti seul et j'ai roulé seul jusqu'au contrôle de St-Césaire, personne ne m'a dépassé et je n'ai rattrapé personne. J'ai mangé un sandwich au dépanneur et Michel Lemaire est arrivé avec Richard Cornellier (je ne l'avais pas remarqué aux autres contrôles mais il devait bien y être).

Nous sommes repartis tous les trois et avons roulé un train d'enfer en se relayant. Je ne sais pas trop où nous avons perdu Richard (peut-être sur Bellerive ou sur la Grande-Allée). J'ai fini le brevet avec Michel. Nous avons ralenti lorsque nous sommes arrivé sur le chantier de la Grande-Allée.

Je suis vraiment satisfait de mon brevet. Je ne me suis jamais senti fatigué ou d couragé. Pas de douleurs particulières nulle part. Ce matin, je me suis levé un peu racké sans plus. Je suis allé gravir le Mont St-Hilaire avec ma copine question de me délier les jambes et le dos. Je suis prêt pour le prochain brevet. 


Voici le point de vue de Marc L sur ce 300:
 
Ceux prenant le train seront solidaires

Je tergiversai des jours durant puis, après une harangue de ma conjointe (« tu vas le regretter toute la semaine si tu n’y vas pas », « l’important, c’est de participer, tu n’es pas obligé de compléter la distance »), je me jetai à l’eau, pris livraison de l’auto, y chargeai mes bagages, fis le trajet jusqu’à Montréal, imposai ma présence à ma grande sœur et avertis Jean Robert : j’allais prendre le départ le lendemain du premier brevet de 300km de la saison 2019 du CVRM.

Il faut dire que je n’ai parcouru cette distance qu’une seule fois en juillet 2012. Lors de la seconde édition de la saison 2015, j’avais abandonné sur chute le long de la 112 à Marieville. Et puis, 312km, c’est presque trois fois ce que j’avais parcouru de plus long cette saison jusqu’à maintenant (Front Royal, le mois dernier en Virginie). Pis encore, je suis d’un naturel frileux et le temps s’annonçait frisquet (me connaissant et jouant au papa-poule, Jean Robert allait me conseiller d’en mettre une couche de plus et d’emporter mes couvres-chaussures : bien mon commandant !).

Arrivé un peu juste à Saint-Lambert le lendemain, je me grouillai pour être fin prêt pour le « go » de six heures et échangeai salutations d’usage avec quelques connaissances : Michel le golfeur défroqué, Pascal le cinéaste, Jean-François ayant mué du rouge au bleu (de rage ?), Marc l’ancien karavanier, Jean le maître de cérémonie.

Comment j’aborde cette randonnée ? Elle est longue, est ponctuée d’une bonne grosse côte, il y fera frais et le vent sera de face au retour. En 2012, en contradiction avec mon tempérament de solitaire, je l’avais roulée tout du long en peloton et, profitant d’une météo favorable, nous avions terminé avec un bon temps de 13h07. Modeste et prudent, je considérai cette fois-ci que ce serait vraiment bien de finir avant 20h00 et que je serais satisfait de poser pied à terre avant 21h00. Le tout sera de partager mes efforts avec d’autres et de prendre le bon train : ni trop vite, ni trop lent. On verra bien…

Vers la fin de Lapinière commença le tri et chacun montra ses couleurs. J’étais dans les premiers à ce moment-là et bientôt roulai dans un groupe de cinq ou six en compagnie de J-F et Jessica Bélisle jusqu’à Saint-Césaire. Ça allait bien, mais peut-être un poil vite à mon goût, car je voulais me ménager pour la suite. Je laissai donc ce train quitter sans moi et me dis que je prendrais le suivant. Mais, quoique arrivés presque sur nos talons, ces messieurs-dames prenaient un peu trop de temps à mon goût avant de remonter en selle et, tout mouillé déjà, je commençais à avoir froid. Je repartis donc en solo, me disant que j’allais attraper le convoi au passage quand il me rejoindrait… ce qui n’arriva pas avant le début du soir !

À Lac-Brome, je retrouvai un Jean-François cherchant à se sécher et eus le temps de voir repartir les premiers. Extrait d’un dialogue entre deux lévriers sur leur départ : « Tu me rejoins ? » « Non, je ne te rejoins pas ! » Je pris une bonne pause et mangeai au coin-dîner de l’épicerie, bien au chaud. Mais voilà que Jean-François mis bientôt les voiles suivi peu de temps après de monsieur Lemaire pourtant arrivé après moi. Je les imitai dix minutes plus tard en m’interrogeant si je ne pourrais pas rejoindre Michel... Pas sûr : j’ai vu le zigue rouler en Virginie et, quoique la côte Scenic soit au menu de cette troisième partie, ce parcours reste assez roulant et manque de côtes. Finalement, c’est à Sutton que je revis ces deux-là.

Arrêté tout juste sept minutes dans le parc de Mansonville, je vis passer du coin de l’œil deux cyclistes et crus reconnaître Jean Robert en tête. Arrivé au joli chemin de la rivière Missisquoi, Éole me demanda créance et je me retrouvai à grimper des faux-plats sur la 39x26 : dur pour le moral d’un cycliste bien seul ! Mais bientôt je rejoignis ces deux cyclistes aperçus à Mansonville : pas possible que ce soit Jean Robert en avant, il va plus vite que ça ! Et pourtant si. Martin Dugré en queue et Jean vingt mètres devant. Bientôt rejoint, ce dernier roula un bout avec moi et me fit remarquer qu’il n’était pas confortable de me suivre puisque je me relevais régulièrement pour étirer mon dos, cassant alors le rythme. Mieux vaut en effet enlever une ou deux dents et continuer de pédaler en danseuse à cette occasion; j’en pris note.

Je m’arrêtai au « Y » au pied de la côte pour me détendre un peu et regardai Jean débuter avec peine l’ascension. Martin et Galarneau se présentèrent en même temps et j’enlevai alors ma peau blanche, espérant un temps meilleur qui ne dura guère, m’obligeant dès Sutton à remettre mon coupe-vent. Je me lançai dans la Scenic que je gravis sans trop de peine à mon plaisir, rejoignant Jean à son sommet avant de basculer vers Abercorn. Sur la 139 vers Sutton, je notai quelques horreurs architecturales : le musée des statues à Abercorn et quelques mochetés à l’entrée de Sutton que je n’imaginais pas si mal lotie en matière d’urbanisme !

Troisième relais au IGA de Sutton où je revis pour la dernière fois J-F et Michel. Pour ma part, quelque peu mal en point et frissonnant un tantinet, je fis à nouveau un long arrêt ponctué d’un séjour à l’intérieur et d’un café chaud. Ce faisant, plusieurs randonneurs allaient se pointer et repartir avant moi. Sur mon départ, mon cyclomètre décida que, après neuf heures et demie de route, il en avait sa claque. Diable ! Aurai-je à consulter le « road book » sur cette portion moins connue jusqu’à Saint-Césaire ?

Je repartis donc prudemment dans la roue de Ralph Loewen avec son maillot du London-Edinburgh-London et sa curieuse sacoche arrière. À l’amorce du chemin Woodard, je le dépassai et montai la côte à mon rythme pour bientôt rejoindre la bien connue 215. Une tache orange apparut en point de mire et je la rejoignis au carrefour de la 104, pour faire connaissance avec Gabriel Audet, remarquable pour ses bras nus (sa centrale thermique est très puissante à l’évidence) et un joli accent. Il me suivit comme mon ombre jusqu’aux abords de Cowansville pour prendre ensuite la tête. À la faveur d’un court arrêt à Dunham, on rejoignit Pascal Philippe, Véronique Robert-de-Massy et Robert Pépin. Peu après, Jean, Marc B., Olivier Caty et Ralph passèrent sans s’arrêter. Après la dernière bosse à la sortie de Dunham, retour au plat. Gabriel me dépasse alors avec vélocité et, à la peine, je décide de ne pas prendre sa roue, tout en espérant le garder en vue pour qu’il m’indique la route à suivre. Mais bientôt nous roulons à nouveau de concert et rendons leur pareille au quatuor Jean-Marc-Olivier-Ralph arrêté à Stanbridge-East en poursuivant vers le nord, plutôt lentement.

Ce duo allait prendre fin bientôt chemin Saint-Ignace où je m’arrêtai pour reprendre de l’ibuprofène, histoire de soulager mon dos. Pascal Philippe passa, puis le « train de Chambly » se pointa et je l’intégrai au passage. Bientôt on avala Pascal, puis Gabriel, pour filer vers Farhnam. Je tins bon en restant prudemment dans les roues de mes prédécesseurs. Quelques leaders en rajoutèrent une couche ou deux et on fila grand train à quelques reprises. Alors que les meneurs laissaient tour à tour leur place devant, je me retrouvai en deuxième position derrière Olivier Caty. J’allais ainsi bientôt devoir acquitter mon droit de passage au sein de ce peloton qui compta au début onze randonneurs, quelques-uns d’entre eux lâchés à peu de distance, alors que nous approchions de la 104 : enfin, la voilà celle-là !

Nous atteignons donc ce contournement sud de Farhnam où nous devons virer à gauche. On y arrive à bonne vitesse, scrutant des yeux à gauche et à droite, car les véhicules roulent rapidement sur cette grand route. Quelqu’un crie derrière : « voiture à droite » ! Je tourne la tête et l’aperçois : elle roule assez vite mais l’individualiste que je suis, assez fatigué et soucieux de ne pas gaspiller cette énergie investie précédemment, évalue que je puis passer aisément, tant pis pour les autres derrière, me, myself and I ! Je reporte alors mon regard vers l’avant et la suite se déroule en deux secondes : Olivier Caty s’est arrêté et j’arrive dessus à fond ! Je crie et écrase mes manettes de frein…

Je percute mon leader, légèrement décalé sur sa droite et le propulse sans doute dans l’intersection; le Marinoni et moi faisons une ruade. Je retombe sur mes pieds et, je ne sais trop comment, me retrouve debout, tenant mon vélo appuyé sur sa roue arrière. Le feu arrière est fichu et je dois replacer ma chaîne, mais beaucoup plus de peur que de mal ! Quelque peu secoué, Olivier et sa monture semblent ok aussi !

Confondu en excuses et quelque peu contrit, je peine un peu à remettre la chaîne sur le petit plateau, alors que le reste du groupe s’est remis en marche. Par chance, ce nouveau solo sera très court et je réintégrerai le peloton arrêté à un feu rouge. On se rendit ainsi jusqu’à Saint-Césaire, bien groupés et maudissant fissures et trous qui ponctuèrent notre périple de ce samedi.

Après un arrêt bouffe gastronomique dans un restaurant générique, je repris la route avec Marc B., Ralph, Gabriel (avec des manches), Olivier et Martin Dugré, bientôt rejoints par la « gang de Chambly ». Revenus sur la 112 à Marieville et me retrouvant en tête, je coupai le vent quelque temps à mes suiveurs, mais le brûleur de feux rouges que je suis les lâchai bientôt. Me sentant bien, je la jouai solo à travers Chambly (où je m’égarai), avant de retrouver la rivière L’Acadie. Regroupement sur Grande-Allée où nous roulâmes d’abord sur un billard avant une section pourrie dans la laide Saint-Hubert. Fin du périple de notre groupe à 20h43, accueillis par Jean, Pascal, Robert et Véronique arrivés 10 minutes plus tôt.

Vu les circonstances (sous-entraînement, froid et mal de dos), je suis quand même assez content de cette randonnée. Moi qui cherchai une partie de la journée le bon train pour le trouver dans le dernier quart du parcours, je faillis terminer ma journée prématurément (en emmenant un compagnon de route avec moi par-dessus le marché !) en raison d’une erreur de jugement au sein d’un peloton où le partage de l’effort et la prudence doivent être la règle.

Il faut parfois s’oublier lorsque l’on roule en groupe. Ceux prenant le train seront solidaires. 


Pour ce qui est des autres que je n'ai pas vu finir, il s'agit de Guy en 16h07, après sa mésaventure de ravitaillement, puis Uryah qui finira bien plus tard. 

Uryah au départ

Voici le point de vue de Guy sur ce 300:

Salut Jean! 

J’ai fait une erreur hier. Tu m’avais dit que la distance était longue de Sutton jusqu’à St-Césaire, mais je n’ai rien acheté d’extra à manger. J’ai donc fait les derniers 40km jusqu’à St-Cesaire sans eau ni nourriture. Je n’avais plus de gaz. 

Je suis arrivé à St-Césaire quand tout le monde partait. J’ai mangé mais quand je suis venu pour partir j’avais de gros frissons. J’ai resté au moins 45 minutes au Subway à manger des biscuits et boire du chocolat chaud. J’ai fait la fin à la noirceur, mais au moins l’énergie était revenu. 

Une bonne leçon pour le 400 et 600. Au moins il me restait encore 4 heures avant la fin du brevet…

Voilà donc la 2ème coche écrite sur notre ride list, nous sommes maintenant à mi-chemin de Paris. Rendez-vous dans 2 semaines pour le chapitre 3 du brevet de 400. 

Bisous et roulez prudemment.



2 commentaires:

  1. Bien beau reportage, encore
    Pour info le groupe des jeunes est passé à 10h00 à Knowlton, 12h45 à Sutton, 17h à Saint Césaire et 19h20 aux écuries. Si le vent a aidé à l'aller, on l'a pris de face aux mêmes endroits avec la même incapacité à tirer des bords, comme quoi l'expérience est aussi efficace que le talent.
    Olivier J

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    1. Merci Olivier J, c’est de la job mais ça fait de beaux souvenirs. Bien hâte au 400 pour de nouvelles aventures a raconter. T’es tu reconnu en intrus? 😜 A bientôt!

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