vendredi 2 juin 2023

Une virée nocturne de 400 bornes aux States, just for fun!


Intro


Pourquoi ce deuxième brevet de 400 aux États-Unis, après celui réussi il y a deux semaines, le désormais célèbre Otta...wet ?

Et bien, juste pour le plaisir !


Le plaisir de partir de nuit, comme dans les conditions du PBP.

Le plaisir de rouler chez nos voisins du sud, sur de belles routes asphaltées.

Le plaisir de monter des côtelettes sévères dans les verdoyantes Adirondacks.

Le plaisir de ne pas dormir pendant presque quarante heures.

Le plaisir de rouler entre ami(e)s au clair de lune, avec les lumières de Noel.

Le plaisir de rouler au petit matin, jusqu'à la tombée de la nuit prochaine. 

Le plaisir de rentrer complètement lessivé.

Le plaisir de retrouver son lit, après une vingtaine d'heures de folie !


Est-ce cela qu'on appelle la passion ?

Alors, j'embarque !


Rouler de nuit dans une ambiance PBP !



Sur la ligne de départ, Vendredi 2 Juin à 20h


Journée off à la job, dodo deux heures dans l'après-midi, je suis le tarmac de la Voie Maritime de St Lambert pour 19h15. 

Vingt participants ont répondu présents à ce défi, un tit peu fou. 

Un tit peu fou, vous dites ?

Certains viennent valider leur brevet pour Paris-Brest, comme Jonathan, Jocelyn, Odile, Véronique, Jean-Michel, peut-être Clément et Antoine.

Odile motivée pour valider son laisser-passer

Pour moi, comme pour d'autres, Gaby, Marc, Olive, les 2 Michel, Fred, c'est une ride d'entrainement, puisque notre série 200-300-400 est déjà engrangée, notre inscription est aussi enregistrée. Il ne restera plus qu'un 600 à accomplir pour obtenir notre laisser-passer. 

Marcus le distributeur revient d'un 1200 en Virginie avec Fred

Enfin, il y a ceux qui veulent juste participer à cette épique randonnée, pour pouvoir dire, j'y étais ! Ce sont Ionut, Yvon, Maxence, Simon, Pierre et Nicolas, le gars encore non inscrit au club, lors du brevet, toute une histoire !

Nicolas, le riding dutchman, membre CVRQ ?

Certains ont emmené leur fan club pour les supporter, en ce début de soirée. Pour une fois qu'on ne part pas aux aurores, comme d'hab, on peut se permettre ce luxe d'être applaudis !

Des spectateurs à notre départ, c'est inédit !

Car oui, un brevet départ de nuit, c'est une première dans les annales du CVRQ et du CVRM confondus ! 

Maxence est fier de venir participer à ce 400 nocturne

Il y a de l'effervescence, de l'excitation dans l'air. Les flashs des appareils photo crépitent de tout côté. On se croirait à un départ de PBP ... en plus petit, tout de même. 

Effervescence et excitation chez les participants et dans le ciel

Certains arborent le maillot CVRQ 2023, estampillé du PBP à venir, une vraie relique classée vintage, en vente dans notre boutique virtuelle !

Jo le Président avec le beau maillot CVRQ 2023 signé PBP

Les discussions vont bon train, l'heure tourne. Marcus fait son speech, avec les dernières recommandations pour ce 400 spécial. Passage de frontière US, donc passeport conseillé, arrivée au premier contrôle avant 23h, plein de bouffe à faire au troisième contrôle car les 120 bornes suivantes seront dans la pampa ! 

Marcus au briefing de départ

Ce sera le mot du jour, PAMPA ! Inscrit sur les sacoches de certains. 

La pom-pom foule applaudit les héros pendant la prise des photos de départ. On est 7 minutes en avance, un autre inédit dans un brevet.

20 fol-dingo randonneurs prêts à se lancer dans la nuit

19h59, le peloton décolle de la base de St Lambert !



Jusque la frontière US puis Rouses Point (km 70)


Sous un ciel plombé de nuages d'orages, le groupe de vingt cyclistes s'élance sur la piste cyclable. 

Ma piste cyclable sur Riverside prise des centaines de fois

Un grain tombera, ou ne tombera pas, suspense pendant une heure. 

Odile et Véro, nos 2 seules féminines du peloton 

Un vent de Nord-Est est annoncé pour les prochaines 24 heures. Ça pousse fort, dans notre dos, youpi !!! 

Coucou pont Champlain, à demain !

Bye bye Champlain bridge, see you tomorrow !

La nuit tombe sur le rang St André, ça va très vite, 30 de moyenne. 

Nous mettons les lumières de Noel, ça brille de mille feux. La noirceur s'est installée, c'est magique. 

Le vélo la nuit, c'est magique !

Le peloton resté groupé, est bien excité. On fait gaffe dans une zone bien maganée, avec des trous par-ci par-là. Heureusement, peu d'autos à cette heure-ci.

Km 41, St Cyprien, pas d'arrêt au Shell, objectif fixé à l'US border !

Red lights in the night

Km 66, nous y voilà, nous passons comme une lettre à l'US Postal. 

US border, retirez les casques qu'on voit vos faces !

Les douaniers sont sympas, ils checkent vite fait nos passeports et nous laisse aller.

Passage comme une lettre à l'US Postal

Deuxième objectif, le Stewart's de Rouses Point, avant qu'il ne ferme. 

À 22h45, vingt cyclos déferlent dans le dépanneur désert. Premier checkpoint atteint, mission accomplie. 

Le Stewart's de Rouses Point est à nous

Des tables à l'intérieur pour pique-niquer, c'est parfait. 

L'œuf au riz est toujours de mise avec Simon le clown

Chacun se restaure puis se rhabille. La nuit peut être fraiche, couvrons-nous. 

Pattes longues ou manches courtes ?



Jusqu'au Traversier du Lac Champlain (km 120)


Le paquet se scinde en deux groupes. Sept desperados (Jo, Nico, Clément, Maxence, Antoine, Fred et Ionut) prennent les devants pour tenter de rejoindre le traversier de 1h05.

Les autres roulent plus relax, pas de presse. Nous pédalons au clair de lune, se reflétant dans le lac Champlain. Wow, à nouveau, c'est magique. 

Au clair de lune au passage d'un pont sur le lac

On continue de filer vers le Sud, full gaz. Profitons-en avec ce vent puissant. On mange notre pain blanc. Le pain noir, ce sera pour plus tard.

Km 120, 1h12, traversier raté de 7 minutes, pas grave. C'est le deuxième checkpoint du brevet. Fred et Ionut nous ont attendus.

Regroupement au traversier de Grand Isle

Marcus paye la note des quinze randonneurs, cadeau du CVRQ. Les cinq autres sont passés avec Jo le président, gratos aussi. 

Marcus règle la note du passage pour 15 cyclistes

Avec la brise qui s'accélère en passant sur le lac, l'air se rafraichit. On se réfugie dans la cabane en attendant le traversier de 1h45.

Blottis les uns contre les autres dans la cabane

À quinze dans la petite bicoque, c'est un moment épique. On se raconte quelques anecdotes, certains somnolent sur les bancs, d'autres ont sorti le sac de couchage et se reposent à même le sol. 

On jase, on somnole, on se repose

Puis c'est l'embarquement. Vingt minutes de croisière sur le lac. On laisse les vélos sur le pont et montons dans la salle commune pour nous réchauffer. 

Le passage du Vermont à New York



Jusqu'au pénitencier de Dannemora (km 158)


Débarquement du côté de Plattsburgh. Traversée de la ville déserte by night sous les lampadaires. 

Puis le relief commence, le groupe éclate. À l'avant, les bons grimpeurs se détachent. À l'arrière, les autres moulinent, dont moi. 

Y a du dénivelé de prévu, alors calmos. Puisque le dépanneur de Dannemora n'ouvre qu'à 4h00, pourquoi se les geler en attendant.

Stewart's number 2 à Dannemora

Avec Marcus, Yvon, Simon et Gaby, nous arrivons pour l'heure d'ouverture au Stewart's, troisième contrôle. Just in time, réglé comme du papier à musique !

On prend les mêmes riders et les mêmes tables !

Ceux qui sont passés une heure plus tôt n'ont pu se ravitailler. 

Pour les autres, même scénario qu'à Rouses Point, on s'engouffre dans la shop, pas mal déserte mais bien achalandée en bouffe. Il faut remplir les sacoches pour les 120 prochaines bornes car nous serons perdus dans la PAMPA !

Repas studieux, JM se mouche, le canari jaune, c'est Véro

Dannemora est une ville carcérale, ça semble bien tristounet. Les autres clients sont des gardiens de prison ou des cops. Wow, sinistre !

Quittons cet endroit troublant et flou, au loin, le pénitencier

Puis c'est un nouveau départ. Éparpillement des effectifs. Je me retrouve avec Simon et Pierre, nous sommes les derniers à quitter la place. 



Jusqu'à Malone et la traversée des Adirondacks (km 274)


Dans la longue côte pentue, nous rattrapons Gaby et Jocelyn, notre troupe d'élite pour rejoindre le prochain contrôle. 

La lumière blanchit au petit jour. Nous gravissons le point culminant du parcours avec ses 620 mètres. Les côtes se succèdent, sans répit. Il faut négocier le D+ sans trop se faire mal aux pattes. Faut en garder sous la pédale.

On fonce au petit matin vers notre destin

Chazy Lake, Lyon Mountain au km 178, je suis déjà passé par ici à vélo, dans une autre vie. Avec ma cocoon de l'époque, séquence nostalgie. 

Course poursuite entre nous cinq. On se rattrape, on se dépasse, on se fait larguer, au gré des montées et de nos forces. 

Chacun son rythme sur ce toboggan de charmantes routes des Adirondacks. Nous sommes dans la pampa américaine. Nous perdons Pierre qui se détache en avant.

Le chalet abandonné du km 212, répertorié par Marcus, se profile à l'horizon. C'est la 5ème fois qu'il roule ce parcours, lors des flèches notamment, il commence à bien connaitre les lieux intéressants. 

Le chalet du km 212, Marcus laisse les clés à Simon

Nous y retrouvons justement sa bande (deux Mitch, une Olive, un Yvon et un Marcus), sur leur départ, après une pause repos.

Le grupetto des 5 papis qui roulent pas pire !

Il est 8h, le sommeil commence à nous rattraper. Les quatre mousquetaires décident d'y faire aussi un bivouac. Simon installe son hamac entre deux arbres dans le boisé. 

Hamac de Simon dans le boisé

Gaby et moi étendons nos mini sacs sur la mousse. 

Drap de soie sur feuille alu pour Gaby, 30 minutes au four !

Cagoule, buff, Goretex dans Bivvy pour être au chaud

Jocelyn s'allonge avec juste son manteau pour se tenir au chaud. 

Jocelyn n'a pas amené de sleeping bag

Après une heure de pseudo dodo, on remet en route en espérant avoir leurré notre cerveau. Nous lui faisons croire que la nuit est passée et qu'on a bien dormi !

C'est reparti dans cette pauvre Amérique en milieu rural. La seule fierté semble être leur bannière étoilée, flottant au vent, sur quasiment chaque maison. 

Nouveau jeu du saute-colline. Jocelyn est fort, trop fort peut-être. Simon et moi avons la même allure, Gaby est souvent détaché lorsque la pente se fait plus raide. 

Dans les côtelettes des Adirondacks

Dernière côte, dernier rush avant le checkpoint. Gaby pique un sprint, l'odeur de la bouffe a réveillé ses muscles. 

Enfin le JReck de Malone, km 274, il est 12h15. Genre de Subway à l'américaine ! Mes amis ont le temps de passer avant l'arrivée d'un troupeau de locaux. Je me fais baiser dans la file, vingt minutes d'attente. Fait chier, pas que ça à faire !

Le Jreck de Malone, toute une institution

Je m'enfile un half sandwich steak and cheese with french fries, s'il vous plait, and of course, a drink in fountain ! 

La bonne bouffe américaine est incluse dans le brevet

Simon a pris un Mac and Cheese ! Ah ce frenchy, presque rital, à moitié américanisé. J'adore ses petits grains de folie. Il repart en premier, à la recherche d'un café qui ressemble à un vrai coffee. Good luck, my friend !

Les espoirs de Simon pour trouver un café ... s'envolent !

À 13h, je suis prêt au départ. Gaby et Joce sont loin d'être ready for start. Je décalisse en me disant qu'ils me rattraperont. 



Jusque la frontière Canadienne puis Ormstown (km 324)


J'intercepte Simoné en passant. Il n'a pas trouvé ce qu'il recherchait.  

Tourisme aux US, la tour de Malone !

On va se bouffer 130 bornes de vent Nord-Est, quasi non stop, jusqu'à destination. C'était écrit dans les évangiles de miss Météo. Une belle après-midi s'annonce, ciel bleu, température agréable ... et un putain de courant d'air. Sortez les lunettes de soleil et accrochez-vous !

Les éoliennes tournent plein pot, telles les moulins de Don Quichotte, avec son fidèle Sancho Panza comme compagnon. Nous errons à découvert dans la pampa éventée, fouettés comme il faut par un Éole déchainé. 

Contre les moulins à vent avec Don Quichotte

Passage de relais académiques, bonne entente avec Simon. Heureusement que nous sommes deux, pour souffler chacun notre tour. 

Nous ne reverrons plus le duo Gaby et Jocelyn. Ce dernier ne ralliera pas le bercail. Épuisé physiquement et psychologiquement. Peut-être trop fort dans les côtes ?

Km 302, passage de la frontière entre Chateaugay et Herdman. Pas de misère avec nos douaniers canadiens, ils ont vu passer les autres et nous attendaient !

De retour en sol canadien, le jour et la nuit !

Pause crème glacée en sol québécois, au charmant magasin général, 

Le sympathique magasin général d'Herdman

aussi visité par les randonneurs nous précédant. 

Le Papi's group est passé avant nous

Ça fait du bien de savourer nos sucreries au soleil.

Suçoter une crème glacée le temps d'une pause, ça n'a pas de prix 

Puis on repart, pour boire le calisse jusqu'à la lie. On sonne l'hallali, faut tuer la bête ! Mon cerveau part en vrille, le manque de sommeil fait son effet. 

Vers 16h, km 324, nous arrivons à Ormstown, cinquième contrôle de l'IGA que nous zappons et continuons. 

Pause casse-croute à Ormstown pour la bande à Marcus




Jusqu'à l'arrivée à St Lambert (km 405)


Nous entamons la Bataille de Chateauguay, en longeant la rivière et son site historique. Contre le vent à son meilleur, des rafales à 40 km-h, c'est notre bataille aussi. 

Notre bataille de Chateauguay ... contre le vent en position aérodynamique

On fait du surplace, à rouler entre 15 et 20 à l'heure, en s'accrochant à nos guidons. Pour ne pas reculer !

Km 341, Howick et son dépanneur, j'ai besoin de récupérer de l'énergie. Crème glacée, crottes de fromage, Perrier et Gatorade, n'importe quoi pourvu que ça me rebooste. 

Pause énergie nécessaire à Howick, le vent nous épuise

Je repars au radar, Simon est mon guide. Merci l'ami d'être là, en ce moment difficile. 

Pédalage machinal, j'ai mal au cul, à cause d'un cuissard usé et décousu. 

Sans trop de plaisir, on tournicote dans la pampa du côté de St Rémi, St Michel, St Mathieu, priez pour nous. 

Je profite d'un ralentissement provoqué par une route en travaux, pour faire une ultime pause pipi et ravito. Quelques crottes et une rasade de potion magique vont m'aider à rallier le port. 

Enfin la civilisation à Delson, plus que vingt bornes !

Je leade pour terminer. Je suis le local de la rive sud, sur mes pistes cyclables archi-connues. 

Merci Simon pour notre sympathique collaboration

Nous longeons ce cher St Laurent ou je surprends le coucher du soleil. 

Galarneau tire sa révérence pour une nouvelle fois

Passage pour la deuxième fois du brevet, sous le pont Champlain. Coucou !

Bonne nuit pont Champlain, retour au bercail

Cela fait un peu plus de 24 heures qu'on est passé là, qu'on turbine comme des malades.

À la croisée des chemins, je dis au revoir à mon brave Simon, mon fidèle équipier de cette épique épopée. Lui rentre à Montréal par la VM, je repasse par le checkpoint final. 

Deux randonneurs du Québec contents de finir ce difficile brevet

Arrêt du Garmin avec 405 bornes au tableau de bord. Chus ben fier de moi, de ne pas avoir lâché le morceau. Le mental a tenu le coup malgré la fatigue accumulée. 



Outro


Voilà un 400, just for fun !


Pour le plaisir d'être allé au bout de la souffrance. 

Pour le plaisir d'être en vie.

Pour le plaisir d'avoir bouclé ce parcours dans des conditions difficiles.


Car le dernier brevet effectué est souvent le plus dur.


Le lendemain, on en rigole déjà, on oublie les moments moins le fun.

Et on pense au suivant.

Au 600 de la semaine prochaine, pour obtenir le sésame pour PBP.


C'est ça la passion !


Clément, Ionut, Jo, Fred et Antoine, 5 pouces levés pour une passion partagée


Vive le CVRQ !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire