samedi 30 juin 2018

Objectif 1000 pour l'OQO 2018, présélection pour le PBP 2019

Prologue


Ma précédente mission du 400 ayant été remplie avec succès et ayant fait l'impasse sur le 600 mal placé à l'agenda, c'est logiquement que je m'inscris pour le 1000 km Coureurs des Bois des Randonneurs Ontario. C'est le but ultime de ma saison de breveteux, soit obtenir mon sésame pour pouvoir me présélectionner dans les premiers pour la participation au PBP 2019. En effet, les quotas étant certainement limités, autant mettre toutes les chances de mon coté ! Cependant, ce n'est pas tout de le dire, il va falloir faire ce brevet audacieux, et surtout, le réussir pour obtenir l'homologation des Audax Parisiens. 

Deux semaines avant l'évènement de 3 jours débutant le samedi 30 juin, les principaux intéressés du CVRM rentrent en contact pour s'organiser. Marc B. me branche donc sur Facebook, je crée un forum de discussion sur Messenger en invitant Michel L. et Jean-François T. qui s'est décidé au dernier moment. Je ne peux malheureusement pas rejoindre Olivier C., toujours sur la technologie 2G d'après Marcus. Je pense personnellement qu'il communique encore par signaux de fumée, cela restant néanmoins à vérifier. Trèfle de plaisanterie, Marc lui transmet les infos nécessaires par courriel. En quelques clics de souris, les hôtels sont bookés via Booking, la logistique pour l'aller-retour en auto à Ottawa est réglée. Nous arriverons le vendredi soir afin d'éviter un voyagement le samedi matin, le départ étant donné à 5h. Cela nous permettra aussi d'emmagasiner un peu plus de sommeil pour la suite. 

Vendredi 29 Juin 2018


Le jour J-1 est enfin arrivé, j'ai hâte de passer à l'action et d'en finir avec le stress de l'attente. Je travaille à distance de chez moi le matin, je boucle mes bagages en cassant la croûte, j'attache mon fidèle Piuma sur le rack de l'auto et c'est parti pour la capitale fédérale en début d'après-midi. Partant de la rive sud de Montréal, je décide de ne pas passer par l'île pour éviter le trafic. J'emprunte la 30 à péage (2,80$), une première pour moi. Je rejoins la 40 qui devient la 417 en Ontario puis j'arrive sans encombre vers 17h30 à notre hôtel Value Inn situé dans la banlieue est d'Ottawa. 

Value Inn d'Ottawa, notre camp de base

Coïncidence, je rencontre un compatriote français du CVRM, Olivier J., descendu au même hôtel avec sa petite famille, pour prendre le départ du 1000, demain matin. Michel arrive à son tour et s'installe dans notre chambre pour 4 avec 2 lits doubles. Olivier C. et Marc doivent être en route. Sans les attendre, Mitch et moi décidons d'aller remplir nos estomacs en carbo-hydrates car nous sommes affamés. Il y a une Gabriel Pizza, la bien nommée, juste à côté de l'hôtel qui fera notre affaire. À peine le temps de commander que nos 2 compères arrivent à destination et nous rejoignent au resto. De la bande du CVRM, il ne manque que JF qui doit séjourner dans un AirB&B dans les parages. Nous serons donc 6 fiers randonneurs à représenter le Québec et le club pour ce brevet ontarien. 

Chambre de luxe pour 4, 2 par lit


En sirotant notre bière, sauf Michel qui ne boit que du vin, nous ressortons nos souvenirs et anecdotes d'anciens combattants de la longue distance, ça soude l'équipe. Nous discutons surtout de la météo, une foutue canicule historique est annoncée avec de très fortes chaleurs en perspective. Elle débute justement dès demain et devrait se prolonger sur quelques jours non stop, nous sommes vraiment chanceux, vite un 6-49 ! 

Retour à la chambre d'hôtel heureusement climatisée, nous préparons nos montures pour être prêt à faire feu dès 3h30 demain matin. Puis nous nous allongeons vers 21h30 à 2 par lit. Michel est mon compagnon de couche, il me propose en rigolant, de dormir en cuillère. Je lui rétorque du tac au tac, s'il a lavé son cul hier (cuillère, pour ceux qui l'ont pas catché). Fou-rire général dans la chambrée, l'atmosphère est détendue, nous pouvons nous assoupir l'esprit serein. 

Les bécyks de l'exploit, ready for fight

Samedi 30 Juin 2018


Je précède le cadran de mon iPhone qui devait vibrer à 3h15. Héhé, je l'avais mis plus tôt pour prendre ma douche avant Marcus, la compétition a déjà commencé ! Bien réveillés, nous remballons notre stock puis direction le McDo repéré la veille et ouvert théoriquement 24-7. Manque de chance, WacDo ne sert pas à 4h car c'est l'heure de faire la caisse pour les employés, on se rabat sur le dépanneur du Shell. Jus, mauvais café et mauvais muffin feront l'affaire pour remplir nos panses en première couche d'énergie. Puis direction le départ, distant de 3 km dans le stationnement d'une école. 

Nous sommes les premiers à déballer notre matériel, les autres participants arrivent un à un. Voici Guy Quesnel, l'organisateur de l'épreuve qui ne participe pas au 1000, il vérifie nos montures et distribuent les cartes de brevet. On retrouve Olivier J. venu à vélo de l'hôtel, ainsi que JF qui a oublié à Montréal, un instrument indispensable pour la ride, le GPS ! Il va falloir qu'il se débrouille avec la cue sheet, feuille de route du brevet ou bien alors, suivre d'autres cyclos. Nous n'avons pas fini de reparler de ce gag. 

2 frenchies au départ, Olivier J et Pascal P

JF tout content d'avoir oublié son GPS

Sur les 15 inscrits, dont quelques américains de New York, seulement 10 mongols répondent présents à l'appel du départ. Il y a 3 gars de Toronto, Wayne et Larry, 2 randonneurs rapides et très expérimentés, genre Fred, dont un qui a déjà participé à la RAAM. Le 3ème est Mark qui en est à son premier 1000. Enfin, il y a Vytas, un rider d'Ottawa avec randonneuse à l'ancienne, genre Jonathan, gros pneus, garde boue, porte bagage avec sacoche avant, pas vraiment le vélo pour un contre la montre, mettons ! Si on ajoute les 6 québécois de Montréal, dont 4 ayant une expérience réussie de PBP, le compte est bon à 10 participants. Je prends quelques photos d'ambiance du départ mais il n'y aura pas de photo officiel de groupe. Ah Jean, tu nous as manqué sur ce coup là. 

Fébrilité du départ, Vytas et son maillot à poil

Ontariens et québecois, de brillants randonneurs !

A 5h01 pétantes, Guy lâche les fauves aux premières lueurs du jour pour 75 heures maxi d'épiques épopées. Mais commençons par le commencement, soit la première journée, on verra pour la suite. 

Road book - Jour 1



Jour 1 - Étape 1 - Ottawa - Plantagenêt - 63 km - départ 5h01


Km 0: Miss météo nous a réservé une petite pluie de bienvenue pour lancer le départ. C'est donc sous quelques gouttes et une chaussée mouillée que nous dévalons les premiers kilomètres. Dévaler est le bon mot car non seulement c'est en faux plat descendant, mais en plus c'est avec un vent de Sud-Ouest donc de dos, qui devrait nous accompagner toute la journée. 

Km 5: Les 3 torontois ont déjà filé devant, ils se perdent, on les retrouve un peu plus loin, bref c'est la joyeuse débandade. Les 6 montréalais restent groupés, emmenant dans leur sillage, Vytas l'ottavien, habitant d'Ottawa. Oui, c'est comme ça que ça se dit, j'ai vérifié dans Wikipedia. 

Km 10: Nous traversons la banlieue Est d'Ottawa, Gloucester et ses centres commerciaux à n'en plus finir, il y en a des chars en exposition. La campagne arrive au bout d'une bonne dizaine de kilomètres.

Km 18: Je ressens le besoin de soulager ma vessie, je propose un bref arrêt, accepté à l'unanimité. Pipi collectif puis on repart à un bon tempo, peloton groupé. Olivier J. mouline déjà comme un damné, c'est son style. 

Km 35: Rockland est atteint vers 6h30, la petite cité dort encore à cette heure matinale. Rien n'est ouvert, ça tombe bien, on n'a rien à acheter, mes friandises sont tirées de ma petite sacoche de tube, remplie de bouchées énergétiques dont j'ai le secret. J'ai horreur des barres toutes faites alors j'ai ma solution maintes fois éprouvée. 

Km 51: Voici Wendover, ça me fait penser à une toune des 3 Accords, St Cyrille de Wendover. Tout va bien entre mes 2 oreilles, la musique est bonne dans mon iPhone, l'ambiance du groupe est excellente, ça commence rondement notre affaire. 

Km 63: On a quitté les rives de l'Outaouais pour rejoindre le motel-restaurant Champlain de Plantagenet, lieu de notre premier contrôle, il est 7h30. Nous parquons nos bécanes et allons pointer à l'intérieur. On s'aperçoit bien vite que ce n'est pas un dépanneur mais bel et bien un resto. Marcus et moi commandons rapido presto un café avec tarte au sucre à la charmante serveuse, un peu débordée avec les clients présents. 
 
Marcus réjoui devant un tit déj bien sucré


Michel Lemaire fait l'amère constatation qu'il n'a plus son cellulaire. Il l'a en effet oublié au départ ce matin, sur le toit de son auto. C'est Guy qui nous informera par courriel un peu plus tard. Encore un breveteux pas concentré par le stress du moment. JF et lui sont des néophytes de la longue distance, faut que les erreurs se fassent pour en tirer les leçons. Nous nous enfilons notre festin plus que sucré avec Marc, puis retirons nos baudriers avant de repartir. Le soleil fait son apparition, la température ressentie est déjà anormalement élevée pour cette heure de la journée. 


Commence à faire chaud, on ôte les couches







Jour 1 - Étape 2 - Plantagenet - Blainville - 114 km - total 177 km - départ 8h00 



Km 63: Olivier J. repart avant nous et d'autres aussi, c'est donc un groupe de 5 qui reclippe ensemble, je nous baptise les Fab Five. 

Km 70: Treadwell, nous retrouvons la route panoramique, offrant de belles envolées sur la rivière des Outaouais. L'orientation du parcours est pile-poil dans le sens du vent arrière, nous filochons à 30 de moyenne, sans effort. 

Belle route, vent dans le dos, the bonheur !

Km 80: Lefaivre, nous rencontrons en sens inverse des grappes de cyclos, notamment des parents avec leurs enfants. Les pauvres, ils en bavent pas mal contre le vent. Marcus nous fait remarquer qu'il s'agit de la Petite Aventure, événement familial de 3 jours, organisé par Vélo-Québec, d'une distance d'environ 300 km dans sa version longue. Marc connaît car il y a déjà participé dans sa jeunesse lointaine. 

Km 86: Le ciel se couvre soudainement avec de gros nuages noirs en formation derrière nous. Le vent les pousse et ils nous rattrapent à grande vitesse. Oups, va-t-on y échapper ? 

Check-moi ces nuages menaçants !

Km 90: Je ressens une douleur entre les doigts de ma main droite, un insecte s'est fourré dans mon gant et vient de me piquer. Ouille ! 

Km 93: La pluie menaçante finit par s'abattre sur nos carcasses. En quelques secondes, c'est le déluge. Mes compagnons s'arrêtent pour mettre leurs habits de pluie. Avec cette chaude température, j'hésite à me couvrir, pariant sur une ondée vite passée. Je couvre néanmoins ma sacoche pour la protéger. Mon imperméable est à l'intérieur et il me remercie de ne pas se faire mouiller. 

Km 100: Nous dépassons l'Orignal et l'averse disparaît aussi vite qu'elle est arrivée. Je suis bien mouillé mais cela va sécher vite fait, bien fait. 

Km 107: Hawkesbury est atteint, il est 9h50. Nous avons prévu d'y prendre une vraie pause déjeuner au Tim local. Je me restaure avec un café-une crème-un sucre et un Timatin bacon sur muffin anglais avec patate, je complète avec un jus, souvent présent à mon petit déj. 

Café, jus et Timatin à moitié englouti

La troupe est en forme, rien de difficile à signaler jusqu'à présent. 20 minutes plus tard, nous nous remettons en route. 


Après 100 bornes, tutti va bene !

Km 109: Nous franchissons le Rubycon pour repasser au Québec, nous revoici chez nous. Au bas de la descente, première erreur de GPS de mes partenaires, le dernier sera le premier. Je mène le paquet pour une quinzaine de kilomètres, c'est pas ben dur avec ces conditions favorables. 

En longeant la rivière des Outaouais, sans accotement

Km 123: Nous croisons une piste cyclable en sous-bois longeant la route de la rivière qui est sans accotement. Olivier C. semble bien connaître le secteur, il nous invite à suivre la piste. Bonne idée, c'est plus calme, plus bucolique et plus sécuritaire. 

Bien mieux sur la piste cyclable humide

Km 128: 5 km plus loin, nous débouchons à Carillon, proche de la centrale électrique d'Hydro-Quebec sur la rivière des Outaouais. 

Carillon et sa centrale électrique

Mes compères stoppent pour ôter leur imperméable car c'est devenu un sauna avec cette chaleur qui s'intensifie. La canicule se répand dans la région et on commence à bien la ressentir. 

Branle-bas de combat dans les rangs

Km 133: Nous traversons le pont de la Rivière du Nord ou Rivière Rouge, nous ne sommes pas très loin de Lachute, le village, pas la chute du récit ! Je propose le prochain arrêt rafraîchissement à Mirabel, dans une trentaine de kilomètres, c'est accepté sans problème. Je pense être le seul de la gang à avoir recensé les différents points stratégiques du parcours avec kilométrage. J'ai fait mes devoirs en recherchant sur Google Maps les dépanneurs, stations service, et autres magasins généraux sur notre passage ou à proximité lorsque c'est le désert. Mes acolytes se fient à moi pour mon organisation millimétrée, rien ne doit être laisser au hasard. Cela peut même être vitale en cas de besoin urgent, notamment avec cette canicule qui soumet nos organismes à rude épreuve. 

Km 161: A St Scolastique, le dépanneur Bien, tenu par un asiatique comme beaucoup d'autres, nous accueille. C'est un petit détour mais Mitch connaît Bien l'endroit car il le fréquente souvent avec son club Vélo Passion. Juste une boisson fraiche et sucrée fera l'affaire car nous ne sommes plus très loin du checkpoint de Blainville. Nous repartons par la côte des Saints qui décrit des courbes intéressantes. 

Km 172: Retour du trafic intense des autos à l'approche des agglomérations de la rive nord, Blainville, Ste Thérèse et compagnie. On roule à la file indienne au milieu de cette jungle urbaine. 

Km 177: Le Subway convoité est en vue. Soudain, c'est la chute d'Olivier C., poussé par inadvertance par JF qui consultait je ne sais quoi, en tout cas pas son GPS. Rien de grave heureusement, la sacoche arrière d'Olivier a encaissé le choc, elle est toute de travers. Vers 13h, nous envahissons l'auberge du pain qui pue, c'est ainsi que je nomme le Subway pour ceux qui ne l'auraient pas encore remarqué. La clim de l'endroit est bien appréciée, tout comme son 6 pouces steak-fromage, sa soupe, sa boisson en fontaine et surtout la glace de son distributeur pour remplir mon Camelbak. 45 minutes d'arrêt, je veille au grain pour respecter mon tableau de marche. Comme Éole est notre allié, nous avons déjà une heure d'avance, ce sera toujours ça de plus à dormir cette nuit à Trois Rivières. 







Jour 1 - Étape 3 - Blainville - Joliette - 75 km - total 252 km - départ 13h45



Km 177: C'est reparti pour Joliette. J'ai découpé le parcours par segment que je charge sur mon GPS en début d'étape. Michel a fait de même car nous trouvons cela psychologiquement plus humain que de décompter les 1000 bornes du brevet. Mon Garmin décrémente alors les kms jusqu'à la prochaine destination, ce qui est plus motivant. Pour avoir le kilométrage cumulé du brevet, j'ai pris soin de remettre à zéro mon odomètre au départ d'Ottawa. Ces jalons kilométriques permettent de me repérer et m'ajuster en fonction de mon tableau de marche établi. Mitch a bien noté l'astuce et il m'en remercie. 

Mitch écoute les conseils d'un gars très pointilleux

Nous sommes aux heures les plus chaudes de la journée, il fait une chaleur écrasante mais pas tant que celle annoncée. Cependant, nous fonçons full pin vent arrière, sans aucun souffle d'air pour nous rafraîchir le visage. On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre. 

Km 188: Voici Lepage, nous longeons la minuscule rivière Mascouche et les innombrables terrains de golf, sport très populaire au Québec, faut dire qu'il y a de l'espace. La route est belle mais assez étroite, les Car back! fusent de l'arrière au passage des autos. Notre intrépide JF doit être souvent rappelé à l'ordre car il roule dangereusement trop à gauche. Il a encore des croûtes à manger côté sécurité, notre Baron rouge ! 

JF sourit en se faisant sermonner

Km 200: Nous traversons la banlieue de Terrebonne puis de Mascouche. Relief quasiment plat et allure vive, les kilomètres défilent à vitesse grand V. Nous visons le prochain dép pour une nouvelle opération rafraichissement, ce sera à St Roch de l'Achigan, une station essence indiquée sur mon road book. 

Km 222: Vers 15h30, nous débarquons à St Roch, dans cette gas station de même nom que la blonde de Marcus, soit Harnois. Il parait que c'est de la famille proche, peut-être aurons-nous les boissons gratos ? Nos gosiers sont encore déshydratés, nous nous ruons vers les crèmes glacées et les boissons à bulles, faut quand même éviter les sucres trop rapides. 

Surpris le Magnum dans la bouche

C'est la gang des cyclos en chaussettes pour relaxer les petits petons, surtout Mitch et JF.

La gang des chaussettes noires

Celui-ci s'éfoire même au rayon de la slush Puppie pour profiter au maximum du moment de fraicheur et de relaxation. 

Éfoirage de notre slush Papi aux longues jambes

Rappel à l'ordre des troupes, c'est pas tout ça mais on a des vaches à traire. Hop, on remet les godasses pour certains et nous repartons.

Km 238: Ste Marie Salomé, on navigue sur la 341 puis c'est un labyrinthe de petites routes qui nous amène à Joliette, prononcez Roliette pour les initiés. 

Km 243: Nous passons à Crabtree, le nom m'amuse alors je le cite ici. L'arbre à crabes, c'est cool, non ! Encore quelques coups de pédales propulsés par l'arrière, nous déboulons sur Joliette et son supermarché Métro. 

Km 252: Il est 16h45 pour ce 3ème checkpoint de la journée. Nous rencontrons Olivier J. qui est sur le point de repartir, accompagné de Wayne et Mark, pas de nouvelle de Larry. En revanche, Vytas nous rejoint également, on va casser la croûte ensemble. Je prévois une heure d'arrêt, histoire de laisser la chaleur s'évaporer un tant soit peu, mais aussi pour relaxer nos corps de l'effort, les heures de selle s'accumulent depuis 5h ce matin. JF propose de surveiller les vélos pendant que nous allons pointer et faire nos emplettes de victuailles fraîches et appétissantes. Pour moi, ce sera salade de pâtes, salade de fruits avec fraises et ananas, jus de légumes et Perrier. Nous sommes malheureusement obligés de manger à l'extérieur à la température ambiante car pas de table a l'intérieur climatisé, pas cool ça ! 

Les Fab Five, 5 garçons dans le vent (dans le dos)

Quelques photos du groupe en nous alimentant, j'accumule les souvenirs et les jalons chronologiques pour mon futur récit. Il faut dire que je suis le reporter désigné de l'expédition, rien ne doit m'échapper. Il est à nouveau temps de se préparer à repartir pour le dernier stretch du premier jour, destination Trois Rivières, distant de 95 bornes. 






Jour 1 - Étape 4 - Joliette - Trois Rivières - 95 km - total 347 km - départ 17h45



Km 252: On repart en paquet de 5 plus Vytas qui se joint à nous. Je joue au pilote pour sortir de la ville de Joliette, je me demande si certains savent lire un GPS. Direction la 158. Un shortcut a été demandé par Marc à l'organisation pour éviter cet axe passager, quoique assez désert à cette heure de la journée pour un samedi, veille de fête fédérale. Marcus, Olive, Mitch et JF bifurquent plus tôt que prévu d'après le GPS, chus un peu tanné des raccourcis imprévus, je les laisse filer. Vytas qui possède aussi le parcours officiel, me suit comme mon ombre. Nous nous rejoignons 4 bornes plus loin. 

Km 260: À St Thomas, nous voilà regroupés à 6 à filer à travers à la campagne avec de beaux éclairages offerts par l'inclinaison des rayons solaires. L'allure semble trop élevée pour notre invité ontarien qui ne tarde pas à se faire décrocher par l'arrière. 

Km 278: Rare changement de direction du parcours avec vent défavorable, une bordure se crée, comme on dit en jargon cycliste. Je suis le dernier du groupe et je n'accroche pas celui qui me précède, je me fais donc éjecter du peloton qui continue de filer. Bien souvent, c'est une Olive impitoyable qui tire le groupe et accélère sans s'en rendre compte. C'est plutôt genre, pas de pitié pour les faibles. Ce n'est pas plus grave que ça, de toute façon, on avait prévu une nouvelle pause rafraîchissement à St Cuthbert, dans une poignée de kilomètres. 

Km 283: Il est 19h15, je gare mon Piuma devant l'épicerie Shundu, toujours tenu par des asiatiques, heureusement qu'ils sont là pour tenir le fort. En France, il n'y a pas de dépanneur mais l'équivalent est une petite épicerie gérée par des personnes d'origine arabe, communément appelée, l'arabe du coin. A chacun son immigration et son folklore ! 15 minutes chrono d'arrêt, nous reclippons à 5, sans Vytas qui vient tout juste d'arriver. Ce sera la dernière fois que nous le verrons, il abandonnera par la suite, on ne sait pas où, ni quand, un détective mène encore l'enquête. 

Relaxation et méditation à l'épicerie Shundu

Km 286: Bifurcation soudaine à gauche mais le duo de tête forme d'Olivier C et JF continue tout droit. Les 3 derrière gueulent comme des ânes pour les rappeler à l'ordre. Olive fait aussitôt demi-tour tandis que JF, certainement dans sa bulle, poursuit sur sa lancée, ne s'apercevant pas qu'il roule tout seul. Nous sommes un peu dégoûtés de jouer les garde-chiourmes avec notre baron qui n'a pas de GPS, et surtout qui n'entend pas nos directives. Michel se dévoue pour piquer un sprint à sa poursuite et ramener la brebis égarée. Cela prendra un bon dix minutes à mes compagnons pour que tout rentre dans l'ordre. Pendant cette péripétie, j'ai continué solo mon chemin de croix, me considérant le plus de faible de la gang, ils me rattraperont. 

Km 295: Je roule à mon rythme sur le Chemin du Roy, et non de croix, alors que le jour faiblit et la lumière aussi. Tout est paisible en moi et autour de moi. 

Km 305: Maskinongé est atteint, le Fab Four me rattrape enfin, avec la brebis égarée ou le vilain mouton noir, à vous de choisir. Règle pour JF à partir de maintenant, ne jamais rouler en 1ére position car pas de GPS, sinon ce sera 1000 francs suisses de pénalité, faut ce qui faut ! 

Km 312: Dernier rush sur les rangs contournant la 138. Vers 20h45, nous atteignons le Tim de Louiseville pour une ultime pause ravito avant destination finale. On étanche nos soifs chroniques tout en remettant quelques glucides dans nos estomacs, yaourt-coke pour bibi, c'est liquide et ça passe tout seul. 

Tim, Sub, Wac, nos bulles de fraicheur

Le soleil s'est couché lorsqu'on ressort de la salle climatisée, un quart d'heure plus tard. Il faut mettre nos panoplies de super héros nocturnes afin d'affronter la dernière trentaine de kilomètres en toute sécurité, la motivation est haute car bientôt, le repos et le dodo. 

En selle tout le monde pour le dernier 30 de la journée


Km 323: Dernier départ sur le Chemin du Roy, traversée de Yamachiche aux loupiotes. Nous rattrapons la 138 que nous ne quitterons plus jusque la cité trifluvienne. En file indienne, nous carburons dans la nuit sur la bande cyclable. 

Km 343: Les premières lueurs de Trois Rivières apparaissent, nous filons sur l'asphalte flambant neuf. Encore 4 bornes et voici le contrôle officiel de cette 4ème et dernière étape de la journée. 

Km 347: Il est 22h20, arrêt au Tim, mes 4 amis pointent leur carte de brevet et repartent aussitôt à leur motel Miami, distant de 4 kms. Quant à moi, je suis arrivé car je roupille ce soir au motel Populaire à 200 mètres de là. Je fais le plein de provisions au petit Morton, pour ce soir et pour demain matin. Voici ma liste d'épicerie : sandwich jambon-fromage et Canada Dry pour souper, jus d'orange, lait au chocolat, croissant, yaourt aux fruits et muesli pour déjeuner le matin avant de partir. J'ai 1h30 d'avance sur mon plan de match, chus ben content. Je prends possession de ma chambre avec quelques difficultés car je n'ai pas de carte d'identité soit le permis de conduire une auto pour prouver mon identité. Et pour cause, je suis a vélo ! Les madames me font confiance, ouf, c'est bien gentil. Elles ont pitié de moi car j'ai besoin de repos. Une fois dans la chambre 109, le temps est compté pour chaque chose, le but est de se coucher le plus vite possible. 

Motel Populaire Chambre 109, 4 heures d'arrêt chrono

Donc, douche aussitôt, réparatrice et réconfortante, souper tout en téléphonant à ma chérie qui me suit sur mon tracker depuis tôt ce matin, elle m'encourage avec assiduité et je l'en remercie. En parlant de tracking, il y a bien celui proposé par l'organisation mais si on ne possède pas de balise Spot, il faut effectuer une manœuvre sur son cell pour envoyer sa position à une application. Ce n'est pas très pratique et quasiment personne l'utilise. Je consulte également mes supporters sur Facebook qui communiquent avec moi avec leurs bons mots. Je n'oublie pas de recharger mes instruments en énergie, GPS, iPhone et batterie auxiliaire. Je prends un peu de temps pour regarder le foot à la télé. En ce moment, c'est la coupe du monde de soccer en Russie et la France a battu l'Argentine aujourd'hui 4 à 3, une avalanche de buts pour ce quart de finale, prochain adversaire l'Uruguay. Cocorico ! 

Douche, souper, réseau social et repos du guerrier

Vers 23h30, je suis dans mon lit, tout propre et dans des draps frais. J'envie parfois ces véritables aventuriers, genre Olivier J., qui bivouaque à la dure dans un fossé proche de la route, dans leur sac à viande ultra-léger et inconfortable, souvent assaillis par les maringouins voraces de la contrée sauvage. Quant à moi, je suis prêt pour 3 heures de sommeil récupérateur, cadran mis à 2h39. Bonne nuit les petits ! 

Zut, j'ai oublié mon pyjama






Dimanche 1er Juillet 2018


Road book - Jour 2
 


Jour 2 - Étape 1 - Trois Rivières - St Stanislas - 55 km - total 402 km - départ 3h16



Km 347: Le réveil se déclenche comme prévu à 2h39, je me lève sans difficulté. Un peu d'eau sur le visage puis je prends mon petit déj en ré-équipant le vélo et le bonhomme. Affaire rondement menée, me voici sur mon bécyk pour 3h15. Il fait encore nuit mais le lever de soleil est programmé vers 5h. Texto à Marcus qui voulait que je le prévienne à mon départ. Il me répond qu'ils devraient clipper une heure après moi. 

Km 350: Traversée de Trois Rivières by night, il y a encore de joyeux fêtards dans les rues du centre ville. Je reprends en moulinant gentiment dans la douceur de la nuit. 

Km 357: Il faut grimper pour s'extirper de cette cité au bord du fleuve et aux 3 rivières. Mais quelles sont-elles, ces 3 rivières ? Wikipédia satisfait ma curiosité en m'expliquant que ce sont les 3 chenaux que la rivière St Maurice forme à l'embouchure du St Laurent, voilà le mystère résolu. 

Km 363: J'aperçois une pancarte orange dans le faisceau de ma Cygolite 500, signe de travaux de construction et donc d'une déviation. Qu'est-ce que c'est que ce beans, comme dirait Jacquouille la fripouille ! Pont barré à 3,5 km, ça commence bien la journée, mais que faire ? 

Cauchemar, des cônes oranges en pleine cambrousse

Tenter de passer sans savoir si ce sera techniquement possible ? Et si ça ne passe pas, ce sera 7 kms aller-retour pour des prunes. Je regarde vite fait sur mon iPhone, merci la technologie. Je cherche par où peut faire passer le détour proposé, sachant que je dois rattraper le parcours du brevet ensuite. J'ai pigé Roger, je prends Louis de France puis la 157 et retombe enfin sur mes pattes, ouf ! Je texte ma mésaventure à Marcus pour les prévenir. J'apprendrai par la suite qu'ils ont tenté le franchissement du fameux pont. Ce fut fort périlleux et ils s'en sortirent fort crottés, voir la photo du pont défoncé, prise par Larry, lui aussi intrépide aventurier. Je confirme que j'ai bien fait de ne pas l'essayer, la noirceur ajoutant une autre difficulté à l'exercice. 

Le pont barré à 3,5 km rebaptisé le passage de la mort

Km 371: Me voilà à nouveau sur la bonne orbite, je souffle un peu après cette péripétie. Le soleil sort de son lit, une nouvelle journée s'éveille. Rang Ste Marguerite puis bifurcation à gauche, petit faux plat montant sur 2 kms. En haut, je me promets une pause complément déjeuner. 

Km 381: J'atteins la croix et le banc accueillant pour mon arrêt. Je dois prendre à droite par le rang St Félix mais la route est à nouveau barrée à 7 km pour un pont en réfection. Je commence à trouver ça de moins en moins drôle. Note à moi-même, j'aurai dû checker le parcours en vérifiant l'état des routes empruntées sur le site du 511. Quelques tabarnaks sortent naturellement de ma bouche. Je dégaine une fois de plus mon cell pour trouver un nouveau détour car pas question de tenter un 14 km aller-retour pour nada. Je prends un peu d'énergie, tout en étudiant la situation. Certes, elle est grave mais pas désespérée. Pendant ce temps, les maringouins prennent aussi leur repas en se délectant de ma peau humide et salée à souhait. J'en trucide quelques uns en maugréant. Conclusion de mon analyse, faut faire demi-tour, redescendre le faux-plat de 2 bornes et reprendre le rang parallèle au parcours officiel, en espérant qu'il débouchera après la fameuse construction. Je reprends donc le rang Ste Marguerite puis la 352, et bingo, mon détour fonctionne. 

2 détours en 1 heure, j'explore les rangs parallèles

Km 393: Me voici à St Narcisse, la brume matinale s'installe sur la lande, l'horizon s'obscurcit et l'atmosphère se rafraîchit. Ça me prend les rallonges de bras pour continuer confortablement au chaud. 

Un gorille dans la brume, restons zen

Km 402: Encore quelques coups de pédale contre un léger vent d'Est qui se lève aussi et j'atteins le premier ckeckpoint de la journée à St Stanislas. Pas d'âme qui vive dans ce bled paumé, je crains pour l'ouverture du dépanneur-contrôle. Effectivement, le Bonichoix qui ouvre d'habitude à 7h, ouvre aujourd'hui 1er juillet, fête du Canada, à 8h. 

Quelle idée de faire un brevet un jour férié

Anyway, je m'en fous puisqu'il est 6h09, je l'ai dans l'os jusqu'à la moelle. Ma signature de carte devra se faire un peu plus loin. Moralité de l'histoire, le Bonichoix était un mauvais choix des organisateurs. C'est le coin maudit de ce 1000, jamais 2 sans 3. Ce qui fut le cas, 2 ponts barrés et 1 contrôle fermé. Photo souvenir pour prouver mon passage. 

Bonichoix de St Stanislas, mauvais choix du brevet

Je pause tout de même quelques minutes, le temps d'avaler le reste de mon sandwich et de boire le reste du jus. Re-texto à Marcus pour narrer mes aventures, cela me fait marrer. Je m'apprête à repartir, direction la première auberge ouverte, certainement à St Casimir sur mon road book. 





Jour 2 - Étape 2 - St Stanislas - Donnacona - 69 km - total 471 km - départ 6h33 


Km 402: Je redescends les contreforts de la Mauricie, une petite descente sans côte, c'est toujours bon à prendre. Je roule sur la 159 ben déserte à cette heure de la journée de fête nationale. A gauche toute, direction Est, le vent annoncé est bien présent, pas très fort mais suffisant pour ne plus flyer. 

Km 412: Voici St Prosper ou tout semble prospère, et surtout endormi. Je dois pousser un peu plus loin pour retrouver la civilisation. Je longe une charmante rivière dans un paysage empreint de poésie, j'ai le cœur sur la main par moment. 

Orange et désespoir, un poète est né

Km 430: St Casimir, je franchis son pont et me réfugie au dépanneur du Shell, tant attendu. Je vais pouvoir prendre la suite de mon déjeuner, il est 8h10. Et hop, voici un café accompagné d'un mille feuille aux fraises, pâtisserie très sucrée, genre étouffe-chrétien. Heureusement que le kawa fait passer ce monstre de gastronomie. 

Tout heureux de retrouver une place pour un bon café

Au bout de 20 minutes, je vois arriver Wayne puis Larry puis mon Fab Four, avec leurs souliers tout crottés. Ils ont passé l'épreuve du pont avec difficultés, ça leur fait des choses à raconter. J'écoute leur aventure quelques instants puis repars solo, ma pause étant écoulée, ils me rattraperont selon l'expression désormais consacrée. 

Les aventuriers du pont barré avec leurs souliers crottés

Je fais 500 mètres dans la mauvaise direction quand mon Garmin se décide enfin à me dire que je suis hors parcours. Oups, même les pros du GPS peuvent se tromper, faut savoir rester humble. Je repasse devant le Shell en faisant coucou à mes compagnons dubitatifs, se demandant à quoi je joue. Bon, direction la 354 puis la 363, me revoici sur les bons rails. 

Km 438: St Marc des Carrières, je file plein sud vers le fleuve, tout content de mon allure. Je déchante quand Larry me dépasse à une vitesse supersonique, nous ne jouons pas dans les mêmes ligues, on dirait. 

Km 446: Re-bonjour la 138 qui nous amène direct au checkpoint. J'aperçois 3 tri athlètes qui s'amusent à faire des intervalles vent de face, vent de dos, me passant et me repassant à plusieurs reprises. Ok les gars, j'ai compris, je suis un escargot. 

Retrouvailles avec la 138 et le bord du fleuve

Je dépasse à mon tour un gars chargé avec sacoches. Wow, l'escargot est plus vite que la limace. Le ciel est couvert, le vent marin apporte quand même de la fraicheur, c'est parfait pour rouler. La canicule du côté de Québec se fait nettement moins sentir. 

La fable des 3 lièvres, de la limace et de l’escargot

Km 456: Mon quatuor favori me rattrape enfin, je commençais à m'ennuyer d'eux, mais pas trop des incartades de JF. Rouler en groupe ou en solo, les 2 ont leurs avantages et inconvénients, tout dépend du contexte et de la fatigue. Encore une quinzaine de bornes de tôle ondulée contre le vent, je vais m'accrocher à mes compagnons, ça montera la moyenne. 

Km 468: La côte de Donnacona est en vue, signe de l'écurie toute proche et le repos des chevaux. Un dernier sprint dans la côtelette et hop, nous voili au Subway qui sera notre 2ème contrôle du jour. 

Le gardien de l'auberge du pain qui pue

Km 471: Il est 10h35, je me rue le premier au comptoir pour commander mon traditionnel menu, 6 pouces SF avec soupe et boisson en fontaine, les autres ont tendance à m'imiter. Nous ingurgitons nos victuailles tout en se racontant nos vies, la promiscuité aidant. La prochaine étape est Lévis où j'ai rendez-vous avec mon fiston Alex et la mère de celui-ci, Véro mon ex-copine et accessoirement, ex-espionne russe. Mon fissounet de 12 ans que j'aime et que j'adore comme de l'or, n'était pas prévu dans mes plans de vie à l'époque de sa conception. J'ai déjà 3 enfants d'une autre union et cela me suffit. Le fait est, que je nettoyais mon arme et le coup est parti tout seul. Gros fou-rire de mes compères dans l'antre du pain qui pue, ça détend bien l'atmosphère. Pour terminer l'anecdote, je leur précise qu'à présent, je tire à blanc, étant depuis, vasectomisé. Chacun se prépare à repartir en faisant son petit cinéma. 

Mitch ré-harnache sa monture

Olivier C. est un gars très soigneux. À chaque contrôle, il se passe le fil dentaire, se brosse les crocs, se remet quelques crèmes de maquillage et le voici fin prêt au cas où il rencontrerait l'âme sœur au détour de la route. Nous reclippons et c'est reparti pour un tour. 

Olivier C. se tartine avec une crème de jour




Jour 2 - Étape 3 - Donnacona - Québec - 50 km - total 521 km - départ 11h19 



Km 471: Nouveau départ en groupe sur la 138 passagère avec fort vent d'Est dans la gueule, ne mâchons pas nos mots. Nous roulons comme on peut en file indienne et prenons des relais chacun notre tour. C'est parfois dangereux avec les écarts de certain, je ne citerai pas de nom. 

Km 482: Nous dépassons Neuville, côtes et descentes se succèdent, je m'accroche au groupe. 

Km 487: Marcus nous fait continuer sur la 138 au lieu de tourner à droite sur le Chemin du Roy, il paraît que c'est plus simple et surtout moins vallonné. Nous suivons notre guide vélo qui le fut vraiment dans une ancienne vie, déformation professionnelle certainement. 

Km 497: À la sortie de St Augustin de Desmaures, nous bifurquons à droite par le chemin Tessier. Il s'ensuit un dédale de petites routes que je connais bien aussi puisque c'est par là que je passe lorsque je fais mon annuel Montréal-Québec pour rendre visite à mon fiston. 

Km 500: Je demande un bref arrêt au groupe afin de plugguer ma batterie sur mon GPS en manque d'énergie. Nous continuons notre progression vers la capitale nationale en redescendant au pied du viaduc ferroviaire. 

Km 505: C'est la fameuse côte de Cap Rouge, à fort pourcentage. Tout à gauche côté dérailleur et aussi tout à gauche pour JF qui joue la danseuse virevoltante, évoluant avec audace au milieu du trafic. Car back, tabarnak! obligatoire. Ouf, le groupe se hisse au sommet mais mes partenaires m'ont légèrement distancé. Je fais donc quelques kilomètres solo sur le chemin St Louis. 

Km 512: On redescend sur le fleuve pour prendre la piste cyclable bien éventée et bien achalandée. Beaucoup de vélos par icitte, il faut faire attention. 
 
Piste cyclable nous ramenant à Québec


Je regarde ma montre, nous n'aurons pas le traversier de 13h30 mais celui de 14h, il y en a un toutes les 30 minutes, alors relax Max. 

C'est bon pour le ferry de 14h, y a pas le feu au fleuve

Km 521: Nous arrivons au péage du ferry, c'est Marc qui prend les billets pour tout le monde, 3,80$ par personne, c'est le coût unique des traversiers du Québec, il me semble. Nous déposons les vélos dans les supports prévus à cet effet. 

Sur le ferry, prêts pour un tour en bateau

Je mets mes protège-cales puis monte sur le pont pour admirer la vue. Je prends bien entendu quelques photos. Le Château Frontenac par-ci, de charmantes touristes par-là, le fleuve avec perspective sur les environs, dont Lévis juste en face, notre destination. 

Château Frontenac et charmantes touristes

Traversée du fleuve avec petit et gros bateaux

Je texte à Véro que je suis sur le prochain traversier qui arrive à sa rencontre. Pour 14h15, nous débarquons sur la rive sud de Québec. Mes comparses foncent au Tim de la gare fluviale pour pointer et se restaurer. 

Mitch et Marcus dubitatifs tandis qu'Olivier se passe le fil dentaire

Je rejoins mes hôtes de ces lieux, Véro, Alex dit Sacha et 2 copines à lui, Paulina et Maria dite Macha, 2 petites russes, elles aussi. Ils m'ont apporté un drop bag que je leur avais dropé au préalable. Je peux ainsi changer mon cuissard et mon maillot contre des propres, c'est fort appréciable. Puis, je leur remets les sales ! Les retrouvailles sont rapides car je dois retourner à mes affaires du brevet. Je les embrasse bien fort en les remerciant encore d'être venus. 

Mon fan et femmes club, présents au RV

Ainsi se termine l'épisode familial et attendrissant. À mon tour de me ravitailler au Tim, une soupe et un coke feront la job. Il fait vraiment chaud et ça coupe un peu l'appétit. Après 45 minutes de pause, il est temps de repartir. 




Jour 2 - Étape 4 - Lévis - Ste Croix - 55 km - total 576 km - départ 14h54 



Km 521: Départ groupé par la piste cyclable que je connais bien pour l'avoir sillonnée quelques fois avec Alex. Il est d'ailleurs assez fort sur un 2 roues, mon fiston. Il a déjà parcouru 75 kms au tour de l'île de Montréal en 2014 alors qu'il n'avait que 8 ans, de plus avec son petit vélo à roues de 16 pouces. 

Alex en pleine action lors du Tour de l'Île 2014

Papa et Maman fiers de leur fiston

Encore de l'achalandage touristique pendant une dizaine de kms, y a du trafic. 

Y a du monde dans le bourg en quittant Lévis

Km 529: Nous reprenons le Chemin du Fleuve, jolie route côtière jonchée de magnifiques maisons anciennes, certainement pas des BS de Montréal, vive Québec-City et sa banlieue. 

Km 536: Nous franchissons la rivière Chaudière, endroit bien connu encore et lieu de promenade très fréquentée. Nous passons sous la 73 par une piste en souterrain rattrapant cette fameuse 132, si souvent critiquée par son caractère non sécuritaire. Pour le moment, il y a un bon accotement fraîchement refait, pourvu que ça dure. 

Km 546: St Nicolas est dépassé, ça carbure devant, un peu trop vite à mon goût, je laisse filer le Fab Four, on se reverra plus tard. 

Km 555: Je roule à mon rythme, certes soutenu mais tout en contrôle, d'autant que le zéphyr est repassé derrière nos fesses. Il souffle toujours d'Est mais nous filons maintenant plein Ouest, c'est le retour au bercail. 

Km 562: Voilà St Antoine de Tilly et sa station essence toute récente que j'ai notée sur mon road book. Je m'y arrête pour la pause fraîcheur bienvenue car le thermomètre est encore en hausse, ça chauffe sous le casque. Refroidissement donc à la clim en sirotant un Pepsi, y a pas le feu au lac. Je repars avec quelques degrés en moins dans le corps. La 132 très roulante m'amène bien vite au checkpoint de cette courte étape de 55 km. 

Km 576: Il est 17h15, je cherche le dépanneur VAE, soit le contrôle officiel, qui semble être un autre dép asiatique, cette fois peu accueillant. Pas de vélos devant, je pense que mes compagnons sont déjà repartis. Je décide de m'arrêter à l'Ultramar, plus moderne et mieux achalandé. Je fais signer ma carte en achetant ma pitance, wrap, salade de légumes, coke et Perrier pour emmener. Ce sera une pause solo pour une fois, sur une table a l'ombre en fin d'après-midi. Je regarde gazer quelques motards qui s'en donnent à coeur joie sur cette route touristique des Navigateurs. Ce sera peut-être ma reconversion future quand je ne serai plus capable d'appuyer sur les pédales. 

Pause repas solo en regardant les bikers




Jour 2 - Étape 5 - Ste Croix - Bécancour - 86 km - total 662 km - départ 17h35 



Km 576: Une fois rassasié, je repars vers 17h35 en me demandant où sont passés les autres, où ont-ils bien pu faire leur pause, bâtinsse ! 

Km 577: La réponse ne se fait pas attendre bien longtemps. À moins d'un kilomètre de mon Ultramar, j'aperçois ma gang de breveteux attablés devant le rutilant supermarché Métro. Je les rejoins pour faire un arrêt rapide, le temps d'engloutir un magnum glacé, gracieusement offert par JF qui en avait acheté une boite, ce qui est trop pour un seul homme. Plutôt que ça se perde, il sera mieux perdu dans mon estomac. Comme ils ne sont prêts pour repartir, je ne les attends pas et continue ma progression. Ils me rattraperont, refrain bien connu. 

Km 588: Les petites routes s'enchaînent, quelques maisons éparpillées dans la campagne, y a pas foule par ici. 

Pas un chat dans cette cambrousse du Centre du Québec

Km 598: La route s'enfonce soudainement dans un trou de verdure pour rejoindre le lit d'une rivière au lieu-dit Moulin du Portage. C'est quoi ce cours d'eau ? La descente est ben raide, on va payer le prix pour ressortir de là. En effet, un mur avoisinant les 15% se dresse devant mes roues et c'est la seule issue pour revenir au niveau de la plaine et de la 226. 

Km 608: Parisville, je me croirai de retour dans ma France natale et sa capitale. Mais pas de Champs Élysées à cet endroit, juste des champs tout court. 

Par ici, y a pas grand chose à voir

Une nouvelle pause se fait ressentir, je vise le magasin général de Ste Cécile de Lévrard. Je prie pour qu'il soit ouvert, en ce jour férié, il est dépassé 19h. 

Km 617: Voici ce fameux dépanneur perdu dans la cambrousse. Ouf, il est open et le gentil monsieur m'aide à trouver une boisson fraiche pétillante et quelques crottes de fromage salées. Je m'installe dehors à la vue de la route pour avaler ma ration de liquide et de lipides. Bonne idée car je vois arriver mes copains, eux aussi pas mal déshydratés. Ils trouvent cette épicerie fort bien venue. 

La halte des randonneurs déshydratés

Du coup, je vais les attendre, ils me tireront jusqu'à ma ville étape pour le dodo. A ce sujet, 2 stratégies s'affrontent. Vaut-il mieux dormir à Bécancour tout proche ou pousser encore 72 kms plus loin jusque Sorel ? Personnellement, j’ai opté pour le plan B comme Bécancour, moins dur pour la 2ème journée mais plus copieux en km pour la 3ème. Mon Fab Four a choisi le plan S comme Sorel, ce qui signifie qu'ils ne sont pas près de dormir car ils ont encore 6 heures de vélo à pédaler, contre 2 heures pour moi. Choisis ton camp, camarade ! Il est 19h30 lorsque nous ré-enfourchons nos bécanes et allumons nos lumières, le jour se fait la malle. 

Km 638: Ça file de plus belle, nous faisons la course contre le coucher du soleil ou la rotation de la Terre, tout est relatif mon cher Einstein. J'aimerais bien arriver tôt à mon hôtel, ce qui me ferait plus de temps pour dormir. Nous retrouvons la 132 non loin de Bécancour qui n'est pas notre arrêt officiel, soit dit en passant, c'est plutôt St Grégoire dans une vingtaine de bornes. Nous empruntons la piste cyclable qui longe la zone industrielle, avec la centrale nucléaire de Gentilly, propriété d'Hydro-Québec, mon employé adoré. Celle-ci est en phase de démantèlement, il n'y aura plus de centrale atomique dans la province, youpi, vive les énergies propres. 

Km 652: Ça tournique pas mal en arrivant à Wôlinak, village amérindien des Abénaquis, dont le nom signifie Rivière aux longs détours. Effectivement, nous faisons le tour de la rivière par le boulevard du Danube. Mais ça m'étonnerait que ce soit son nom ou alors nous nous sommes égarés solide ! La nuit est tombée à présent, je me fais larguer à la régulière par les gros mollets devant, JF et Olivier en tête. Pas grave, j'ai presque atteint l'objectif du jour, encore une petite dizaine de kilos pour le monsieur. 

Km 662: Voici St Grégoire et surtout sa zone commerciale et hôtelière qui enjambe la 55. Les 4 abonnés au plan S stoppent au Subway pour y casser la croûte et y puncher. Je leur souhaite une bonne nuit et les abandonne à leur triste sort. Il est 21h40, ils ont encore au moins 3 bonnes heures de selle, gang de chanceux.

Bye bye mes cowboys en chaussettes, bonne route de nuit

Ils m'apprendront par la suite que le final fut assez dur, JF s'endormait à chaque pause qu'ils faisaient.  

JF dort pendant la pause syndicale

De mon côté, même scénario bien rodé que la veille à Trois Rivières. Je trouve mon Tim favori et j'effectue la même liste d'épicerie pour souper et déjeuner. Puis direction le Complexe Hôtelier 55, je comprends maintenant pourquoi le numéro 55, c'est l'autoroute. Hey les nonos, faut suivre un peu. Je prends possession de ma chambre à 2 lits doubles car initialement, Mitch était prévu de dormir avec moi. Mais il a changé son fusil d'épaule en cours de route, je pense que je ne suis pas son genre. J'avais pourtant lavé ma cuillère. Revenir au vendredi 29 juin vers 21h30 pour comprendre la joke. 

Complexe Hôtelier le 55, grande chambre à 2 lits, sans Mitch

Tout compte fait, je suis bien content de me retrouver seul dans la chambre, je fais ce que je veux quand je veux, je n'ai pas à attendre quiconque pour l'horaire et les commodités, c'est le luxe quoi ! Ma routine dans la chambre est bien huilée, je suis heureux d'avoir 1h30 d'avance sur mon plan de match, je vais pouvoir me requinquer comme il faut pour la 3ème et dernière étape de demain, même si elle est longue de 350 km. Demain est toujours un autre jour. Donc, douche puis téléphone à ma douce Marielle qui continue de me suivre par ses textos assidus et en analysant mon tracker. Je la rassure en lui disant que tout va bien et que je suis optimiste pour la suite. Je mange et bois un peu, je mets en charge mes instruments, je regarde la téloche pour les nouvelles du foot. 

France-Argentine 4-3, allez les Bleus !

Puis c'est le temps de mettre la viande dans le torchon, comprendre se glisser dans des draps frais et plonger dans les bras de Morphrée. Dodo vers 23h30, cadran à 2h30. Bonne nuitée les petiots ! D'autres pédalent encore dans la nuit alors que je m'assoupis profondément. 




Lundi 2 Juillet 2018 

 

Road book - Jour 3



Jour 3 - Étape 1 - Bécancour - Sorel - 72 km - total 734 km - départ 3h03 


Km 662: Nouveau réveil aux aurores pour débuter cette dernière journée du 1000 qui s'annonce fort longue. Pas de panique, prenons une étape à la fois, voire un kilomètre à la fois, comme me l'a conseillé l'ami Fred avant de partir, l'important c'est d'avoir du plaisir. 2h30 donc, je saute dans mon cuissard, j'attaque mon déjeuner, jus, chocolat croissant, tout en préparant mon becyk, les aliments ont ainsi le temps de se digérer plus facilement. Tout équipé, je quitte la chambre silencieusement et m'élance sur le boulevard des Acadiens rattrapant la 132. Il est 3h03, bon présage puisque le 3 est mon chiffre fétiche. 

Km 673: Pas un chat, même écrasé, jusque Nicolet, la 132 est bien calme à cette heure. Il fait bon rouler, un petit 16 degrés me glisse sur les bras et les jambes nus, pas besoin d'être plus couvert. Je traverse le patelin découvert lors d'un Québec-Montréal passé. Il y avait pas mal de trafic quand j'y étais passé sur le coup de midi. A cette heure matinale, rien n'est ouvert et la population se repose avant une journée de labeur, nous sommes en effet lundi. Je bifurque à gauche à la sortie du village, je prends le chemin du Pays Brûlé, parallèle à la route principale. C'est une belle chaussée joliment asphaltée, éclairée par ma puissante lumière qui transperce la nuit noire. A cette période de l'été, l'aurore ne devrait pas tarder à poindre. 

À l’heure où blanchit la campagne, je partirai

Km 698: Je rattrape de nouveau la 132 pour traverser la rivière à Pierreville. Il est parfois difficile de nommer ces cours d'eau, même Google Maps ne peut m'aider. Une autre réserve amérindienne est rencontrée, c'est celle d'Odanak, il y a le musée des Abénaquis tout proche. Comme prévu, tout est fermé, il est 4h50, il commence à faire jour. J'ai programmé un arrêt ici pour couper l'étape en 2. 

Halte à Pierreville, sandwich, coke et huile

Je pause ou pose devant un magasin de jouets-souvenirs en ingurgitant la suite de mon déjeuner explosif, sandwich et coke. J'en profite pour remettre un peu d'huile sur ma chaîne en souffrance depuis quelques temps. 

Machine à pop-corn et barbe à Papa

Km 701: Le pont franchi, au revoir la 132 pour prendre à droite par une route longeant la rivière St François, je l'ai eu celle-là. 

En franchissant la rivière st François

Joli petit rang du Bois de Maska ou je profite de la lumière du jour naissant pour croquer quelques levers de soleil. 

Lever de soleil dans le Bois de Maska
L'astre solaire embrase le ciel et embrasse le sapin


Km 715: J'atteins Yamaska et reprend la 132 pour enjamber la rivière du même nom, il est 5h38. Je joue encore avec ma caméra, ce matin je suis d'humeur contemplative, va falloir me ressaisir car ça fait baisser la moyenne qui n'est déjà pas très élevée. 

Rivière Yamaska dans la douce tiédeur matinale

Deux soleils pour le prix d'un

Je reçois un texto de Marcus pour me préciser que sa gang se lève seulement et qu'ils prendront certainement le ferry de 6h30 à Sorel. Je lui réponds que je serai juste pour y être mais sait-on jamais. 

Km 723: Je quitte de nouveau la 132 pour rejoindre la belle piste cyclable qui doit m'emmener jusqu'au fleuve. Encore quelques clichés de la campagne avec lumière rasante. Je ne rencontre pas le gars couché sur un matelas en plein sur la piste que mon Fab 4 a failli écraser en y passant cette nuit. 

Piste cyclable de Sorel menant au fleuve

Km 734: Un dernier rush dans les rues de Sorel et me voici au quai d'embarquement pour 6h35. 

Sorel me voilà !

Je vois le ferry tout juste quitter, je fais des signes au bateau pour saluer mes amis que je pense à bord. 

Le traversier de 6h30 manqué de peu

 A peine 2 minutes plus tard, je vois apparaître au quai, ma gang du CVRM accompagnée de Wayne et Larry. Ah ben, nous ferons la traversée ensemble, c'était inespéré. Ils me racontent leur arrivée tardive à l'hôtel et leur départ matinal avec le ventre vide. Ils ont hâte d'arriver de l'autre côté du fleuve à Berthierville pour se restaurer dans le WacDo 24-7. Je leur raconte ma belle nuit à l'hôtel puis ma balade bucolique matinale. Comme quoi, rien ne sert de courir, il faut partir à point. C'est JF qui se dévoue pour prendre les billets collectifs du ferry de 7h, celui-ci arrive et nous embarquons. 

Les Fab Five ou la Dream Team

Photos diverses à bord, belle lumière sur le fleuve. 

Mitch aussi roule propre

Deux légendes se croisent, Larry le missile et JF le rouge

Nos destriers aux repos, ils apprécient le voyage

Olivier C. s'en remet une couche

Le pirate de la route des Navigateurs

Marcus pensif dans les lueurs du petit matin

Je profite de ce répit forcé pour casser la croûte car il me reste des vivres dans la sacoche, ceci m'évitera un nouvel arrêt à la sortie du traversier. 




Jour 3 - Étape 2 - St Ignace de Loyola - Blainville - 102 km - total 836 km - départ 7h21 


Km 736: Nouveau 2 km de fleuve parcourus en bateau sur les 1000 km, cadeau du patron ! Nous débarquons du ferry, je file devant avec Wayne et Larry qui ne savent pas encore s'ils vont s'arrêter pour déjeuner. Mes 4 comparses leur conseillent le gros centre d'achat de Berthierville dans quelques kilomètres. 

Km 743: Nous avons retrouvé la 138 et à la lumière, il faut faire un léger détour sur la droite pour aller vers le McDo et autres restos bouffe. Je laisse tous les randonneurs y aller tandis que je fonce solo plein sud. Il n'est que 8h mais la chaleur moite et humide s'installe progressivement dans la nature. Heureusement que le St Laurent à proximité amène une relative fraicheur. Je crains que nous n'évitions pas aujourd'hui la fameuse canicule historique annoncée. 

Km 758: Le vent de Sud-Ouest n'est pas encore installé et je progresse sans difficulté sur cette 138, d'habitude roulée dans l'autre sens. Je fige l'instant sur la pellicule numérique. 

Quand la 138 côtoie le Chemin du Roy

Km 769: J'ai spotté Lavaltrie sur mon road book pour une halte désaltérante et refroidissante, la chasse aux dépanneurs est ouverte. 

Lavaltrie nous accueille

L'arrêt se fait au Shell, je complète mon déjeuner avec un bon café, un jus et encore une pâtisserie emballée et bien souvent, d'un goût douteux. Les bonnes boulangeries françaises me manquent à cet instant, j'ai envie de viennoiseries tièdes et croustillantes. Quand je reprends la route, Larry me dépasse comme un missile, sa pause déjeuner est aussi terminée. 

Km 786: Voici Repentigny, j'en ai fini de longer notre majestueux fleuve. Je pars dans les agglomérations de la rive nord et ses îlots de chaleur multiples. Je passe tout près de chez mon ami Bob, amateur de vélo qui suit mes aventures avec attention. J'aurais dû lui donner rendez-vous, ça aurait été sympa de se voir.

Km 790: 10h15, traversée du Parc Entramis par une piste cyclable. Je ne résiste pas à la tentation de m'allonger sous un arbre quelques minutes en sirotant mon Perrier. Qu'il est doux ne rien faire quand tout s'agite autour de soi. 

À l'ombre dans le parc Entramis de Repentigny

Km 793: Chemin St Paul, c'est au tour de Wayne de me rattraper, on échange quelques mots puis il accélère devant. Je vois un cycliste qui vient à ma rencontre et me salue, c'est Nathaniel du CVRM. C'est le régional de l'étape car il habite du côté de Mascouche, proche d'ici. Il me dit qu'il suit Marc par la localisation de son iPhone et que la bande des 4 n'est pas très loin derrière. Nath continue de les chercher. 

Km 798: Chemin St Philippe bien pourri, bitume défoncé et troué, pas d'accotement. Ça me rappelle l'époque ou Grande Allée, bien connue des breveteux, était dans ce piteux état. Heureusement, cela se fait de plus en plus rare au Québec, beaucoup de progrès ont été faits. 

Km 806: Voilà Mascouche, il n'est que 11h et ça chauffe de plus belle. Je me réfugie dans le frigo d'un Couche Tard en discutant avec une employée d'origine française. 

Banzai, sauve qui peut dans le frigo !

Vous êtes fous de faire du vélo dans ces conditions, c'est un coup à se rendre malade ! me dit-elle. En écoutant ses paroles réconfortantes, j'avale ma crème glacée et mon Perrier d'un trait. Il me faut repartir et retrouver la chape de plomb au dehors. Ouf ! Encore 30 bornes jusqu'au prochain contrôle, et plus beaucoup de refuge d'ici là, il va falloir gérer. Mon plan est d'arrêter toutes les 10 kms environ pour se mettre à l'ombre. Le but est de faire descendre la température du corps, en m'hydratant continuellement pour éviter la surchauffe. 

Km 818: Sur le Chemin Comtois, la circulation devient un enfer, la route est étroite, sans accotement, les automobilistes circulent comme des fous en klaxonnant et en faisant des manœuvres souvent dangereuses. Je suis plusieurs fois collé-serré sur le côté et subis quelques queues de poisson assassines. Quelle bande de tarés, tout le monde est excité comme des puces par cette chaleur. 

Km 826: Encore un arrêt sous un arbre, y a rien d'autre à se mettre sur la tête sur cette portion de route. Je suis proche d'une piscine, je rêve de m'y prélasser nu. Fin du mirage. 

Vraiment tenté par un plongeon dans la piscine

Allez, encore 10 kms pour rejoindre Blainville et la fraicheur du Subway, je me motive comme je peux. Le groupe ne m'a toujours pas donné signe de vie, ils doivent aussi pas mal galérer et négocier avec les éléments. Notre corps est vraiment mis à contribution. Je vois 40 degrés sur mon Garmin, je n'en crois pas mes yeux, Jean non plus, d'ailleurs. Je continue pourtant de pédaler dans les flammes de l'enfer. 

Km 836: Je réussis à survivre jusqu'au checkpoint salvateur. Vite à la fraîcheur, il est 13h20. Toujours pas de compagnon à l'horizon, ça devient inquiétant. Je passe ma commande habituelle de Sub mais je constate que je n'ai pas faim, même boire ne m'intéresse plus, je suis proche de la déshydratation. Je ne panique pas et reprends une température décente. Ma soupe passe tout juste dans l'estomac, mon 6 pouces ira direct dans la sacoche. Marc me texte enfin qu'ils sont arrivés à Blainville, ils se restaurent au McDo à 200 mètres de là. La pause dure une heure, il faut absolument que je me refasse une santé et que je fasse baisser mon hyperthermie. 




Jour 3 - Étape 3 - Blainville - Hawkesbury - 69 km - total 905 km - départ 14h25 


Km 836: Je ressors du Sub, c'est un vrai sauna, on dirait qu'un ventilateur d'air très chaud me souffle directement dans la face. 43 degrés au Garmin, je suis sans voix. Je récupère mon bandeau qui s'était envolé de mon guidon avec ce vent puissant d'Ouest qui s'est levé. Je rejoins Marcus, Mitch, Olivier et JF. Le Fab 5 est reformé et repart dans le trafic pour sortir de Blainville. Le parcours est identique à l'aller, on commence à connaître. Y a du zéph et on roule à la queue leu leu. Déjà une prochaine pause de prévue, ce sera le dép de St Scolastique. 

Km 844: Côtes des Saints, on grimpe en faux plat, nous cherchons les zones d'ombre en n'hésitant pas à rouler à gauche pour les trouver, ça va mal notre affaire. 

Km 851: Sus au dépanneur, c'est sauve qui peut. Je prends un coke en stock et un ice cream mais je n'ai aucune envie d'avaler, juste de vomir, ça va de mal en pis pour bibi. Et si je ne m'alimente pas, je n'aurai pas de force. Je me refroidis comme je peux, ça éloigne le mal de tête qui commence à se faire sentir. Je ne prends plus de photo, plus le goût non plus, c'est un signe qui ne trompe pas. 

Km 863: Rang St Vincent, ça n'a pas l'air d'aller beaucoup mieux pour Marc et Mitch, eux aussi écrasés par la chaleur. Nous nous traînons péniblement, laissant JF et Olivier s'expliquer devant. Michel me conseille de m'asperger la tête à intervalle régulier, j'essaie sa méthode et ça me fait du bien. Cela a pour effet de rafraîchir la peau en s'évaporant, phénomène amplifié par la vitesse relative de notre déplacement. Quelques degrés en moins dans ces conditions, cela peut être vital. 

Km 866: On bifurque a droite, redescendant sur la vallée de l'Outaouais. De gros nuages se profilent à l'horizon, le ciel s'obscurcit, le soleil se masque. C'est peut-être mon coup de chance de la journée, dame Météo a décidé de me donner un coup de main pour évacuer mon coup de chaleur. Pour m'éviter de jeter l'éponge, pas mal asséchée. Pour ne pas abandonner, vu l'état dans lequel je suis. 

Un orage se prépare, les averses se rapprochent

Km 871: Quelques éclairs zèbrent le ciel, il y a des ondées toutes proches, je prie pour qu'on s'en prenne une d'aplomb. Des bourrasques de vent de face me font ramper à 14 à l'heure, c'est l'apocalypse. Une mini tempête d'orage se déchaine, on va s'en manger toute une, youpi ! 

Ciel apocalyptique et rafales violentes

Je n'ai jamais été aussi content de me faire mouiller à vélo. La pluie s'abat mais ne dure qu'une dizaine de minutes, c'est suffisant pour soulager mes abattis de quelques degrés. La température a chuté drastiquement et ça fait bigrement du bien. 

Km 880: Le pack a stoppé à St André d'Argenteuil au marché Ami. J'essaie de me ravitailler en aliments appétissants, genre des fruits pour me redonner le goût d'avaler. Mais il n'y a pas grand chose d'intéressant, je prends juste une boisson en espérant que ça va revenir. Je regarde les autres se goinfrer sur les tables en terrasse, les chanceux. 

Les fauves s'empiffrent mais pas moi

20 minutes de pause, je vais méditer dans mon coin en admirant la Rivière Rouge coulant à proximité. 

Mais qu'est-ce que je fous là ?

Puis je décide de crisser mon camp solo vers Hawkesbury, seulement distant de 25 bornes. Les autres me rattraperont, comme d'hab. 

Km 885: Me revoilà à Carillon, proche de la centrale électrique, là où on avait emprunté la piste cyclable à l'aller. Mais j'ai pas le goût de reprendre cette tranchée de verdure encaissée, j'ai besoin d'air en longeant la rivière, mème si le vent est contraire. 

Km 895: Le groupe me dépasse et me laisse derrière, je continue à mon rythme. Le checkpoint n'est qu'à une dizaine de kilomètres. L'air s'est rafraîchi, la chaussée est humide, le soleil est voilé, l'énergie semble me revenir, c'est tant mieux. 

Km 905: Je gravis la côtelette du pont sur l'Outaouais et redescends sur Hawkesbury, il est 19h05. Il faut absolument que je me refasse une santé pour les 100 derniers kms nocturnes, ça devrait le faire. Je vais le finir, ce putain de brevet, que je me surprends à texter à ma douce qui n'a pas cessé de m'envoyer de son énergie à distance, d'un soutien inestimable. Je passerai à travers ce coup de chaleur, c'est écrit quelque part. Stationnement devant le Tim, faut que je mange à tout prix. 

Tim d'Hawkesbury vu du Subway

Le chili me tente, j'en prends un petit bol. Oh surprise, ça passe drette dans l'estomac, comme une lettre à Postes Canada. J'en commande donc un deuxième que j'emporterai pour la route finale. 

Le chili qui m'a sauvé la vie

Je réussis enfin à reprendre des forces, mon organisme est en train de reconstituer son stock d'énergie. On se prépare en visiteurs de la nuit pour notre dernière étape de 106 kms. Ça sent l'écurie mais elle est encore bien loin. 

Une dernière étape pour la route




Jour 3 - Étape 4 - Hawkesbury - Ottawa - 106 km - total 1011 km - départ 20h04 


Km 905: Motivés comme jamais, nous repartons alors que la lumière décline progressivement. Olivier et JF prennent les commandes et s'échappent devant, ils roulent à leur allure, rien de plus normal. Nous roulons pépère avec Michel et Marc, derrière. 

Km 907: À la sortie d'Hawkesbury, arrêt inopiné de Marcus, il constate que son pneu arrière est a plat, le premier flat et incident mécanique de notre groupe après 900 bornes, not so bad but too bad for him. Mitch l'aide pour réparer, je continue solo, pas le courage de patienter, faut que j'avance. 

Km 911: On longe la rivière des Outaouais au soleil couchant, mon âme de photo-poète refait surface, c'est signe que le plaisir de la contemplation revient, je fais quelques clichés.

Le crépuscule du 3ème jour

Je rejoins Olivier qui s'est arrêté car il trouve qu'on est bien long à recoller. Je l'informe que Marc a crevé à 4 kms environ, il retourne les aider sans hésiter. 

Km 914: L'Orignal, JF est seul devant, j'aperçois sa lumière rouge, tel le baron du même nom. Je continue sur cette route en belvédère, celle ou on a pris la pluie soudaine à l'aller. Je roule mollo aux alentours des 20 à l'heure comme un cyclotouriste, ce n'est pas dur et je ne force pas, je pédale machinalement. Je laisse mon corps reprendre du poil de la bête, le vent s'est couché, le retour devrait être peinard. 

Coucher de soleil sur la rivière des Outaouais

Km 932: Traversée de Lefaivre, bien sûr, tout est fermé comme prévu, c'est le désert total dans cette partie de parcours. Je prends en photo des maisons avec le drapeau canadien, reliquat de la fête du 1er juillet de la veille. 

Fier d'être Canayen

Marc, Mitch et Olivier qui étaient derrière pour réparer la crevaison, me rattrapent et me passent sans m'attendre. Il est 21h27, la nuit est tombée sur la campagne et j'ai faim. Bonne maladie, comme dirait ma mère. Je m'installe par terre pour manger du chili réconfortant. Je décampe bien vite car attaqué par une nuée de maringouins, les petits salopiauds, toujours assoiffés de mon sang, ceux-là. 

Km 948: Virage à gauche vers Jessup Falls, je remarque dans la lueur de ma lampe, un énorme rassemblement de grenouilles jonchant la route. Certaines sont mortes et écrasées par les autos, d'autres attendent bêtement je ne sais quoi, la saison des amours peut-être. Quelques kamikazes sautent dans ma roue à mon passage et se font décapiter. 

Km 969: J'ai prévu un nouveau stop dans une zone civilisée et éclairée, un garage fera l'affaire, sans moustiques s'il vous plaît. C'est long et monotone de rouler seul dans la nuit. Je bouffe encore ce qui traîne dans mes sacoches, encore du chili et des restes de sandwich encore mangeable, il me faut du fuel pour terminer. 

Km 974: Clarence Creek, je suis maintenant pressé d'en finir, j'appuie sur les pédales pour retrouver la civilisation qui n'arrive pas très vite, c'est toujours la noirceur autour de moi. Je pense à Marcus qui me disait l'autre jour que c'était risqué de rouler seul la nuit, au cas où je me péterai la gueule avec personne à proximité pour me porter assistance. On me retrouverait étalé, tel les grenouilles écrasées de tout à l'heure, ou tous ces animaux rencontrés inanimés sur le bord des routes, moufettes, écureuils, j'ai mème vu un chevreuil hier. Je reste concentré pour éviter ce genre de situation et je pense à autre chose de plus positif. Le final s'annonce plutôt vallonné, je ne m'en souvenais plus. 

Km 986: Ça monte, ça descend, ouf ! Ça n'en finit plus mais je pédale comme une machine, aucune sensation de douleur. Les kilomètres s'égrènent. 

Km 999: C'est 1000 - 1. Dernier stop programmé au milieu d'une zone commerciale bien éclairée, proche de la 2 voies numérotée 174, dénommée la Queensway. J'avale ce qui reste du chili qui m'aura bien sauvé la vie, ainsi que les dernières bulles d'un fond de Coke. Il me reste 13 kms à déambuler dans les nombreux centres d'achat et visiter les interminables expositions des concessionnaires automobiles de la banlieue de Gloucester. 

Km 1010: Dernier virage à gauche, je reprends la route de l'école du départ. Dernière côte du parcours, je la savoure avec délectation. J'en ai bientôt fini avec ce grand cirque de la pédale. J'arrive au stationnement, km 1011, il est 2h03 en ce mardi 3 juillet, le brevet Coureurs des Bois est réalisé en 69 heures. 

La carte de contrôle de Pascale Philippe, merci pour le E

Le sésame pour la présélection au PBP 2019

Mes compagnons sont arrivés il y a seulement 10 minutes, je suis surpris d'être si près d'eux. Congratulations collectives, j'en oublie de prendre la photo finish de groupe. 

Ma photo de groupe à l'arrivée

Guy Quesnel n'est pas là pour nous accueillir, zut alors, il nous l'avait pourtant promis. Je lui envoie un dernier check-in sur le tracker de l'organisation pour officialiser ma position finale. JF et Mitch repartent en auto, JF va dormir au Mariott et Michel va s'enfiler un dernier burger au WacDo avant de roupiller dans sa Volvo XCountry. Marc et Olivier terminent de ranger leur matose et s'installent pour dormir dans la Toyota Corolla d'Olivier. Ils ne tardent pas à s'éteindre tels des cadavres. 

Deux cadavres dans leur cercueil à roulette

Après une succincte toilette avec de l'eau pétillante et surchauffée par la canicule, j'installe mon setup pour m'allonger aussi à l'intérieur de ma Mazda 3. Trois heures de sommeil devraient suffire pour récupérer de la lucidité et rapatrier Montréal en toute sécurité aux petites heures du matin. Désolé mais zzzzzzzz..., tout à l'heure sera un autre jour. 


 

Mardi 3 Juillet 2018 - Épilogue 

 



Le bilan de ce 1000 km est très positif puisque je l'ai réussi en 69h05, temps officiel basé sur mon check-in à Guy, je suppose, soit pratiquement le chrono que je m'étais fixé sur mon plan de match. La canicule lors de la dernière journée a poussé mon organisme dans ses derniers retranchements pour lutter contre l'hyperthermie. Spécial remerciement à cette averse providentielle qui a interrompu au bon moment, cette dangereuse fournaise. Grâce à elle, j'ai pu passer à travers et j'ai pu boucler la boucle sans autre problème. 

La liste des 10 valeureux randonneurs

Côté physique, aucune douleur aux muscles, ni aux tendons, ni au dos, ni au cou, preuve que ma position avec guidon légèrement redressé, a réglé mes maux des précédents brevets. Les seuls problèmes recensés sont les suivants. 

D'abord, des engourdissements au niveau du gros orteil gauche, certainement causés par ma chaussure trop serrée. 

Ensuite, des cloques sont apparues sur mes mains, juste aux endroits ou mes nouveaux gants, achetés la semaine précédente, étaient percés de trous ! Bien fait pour moi, j'ai enfreins une de mes règles d'or, soit ne jamais tester un nouveau matériel ou un nouveau réglage pendant l'épreuve.

Enfin, une blessure à la selle avec chair à vif à l'entrejambe gauche, je m'en suis aperçu à la fin du brevet, lors de la douche à mon retour. Je ne comprends pas trop ce qui s'est passé, d'habitude tout va bien de ce côté. J'ai changé de cuissard à Lévis, à mi-parcours. Je portais d'abord le nouvel Assos S7 Cento puis j'ai mis mon ancien S5 Mille. Peut-être que ma peau n'a pas apprécié le léger changement de coupe du chamois. Pourtant je m'enduisais de crème à cul régulièrement. C'est peut-être aussi ma selle Brooks qui continue de se déformer. J'avais parfois l'impression de pédaler de travers, surement à cause de ma blessure que je voulais soulager inconsciemment. À étudier donc pour mon prochain longue distance. De toute façon, je vais installer mon autre Brooks de back up pour la saison de brevet 2019, elle est beaucoup moins déformée. 

La gestion de l'alimentation, des boissons et du sommeil a été plutôt bonne. Je n'ai jamais été en manque de jus sauf pendant l'épisode coup de chaleur. J'ai dormi environ 3 heures par 24 heures, ce qui est suffisant pour moi, je ne souffre pas trop de ce côté. Je n'ai eu aucune sensation d'endormissement, quoique sur la fin, j'avais hâte que ça finisse. 

Côté vélo, mon Piuma m'a apporté entière satisfaction, aucun problème mécanique à signaler. Il est plus léger et plus rapide que mon Turismo en acier, il m'économise donc des efforts, c'était le but recherché lors de son achat. Le matériel emporté dans ma sacoche arrière Arkel et ma sacoche de tube horizontal Revelate Design fut juste nécessaire et suffisant. J'ai pris soin d'installer un rack arrière fixe en remplacement de mon support Arkel accroché a la selle que je soupçonne de faire descendre mon tube de selle par le poids de la sacoche. Solution confirmée avec succès. 

Côté parcours, j'ai trouvé ce 1000 km Ottawa-Québec-Ottawa, pas très dur, car peu côteux, à peine 3000 mètres de dénivelé. En comparaison, le 600 du CVRM possède 5000 mètres et les difficultés sont concentrées sur 400 bornes environ. 

Les conditions météo nous ont été plutôt favorables. Peu de pluie, plus de vent arrière que de vent contraire, c'est le facteur loterie des brevets. C'est juste cette foutue canicule qu'il a fallu négocier. 

En résumé, s'il n'avait pas fait si chaud à certains moments, ce 1000 aurait été une pure formalité. Je le conseille comme premier brevet de longue distance à 4 chiffres. 

Comme l'homologation est quasiment acquise, je vais pouvoir effectuer ma présélection pour le prochain PBP dans les premiers participants, soit dès le 14 Janvier 2019, youpi. C'était le but principal et il est atteint. Ma saison de brevets 2018 est un succès. Les prochains seront ceux de fin de saison, le Pop et le 200 en Septembre, histoire de saluer les copains. Il restera à réaliser la série 200-300-400-600 l'année prochaine pour obtenir mon passeport définitif pour Paris-Brest-Paris qui se déroulera du 18 au 22 Août 2019. D'ici là, place au vélo-boulot, au vélo-loisirs avec les potes et le fiston, ou au vélo-voyage avec ma douce. Je pense que j'ai bien mérité un peu de repos et de farniente. 

Bonne saison de vélo à tous, je vous embrasse !!! 

Que la vie est belle ... 

Bronzage après 3 jours de vélo