samedi 12 septembre 2020

Dernier 200 pour terminer 2020 sur une bonne note ... et saluer Nat !

Prologue

C'est le dernier brevet de 200 du CVRM inscrit à ce drôle de calendrier de la Covid que je peux faire, et que je vais faire. C'est pour moi, comme une sorte de tradition immuable, depuis ce jour de Septembre 2011, il y a 10 ans, lorsque mon histoire d'amour avec les brevets a recommencé. La semaine suivante, il y a bien aussi un 300, que je n'apprécie guère ! Mais heureusement pour moi, je bosse ! 

Autre bonne raison d'y aller aujourd'hui, c'est la météo. Elle s'annonce excellente, avec un faible vent de SE le matin, forcissant l'après-midi, idéal pour nous laisser foncer à l'aller, et nous pousser au retour. La température devrait être idéale pour cycler, un peu frais le matin, mais frôlant les 20 degrés l'après-midi. Et cerise sur le saturday, aucune pluie n'est prévue. En plus de ça, je suis en bonne forme musculaire et mon dos me laisse tranquille, mon bécyk roule à à la perfection, je suis super motivé pour réaliser mon 21ème brevet de 200 km en sol québécois. Du coup, pas d'hésitation, et donc, BINGO ! 


À l'aube d'un jour nouveau, l'aventure m'attend


Jour de départ

Samedi 5h, le cadran se réveille au rythme d'une chanson du 96,9, une grosse journée de joyeux pédalage s'annonce. Je saute dans mon cuissard Assos Cento, j'enfile mon élégant maillot fétiche des Randonneurs Canada de 2015, j'avale dans le désordre, jus, café, gruau, banane, tartines au Nutella, sirop d'érable et yaourt. Je vais ensuite délester mes intestins de quelques centaines de grammes, je m'enduis le scrotum de Chamois Butt (pour initiés seulement), en vue d'un échauffement prévisible. Enfin, je glisse mes pieds dans mes Shimano RC7, boucle mon casque Giro, positionne les écouteurs de mon iPhone, mets en route mon Garmin 1030, allume ma lampe Cygolite 500 lumens, ouf ! Je ferme la porte de mon condo et je m'élance sur mon bien aimé Marinoni Piuma, quittant l'avenue d'Isère dans l'aube naissante. Il fait juste 10 degrés quand je déboule sur Victoria. 6h30 du matin, tout éteint, j'ai mon petit cœur qui va, qui vient. Quelles nouvelles aventures et belles découvertes me réserve ce 12 Septembre 2020 ? Réponse dans quelques hectomètres. 


Il est 7h, St Lambert s'éveille


De quoi sera composée la bande de cyclos qui auront la chance de rouler en ma compagnie ? Et bien, voici la liste de veinards du jour. 

D'abord, la bande des habitués, au nombre de 9, ayant fait au moins un brevet :

Fred P, nous commentons ensemble les récentes étapes du Tour de France, décalé de trois mois en cette année Covid. Frustrés de ne voir aucune diffusion de l'évènement sur les télés canadiennes, nous sommes tous les deux abonnés sur le web à FloBikes, pour la modique somme de 200$ par année, avec le calendrier complet des épreuves cyclistes, s'il vous plait. Quand on aime, on ne compte pas !


Fred tout sourire devant son auto ... STY !

Marc L, dit le géant Lusignan, c'est drôle de le voir à coté de sa micro auto de location. Je lui souhaite de ne connaitre aucune mésaventure, cette fois-ci. Au dernier 200, il avait oublié ses bidons puis avait cassé son poteau de selle, le forçant à abandonner et rentrer en taxi.


Le géant Lusignan devant sa ... Micro auto

Serge M, un vieux de la vieille, il a fait moult brevets par le passé. Il envisage de faire le prochain PBP en 2023. Il me ressort encore les aventures de son dernier Boston-Montréal-Boston ... de 1912. 

Marc P, un frenchy ayant parcouru un 200 en 2018 et le Pop de la semaine passée. Il cumule les kilomètres en vue de son prochain 100 à B7, épreuve de gravelle prisée du côté de Bromont, fief de Lyne Bessett, d'ou le nom. Il chevauche un magnifique Fairlight british en acier, mono plateau de 42 et roues à disque sur jantes moyenne hauteur avec pneus slicks de 30C, un beau petit joujou.


English bike for a french guy


Stéphane D, l'avocat de la gang, un rouleur increvable qui a fait quelques brevets cette année jusqu'au 300.

Richard C, le cyclo aux gros mollets, souvent dans les pelotons de tête, il a également participé à quelques brevets cette année.


Steph tente de rentrer sa banane !


John J, un récent breveteux sur 200 et 300, assez rapide, talonnant presque Fred.


John et l'Eurovan des hippies


Olivier C, dit la locom-Olive, on le présente plus, pilier de bistrot, euh non, du club ! Il n'est pas sur la photo de départ car sera en retard car venu à vélo. Il est parti à la même heure que lorsqu'il vient en auto. Un peu présomptueux de ses forces, le môssieu !

Pascal P, un sacré randonneur de l'Ancienne France, qui n'a pas la langue, ni la plume, dans sa poche !

Puis la bande des néophytes sur brevet, au nombre de 4, venue découvrir l'esprit randonneur du club, si tenté qu'il y en ait un :

Glenn C, un professeur torontois enseignant à Concordia, athlète accompli, adepte de vélo et de course à pied, voulant goûter aux longues distances avec des idées derrière son casque.

Mike G, livreur à vélo de Montréal, équipé d'un Cinelli avec vitesses dans moyeu, cale-pieds à l'ancienne avec lanières, casque fancy de skate board. C'est un personnage discret et mystérieux.

Julien R, un gars venu avec son campeur Eurovan, équipé d'un Surly avec garde-boue, running shoes et short relax. Il est accompagné de son pote Francis S, ayant les mêmes caractéristiques vestimentaires, chevauchant un Marinoni vintage. Ils se sont inscrits pour voir à quoi ressemble un brevet de 200 bornes. 

C'est Claude B, le trésorier du club, qui assure la distribution des cartes postales en l'absence de Jean R, le président, parti prendre l'air en Gaspésie. Peut-être chez Gaby, notre gaspésien de Maria.


Ambiance de départ, Claude distribue les cartes


Nous ne sommes pas pressés de décoller et attendons les retardataires qui finissent de se préparer. Je demande à Claude de prendre le rituel shoot de départ avec mon appareil photo. Car on s'entend, pas de cliché témoin du groupe, pas de brevet commencé dans les règles de l'art ! Il est 7h06 quand je presse le bouton Start de mon 1030, les données numériques commencent à s'accumuler.


Cocktail des 12 salopards: Glenn, Steph, Serge, Marc P, Richard, Marc L, Pascal, Fred, Mike, John, Julien, Francis. Il manque une Olive


Chapitre 1 de St Lambert à St Cyprien en 43 bornes

Km 0

Quatre enragés du brevetino s'échappent dès le départ. Radio Brevet communique les noms, il s'agit de Fred, John, Richard et Marc L. Selon l'expression consacrée, on ne les reverra plus. De mon côté, je suis partagé entre 2 options. Plan A, faire un bon temps et peut-être essayer de battre mon meilleur chrono de 8h22. Mais cela prendrait de puissants rouleurs pour la rampe de lancement. Plan B, faire connaissance avec la gang de nouvelles têtes et prendre ça relax. Il faut se décider rapidement, aussi j'opte pour le plan B. Sur Victoria, je pédale à vive allure, genre 28-30, devant la bande des cyclos qui ont pris ma roue. 

Km 5

Sur Pelletier, je continue de mener un petit groupe en formation. J'entame la conversation avec Marc P, un français avec qui j'avais sympathisé lors d'un 200 de fin 2018. Un autre cyclo bien équipé, mouline comme un pro, c'est Glenn le torontois. Nous conversons en franglais, j'en perds des bouts par moment. Il lorgne sur mon beau chandail Randonneurs Canada. Il me confie qu'il aimerait bien l'avoir sur le dos. Je lui fais comprendre qu'il devra faire ses preuves dans les brevets, car ce n'est que son premier 200. Combien longue sera ta route, jeune Jedi, lui dis-je, dans un langage intergalactique. 

Km 10

On poursuit sur Taschereau. Deux autres nouvelles têtes complètent notre gruppetto. Ils ont le même look, plutôt cool, la trentaine, chaussures pas de cales, short en guise de cuissard, tatouage sur les mollets et sûrement ailleurs. Le premier, Julien, vient de Québec. Il est venu retrouver son ami Francis, lui-même de Montréal. Ces deux là apprécient les aventures à bécyk. Ils me racontent leur récent exploit d'un 48 heures de vélo, en relais. Il reste donc 3 cyclos sur la route, Stéphane, Serge et Mike mais je ne sais plus s'ils sont devant ou derrière, distrait dans l'euphorie du départ. Il y a aussi un invité surprise, mystère !

Km 15

Notre gang de 5 semble décider à rester ensemble, alors je propose d'unir nos efforts pour les prochains kilomètres, peut-être même jusqu'au premier checkpoint. Il faudra se passer des relais pour progresser contre le léger vent contraire, tout le monde est ok. Fin de Taschereau, on bifurque sur St José à Candiac. Marc P et Francis manquent à l'appel, on les attend, c'est ça l'esprit de groupe. Marc a dû s'arrêter pour ramasser un objet échappé.

Km 20

La campagne s'offre à nous par l'overpass de la 30 puis le Rang St André. La température rafraîchit un peu, elle descend à 5 degrés. Ma cagoule sous le casque et ma sous-couche sous le maillot sont les bienvenus, je suis correctement habillé, ni trop chaud, ni trop frette. 

Km 25

Après la Montée Monette, voici St Philippe. Nous prenons la 217 appelée St Édouard sur quelques bornes. Chacun prend son relais à tour de rôle, bien discipliné, on se croirait au Tour de France. J'en profite pour faire plus connaissance à l'arrière du paquet avec Julien sur son Surly. C'est lui qui est arrivé en Eurovan, le même que j'ai piloté pour notre aventure Van Life avec ma chérie dans Charlevoix et au Saguenay, il y a 2 semaines, étrange coïncidence. C'est un moyen génial pour découvrir des contrées lointaines, en complète autonomie, et aussi sans fatigue. Juste le plaisir de découvrir, d'être libre de s'arrêter presque on ou veut, l'extase totale.


Julien me raconte sa passion du bécyk

Km 35

À droite puis à gauche, nous rattrapons le Rang du Coteau bien asphalté. Un cyclo nous dépasse par l'arrière, c'est Mike le coursier. Pas le temps de lui proposer de se joindre à notre communauté, qu'il a déjà filé par devant. Francis me raconte l'aventure du 48 heures avec son copain, il trouve excitant de rouler la nuit. Ah ouin, faudrait que j'essaye. En passant, je lui conte l'anecdote de mon PBP 2015 ou j'ai dormi seulement 8 heures en 4 jours non stop d'une épique épopée. 


Francis prend son relais devant Glenn et Marc P


Km 40

Le faible vent de SE n'entame pas notre progression, nous avons un honorable 27 de moyenne au compteur. Glenn me parle de son parcours professionnel entre Toronto, New York et Montréal. Il est aussi partagé entre 2 sports, la course à pied et le vélo. La longue distance l'attire et il aimerait bien faire le Granite Anvil dans sa région natale. C'est le fameux 1200 km en Ontario, déjà effectué par quelques membres du CVRM. Il sait qu'il devra passer pas mal d'heures à pédaler comme un damné, de jour comme de nuit. Je sens en lui, l'étoffe du randonneur appliqué. D'ailleurs aujourd'hui, il a prévu d'ajouter 100 bornes supplémentaires pour gonfler la distance à 300 kms. Bravo Glenn Cowan, le futur barbare de la route !


Glenn le masqué, Cowan le barbare !


Km 43 - Contrôle 1

Nous arrivons à St Cyprien de Napierville vers 8h44. Les 4 fuyards de tête, Fred, John, Richard, Marc L ont déjà sacré leur camp. Pour eux, l'heure n'est pas à la contemplation.  On se retrouve à 8 à profiter gaiement de la pause imposée, il y a notre groupe de 5 plus Stéphane, Serge et Mike. Café, croissant, pipi pour bibi, chacun vaque à ses occupations d'habillement, de nourriture et autres soucis sanitaires. 


Pause café dans une ambiance amicale


Un 13éme apôtre, l'invité surprise, vient se joindre à notre rassemblement populaire, c'est Olive la locomotive. Arrivé vers 7h15 au stationnement de la VM, Claude lui a filé sa carte et lui a dit GO GO GO, t'es capable de les rattraper ! 


Olive fait une apparition surprise


L'ambiance est bonne, alors pas de stress pour repartir. Nous profitons de ces moments de connaissance et de bonne humeur. Mike l'impatient et Stéph l'increvable décident de repartir en éclaireur. Julien et Francis, nos 2 cyclos baba cool, nous disent qu'ils vont prendre leur temps pour compléter ce 200. Ils ne pensaient pas rouler aussi vite dès le départ, une moyenne de 27 leur parait élevée. Ils avaient prévu un 22 de moyenne,  pour effectuer le brevet en une douzaine d'heures. Bon ben, bonne route les amis ! J'ai quelque chose de prévu à cette plage horaire dans mon agenda. J'ai effectivement un RV à 17h15 avec un autre invité, mystère ! C'est donc à 3 que nous repartons, Marc P, Glenn et moi. Nous laissons Serge et Olive en arrière garde, ils finissent de discuter en se bourrant la face. 


Nos baba cyclos cool tatoués


Chapitre 2 de St Cyprien à Franklin en 67 bornes

Km 45

C'est reparti sur la 217, direction plein sud, vent légèrement défavorable, Glenn prend les commandes. 28 de moyenne, ça file raisonnablement. 

Km 50

Marc assure le relais suivant, je regarde mon Garmin, ça semble qu'on changera tous les 5 km. Ça marche bien notre affaire.

Km 55

C'est à mon tour de passer devant pour 5 bornes, les faux plats débutent, ça tire dans les jambes et ça fait monter le cardio. Petit échauffement avant les choses plus sérieuses qui s'en viennent jusqu'à la Covey Hill du km 93.

Km 63

Un dernier relais appuyé de Marc nous amène proche de la frontière interdite. À tribord toute, sur la Montée Glass, la CH dans le collimateur. Celui-ci continue son allure soutenue, à plus de 30 sur les routes vallonnées. Il a la frite, le frenchy ! Le passage du toboggan infernal s'annonce sportif. Glenn suit le rythme, alors moi aussi.

Km 70

Passage sur Chemin Roxham, les bornes s'égrènent la fleur au fusil, sur la plaque de 48 dents, et ce n'est pas fini. On poursuit sur le même beat dans la Montée Fisher. Je n'oublie pas de boire, ni de m'alimenter pour garder la cadence avec mes nouveaux amis. On ne papote plus trop, on économise notre souffle. 

Km 78

Chemin Covey Hill, il y a encore beaucoup de cyclos en ce samedi dans le secteur. C'est certain que l'endroit est très prisé des amateurs de côtelettes et jolis paysages. On rattrape un des nôtres, c'est Stéphane. Je suis surpris de le revoir, il a d'habitude un rythme pas pire, en compagnie de ses potes, mais là, il roule tout seul. Faut dire aussi que notre trio roule à un train infernal. Je le dépasse à 35 en montée, en lui lâchant au passage, un Accroche toi au TGV !

Km 85

Notre allure vive se poursuit dans les monte et descend, chacun fait sa part. Nous rattrapons quelques groupes. Pas beaucoup le temps de discuter dans ces conditions, faut juste écraser les pédales et surveiller son cardio. Le vent forcissant de SE contribue à notre belle progression. Les jambes vont encore bien à ce moment, j'enroule toujours le grand plateau mais je suis anxieux, comme toujours, à l'approche du col de la CH.

Km 90

Justement, la Covid Hill est en vue. J'effectue un relais bien appuyé avant de me laisser glisser à l'arrière. Stéph me demande si ça va. Je lui rétorque qu'à ce train d'enfer, je vais exploser dans la bosse de 2 bornes qui se présente dans pas long. Et effectivement, c'est ce qui arrive. Dès le premier raidillon, j'ai les jambes en coton. Je switch sur le petit plateau et laisse aller mes 3 compagnons. Marc, Glenn et Stéph filent s'expliquer dans les gros pourcentages.

Km 93

Je continue à mon rythme, dépassant un gars qui monte à côté de son bike. C'est Mike avec son vélo de coursier et vitesses dans le moyeu arrière. Peut-être est-il trop juste pour gravir plus de 10% ? J'atteins le sommet sans trop de difficulté. À présent solo, car mes amis ne m'ont pas attendu, je dévale le long faux plat de quelques kilomètres. Une petite douleur au bas du dos commence à me titiller, c'est pas beau de vieillir ! Je salue Fred en solo et en sens inverse. Personne à ses basques, il a dû faire le trou, comme souvent. Quelques groupes me doublent, j'en attrape un pour faire remonter ma moyenne. 

Km 101

Bifurcation vers le village fantôme de Doréa, au triste passé, détruit tout récemment. Faux plat montant puis folle descente sur l'asphalte impeccable de la 209, menant directement à Franklin et le 2ème checkpoint, il est 11h33.

Km 110 - Contrôle 2

Arriva arriva à l'Amigos, encore muchos mondos ! Cette fois, ce n'est pas une surpopulation de cyclistes qui a squatté la place mais un troupeau de Harley, pétaradant et vrombissant. Je retrouve mon trio de choc, Marc, Stéph et Glenn. Celui-ci est déjà sur son départ, il a décidé de faire ça short and sweet, en bon québécois anglais. Mike accoste ensuite au quai, suivi de Serge et Olive. Nos 2 granos cyclos, Julien et Francis, ne sont pas prêts d'arriver, à mon humble avis. 


Beaucoup de monde à l'Amigos


Je pénètre dans le magasin général à la recherche d'un sandwich à la coke, oubliant de mettre mon masque et mon tuba. Gentil rappel à l'ordre de la madame du dép, elle n'est pas fâchée, elle signe même ma carte. Je m'éfoire ensuite dans les fauteuils en bois pour casser la croûte, molle, avec mes compères. 


Marc relaxe, Stéph a ôté les chaussures


Je discute avec Mike le discret. Il se nourrit d'une copieuse salade de pâtes, tirée de son sac à dos. Je l'interroge sur son boulot à Montréal, Uber Eats, Door Dash et autres. Son vélo est son outil de travail. Il l'aime tellement qu'il est venu faire de l'overtime le samedi pour rouler avec nous. C'est un cyclo atypique et attachant, il en faut, et j'aime ça. Les breveteux ne sont heureusement pas que des MAMIL - Middle-Aged Men In Lycra !


Mike, mon idole de ce brevet


Quelques photos par-ci, par là, puis chacun remet en route. J'informe Marc et Stéph de ne pas m'attendre pour le prochain long faux plat qui remonte à la CH, 2ème passage. Mike reclippe avec ses lanières de cuir, peu après moi. Serge et Olive profitent encore de leur pause.


Chapitre 3 de Franklin à St Édouard en 54 bornes

Km 111

J'ai laissé mes manches longues sous le maillot malgré le soleil,  il ne fait pas si chaud que ça, en effet. Je réserve le strip-tease pour plus tard. C'est donc le mignon petit coup de cul à la sortie de Franklin City, histoire de remettre les turbines sous pression. J'ai 2 acolytes devant, en point de mire, et un derrière, qui me chasse.

Km 115

C'est la lente remontée vers les hauteurs du secteur, à plus de 333 mètres. Le vent est maintenant contraire, le bitume n'est pas très roulant et pas mal défoncé, bref je plafonne à un modeste 20 à l'heure. Je perds de vue le duo de devant et Mike me talonne toujours à 200 mètres en arrière. Devrais-je l'attendre ? Je continue à mon tempo.

Km 120

Je bascule seul dans la CH à 10% de matière grasse. Le revêtement ne permet toujours pas de folie, seulement 65 km-h comme top speed de la journée. À l'intersection de la 203, je vire à gauche, à fond les ballons. Ça descend encore et Éole redevient notre allié. 

Km 125

Sur cette route sympathique descendante, je flirte avec les 40. Je rattrape Marc qui a levé le pied et a laissé filer Stéph aux avant-postes. Mike n'est toujours pas loin derrière. Nous décidons de l'attendre pour reformer un petit groupe. Plus on est de fous, plus on rit ! Du renfort ne sera pas de trop pour les relais dans les bords vers l'Est. Hé hé, malin l'animal.

Km 130

Justement, voici la direction Est. Je mène la cadence à un tempo raisonnable. Le zéphyr est plus virulent que ce matin, surtout parmi les champs à découvert. On reprend Stéphane pour la 2ème fois, il n'aime pas rouler seul, on dirait. Il s'était arrêté pour se mettre de la crème de jour, bonne idée pour se protéger des UV. Regroupés à 4, nous enchainons les relais, c'est au tour de Marc. Le frenchy aux bas avec dégradés de bleu, semble moins saignant que tout à l'heure, dans le toboggan de la CH. 


Un autre groupe en relais, Marc, Mike, Stéph


Km 135

Au tour de Mike de se mettre à la planche pour nous tirer. Le pôvre se dandine sur sa selle, un peu trop haute. Son pantalon de jogging descend légèrement, découvrant ses lombaires et ses bobettes. Drôle de spectacle qui contraste avec la plupart des cyclos à cuissard. Il porte aussi un casque bleu à rayures, à la Tony Hawk, ce qui complète bien son look exotique pour un randonneur de 200 bornes. Je suggère à mes compagnons de se mettre en éventail pour bien se protéger du vent, venant aussi de la droite. C'est faisable sur cette petite route, avec peu de trafic. Mais apparemment, mes acolytes n'ont pas suivi le cours Peloton 101. Ils préfèrent rouler à la queue leu leu et s'en prendre plein les flancs. Non merci pour moi.


L'équipement cycliste du coursier, loin du breveteux classique


Km 140

Sur le Chemin Backbush, Stéph prend son tour. Puis j'effectue le dernier bout menant à la 219, synonyme de vent trois-quarts dos, jusqu'à l'arrivée théoriquement.

Km 150

À la file indienne sur la route passante, nous échangeons les relais, le rythme hausse d'un ton grâce au vent arrière. Mike reste sagement derrière, Marc commence à s'essouffler. 


Moi devant, Marc derrière, avec ses bas dégradés bleu (photo Mike)


Km 155

St Patrice de Sherrington, je prends un long relais. Je me sens bien et fort, ma douleur aux vertèbres s'est endormie, je suis correctement alimenté et hydraté. Bref, tous les voyants sont au vert. J'appuie sur le champignon progressivement. L'allure augmente et se stabilise à 35. Je pense que les autres suivent la locomotive mais Mike a lâché depuis un bout. On se reverra au prochain arrêt. 

Km 164 - Contrôle 3

À trois donc, nous arrivons au Brosco de St Édouard, pause contrôle et ravito, il est 14h06. Glenn est arrivé depuis un certain temps, pour ne pas dire un temps certain. Je vais chercher un coke au frigo du dép et je punche en live, wow. Je sors ma banane ... et mon sandwich de la sacoche. Tiens, ça va faire des économies, et surtout me lester du poids inutile que je traine depuis ce matin. Exit également la sous-couche pour être plus à l'aise pour le final, il fait maintenant 18 degrés. 


Les 2 frenchies tout heureux d'être content !!!


Mike nous rejoint quelques minutes plus tard. Il ne pause pas très longtemps et va repartir sans tarder. Il nous la joue à la Dave Huggins, le spécialiste des pit stops rapides, style Formule 1. À en juger par ses stats sur Strava pour ce 200, il ne se sera arrêté que 22 minutes pour un temps total de 8h28, ce qui est vraiment peu. De ce fait, lui et Glenn, nos 2 anglos, filent à l'anglaise.

Tranquillement installés aux tables à déguster nos victuailles avec Marc et Stéph, nous voyons arriver Olive. Prends ton temps mon ami, nous allons t'attendre, nous ne filerons pas à la française. Rien ne presse et ça va nous faire plaisir de terminer ce brevet avec toi.


Stéph prend la dope fournie par le soigneur de Hugo Houle


Chapitre 4 de St Édouard à St Lambert en 36 bornes

Km 165

Nous prenons le bord à 4 pour le dernier segment nous ramenant au point de départ. Notre président a légèrement remanié le final qui passe par des petites routes bien asphaltées. Je mène la danse dans la cambrousse, à plus de 30, propulsé par un vent bien établi, youpi.

Km 170

Arrêt pipi demandé par Stéph, tout le monde s'arrête et sort son petit oiseau. Je n'arrive pas à vider ma vessie, va savoir pourquoi, fait chier ! Échange de relais avec Olive et Stéph, Marc reste maintenant bien sagement derrière, à profiter du paysage. 

Km 175

On rattrape St Mathieu et ses dos d'âne à répétition. À fond la caisse sur l'overpass de la 15 puis à bâbord toute pour retrouver St André et le parcours du matin, exactement à l'identique. 

Km 185

Je reprends le lead, sprintant à nouveau sur le pont autoroutier de la 30, nous revoici dans la circulation urbaine de Candiac. Nous traversons la cité par les pistes cyclables, je suis le pilote. À gauche, à droite, nous retrouvons bien vite Taschereau, sans difficulté.

Km 190

Je regarde l'heure sur mon GPS, on peut finir en moins de 9 heures, si les lumières de la ville coopèrent. J'enclenche un bon rythme, tout est toujours nickel chrome quant à mes jambonneaux, c'est super. On déroule Taschereau à vive allure.

Km 195

À gauche sur Pelletier, je brake inopinément à un panneau Arrêt, n'ayant point vu une auto qui tournait dans ma direction. La roue arrière dérape. Oups, plus de peur que de mal. Je me calme donc et Olive me raconte ses vacances à vélo en autonomie du côté de Charlevoix, Tadoussac, Saguenay. Des côtes, de la pluie, bref un superbe voyage de 6 jours en cyclotourisme. 

Km 200 - Contrôle final

Sprint final sur Victoria vers le dépanneur Bon Coin, mission accomplie, il est 15h58, soit 8h58 pour les 4 mousquetaires de notre gruppetto. 


Les 4 mousquetaires ravis de leur brevet


Épilogue

Ce fut une ride presque parfaite, pour plagier une émission télé à la mode. J'ai changé de partenaires de route au fil des péripéties de la randonnée. J'ai roulé tantôt en groupe, tantôt solo, au gré de ma forme, du profil et des circonstances. J'ai fait de sympathiques rencontres avec des personnes que je ne connaissais pas le matin. Pour résumer, un brevet réussi à tout point de vue, comme je les aime. Voilà qui termine sur une bonne note, 20 sur 20, ma saison 20-20 des brevets officiels.

Les 4 arrivants relaxent au soleil et s'offrent une petite gâterie avec une crème glacée pour certains. Ceci complète notre overdose de calories pour la journée. 


Une crème glacée avec ça !


Nous apercevons Marc, le géant Lusignan, faisant le plein de sa micro auto à l'Ultramar du dép. Olive et moi prenons des nouvelles du déroulement de son brevet, pas d'embûches notoires, cette fois-ci. Il nous dira ne pas avoir roulé dans le sillage de quiconque, Covid oblige. Olive lui taille une bavette, en bon français. Oups, Olive lui fait la jasette, en bon québécois. Puis c'est l'heure de la dispersion. Stéph et Marc nous saluent et nous quittent. Quant à Olive et moi, nous allons saluer l'ami Nathaniel Watson ... 


Retrouvailles avec notre géant, son auto a soif !

Le résumé de Marc, le géant

Je suis bien content d’avoir complété ce brevet de 200km samedi dernier, 12 septembre 2020. Le cycliste inquiet et un tantinet hypochondriaque que je suis se demandait jusqu’à la veille de l’événement s’il serait capable de passer à travers en cette fin de saison un peu bizarre où je n’avais pas roulé plus de 188km encore dans une journée.

Dès le signal de départ donné à 7h06 et jusqu’à Saint-Cyprien-de-Napierville et le premier point de contrôle, j’ai servi de poisson-pilote à un autre participant dont l’outil de navigation ne fonctionnait pas. S’il allait dépendre de moi pour la direction à suivre, il entendait bien fournir sa part d’effort et prendre la tête à son tour entre deux virages. Je déclinai toutefois poliment en lui expliquant que, pandémie oblige, j’avais résolu de ne pas prendre le sillage de quiconque. Richard Cornellier vint compléter ce petit grupetto pour ces 43 premiers kilomètres. Sur le deuxième quart du parcours, ses problèmes de navigation réglés, mon compagnon de route du début me dépassa rapidement avec M. Cornellier à sa poursuite. Je les perdis de vue avant le chemin Henrysburg.

Arrivé en haut de la Covey Hill vers 10h40, je croisai Frédéric Perman peu de temps après sur son retour. À Franklin, je revis brièvement mes deux lascars du matin et constatai à nouveau à quel point le dépanneur Amigos constitue un point d’arrêt privilégié pour tout ce qui roule sur deux roues, avec moteur ou pas. Sur le chemin du retour, je rencontrai des dizaines de cyclistes (pas des participants à ce brevet) qui avaient décidé d’inclure la côte Covey à leur menu du jour. Une fois la 219 rejointe, les derniers 58km du brevet se firent avec l’aide d’Éole. Au premier feu rouge de Candiac, je rejoignis un autre dépendant du GPS à la recherche du signal perdu mais, ayant bien étudié le parcours, je me débrouillai sans peine côté navigation en ce jour. J’obtins finalement une signature sur mon carnet de route au point de contrôle coin Victoria et Wilfrid-Laurier à 15h28. De retour sur place peu de temps après pour faire le plein, je revis avec plaisir Pascal Philippe et Olivier Caty.


Le retour du saumon d'Alaska à vélo 

Nathaniel est un de nos bons amis randonneurs du club. Il revient tout droit d'Anchorage en Alaska, parti en Juin pour un périple de 6800 kms en 68 étapes, la moyenne par  étape est simple à calculer. Il est équipé d'un magnifique vélo Seven avec chaine en plastique et vitesses dans le moyeu, il traine aussi une remorque mono roue pour y loger ses affaires de camping. Il a traversé les contrées sauvages du Grand Nord-Ouest, infestées d'animaux sauvages, de maringouins et de routes sans fin. Il a parcouru les provinces canadiennes de Colombie Britannique, d'Alberta, de Saskatchewan, du Manitoba et même de l'Ontario, pour rejoindre le Québec par le nord via Rouyn Noranda. Il a passé la dernière nuit chez des amis du côté d'Alexandria.


L'équipement de Nathaniel


Le point de RV est situé en bas du pont Champlain, côté Rive Sud, pour 17h15. Arrivés un peu en avance, Olive et moi guettons son arrivée au bord du fleuve. 


En attendant le héros du jour


Il est just in time, quel métronome, ce qui est normal pour un chanteur d'opéra ! Il est accompagné de 2 cyclos qui l'ont escorté depuis Ste Catherine. À notre tour de prendre le relais jusque son accueil triomphal à l'hôtel de ville de Montréal.


Nat is arrived just in time

Escorte de notre légende


Un beau rassemblement de famille et d'amis lui offre une haie d'honneur pour saluer son exploit. Bravo à toi, Nat le randonneur expérimenté. Tu as peut-être échoué tes 2 PBP mais tu as fait encore plus grandiose, soit plus de 5 PBP, mis bout à bout. Sans recevoir de médaille, seulement notre admiration. Chapeau, l'artiste !!!


Aloha ou Welcome back !!! 

Retrouvailles avec les amis sans embrassade, fucking Covid


Nat offre à tout le monde présent, une succulente crème glacée. Puis vers 19h30, je quitte la foule en délire sur la place Jacques Cartier. Je retourne chez moi, pédalant paisiblement à la nuit tombante, clôturant cette belle journée d'effort et d'amitié. 


Haie d'honneur à la place Jacques Cartier, bravo Nat !


Que la vie est belle, grâce au vélo !!!


Mes stats sur Strava



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