samedi 29 avril 2023

200 Covey Hill, heureux comme un poisson dans l'eau

 

Prologue


Troisième 200 du CVRQ en ce mois d'Avril, la saison est précoce cette année ! 

Cette fois-ci, c'est le traditionnel brevet de la Covey Hill, dont le tracé mythique avait fait le succès du CVRM. À cette époque, les brevets de 200 km se résumaient à ce seul parcours. 

C'est pourquoi nous gardons cette relique, en souvenir, au calendrier du club. Aussi parce que le sommet de la Covey Hill est l'unique point culminant de la Montérégie avec ses 343 mètres au dessus du niveau de la mer. Enfin, la route bordée d'arbres fruitiers, véritable toboggan longeant la frontière américaine, est très prisée des randonneurs. 

Cependant, le comité Parcours du CVRQ a bien pris soin de varier l'itinéraire. En 2023, il y a donc quelques nouveautés sur des routes inexplorées, celles-ci se faisant nombreuses dans ce joli coin de pays. 

La météo est plutôt capricieuse ces derniers jours. Genre, pleuvra ? pleuvra pas ? Ainsi, c'est assez tard en semaine que la liste d'inscrits grossit fortement. Après des prévisions diluviennes, Dame Nature finit par promettre les premières ondées, à partir du samedi en milieu d'après-midi. 

Partir au sec est toujours bon à prendre. 

Et si la chance est de notre côté, et la force avec nous, on pourrait peut-être éviter les gouttes !


Pleuvra ? Pleuvra pas ? On s'en fout, la force sera avec nous !



Samedi 29 Avril, sur la ligne de départ


Pour 6h15, je me présente au parking de la Sea Way of St Lambert, sous un ciel saturé de nuages. La météo devrait être comme prévue, vent grossissant de Sud-Est passant au Sud vers midi, avec forte probabilité de pluie vers 14h. 

Il est 6h15, Montréal s'éveille, comme dirait Dutronc !

Une saine effervescence s'installe sur le tarmac de la rive-sud, faisant face à la métropole encore endormie. D'ailleurs, de nombreux cyclos montréalais traversent le pont à vélo pour prendre le départ. 

De l'ambiance contagieuse sur le tarmac de la Sea Way

On reconnait de plus en plus de visages. De la connivence commence à s'établir. Des expériences passées ensemble sur les précédents brevets, contribuent à souder les groupes de même niveau. Le club en pleine reconstruction, est en train de renaitre. 

Malgré une météo inquiétante, la bonne humeur est de mise

Même les plus lents de la bande, arrivés tardivement lors du dernier 200 de Granby, sont à nouveau présents. Ils sont bien décidés à en découdre ensemble pour terminer ce parcours. 

Gilles A et Roch ont décidé de rouler ensemble, belle solidarité !

Il y a aussi de nouvelles connaissances, signe que la promotion sur le net par les réseaux sociaux, ainsi que le bouche à oreille, fonctionnent efficacement.  

De plus en plus de monde dans le club, même les chiens sont intéressés !

J'assiste mon compatriote Fred P, le distributeur de cartes du jour, à assurer le dispatching. Encore une nouveauté du club, nous ne donnons plus d'enveloppe timbrée dans le kit de départ. Chaque participant devra envoyer par courriel une photo recto-verso du précieux papier dument signé à chaque contrôle, afin de mettre à jour les résultats du brevet, et obtenir les homologations. 

Le Marcus Circus en solo, pas d'Olive, ni de Mitch et Yvon

Je me dirige vers Jean R, et lui tends avec fierté notre magnifique carte de brevet, nouvelle mouture de l'ACP 2023. Notre ancien président exprime son mécontentement au sujet du bout de carton. Pour lui, il n'est pas facile à lire, avec ses cases de contrôles numérotées alternées, ainsi que les indications trop petites, à son goût. Le débat est lancé, qu'en pensez-vous, cher(e)s membres du CVRQ ?

Nice, notre carte de brevet 2023, isn't it ?

Tout ce beau monde se rassemble quelques minutes avant le coup de pistolet. Briefing de départ au sujet du parcours et de la météo. Pour conclure, je lance la devise officieuse du club, que je viens tout juste d'inventer, pour faire rire la galerie, et qui n'engage que moi. 

Liberté et Solidarité ! Libre comme l'esprit Randonneur, et Solidaire comme l'entraide, en cas de besoin ! À travailler, peut-être !

Cela a l'effet escompté, j'en profite pour imprégner ces sourires et cette joie d'être là sur la pellicule numérique. Y a de la bonne humeur dans l'air.

24 randonneurs au départ d'un 200 annoncé pluvieux, c'est un succès !

Vers 7h01, le départ est donné, on roule sur le 200 de la Covey Hill.



Étape 1, de St Lambert à St Cyprien, 43 km


C'est reparti pour un tour de piste en Montérégie, mon terrain de jeu favori, cette fois-ci, avec mes amis. Le peloton ne tarde pas à se morceler en plusieurs groupes, au rythme des lumières de la ville. La sélection est opérée, il en sera ainsi pour le reste de la journée. 

On retrouve les rapidos en tête, puis d'autres paquets dont je ne saurais dire comment ils évolueront tout au long du brevet, n'ayant pu suivre la retransmission télévisée sur FloBikes !

De mon côté, je me retrouve avec une belle gang, composée de Marc, Simon, Kathia, Loïc, Gilles C et Pierre. Celui-ci est un nouveau venu, adepte de gravel longue distance, presque breton d'origine, puisqu'il est de la région de Nantes ! Il doit rester Roch et Gilles A à l'arrière garde, ils n'ont pu s'accrocher au rythme soutenu du départ. 

Traversée classique de la banlieue South shore (pour parler comme les djeunes) via Pelletier, Taschereau, La Prairie, Candiac. Nous retrouvons l'air pur et vivifiant de la nature en attaquant le rang St André. Le vent de Sud-Est déjà installé, nous caresse farouchement les narines. Le ton est donné, il va falloir cravacher pour rejoindre le premier checkpoint.

Vent de face, faut se protéger

Passé St Philippe, Marc emmène le train. Simon et Kathia essaient bien de tirer un peu, alors que les autres s'échinent derrière pour accrocher les wagons. Sur les rangs éventés de la campagne montérégienne, Marcus la machine, nous fait un show de puissance. Bien planqué derrière lui, je ne suis même pas capable de le dépasser pour prendre un relais. Je le laisse donc driver, lui demandant même de baisser le rythme, les cuisseaux commençant à chauffer dangereusement. 

Marcus mène le train dans la cambrousse

Le trafic de la 15 et St Cyprien se pointent bientôt à l'horizon, il est 8h45. Ouf, on va pouvoir souffler un peu ! À la station service du Shell, Jean et d'autres cyclos sont sur leur départ. 

Pause au premier checkpoint du Shell, on peut souffler

Notre gang prend un quinze minutes de pause, le temps de vidanger, pointer sa carte, se sustenter, se déshabiller, de prendre quelques clichés, le temps est compté et doit être bien exploité !

Tiens, un randonneur portant les couleurs du CVRQ !

Je discute avec Pierre, le tatoué de la bande et lui propose de se joindre à notre groupe pour la suite du brevet. 

Pierre, le pseudo breton super tatoué 



Étape 2, de St Cyprien à Franklin, 65 km, total 108 km


Le club des 6, composé de Marc, Kathia notre seule féminine du jour, Simon, Loïc, Pierre et bibi, se remet donc en selle vers le sud, avec ce vent toujours dans le pif. Marcus assure le rythme, plus mollo que tout à l'heure. La route va commencer à onduler sous nos roues, mieux vaut garder de l'énergie. 

En passant le Club de la Roue du Roy, km 64, ça ne s'invente pas, Loïc casse son câble de dérailleur arrière. La solidarité embarque mais personne n'a de câble de rechange. Y aurait bien l'ami Olive, le bombardier roulant. Il transporte un avion dans son kit de réparation, mais il est malheureusement absent aujourd'hui. Le pauvre Loïc devra utiliser son vélo en fixie single-speed, peut-être two-speed grâce à son plateau. 

Trêve venteuse bien appréciée sur le chemin du Paysan

La direction sud achève, nous bifurquons vers l'ouest sur le chemin Fischer, se transformant après la 219, en chemin Covey Hill. Une halte s'improvise, avec déshabillage, pause sanitaire et ravito, avant de commencer la partie vallonée du parcours. Gilles C et Martin D en profitent pour nous dépasser, sans nous attendre. 

Loïc prévient Kathia que son câble de dérailleur l'intéresse !

14 bornes de toboggan menant au juge de paix, sont alors à franchir. Je me laisse distancer par mes compagnons, cette côte de la CH me rendant toujours fébrile. Je préfère rouler pépère, surtout que mes hernies discales L4-L5 et L5-S1 semblent se réveiller. Je respecte l'adage, qui va piano, va sano et lontano !

Légèrement distancé sur le chemin Covey, mes poteaux ne sont pas loin

Km 90, je commence l'escalade de la colline, toujours impressionnante, vue de loin. J'aperçois mes amis dans la difficulté, Simon prend quelques clichés des randonneurs dans l'effort. 

Chacun son rythme dans la CH, photo de Simon

Je dépasse l'ami Loïc, je n'ai aucun mérite puisqu'il monte à pied ! Son fixie lui donne du câble à retordre ! Au pylône télécom, j'arrête pour vider ma vessie puis je file dans la section descendante vers le village fantôme de Doréa. Le temps est en train de tourner au vinaigre, de fortes rafales latérales secouent mon bécyk dangereusement. 

Point culminant du brevet, je suis dans les nuages

La bonne descente la 209 est déroulée avec un fort vent arrière, ma vitesse monte à 65 km/h sans donner un coup de pédale. Vers 11h45, je rejoins le deuxième contrôle au célèbre Amigos de Franklin, y retrouvant mes amigos !

Point de rencontre des Amigos à Franklin

Le dépanneur a été récemment repris par des indiens de l'Inde, pas amers, ceux-là. Ils proposent des samossas en guise de diner, ce qui fait le bonheur de nos randonneurs. Gaby s'en colle 4 unités derrière la cravate, il se régale l'animal ! 

Gaby engloutit ses 4 samossas avec du chocolat

Pour ma part, je tamponne, je m'achète juste un Gatorade et une barre de chocolat, j'ai un lunch qui m'attend dans la sacoche. Des sandwiches pain Jack avec confiture de châtaignes, agrémenté d'une banane, constituent ma collation. Un peu de chocolat et une rasade de boisson énergétique suffisent à me requinquer. 

Chips and coke, la recette gagnante de Marcus

Le ciel se couvre de plus en plus, la température se rafraichit. Certains se rhabillent, certains repartent, comme Gilles C et Jean-Michel. Je me dis qu'il ne faut pas trainer ici, à attendre l'averse prévue vers 14h. Je remballe mon stock et décampe dans la foulée, les autres me rattraperont. Ma pause n'aura duré que 15 minutes.

Chacun est à son affaire, je crisse mon camp


Étape 3, de Franklin à St Édouard, 58 km, total 166 km


En solo, je gravis le coup de cul de la montée Covey Hill, gracieuseté du faiseur de parcours, l'ami Marcus ! Au moins, ça a le mérite de me réchauffer. Virage à gauche, j'aperçois une pancarte boulangerie, Simon et Kathia iront y faire un détour, les petits gourmands. 

Pause boulangerie des petits gourmands, photo de Simon

Je redescends sur la 202 ou m'attend Loïc, qui a préféré éviter la côtelette, ce que je lui avais suggéré à cause de son single speed !

Nouveau détour sur la gauche, nous explorons les recoins du secteur. Marc nous rattrape par l'arrière. Le vent est devenu notre allier, ça filoche à vive allure par moment. En trio, nous rattrapons St Chrysostome ou nous apercevons des cyclos, droit devant. 

À nouveau propulsés sur le chemin des Paysans

Ils sont des nôtres, alors à l'abordage ! Je me mets en mode contre la montre, bientôt relayé par Marcus, pour rattraper les fuyards. Ce n'est autre que Kathia et Simon. Ils ont pris un shortcut par mégarde, ouais ouais, accompagné de Gilles C. Ainsi regroupés à 6, puis bientôt 7 avec Pierre, nous carburons vent arrière vers Ste Clothilde. 

L'impressionnante Kathia mène la cadence

Puis, c'est une longue et pénible traversée en pleine cambrousse, prenant des rangs tantôt sud, tantôt nord, nous forçant à sortir les watts pour nous arracher. Résultat de l'effort, nous ne sommes plus que 4 en arrivant à St Patrice de Sherrington, Marcus, l'impressionnante Kathia, Simon et bibi, tout étonné d'être encore là !

Arrivée à St Patrice, Éole a fini de nous faire souffrir 

Dernier stretch de 8 bornes, direction nord, vent arrière sud, spinnaker en poupe. Marcus nous emmène à 35 de moyenne vers l'avant dernier checkpoint du brevet. Pour 14h30, nous sommes au Brosco périmé de St Édouard.

Halte congelée au Brosco ou se vend des articles périmés

Regroupement avec Jean-Michel en attente, Gilles, Loïc, Pierre puis Gaby arrivent peu après. On se restaure bien gentiment attablés, en grelotant notre vie. Oups, la pluie fait bientôt son apparition. Tout le monde se rhabille en conséquence. Banzai, nous quittons sans tarder cet endroit glacial.



Étape 4, de St Édouard à St Lambert, 40 km, total 206 km


J'ai juste le temps de remettre mon coupe vent orange Santini, que mes amis ont déjà décalissé. Gaby est aussi surpris par ce départ tonitruant, il veut absolument enfiler ses jambières. Too bad, nous ne le reverrons qu'à l'arrivée. Au terme d'un sprint magistral, je rejoins mes compagnons regroupés, luttant contre une dernière section de vent de face. 

Puis Éole nous propulse full gaz sur des routes détrempées, la pluie commençant à s'intensifier. Nous dépassons St Mathieu pour reprendre le chemin de la Petite Côte. Nous retrouvons la civilisation à Delson, quelques lumières et le paquet se disloque. Puis regroupement sur la piste cyclable longeant le fleuve, encore 16 bornes jusqu'au contrôle final.

Promenade sur les pistes cyclables détrempées

Connaissant bien le secteur, je prends les commandes du peloton. J'emmène mes amis sur les pistes, circulant sous les lignes d'Hydro, mon employeur. L'avantage de ce temps pourri est qu'il n'y a pas un chat, ni même de touristes en promenade.

Boulevard de Rome, puis passage sous le pont Champlain, j'y prends un dernier cliché mouillé, ça fera des souvenirs ! 

Passage sous le pont Champlain, Simon nous commente la visite

Un détour chez les bobos de St Lambert, dont je fais partie, et nous voilà au fameux finish des brevets sur la rive sud, le Marché Express de l'Ultramar. Quelle heure est-il demande Marcus, il est 16h21. Alors ce sera le même temps pour tout le monde, c'est sa tournée ! Même Gaby nous rejoignant quelques minutes après, est crédité du même chrono, cadeau du patron.

Ouf, bien trempés et bien heureux d'en finir



Épilogue


On essaye de se réchauffer un peu dans le dépanneur, dont les toilettes sont fermées ad vitam aeternam, dommage pour nous. Nous prenons la photo du groupe à l'arrivée, tout dégoulinant et cependant, heureux comme des poissons dans l'eau !

Photo finale des 9 randonneurs (manque Pascal et Pierre)

Puis, sans plus tarder, c'est la dispersion, chacun rêvant à une bonne douche réconfortante, ou à un bon bain chaud pour Simon ! 

Simon s'est promis un bon bain avec pédales de rose

On se donne RV à la semaine prochaine pour le 300 facile de Drummondville, espérons que ce sera sous de meilleurs auspices.  

Trempé jusqu'à l'os et frigorifié, j'effectue les deux bornes sur Victoria pour rejoindre mon condo, et me mettre enfin au sec. Je n'avais pas pensé qu'il ferait aussi frette aujourd'hui. Ça m'apprendra à prendre le strict minimum. Toujours prévoir l'imprévu, qu'il disait le monsieur des brevets ! 

Quelle belle journée fraiche ce fut, mais la chaleur humaine a su si bien compenser !

Elle est pas belle, la vie ! (photo de Kathia)


Liberté et Solidarité !!!

Vive le CVRQ !


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