vendredi 11 août 2017

La Coupe à Roger pour son premier 200 MTL-OTT

La nuit fut courte car le cadran retentit à 3h45, c'est je jour J du fameux raid Montréal-Ottawa tant attendu par mon collègue Roger d'Hydro-Québec, depuis le temps qu'on en parle, je ne voudrais pas le décevoir. Je délaisse mon fiston dans la chambre, il dort du sommeil du juste ce brave petit. Déjeuner habituel café-toasts confiturés agrémenté d'une banane pour stocker un peu plus d'énergie. Mon matose est déjà prêt depuis la veille, ma sacoche Arkel est de sortie pour y loger des affaires pour l'autonomie, la nuit et la pluie, sait-on jamais. La météo est bonne pour le vent, favorable d'Est, parfait pour notre direction, c'est plutôt rare dans cette région, c'est dire que les astres semblent alignés pour réussir la mission chère à Mister Lapointe. Le sieur Bélanger a dû déclarer forfait il y a une semaine, il ne se pense pas assez en forme pour 200 bornes. En effet, il a eu mal au dos au bout d'une centaine de km lors d'une récente ride d'entrainement. Et pour couronner le tout, il s'est fait voler son vélo quelques semaines auparavant, pas évident de retrouver la position optimale sur son nouveau bécyk. Pas de chance l'ami, ce sera pour une prochaine fois. C'est d'autant plus dommage qu'il devait venir avec son fiston, nous aurions formé un paquet de 4 cyclos, soit les 3 mousquetaires et bibi dans le rôle de Dartagnan. Mais là, on s'écarte du sujet, alors revenons à nos moutons.

Pour 5h donc, j'installe mon Piuma sur l'auto et rejoins la rue Nadeau à Brossard. Roger m'attend de pied ferme, il a mal dormi car un peu excité par l'événement. C'est la première fois qu'il va réaliser plus de 200 000 mètres sur 2 roues, une douce folie. J'installe sa monture sur mon rack, un Specialized Awol en acier, à pneus de 32 et pédales pas de clip. Nous traversons le pont Champlain et faisons escale à Verdun chez ma chérie qui doit aussi dormir du sommeil du juste. J'ai mis mon tracker en marche avec position GPS aux 20 minutes car je sais que Marielle prend un malin plaisir à me suivre à distance. Je stationne mon auto derrière chez elle, on prépare les vélos, on se prend un premier cliché de départ à l'aube naissante et voila que débute notre randonnée pour la capitale fédérale. 

Départ de Verdun

5h45, c'est parti mon kiki, le jour se réveille et nous aussi, il fait déjà moite, la journée s'annonce chaude avec un petit risque d'orage à l'arrivée, on verra bien. D'abord, nous empruntons la piste cyclable, déserte à cette heure, comme c'est agréable. On papote, je prends quelques photos, les premiers kilomètres défilent doucement à allure relativement faible, je n'ose pas appuyer trop fort pour le départ, pas envie de mettre la pression sur mon partenaire. On atteint Lachine puis Dorval, pause santé, toilettes et banane, km 18. 

Sur la piste cyclable, pas un chat, juste Roger pis moé !

Aux chiottes Roger !

Les bécyks font connaissance

C'est ensuite le chemin du Bord du lac avec quelques secteurs fermés à la circulation pour cause de réfection de chaussée, heureusement à vélo, ça passe sans problème. En fait, y a pas vraiment de trafic, c'est vrai qu'on est vendredi, jour de semaine et que les touristes du week-end se fond plutôt rares. Nous voilà déjà à Ste Anne de Belleview, petit cliché, nous montons le tourniquet qui nous sort de l'île de Montréal par la piste longeant la 20. Arrêt un peu plus loin au Tim de Pincourt, km 42. Moyenne de 22 pour ce premier tronçon, on est sur la moyenne prévue mais on peut faire mieux vu les conditions météo favorables et l'absence de notre boulet Sylvain Bélanger, je te niaise mon Synvain, tu le sais bien. Tim déjeuner, café croissant saucisses patates, de quoi refaire le plein d'énergie pour la suite. 

Belle vue à Ste Anne de Bellevue

Ravito au Tim de Pincourt

Tim déjeuner frenchy avec café croissant

On ré enfourche nos bécanes pour 8h30, un peu d'avance sur l'horaire est toujours bon pour le moral. Traversée de Vaudreuil Dorion, pas mal achalandé pendant les heures de pointe, on retrouve bientôt la quiétude de la campagne et du bord de l'eau, on longe le lac des 2 Montagnes. Roger apprécie l'endroit, on fait un court stop au passage du traversier Hudson-Oka. Le revêtement de la route est comme je l'avais prédit, c'est à dire pas mal magané, à revoir cette route si elle veut que je la reprenne la prochaine fois. Mon compagnon est content de pédaler et il le manifeste en piquant une pointe à la sortie de Calumet, je me mets dans sa roue et j'attends qu'il se calme. C'était sur l'élan de la petite descente à 50 à l'heure me dira-t-il ensuite. Qui veut aller loin ménage sa monture mon Roger, adage bien connu du randonneur. On atteint déjà Rigaud, km 70 ou mon plan de match prévoit une pause. Mais comme tout va bien, pas fatigués, pas affamés, nous faisons juste un arrêt banane et sanitaire. Je me remets de la crème a cul car je soigne un petit bouton mal placé et je n'ai pas envie que ça dégénère, à date tout va bien de ce côté. 

Prend-on le traversier à Hudson ? Non !

Les conditions sont toujours parfaites, ciel bleu, chaleur pas encore trop accablante, vent faible et favorable, nous poursuivons vers Hawkesbury, prochaine étape. Nous quittons temporairement le Québec et sa 342 pour entrer en Ontario par un chemin de gravel déjà parcouru de nuit lors de notre MOM 2015 avec Gaby. La route est moins pourrie que je pensais, les gravillons ont été éjectés sur les bords de la route, c'est maintenant de la terre bien tapée que nous foulons. Rog roule à ballons rompus sur ce tronçon. Il s'en donne à cœur joie avec ses 32 crantées alors que je préfère rouler calmos avec mes 23 slick. Regroupement en arrivant à Chute à Blondeau, photo du panneau avec le fou à Blondeau, c'est qui? C'est kiki! Nous suivons de près la rivière Outaouais, quelle belle journée d'été, vive le vélo. Km 105, nous stoppons au Subway de Hawkesbury, repère de motards car la région est bien agréable donc très touristique. Il est 11h15 et nous avons près d'une heure d'avance sur l'horaire, moyenne de cette étape de 63 km à près de 25, bravo l'ami Roger. On s'enfile un panini chacun, des biscuits et une boisson en fontaine, nous refaisons aussi le plein d'eau fraîche et de glaçons dans nos Camelbak, super le Sub pour ça. 

Le fou à Blondeau !

En Ontario, vers le pont de Hawkesbury

Fill the tank of water !

Tim Horton vu du Subway à Hawkesbury (Ontario)

Après ce repos récupérateur, nous reclippons, enfin façon de parler, je reclippe, Roger pose ses pieds sur les pédales, il faudra qu'il songe à s'équiper plus adéquatement la prochaine fois, il ne peut que s'améliorer en maximisant son pédalage. Coup d'œil météo, le vent sud-est devrait perdurer encore 2 bonnes heures, ça tombe bien car nous sommes dans la bonne direction pour l'avoir full dos. Nous traversons le pont sur la rivière frontière pour revenir en terre québécoise et attraper la 148 ouest qui nous emmènera jusque Gatineau. L'asphalte de la bande cyclable est super bon, le ventre est plein, les muscles sont remplis d'énergie, le vent nous aide, tout cela contribue à faire monter notre moyenne d'un cran. Quelques pointes de vitesse à plus de 30, je mène l'allure, mon partenaire suit la cadence sans broncher. Du coup, Montébello km 134, est vite rejoint, pause photo devant le cadran solaire de Papineau et les belles demeures du village, c'est la capitale des maisons de bois rond icitte. Nous poursuivons notre rush sous la chaleur qui commence à s'intensifier et y a pas grand vent de face pour nous rafraîchir. On est bien content d'arriver au Tim de Papineauville, km 146, arrêt rafraîchissement, il est 13h30. Nous avons réalisé notre meilleure moyenne sur ce stretch, plus de 26 à l'heure pour 40 bornes, trop fort. Séquence souvenir, c'était à cet endroit qu'on avait roupillé une heure avec Gabriel lors de notre Aller-Retour Ottawa, les banquettes étaient toutes neuves, il y a 2 ans de cela, en phase de préparation du PBP. Épisode smoothie pour Rog et cappuccino glacé pour moi, sti que ça fait du bien d'être à l'air climatisé. On redescend en température mais on doit retourner à la chaleur accablante au dehors pour notre dernier quart du parcours. 

De retour au Québec, quel exotisme ce voyage !


Montébello et sa halte touristique

Papineau a t il inventé le cadran solaire ?

Tim de Papineauville, Gaby et moi y avions dormi en 2015

Les nuages commencent à envahir le ciel, la prévision d'orages se précise, le vent change de direction, la progression est moins facile. Je mène toujours le rythme, Roger commence à sentir quelques signes annonciateurs de fatigue. Son popotin se fait de plus en plus inconfortable sur sa selle en plastique bien dur, un de ces genoux commence à lui faire mal. Je maintiens une allure raisonnable a 23 et nous progressons tant bien que mal. Traversée de Plaisance, Roger me demande une pause pour faire souffler la machine, nous ferons alors l'arrêt prévu à Masson-Angers. Il n'y a pas de Tim, de Sub ou de McDo recensé sur mon itinéraire aussi je recherche un spot à bouffe sympa où nous pourrions relaxer. Le Coin du Ronfleur à Angers km 178 fait notre affaire, un Pepsi et une Sloche sont vite ingurgités en reprenant des glucides par des bananes et autres gâteries. Le poids des kilomètres font irrémédiablement leur effet sur mon compagnon pas habitué à la longue distance, c'est l'expérience qui lui rentre dedans. De mon côté, tous les voyants sont encore au beau fixe, mon corps est habitué à ce genre d'exercice, ce ne sont pas 178 malheureuses bornes qui vont m'entamer, c'est même pas la première étape du PBP qui compte 220 km ! On repart vers 16h, je lâche quelques mots de motivation à mon compagnon, il ne reste en effet que 30 kms avant la délivrance à Ottawa. 

Pause sloche à Masson-Angers au coin du ronfleur

Tout va bien dit Roger (mais j'ai un peu le cul en compote)
 
Nous continuons la route 148, la circulation s'intensifie à mesure que nous approchons de la grosse agglomération de Gatineau. De plus, ce sont les heures de pointe, de sortie de bureau et de départ en week-end, je n'avais pas prévu cet aspect, j'aurais dû tracer une autre parcours dans ce secteur. C'est donc au milieu des lumières du trafic, des automobilistes dangereux qui nous frôlent sans respecter la distance de sécurité que nous traversons l'immense zone commerciale qui semble interminable pour Roger. Quand est-ce qu'on rejoint la piste cyclable plus tranquille, me demande-t-il inquiet et passablement lessivé ? Dans environ 5 bornes, lui réponds-je sans savoir exactement si c'est la bonne réponse, juste pour le faire patienter. Après un bon gros 5 bornes de cascades périlleuses au milieu du flot des fous et furieux, le Garmin m'indique enfin la bifurcation à gauche pour le chemin plus calme et moins fréquenté. Manque de chance, il y a de la construction et cette foutue route se réduit à une voie de circulation avec un passage dans la garnote. De mon côté, je manque de me vautrer en roulant sur des roches tandis que Roger se fait frôler de très très près par un truck tractant un bateau plus gros que lui. Les Tabarnaks fusent de tous côtés. Heureusement, nous nous en sortons sain et sauf. 

Croyez-vous aux extra-terrestres ?

Un peu envoûté par l'endroit


Après cet épisode fortement risqué, je trouve un coin de pelouse où mon Roger peut se reposer en toute quiétude, il n'hésite pas une seconde à s'étaler sur le dos pour relaxer toutes les parties de son corps, même celles dont il ignorait l'existence. Je prends une photo à son insu pour immortaliser cette terrible scène d'un être humain en souffrance. J'en profite pour recharger mon GPS, lui aussi en manque d'énergie. 

Pause de survie à Gatineau

Le plan est devancé, une heure d'avance car la moyenne est à 24

Plus que 9 bornes, il faut se ressaisir et reprendre la route pour atteindre notre but final. Nous sommes encore en avance sur l'horaire alors y a pas le feu au bocal. Roger se décide à reposer ses fesses sur son bécyk, reprenant la piste cyclable qui longe la rivière des Outaouais. Belle vue sur une marina, je mitraille quelques photos sur le vélo alors que le ciel s'obscurcit, espérons que nous arriverons au sec. Le vent n'est plus notre allié, il faut à présent appuyer vigoureusement sur les pédales pour avancer. Mon Garmin se perd dans ce labyrinthe de pistes menant au Parlement d'Ottawa, je l'arrête donc, j'enregistre mon parcours avec 206 km à l'odomètre et 24 de moyenne, puis mon iPhone et Google Maps prennent le relais pour le final. Nous empruntons une estacade de bois fraîchement construite longeant la rivière avec le skyline de la capitale en toile de fond. Nous devons faire un détour car une magnifique exposition de sculptures végétales pour fêter le 150éme du Canada nous barre le chemin. Encore quelques prises de vue et nous roulons sur les planches du pont Alexandra, signe du fil d'arrivée tout proche. 

Arrivée vers Hull

Dédale de pistes cyclables, Roger soulage son popotin

Enfin le parlement d'Ottawa au loin

Détour à cause du Canada 150

Un dernier effort mon Roger et nous voici enfin sur les pelouses face au Parlement juste à côté de la flamme du centenaire. Bien entendu, nous demandons à un des innombrables touristes de la place de nous tirer fièrement le portrait à côté de nos valeureux destriers. C'est fait, nous pouvons célébrer notre arrivée victorieuse, il est 18h et 211 bornes dans la musette, bravo à nous 2. La coupe symbolique est décernée à Roger, coupe Rogers oblige! Notre seul regret est de ne pas avoir été accueilli par Justin mais je pense que son agenda ne le permettait malheureusement pas. 

La photo finish des vainqueurs du MTL-OTT 2017
 
Justin n'est pas venu nous accueillir à l'arrivée


Rog s'occupe de la logistique du retour en téléphonant à sa femme qui doit être en train de magasiner dans les environs avec une amie. Nous nous fixons un point de ralliement dans le centre ville à un coin de rues équipé d'un Tim Horton, of course. Nous y prenons un rafraîchissement en attendant le carrosse du rapatriement. Quelques minutes plus tard, Marie-Victoria et Virginia arrivent et stationnent le Honda CRV, c'est assez spacieux pour y loger nos 2 vélos avec les roues démontées, wow j'en suis agréablement étonné. Pour reprendre des forces et célébrer la fin cette belle aventure, nous allons nous restaurer au Lone Star Texas dans la banlieue d'Ottawa, la cuisine texane est à l'honneur. J'y prendrais des fajitas aux crevettes arrosées d'une bibine rousse bien fraîche et grand modèle SVP. Notre quatuor s'en met plein la panse en se racontant les péripéties de notre journée respective. 

Roger s'occupe la logistique de retour

Marie-Victoria et Viriginia sont là pour nous congratuler

Pause resto bienvenue au Texas Lone Star

Menoum miam les fajitas de shrimps

Marivic s'amuse, Roger se concentre !

Il est environ 21h lorsque nous mettons le cap sur la métropole québécoise, cette belle ville de Montréal. Roger est notre chauffeur, je lui parle en chemin pour éviter qu'il s'endorme, sait-on jamais! Nous déposons Virginia à Laval, enchanté d'avoir fait la connaissance de cette sympathique haïtienne d'origine. Puis le taxi Roger me reconduit à Verdun, je remercie encore Marivic d'être venue nous chercher à destination et je congratule encore plus l'ami Roger pour sa belle prestation. Nous ferons d'autres aventures cyclistes ensemble, ça c'est certain, reste plus qu'à trouver de nouveaux défis. Quant à lui, je lui conseille d'équiper son vélo de pédales à clip et de se trouver un meilleur kit selle-cuissard, il appréciera davantage sa performance en finissant en meilleure condition. 

Je retrouve ma dulcinée qui a suivi tous nos exploits grâce au tracker, elle m'a même envoyé quelques textos au cours de la journée. Je prends une douche réparatrice puis nous sirotons quelques boissons fraîches et ainsi s'achève cette journée du vendredi 11 août 2017 vers 23h30. Demain sera un jour nouveau et le début du week-end, nous aurons certainement envie de faire un peu de vélo, histoire de nous défouler les guiboles !!!