samedi 30 août 2014

Brevet pop de fin de saison

Réveil pas trop tôt, le départ du brevet populaire du CVRM est à 9h. Déjeuner et me voilà sur le vélo pour 8h15, je suis en avance, ce qui me permet de discuter avec la gang déjà présente, c'est un peu le brevet de fin de saison ou chacun a fait ses affaires de vélo pendant les vacances. Retrouvailles des Perman, Fred raconte sa performance à l'Ultra Défi et sa 2ème place. Catherine à son nouveau vélo Gianella rose, celui de Fred est bleu mais il se le fera voler le lendemain dans son drive way. Retrouvailles aussi de Yves et MC qui se sont parés de colliers de fleurs style Hawai pour fêter le premier anniversaire de leur rencontre, ils avaient en effet fait plus ample connaissance à l'issue de ce brevet pop en août 2013, j'y suis peut être un peu pour quelque chose. Connaissance de Vincent Côté que je connais surtout par Facebook, ami de Yves et spécialiste des vidéos, ainsi que Gaétan, un ami de Vincent, les amis des amis sont mes amis. Il y aussi un autre cyclo néophyte des brevets, c'est Mario qui n'a jamais dépassé 110 km en une sortie, c'est son baptême du feu. Rencontre avec d'autres cyclos et connaissances présents, Olivier et Emmanuel les frenchies, et d'autres pure laine, Gilles Coutu et sa blonde Sandra, David l'albertain sympa. Photo habituelle de Jean, nous sommes plus d'une vingtaine ! 

Pour 9h chrono, c'est parti dans les faubourgs de la banlieue sud, un gruppetto se forme comme à notre habitude, fort de 7 unités avec Denise que nous rattrapons dans un vent défavorable de 25 km/h, ainsi qu'un autre David sur son vélo hybride qui apparement n'aime pas rouler en peloton. Je prends la moitié des relais, peu de candidat pour se bouffer de l'air frais devant, mis à part, Yves, Vincent et Gaétan. Premier checkpoint à St Paul de l'Ile aux Noix km 63, nous retrouvons la bande à Jean qui repart sans nous attendre, y a pas de problème les gars ! Ravitaillement rapidos et nous reprenons notre route, nous avons envie de profiter du fort vent de sud qui souffle à présent dans notre dos. Avant d'arriver à St Cyprien et ses fauteuils en cuir, nous piquons des sprints à 50 de moyenne avec Gaétan et Vincent, ça décoiffe ! 


Arrêt mythique au Pétro Pass, nous y retrouvons Jean et 2 acolytes. On se goinfre de sucre, pour ne pas faire changement, avant de terminer le travail pour les 40 derniers kilos. 





Le grupetto de 7 roule soudé à plus de 30 de moyenne, quelques moins un se font entendre, c'est pour ne pas perdre l'ami Mario qui bat son record de distance, applaudissements en franchissant les 110 rugissants. Nous atteignons le dernier contrôle pour 15h40, nous sommes les derniers à compléter le brevet, on n'a pas battu de record aujourd'hui mais on s'en fout. L'important est d'être arrivé ensemble, en forme et dans la bonne humeur. Anyway les autres n'étaient pas très loin devant, chacun son rythme. Cath et Fred sont restés ensemble pour un temps de 5h56, bravo les jeunes. C'est Olivier qui a franchi la ligne le premier avec 5h20. Congratulations de la joyeuse bande de cyclos avant dispersion, je rejoins mon home sweet home le premier, les autres retournent au stationnement. 



Douche, récupération en liquide et solide, je termine la soirée à rédiger mon MBM, j'ai décidé de le terminer ce soir ou au plus tard demain matin alors je mets le paquet. 


lundi 11 août 2014

MBM 2014, préparation au PBP 2015 !

Dimanche 10 Août 2014, Prologue :

Depuis l’automne 2013 que je prépare mon projet, enfin le jour J n’a jamais été aussi proche. Ce Montréal Boston Montréal, nom de code MBM 2014, je le peaufine et j’en rêve depuis quelques mois. Ce doit être le point d’orgue de ma préparation physique et mentale 2014 en vue du PBP 2015, le fameux Paris Brest Paris qui a lieu tous les 4 ans et qu’il ne faut surtout pas manquer. Le principe est simple, pratiquer l’effort des 1200 kms mais avec un peu plus de confort. En effet, il n’y aura pas de stress sur l’horaire, le découpage du parcours se fera en 4 étapes de 300 kms environ avec dodo à l’hôtel chaque soir. De plus, je m’octroierai une journée de repos à mi-chemin, histoire de recharger mon corps en sommeil et en énergie. Enfin, j’aurai l’assistance d’une voiture suiveuse, conduite par mon fiston, qui transportera un peu de mes affaires et servira de bouée de sauvetage au cas où il m’arriverait un pépin. Ce sera donc un entraînement plus facile que l’épreuve officielle du PBP qui doit se faire en 90 heures maxi, avec une contrainte de 15 km/h pour les premiers 600 kms puis 13 km/h pour les 600 derniers. À cela, il faudra gérer son sommeil en tenant compte des impératifs horaires afin de ne pas se mettre hors délai. Il n’en demeure pas moins que pour mon MBM, il faudra parcourir 1200 kms avec un peu plus de dénivelé que le PBP qui est de 10000 mètres.

Pour ce défi, j’ai essayé d’embarquer quelques mongols breveteux par l’intermédiaire d’une propagande sur Facebook. Mais début Août, je restais le seul participant à cette folle épopée que j’avais baptisée l’Anti Défi en opposition avec l’Ultra Défi, terrible épreuve de 1000 kms à pédaler en moins de 65 heures, organisée par l’ami Gringos du Saguenay. Ce n’est que quelques jours avant le départ, que je rencontre Gabriel par hasard, lors d’une ride sur le canal Lachine, à qui je propose mon projet imminent. Gaby, comme on le surnomme, j’ai appris à le connaître lors des brevets de cette saison 2014, nous avons effectué les derniers 300, 400 et 600 kms ensemble. J’ai découvert ses capacités et sa volonté à terminer ces épreuves d’endurance. Celui-ci me semble fort intéressé et il me confirme sa participation dans les jours suivants, super bonne nouvelle ! Il ne me reste plus qu’à consolider la logistique pour le parcours et les hôtels, réviser notre matériel, affiner notre forme physique et notre mental et le projet est déjà à moitié complété. Il n’y a plus qu’à pédaler, la partie la plus fun du défi !

Le dimanche 10 Août en après-midi, Gabriel débarque chez moi avec son vélo et ses affaires à emporter. Nous avons prévu un souper BBQ pasta party, histoire de compléter notre réserve de glycogène, déjà suralimentée les jours précédents. Mes 2 fils sont aussi là pour nous assister, nous répétons le scénario des rencontres vélo-auto en journée et des soirées à l’hôtel. Ils devront être là au bon moment, mission importante pour Jacques-Antoine 21 ans dit Jack le chauffeur, épaulé par son demi-frère Alexandre 8 ans dit Alex le joueur de jeux vidéo sur tablette. C’est aussi pour eux que j’ai décidé d’inclure une journée de repos à Boston, histoire de se voir davantage et de profiter un peu des vacances dans cette ville au bord de la mer. Ce choix s’avérera fort judicieux, d’autant que la météo sera pourrie ce jour-là ! Vers 22h30, nous nous couchons dans la moiteur d’une chaude nuit d’été en prévision d’un lever matinal.


Lundi 11 Août 2014, Étape 1, St Lambert-Rutland, 308 kms :

Après une nuit de sommeil agitée due à l’excitation du projet et la canicule en cours, nous nous levons à 3h30. Déjeuner café, toasts, œufs pour Gaby, faut déjà commencer à alimenter la machine en combustible. 



Pour 5h, nous donnons nos premiers coups de pédales qui se compteront en centaines de milliers à l’issue des 1200 kms. Le mot d’ordre est bien sûr LSD, Long Slow Distance, alors nous débutons à un petit rythme de 25 à l’heure, le vent étant légèrement défavorable Sud 5 km/h. La météo s’annonce excellente pour les 2 prochains jours, du moins côté précipitations, il y a juste Éole qui fait un peu la gueule et sera contraire à notre progression. Nous déroulons les premiers kilos sur un air de brevet de 200 par Taschereau, la Prairie, St Philippe km 17.

Un ami breveteux doit nous rejoindre bientôt sur notre itinéraire, c’est ce que nous avions convenu sur Facebook. En effet à l’endroit indiqué, Michel Gervais est bien présent, fidèle à son engagement. Il roule sur un vélo Marinoni Sportivo qui ressemble pas mal au mien, avec ses tubes acier Colombus, ses couleurs quasi similaires, son nom inscrit sur le cadre, mais ce n’est pas le même que le mien ! Nous faisons connaissance en roulant car je ne le connais pas vraiment, mis à part sur les forums FB et les brevets du CVRM. Mais comme il roule plus vite que moi, je ne le vois qu’au départ puis bye bye pour le brevet. 





Le soleil se lève sur la Montérégie alors que nous filons plein sud en direction de la ligne. St Cyprien km 37, nous faisons une pause santé, réglage de selle pour Gaby que son mécano ABC avait réglé beaucoup trop inclinée vers l’avant, pour donner plus d’agressivité à son pédalage. Tu parles qu’on doit être agressif sur 1200 bornes, faudra plutôt être confortable. Du coup, Gaby incline sa Brooks toute neuve vers l’arrière. Quant à la mienne, je resserre un peu l’écrou de tension car celui-ci grince par moment. Zut, j’ai oublié mon Jigaloo, mon lubrifiant préféré.

Nous dépassons Lacolle km 55 et rencontrons notre voiture suiveuse juste à l’endroit où je me suis arrêté pour envoyer un texto à Jack, belle coïncidence. Lui et Alex se sont levés plus tard que nous, ils ont filé pour nous rejoindre car nous devons passer la frontière ensemble. C’est donc au poste d’Alburg km 69, que la caravane du MBM se regroupe à 8h28, merci Tracker sur FollowMee. Mes amis cyclos passent d’abord car Michel nous accompagne jusque St Albans. Puis je remplis les formalités avec mon fils Jack qui a un passeport français et il doit renseigner une fiche verte valable quelques mois en échange de la modique somme de 6$. Quant à Alex, il n’a pas ce problème, ayant les passeports canadiens (de naissance), français (de son père) et russe (de sa mère). Nous voici en sol américain pour quelques jours, yes sir. Le Vermont nous accueille et nous poursuivons par Alburg km 73 puis Swanton km 92, évitant ainsi les îles du lac Champlain. 





Une pause déjeuner est prévue à St Albans km 106 avec nos suiveurs au Donkin Donut. À cet effet, j’avais pris soin d’enregistrer les points de rencontres potentiels sur le GPS de l’auto, comme cela Jack n’a plus qu’à entrer le favori mémorisé et le tour est joué, facile avec la techno d’aujourd’hui. Seule ombre au tableau, le cellulaire du fiston ne capte pas le réseau aux US malgré le forfait pris chez Fido, certainement qu’il aurait fallu débloquer quelque chose pour que ça fonctionne, pas cool cette fois la techno. Nous trouverons un palliatif par la Wifi pas mal présente sur le territoire ricain. 





Après la halte, Michel nous quitte, il rentre chez lui en faisant un détour par le lac Champlain, ce qui lui fera une balade de 250 kms, merci l’ami. Nous continuons en binôme notre périple par Fairfax km 126 puis Jeffersonville km 142 ou nous faisons un arrêt boisson fraîche. En effet, la température s’intensifie avec la journée qui avance. 




Il est midi passé et le thermomètre dépasse les 30 degrés, d’autant que les côtelettes se succèdent à présent. Nous prenons notre rythme de croisière. Dans les côtes, c’est moi devant et Gaby derrière à son tempo. Bien souvent, il me rattrape dans les descentes. Notre prochain RV à l’auto suiveuse est Stowe km 184 que nous atteignons par la 100 pas mal achalandée et mal pavée sur les accotements, alors prudence. Mes fistons nous attendent au Shaw’s Supermarket, nous cassons la croûte sur une table à l’ombre mais tout de même dans la chaleur ambiante, nos corps refroidiront plus tard. Nous avons emporté une glacière ou cooler en bon anglais, garnie de boissons fraîches, pain, jambon, fromage et salade de pâtes que Jack a achetés en nous attendant. L’assistance a du bon car nous ne perdons pas trop de temps à magasiner notre bouffe.

Rassasiés et rafraîchis, vélos et auto reprennent la route. Jack a pour nouvelle mission de rejoindre le motel de Rutland, notre point d’arrivée du jour, afin d’y établir notre camp de base pour la nuit. Quant à nous, nous ne quittons pas la 100 pour un long bout. Les côtes se font de plus en plus longues dont celle de Waterbury km 200 qui culmine à 330 mètres, notre Scénic nationale avec des passages à 14%. Arrêt réhydratation au Village Grocery de Waitsfield km 220, nous remettons au vert tous les niveaux, solide et liquide, car la journée est loin d’être terminée. Il est 17h et il nous reste encore 80 km et moultes côtelettes à escalader. Nous poursuivons notre pèlerinage par une belle route qui longe une rivière que je connais déjà. En effet au printemps de cette année, nous y étions venus en reconnaissance avec Marielle, histoire de voir à quoi ressemble le relief de la région. Nous avions même dormi au motel Golden Lion km 227. Je repasse devant cet endroit avec émotion, je me souviens qu’à l’époque, il pleuvait comme vache qui pisse.

Peu après Warren km 230, nous allons rencontrer notre première frayeur de la journée. Un pont enjambant la rivière au km 235 est fermé pour cause de travaux et ce n’était pas indiqué avant que nous tombions dessus. La route est vraiment coupée, des travailleurs avec leurs machines sont à l’ouvrage pour reconstruire le parapet. Par chance, un petit chemin créé provisoirement par les ouvriers permet de franchir le torrent par 2 poutres métalliques. Un peu de hors sentier et d’équilibriste, et nous voilà passés de l’autre côté. Ouf, je suis soulagé car sans ce passage, c’était le détour d’au moins 40 kms, ce qui voulait dire 2 heures de plus à pédaler et de moins à dormir.

Nous continuons notre progression en grimpant à 430 mètres avant d’atteindre Granville km 247, qui est loin d’être une grande ville. Une bonne descente nous amène à Rochester km 261 où nous faisons l’ultime arrêt de la journée dans un Irving gas station. Au menu, sandwich, coke et crème glacée, le tout dégusté sur un banc, également fréquenté par les maringouins. 




Il est 19h45, la noirceur est déjà présente, nous nous équipons pour la nuit. Côté lumière, je commandite Gaby en lui fournissant du jus à l’avant et à l’arrière, quel bon samaritain je fais. Nous décampons rapidos pour attaquer le dernier passage en altitude qui s’avère être le Sherburne Pass à 2150 pieds soit 655 mètres. Une quinzaine de kms vont nous faire remonter 450 mètres de dénivelé dans la nuit noire, c’est toujours préférable de ne pas voir les côtes se profiler au loin. Nous les découvrons au fur et à mesure sous nos roues, prévenus par nos graphiques GPS qui fonctionnent à merveille. Le sommet km 295 est atteint vers 21h30, la longue descente de 13 kms nous emmène directement à notre motel Rodeway inn km 308.


Mes fistons nous attendent room 211, il est 21h57, soit 17 heures pour nos 308 bornes, pas si mal avec 2 500 mètres de dénivelé et un vent légèrement défavorable. À présent, le temps est compté, nous nous dépêchons de prendre notre douche, de bichonner notre arrière train douloureux, de dévorer notre collation récupératrice d’énergie et bénéfique à nos muscles, de recharger nos appareils en tout genre (GPS, iPhone, lumières, batteries rechargeables) et de nous jeter dans notre lit pour un sommeil d’un peu plus de 4 heures. Les couples sont formés, Jack dort avec Alex, et moi avec Gaby à moitié nu !


Mardi 12 Août 2014, Étape 2, Rutland-Winthrop, 296 kms :

Le cadran sur mon iPhone ne semble pas sonner à 4h et c’est par hasard que je jette un œil dessus vers 4h12 ! Le volume étant réglé au plus faible, je ne l’ai pas entendu, oups. On se lève prestement pour nous passer la tête sous l’eau, avaler un déjeuner rapide à base de pain, jambon, fromage, nous équiper pour la journée. 



Nous revoilà sur nos vélos à 5h13, les 13 minutes de retard s’expliquent. Au jour naissant, nous traversons Rutland, vaste zone commerciale engluée dans les travaux et ses cônes oranges, y a pas qu’au Québec. Nous roulons quelques kilomètres sur la 7 à 4 voies et retrouvons rapidement la quiétude des routes secondaires par la 103. Nous grimpons régulièrement, presque 30 kms pour remonter à 480 mètres. Gaby disparaît de mes rétroviseurs, alors je fais quelques pauses pour l’attendre, histoire de vérifier qu’il n’a pas eu d’ennuis mécaniques ou autres. Cuttingville km 17 et Mont Holly km 26 sont dépassés. 




Nous faisons un arrêt à Ludlow km 40 au Cool Moose Café à déguster un bon café avec quiche aux poireaux accompagné d’un muffin glacé au sirop d’érable, une véritable boule d’énergie.


Une longue descente s’en suit jusque Chester km 60 où nous revenons à l’altitude du départ. À partir de là, nous devons prendre la route 35. Lors de mon repérage sur Ride with Gps, j’avais noté dans mon road book que ce coin était pas mal désert. En effet, en quittant Bartonsville km 66, la route de bitume se transforme en terre battue sur quelques kilomètres. Heureusement le chemin est sec et malgré quelques gros cailloux, nous avançons correctement en prenant notre mal en patience. 




Mais au km 73, le GPS nous fait quitter cette route de terre pour nous engager sur Misty Drive, un petit sentier de forêt parsemé de rochers baignant dans la boue, c’est digne d’une trail de vélo de montagne. Je panique un peu mais je me rends à l’évidence que c’est le bon itinéraire, le GPS de Gaby me le confirme en indiquant 1500 mètres de ce cauchemar avant de retrouver une portion carrossable. Nous marchons à côté de nos montures jusqu’à une ferme, dérangeant une dame trayant ses cochons qui nous précise que nous sommes sur la bonne route.



Nous retrouvons avec plaisir l’asphalte même magané de la 35 au village de Cambridgeport km 75. Une grosse côte s’en suit pour nous remettre en jambes. Cette aventure hors des sentiers battus nous a mis en appétit mais nous devons attendre le dépanneur de Townshend km 91 pour nous sustenter copieusement avec un mélange de sandwich, crème glacée, brownie et coke. 




Nous avons perdu une bonne heure dans cette mésaventure qui m’apprend une nouvelle leçon. Lorsqu’on dessine un parcours inconnu sur Ride with Gps, toujours s’assurer que la route est bien asphaltée au moyen d’un outil comme Street View de Google. Si ce n’est pas le cas, prendre une autre route !

Après avoir repris des forces, nous appuyons sur les pédales par la jolie 30 longeant la West River. Nous avons RV avec nos petits amis de la voiture suiveuse à Brattleboro km 118, nous serons un peu en retard. Pour 12h30, nous voilà tous réunis au Amy’s Bakery Arts Café à déguster de délicieux sandwiches et discuter de nos péripéties du matin. Tout va bien pour mes kids qui assurent la logistique, Jacko se débrouille comme un chef dans la gestion de nos affaires et le pilotage par GPS. Cependant, il n’a pas évité le ticket de stationnement alors qu’il cherchait du change pour mettre dans le parcomètre, sont encore plus rapide qu’à Montréal. Résultat, une jolie enveloppe jaune sur le pare-brise et 10$ d’amende à payer.

Chacun reprend sa route, RV à nouveau dans 50 km à Athol dans notre course au trésor. Nous empruntons la 119 parsemée de côtelettes courtes et fréquentes au début mais qui se transforment en de gros raidillons à fort pourcentage en atteignant Richmond km 149. J’avais repéré une station service à cet endroit désert sur Google, photo à l’appui. Malheureusement, le Gulf Frank service est fermé pour cause de travaux à notre arrivée. Nous grignotons donc nos bricoles de sacoche sur le talus en face, bananes écrasées, brownie en miettes, eau chaude des gourdasses.


Après une brève incursion dans le New Hampshire, nous pénétrons dans le Massachusetts par la 32. La frontière des états se distingue par la qualité de l’asphalte. En effet, dans le Masse ta chaussette, c’est un véritable billard qui nous emmène dans un décor magnifique à travers de jolis vallons, un vrai paradis pour le cyclo avec une circulation quasi inexistante. Nous dépassons le pittoresque site de Tully Lake et sa base nautique qui appelle à la farniente mais nous n’avons pas le temps, nous devons rattraper un peu de notre retard. Aussi c’est full pin jusque Athol km 168 et son Subway ou notre gang nous attend. Quelques pouces de soumarin dans le ventre pour tous et nous voilà rechargés pour la suite.


Jack et Alex filent à présent vers Boston, notre hôtel est réservé au bord de la mer, à Winthrop, banlieue nord bostonienne. À partir de maintenant, nous prenons la direction Est, la capitale des Bruins n’est qu’à 130 bornes en suivant la route 2A, il est 16h30. Notre route connaît ses derniers soubresauts côteux, voilà Gardner km 189, Westminster km 197 puis Fitchburg km 209 ou nous avons programmé une pause énergétique. Nous essayons de nous arrêter toutes les 2 heures environ afin de reposer la machine et s’alimenter copieusement. En général dans les stations services dépanneurs, il y a tout ce qu’il faut pour satisfaire un randonneur, sandwiches, boissons fraîches ou café, gâteaux plus ou moins appétissants, crème glacée et même toilettes, le tout avec l’air climatisé pour nous refroidir. Il est déjà 19h, le soleil se couche dans 45 minutes, alors nous profitons de cet arrêt pour nous équiper pour la nuit.

L’astre solaire décline tranquillement tandis que nous dévalons le long faux plat descendant nous ramenant dans les basses altitudes aux environs de 70 mètres. J’aime rouler à ce moment de la journée ou nous basculons gentiment dans la nuit à la lueur de nos lampions, la température est douce, l’instant est magique. À Ayer km 229, la noirceur nous a enveloppés et nous pédalons à présent aux sensations et non plus en vision périphérique. Au km 235, le GPS nous fait quitter la 2A pour emprunter des petites routes mal pavées. Pendant 10 kms, nous bifurquons à droite et à gauche suivant les désirs du Garmin 800, nous n’avons pas le choix, il faut lui faire confiance. Gaby ne m’est pas d’un grand secours car il a souvent des doutes avec son nouveau Garmin 1000, celui-ci ne semble pas être très fiable.  En arrivant au lac Nagog, et non Magog en Estrie, nous revoici sur la 2A, ouf ! En vérifiant le parcours à Boston, je constaterai qu’on aurait pu garder la 2A sans rallonge, ah le maudit Ride with Gps, quand on le laisse décider seul de la route. Heureusement que j’ai emmené mon ordi dans l’auto, je pourrais ainsi mettre à jour toutes ces petites bévues pour l’étape 3 car c’est la même que l’étape 2 mais en sens inverse.

À West Concord km 252, nous faisons un ultime stop avant destination dans une station dépanneur tenu par un libanais. Nous placotons avec le gérant, bouffons des croustilles puis suçons nos crèmes glacées arrosées d’un pepsi. Il nous reste 40 bornes à parcourir dans la banlieue de Boston, c’est plat et ce sera bien éclairé, nous sommes impatients de toucher au but. Km 269, nous roulons sur Massachusetts avenue qui mène au centre ville. L’artère est immense, dans chaque sens, 2 voies pour les autos, 1 pour le bus et 1 pour le vélo, wow, c’est royal. En plus, il est presque 23h alors la route est à nous, youpi. Nous ne rencontrons que des bus, des joggers nocturnes et quelques cyclistes. Dernier arrêt changement des batteries pour les lumières à 20 kms de l’arrivée, nous sommes excités.

Après 10 kms de Massachusetts avenue, nous remontons plein nord, enjambant un pont sur la Mystic River km 283, avec piste cyclable SVP. Nous déambulons dans les docks portuaires, nous apercevons l’aéroport Logan ou 3 avions manquent de nous atterrir dessus. 



Enfin nous voici sur Saratoga street menant à Winthrop et notre hôtel tant attendu. Ça sent l’air salin et iodé, pas de doute, nous sommes au bord de l’océan, juste à 100 mètres de l’hôtel. Il est 0h15, km 299, Boston est atteint en 2 jours, yes, mission accomplie. Accolade amicale avec Gaby, nous avons bien mené notre affaire jusqu’alors, aucun pépin, pourvu que ça dure.



Nous appelons Jack, encore réveillé, qui nous suivait sur ordi via le tracker. Il vient nous ouvrir la porte de l’hôtel. Nous montons les vélos à l’étage, arrivons dans notre chambre avec kitchenette et canapé qui nous permettront de relaxer à l’aise demain, ou plutôt aujourd’hui. Douche, collation réparatrice, branchement des bébelles électroniques, nous ne tardons pas à aller nous écrouler dans notre lit, encore une belle nuit d’amour avec Gaby en perspective ;-) Je pionce aussitôt, il est 2h du matin.


Mercredi 13 Août 2014, Jour de repos à Boston-Winthrop :

Je me réveille pour 9h, 7 heures de sommeil me suffisent apparemment pour récupérer. Je n’aime pas flémarder au lit, sauf avec ma douce, désolé Gaby. D’après le dicton, la journée appartient à ceux qui se lèvent tôt. Il n’y a pas de déjeuner à l’hôtel alors j’ai l’intention d’aller le chercher à deux pas d’ici. 





Dehors c’est le déluge, la météo ne s’était pas trompée, 100% de PDP avec 40 millimètres de pluie et des rafales de vent à 50 km-h. Une chance que nous ne repartions pas ce matin.




Bientôt tout le monde se lève quand je propose d’aller bruncher à l’extérieur. À ces mots, Gabriel est prêt rapido-presto, nous enfilons les vêtements de pluie et allons envahir le Jack’s café, un nom prédestiné. Big breakfast pour un féroce appétit, nos corps réclament encore du fuel même si on va se reposer aujourd’hui.



Retour à l’hôtel pour digérer et bricoler sur le net à changer le parcours de la 3ème étape en évitant les pièges de la 2ème et ses routes pourries. J’en profite aussi pour télécharger les 2 premières étapes sur Garmin Connect et poster quelques photos sur FB, afin d’alimenter nos fidèles partisans. Nous faisons aussi un peu de lessive pour nettoyer cuissards et maillots. Il est à nouveau temps de remplir nos panses, direction un restau italien par une pasta party arrosé d’un vin pétillant italien, gracieuseté de Gabriel.


Pour relaxer, nous pensons aller faire un tour sur la plage pour construire des châteaux de sable comme le désire tant Alex, mais les bourrasques de vent et la pluie persistante nous en dissuadent. 




Nous partons en auto vers Boston centre ville pour voir la fameuse cité et visiter quelque chose. Un musée abritant un vieux 3 mats et un bateau de guerre moderne font notre affaire. Nous prenons quelques clichés souvenirs et regagnons notre suite pour 18h. 













Nous blaguons depuis quelques jours avec les répliques du film culte français les Visiteurs, aussi nous décidons de le visionner ce soir avant de nous coucher. Jack s’occupe de rapatrier le vidéo sur le laptop, ces jeunes connaissent bien le téléchargement. Entre temps, je vais chercher dans les cuisines de l’hôtel, 3 copieux chicken pot pies que nous dévorons pour le souper. Nous préparons nos affaires pour le lendemain, puis c’est la séance de cinéma. Chacun s’étend dans son lit, le film commence pour 20h. De mon côté, je succombe rapidement vers 21h dans les bras de Morphée. Demain matin, le cadran va sonner à 4h alors autant faire une bonne nuit, juste 7 heures, c’est tout ce qu’il me faut. Les autres terminent l’hilarant long métrage et s’endorment au pays des songes, c’est okayyyyyyy ! Bonne nuit à Winthrop, Masse ta chaussette !


Jeudi 14 Août 2014, Étape 3, Winthrop-Rutland, 300 kms :

4h pétantes, le cadran sonne bien cette fois. Nos 2 cyclos sont sur le pont, ablutions à l’eau, déjeuner copieux même si je n’ai pas trop faim, Gaby oui ! On se prépare au départ, pour 5h03 nous sommes à la porte de l’hôtel pour un premier cliché à l’aube sur fond de mer. Le temps s’est remis au beau fixe, ça va être une belle journée pas trop chaude, nous sommes bénis par les dieux du vélo. 




Nous traversons les faubourgs de Winthrop, beaucoup de gens sont déjà à attendre les autobus à cette heure matinale. Nous refaisons tout le chemin en sens inverse, ce qui nous donne une impression de déjà vu, ainsi qu’un énorme avantage pour le guidage. Il n’empêche qu’avec ces innombrables changements de direction, mon GPS effectue un travail impeccable. Et que dire du pilote, exceptionnel aussi.



Nous repassons les ponts dans la circulation plus intense qu’à l’aller. Heureusement, les bandes cyclables font bien leur job et sont respectées des autos. Nous revoilà sur Massachusetts avenue km 16, la densité du trafic s’atténue au fur et à mesure que nous nous éloignons de Boston. Des cyclos affluent en sens inverse pour aller travailler, vive le vélo-boulot. Il fait beau, l’air est vivifiant et pas trop pollué, nous sommes contents d’être là. 




Seule ombre au tableau, ma selle qui couine de manière infernale. Je décide de resserrer l’écrou qui provoque ce grincement, erreur monumentale. Ne jamais toucher à quelques réglages que ce soit en cours de ride. Résultat, ma selle ne fait presque plus de bruit, en revanche sa nouvelle tension provoque des douleurs aux fesses côté droit alors qu’avant c’était le côté gauche qui me faisait moyennement souffrir. J’endurerai cette misère quelques dizaines de kilomètres avant de comprendre le problème. Je remets mon écrou de selle à sa position initiale, et fuck le bruit. Il aurait suffit d’un peu de lubrifiant genre Jigaloo et le problème aurait été réglé.

Nous quittons Massachusetts avenue et continuons par Great Road en traversant Lexington km 27, Concord km 38. Nous stoppons au Mc Do de West Concord km 43 pour nous enfiler un copieux Mc Déjeuner avec café. Gaby, fidèle à son habitude, a pris un double menu, recevant 2 énormes cafés avec lesquels il remplit son bidon, excellente idée qui nous réveillera par la suite. 




Au lac Nagog, nous évitons le détour par les petites routes effectuées de nuit à l’étape 2. Nous gardons la 2A pour notre plus grand plaisir pour rejoindre Littleton km 57. Les côtelettes ne cassent pas des briquettes pour le moment mais ça s’en vient. Ayer km 65, Shirley km 70 puis Fitchburg km 85 sont dépassés. Nous arrêtons à la même station service que l’autre soir pour faire le plein d’énergie, on n’arrête pas de bouffer car c’est vital. Pour le moment, nous n’avons pas bonké, signe que notre carburant est toujours au bon niveau. La pente s’intensifie, nous remontons à plus de 300 mètres vers le km 100, il est temps de nous remettre dans le vif du sujet.


Le point de rencontre avec mes kids se situe au Mc Do (encore un) de Gardner km 105, ils y arrivent juste lorsque nous garons les vélos, quel timing. Mc repas pour tous, c’est l’orgie du hamburger, des frites et du coke, rien de tel pour nous requinquer. Mes fistons sont bien repartis de Winthrop en ayant pris soin de remballer tout le matose étalé dans la chambre, beau travail de ces deux là. Jack n’a toujours pas de réseau sur son cell et il est obligé de se connecter wifi pour voir notre avancement et peut-être communiquer.


Il est 11h quand nous remettons le métier sur l’ouvrage, direction Athol km 126. Nous faisons le plein de donuts en prévision de la région déserte que nous allons traversée, nous ne nous ferons pas avoir comme dans l’étape 2 à Richmond. Nous dépassons le superbe lac Tully ou nous comptions profiter du paysage mais le site est un peu loin et faut pas trop perdre de temps. 




Alors nous continuons sur la superbe 32, découverte à l’aller, paradis du cyclo, route dont je suis tombé amoureux. En revanche, il y a de belles côtes et Gaby les escalade en équilibre sur les pédales. Je l’attends de temps à autre pour le prendre en photos, c’est mon seul modèle, alors il aura de beaux clichés souvenirs, et pas moi, snif.




Arrêt à Richmond km 145 comme prévu, mais pas au Gluf Frank service fermé mais au camping avec table de pique nique à l’ombre. Cassage de croûte en règle puis nous repartons dans les descentes avec des pentes à 12%. 



Nous dévalons sur Ashuelot km 158 et sa rivière du même nom. C’est une succession de petites côtelettes montées en force qui nous ramène à Brattleboro km 176 et son maintenant célèbre Amy’s Bakery Arts Café. Jack et Alex reviennent de se baigner dans la piscine d’un hôtel privé pour la modique somme de 24$, merci la carte de crédit que j’ai prêtée au fiston. Gaby nous ramène de délicieux sandwiches que nous dévorons dans une ambiance artistique décontractée. Les kilomètres s’accumulent et nos corps encaissent l’effort sans broncher, c’est de bon augure pour la suite. Seules nos fesses nous font de plus en plus souffrir, ce point sera à étudier à mon retour. Est-ce un problème de selle, de position, de cuissard, à suivre. Je poste d’ailleurs mes petites misères sur FB, ça en devient une histoire de cul.

Nous ré enfourchons nos bécanes et laissons nos suiveurs filer vers Rutland et son super motel cheap. Nous longeons la rivière West River par un faux plat montant, dépassant West Dummerston km 186, Newfane km 195. Nous retrouvons le dépanneur de Townshend km 203, lieu déjà visité à l’aller. Gaby s’offre quelques gâteries sucrées, je préfère le salé. Nous n’oublions pas de nous hydrater avec des boissons fraîches bien que la température du jour soit très confortable pour cycler, ce n’est plus la canicule. Nous revoici sur la 35 et le fameux tronçon qui nous avait donné des cauchemars lors de l’étape 2. 




Cette fois-ci, nous n’irons pas nous perdre dans la nature profonde et les chemins creux. J’ai soigneusement redessiné l’itinéraire qui suit tout simplement la route 35 jusque Chester. Surtout qu’il est déjà 18h30 lorsque nous atteignons le sommet qui nous remonte à 380 mètres km 212, une autre grosse Scénic quoi. Il ne serait pas bon d’être dans le bois à la pénombre surtout que le loup y est peut-être. En parlant d’animaux, j’aperçois un chevreuil en haut de la bosse, il se sauve à ma présence. Cependant, nous n’avons pas vu beaucoup de bêtes et bestioles jusqu’ici, c’est bizarre.

J’attends Gaby en rebranchant mes appareils sur mes nouvelles bébelles Bolt, recharges USB super compactes, les mêmes qu’utilisait Sindré lors de notre récent 300 et qui m’avait bien plu. J’en ai achetées 2 la semaine passée, une bleue pour le GPS et l’autre rouge pour l’iPhone. J’ai bien fait d’en acquérir deux car la rouge ne fonctionne plus après 3 recharges. Compactes mais fragiles, ces petites Bolt, Fluxmob va me revoir, comme dirait Gaby. Celui-ci arrive justement 3 minutes après mon arrêt, c’était pourtant une longue côte, il fait des progrès le bougre, ou lui aussi aurait-il peur du loup ? On redescend longuement pour regrimper à nouveau, y en n’aura pas de facile dans ce secteur.

La lumière décline en sous-bois, je mets ma loupiote de casque. Bonne descente jusque Chester km 234 ou nous faisons halte à la station Irving pour nous ravitailler et nous habiller plus chaudement pour la nuit. En effet, la température a chuté avec le soleil et notre ride dans la noirceur s’annonce fraîche voir glaciale. À la lueur des lampions, nous voilà repartis pour les 60 derniers kilos jusque Rutland. La route descend légèrement et je claque des dents car le froid me saisit, il me faudrait une côte pour me réchauffer. Je n’avais pas prévu cette baisse de température, mon cuissard long et mes gants longs me manquent indubitablement. Gaby avait prévu le coup, il est emmitouflé dans son Goretex et notre calinours ne semble pas se les geler. La route se redresse enfin je peux rétablir mes degrés corporels.

Nous atteignons Ludlow km 254 vers 21h30, il n’y a plus grand-chose d’ouvert à cette heure. Aussi nous grignotons ce qu’il reste dans nos sacoches et surtout buvons le bon café froid du Mc Do de ce matin que Gabriel a transporté toute la journée. Ça va nous permettre de rester bien éveillé pour la dernière ligne droite. Nous déconnons confortablement installés sur un banc éclairé avec table de salon. À force de bouffer n’importe quoi, nos intestins sont remplis de gaz divers et variés. Il s’en suit un concours de pets mémorables, Gaby nous surnomme les cornemuses roulantes, y a de la joie dans l’air vicié.



Nouveau départ dans la nuit noire pour ne plus s’arrêter jusqu’à l’arrivée au motel. Gaby sent l’écurie et cela le fait caracoler en tête, je vois sa lumière rouge clignotante s’éloigner de plus en plus. Je n’ai pas envie de lui coller au cul (!), je préfère rouler LSD et rester dans ma bulle stéréophonique grâce à ma musique. Rouler la nuit avec une toune que vous aimez dans les 2 oreilles, c’est le pied, je vous le dis. La fin de l’ascension est sanctionnée au Mont Holly km 268 à 480 mètres. C’est ensuite la folle descente sur Rutland. Nous revoilà dans la zone des centres d’achat de la petite bourgade du Vermont. Encore quelques coups de pédales et nous atteignons pour la 2ème fois, notre motel Rodeway inn km 300 tout rond, il est 23h30, congratulations les boys. Jack nous accueille en nous tirant le portrait, ma collection de photos s’accumule. 



Routine habituelle de fin d’étape, faut pas perdre de temps car notre sommeil est important. Demain étant la dernière étape, nous décidons de nous octroyer une heure de dodo supplémentaire, cadran à 5h au lieu de 4h, nous rentrerons un peu plus tard. Douche, repas et bonne nuit les petits. Faudra pas me bercer encore ce soir, il est 1h du matin, docteur Schweitzer.


Vendredi 15 Août 2014, Étape 4, Rutland-St Lambert, 307 kms :

J’ai triché un peu, j’ai mis le cadran à 4h45, histoire de me sentir moins coupable. Dernier réveil difficile pour l’ultime étape, nous sommes gonflés à bloc. Je regarde mon odomètre remis à zéro à St Lambert, déjà plus de 900 kms de faits, les 1000 kms approchent, c’est bon pour le moral. On aura déjà réussi notre Ultra-Défi et peut-être notre MBM 2014 ce soir, mais ne vendons pas la peau de l’ours si tôt. Déjeuner en se forçant, pas toujours évident d’avaler une salade de pâtes à 5h du mat. Pourtant il faut mettre du fuel dans le réservoir car une bonne montée nous attend, 470 mètres de dénivelé en 12 km, ça va nous réveiller, me semble. 




Pour 5h55, nous reposons nos popotins meurtris sur nos Brooks, c’est reparti pour une journée de manivelles. D’après mes stats Garmin, nous faisons en moyenne 50 000 tours de pédalier par 300 kms, je ne m’amuserai pas à les compter moi-même, merci cadencemètre. Il fait gris this morning, la météo prévoit une légère probabilité de pluie. Pour le moment, nous nous en sommes bien sortis, alors prions mes frères et sœurs. Nous reprenons chacun notre rythme dans ce monument de la journée, moi devant, Gaby derrière. Quand j’y pense, cette ascension ressemble à un petit col des Vosges en France, comme il y en a des centaines dans cette région et on n’en fait pas une montagne. C’est donc patiemment que nous grignotons le dénivelé, sûrement moins impressionnant que notre ami Fred dans le Colorado. 




À mi-côte, j’attends mon compagnon pendant 20 minutes, bigre, la journée va être longue, d’autant qu’on est parti plus tard que d’habitude. 



On repart pour terminer le travail, j’atteins le Sherburne Pass à 666 mètres sur mon GPS, le col de Satan. Nouvelle pause de 15 minutes, Gaby arrive lentement mais sûrement. Il est 7h30 et nous n’avons fait que 14 kms, wow record battu. Pas de panique à la Jamaïque, nous rattraperons peut-être le temps perdu, la journée et la nuit nous attendent.




Descente effrénée jusqu’à notre petit déjeuner, un magnifique chalet du General Store de Pittsfield km 29, très grano à l’image du Vermont. Un hamburger déjeuner qui n’a rien à voir avec celui du Mc Do, rien n’est artificiel là dedans, que du vrai, que du bon, miam miam. 



Nous longeons à présent la White River sous quelques gouttes de pluie qui n’ont pas l’air décidées à s’épandre copieusement, tant mieux, pas la peine de sortir le kit de pluie. La route serpente dans la vallée parsemée de courtes côtelettes, nous évoluons à distance l’un de l’autre, chacun dans sa bulle ou plutôt dans sa goutte de pluie. Au bout de 4 jours de vélo, nous sommes passés en mode voyage, notre cerveau l’a bien compris. Il a programmé notre corps pour tenir le coup jusqu’à l’arrivée car il n’y a pas d’autre alternative. Rochester km 47 et son Irving est l’objet d’une nouvelle pause. Gaby explore toutes les toilettes des dépanneurs et autres fastfood visités, il ne peut pas pisser dans la nature comme tout le monde.

La route reprend de l’altitude à mesure que nous nous rapprochons du fameux pont coupé de la première étape. Cette fois-ci, c’est bien indiqué qu’il y a des travaux, on ne peut pas le manquer. Espérons qu’ils n’ont pas fait péter le pont depuis 4 jours. Mais non, heureuse surprise, ils ont même raccordé le parapet à la route, c’est vélo à la main que nous franchissons l’obstacle. 





Un souci de moins, nous quittons temporairement la 100 pour faire un croche par le village de Warren km 78 et visiter son General Store grano du coin. L’intérieur de la boutique et les gens vont vraiment bien ensemble, tout craque, on se croirait revenu une centaine d’années en arrière, pittoresque.



Il faut maintenant mettre le turbo car nous avons donné RV à nos suiveurs à 12h30 à Waterbury au km 108. En fait, le Donkin Donut repéré est au km 123, Jacko va péter un plomb quand il va voir ça, mea culpa. J’essaie de le joindre par FB Messenger mais il est déjà parti de Rutland et il n’y a pas la Wifi partout. Nous réussissons à nous contacter plus loin pour remettre le RV à Stowe, ouf ! Nous repassons devant le motel Golden Lion, pensée émue pour Marielle, we were there 3 months ago. Ça continue à jouer à saute-colline en atteignant Waitsfield km 88 puis Waterbury km 108. Effectivement notre auto suiveuse n’est pas là comme prévu, il est 13h30, nous sommes un peu en retard. Nous reprenons quelques vitamines sur un talus, nous retirons une couche de vêtements, le soleil pointant à nouveau le bout de ses rayons, ça commence à chauffer surtout en montant les côtes. Nous mettons la surmultipliée pour rejoindre Stowe et pourtant nous nous faisons doubler par 2 filles à gros mollets. En guise d’excuse, elles n’ont certainement pas le beau 1000 kms qui s’affiche sur mon odomètre, youpi, dans la poche notre Ultra-Défi.

14h15, voici Stowe km 124, Jack et Alex sont là, la jonction est effectuée au marché machin Shaw’s. Collation, ravito en liquide et solide, on est toujours content de se retrouver, signe que tout va bien. C’est notre dernier point de rencontre de notre périple car après ça, je laisse mes fistons filer vers la frontière puis St Lambert, home sweet home. On se souhaite bonne route car ce n’est qu’un au revoir. Merci Jack et Alex, vous avez formé une magnifique paire qui a contribué à notre succès.

Nous voici donc livrés à nous même pour rallier notre but. Nous enfilons les kilomètres sur la 100 à bonne allure, le vent nous pousse un peu. On ne dirait pas qu’on a un millier de bornes dans les pattes. Nous dépassons Morrisville km 139, Johnson km 151, au loin les averses se déversent sur la montagne, allons nous y échapper, il semble que oui pour l’instant. 




Nous stoppons au Mobil-Subway de Jeffersonville km 166, il est 17h, quelques pouces de soumarin font notre affaire. Je programme les prochaines et dernières pauses, il ne reste plus que St Albans, la frontière et St Cyprien, ça sent la fin. Faut toujours se fixer des mini objectifs plus atteignables, plutôt que de penser à l’étape des 300 kms ou pire, au défi des 1200 kms, don’t think big, sti !

Une fois de plus, nous remettons le métier sur l’ouvrage. Je ne me rappelais plus de cette portion jusque St Albans, my god, comme c’est côteux et casse pattes. Mon corps encaisse l’effort, c’est mon cerveau qui commence à en avoir assez, va falloir que ça achève. Ces montagnes russes durent jusque St Albans km 202 ou je loupe le Donkin du premier jour, erreur d’appréciation. Tant pis, nous sortons de la ville, nous devrons attendre Swanton km 216 pour la pause. Nous trouvons une station service ou je replugue mon GPS en manque d’énergie. Faut dire qu’un Bolt m’a fait faux bond alors faut composer avec ça. Encore un refill alimentaire de plus, nos estomacs sont quand même bien tolérants car tout passe et rien ne rapasse comme dirait le faucon. Il est presque 20h, c’est le temps de sortir le kit nocturne pour notre dernière nuit en amoureux. Mes Cygolite 500 lumens font bien la job, Gaby peut en témoigner car je lui en ai prêtée une durant tout notre périple. J’ai encore 4 batteries de rechange, à 3 heures par batterie, on peut y passer la nuit.

La route s’est maintenant pas mal aplanie, nous roulons sans forcer dans la nuit noire. On se rapproche de notre Québec national en franchissant le lac Champlain km 226 puis carburons jusqu’au poste frontière d’Alburg km 239. Au moment de franchir les douanes, je passe tout droit devant la guérite pensant que c’est juste le poste US et que celui canadien est après. Un gros Qu’est ce que vous faites, me stoppe net ! Je fais marche arrière en me confondant d’excuses auprès de la madame pas contente. Ce geste incontrôlé aurait pu me coûter 5000 dollars, me confie Gaby par la suite. Nous racontons notre périple à la douanière incrédule puis checkons nos cellulaires pour voir s’ils sont repassés sur nos fournisseurs de service préférés. J’ai pris un forfait données pour l’étranger de 100 Mo chez Bell à 20$ et je constate que j’ai consommé 98 Mo. Youpi, je n’aurais pas d’excédent à payer pour 6$ le Mo supplémentaire. Les principales utilisations des données sont l’émission de notre localisation GPS par mon tracker FollowMee ainsi que quelques consultations et posts sur Facebook, pour cela je n’ai pas exagéré.



Nous revoilà en sol québécois, appréciant le bon asphalte qui nous ramène sur la 202 en direction de Lacolle km 253. Sur le banc de la place du village, nous grignotons ce qui nous reste dans nos sacoches. Une petite averse nous tombe dessus en repartant aussi nous nous équipons en pluie, ne sachant si cela va durer. Km 254, je décide de prendre la piste cyclable qui coupe en diagonale les 5 prochains kms, ça va être plus sympa que je me dis, surtout de nuit. Mais au premier croisement, je me plante de direction et me perds un peu, nous retombons rapidement sur nos pattes. Comme quoi, il vaut mieux éviter ce genre d’initiative, et faire toujours confiance à son GPS, surtout la nuit. La pluie a cessé mais nous gardons nos impers pour nous tenir au chaud. Nous remontons plein nord vers Montréal et la banlieue rive sud toute illuminée au loin, ça sent la métropole. Nous roulons au milieu de la route pour éviter les trous et les mottes de terre sur ces chemins de campagne, néanmoins bien asphaltés qu’est le rang St André.

Il est temps d’arriver au Shell de St Cyprien km 271 pour nous envoyer un gros café derrière la cravate, les yeux commençant à baisser pavillon, il est bientôt minuit. Nous sirotons notre Java crème sur la petite table devant la station, en se remémorant tous ces instants de brevet qui se déroulent à cette même place. Mais pour nous, ce n’est pas le début d’un brevet, c’est la fin d’un long périple. Nous touchons presque au but, nous ne réalisons pas encore ce que nous venons d’accomplir. Nous savourons les derniers kilomètres par la route 217, le rang St Marc, St Philippe km 290, la route 104, puis Taschereau km 300. Ils ont même déroulé le beau tapis d’asphalte tout neuf pour effectuer nos derniers hectomètres en vainqueur, c’est formidable. Boulevard Pelletier, la dernière bosse du viaduc de la 10 franchi côte à côte, voici St Lambert km 307 et mon condo de l’avenue d’Isère.

Yessssss !!! On l’a fait, 1209 bornes au compteur. On se congratule chaleureusement, on en pète de joie, toutes les émotions y passent. Dernier cliché des gladiateurs de la route pris par Jack qui nous attendait si tard, il est quand même 1h, pas si mal avec tout ce retard pris dès le matin. 



Nous buvons une petite bière pour célébrer cette réussite puis Gaby remballe son matériel et rentre chez lui. L’aventure est terminée, le MBM 2014 a été complété avec succès. Douche puis dodo, on réalisera demain.


Épilogue

Les 1200 kms du MBM, similaire en dénivelé au PBP, sont passés à travers le corps comme une lettre à la poste ou comme du beurre dans la poêle, pour le côté musculaire. Le seul problème physique constaté fut le mal aux fesses. Je pensais que la selle Brooks résoudrait tous les problèmes de l’arrière train mais il faut aussi compter avec le cuissard qui doit être de bonne qualité. Mes cuissards utilisés étaient des courts, modèle Randonneur de chez MEC, je pense qu’il faut investir dans des modèles ayant fait leur preuve sur longue distance, genre Assos ou Castelli, en modèle bib ou cuissard à bretelle pour un meilleur maintien du chamois. Je vais aussi me préoccuper de la déformation de ma selle en cuir, ma façon de pédaler l’ayant façonnée particulièrement. Je pédale plus fort à gauche, donc le cuir s’est beaucoup plus affaissé de ce côté. Serait-ce une bonne idée de la retendre par l’écrou en bout de selle pour rééquilibrer ? À tester.

Côté mental, tout a bien été également. Je m’étais conditionné pour faire 1200 bornes, donc au bout de 600, je n’étais pas saturé. Faut dire que la journée de repos a fait du bien et qu’il n’y en aura pas au PBP. Les 600 derniers kms seront donc à enchaîner aux 600 premiers, sans pause et avec la fatigue accumulée. C’est ce nouveau palier que j’aurais à franchir avec succès pour la réussite du Paris Brest.

La compagnie de Gabriel a été aussi très bénéfique. Le temps passe plus vite avec les discussions, les jokes, les photos et le soutien moral réciproque, cela aurait été plus dur en solitaire. Il faut aussi compter sur l’aspect sécuritaire de rouler à 2,  cela a certainement causé moins d’anxiété. Côté humain, il parait que le PBP est vraiment exceptionnel. L’accueil des spectateurs, la solidarité des participants amènent une autre dimension à l’évènement. On peut se sentir porter par moment, sensation bien importante quand on sait que le défi est autant mental que physique.

Pour conclure, je pense que ma préparation était bonne. La série des brevets de 200, 300, 400 et 2 fois 600 en 2 semaines jusque fin juin, un mois de juillet pas trop chargé en kilomètres et une bonne semaine de récupération avant le jour J en août, cela devrait faire la job pour réussir mon objectif final, Paris Brest Paris ou nom de code PBP 2015 !