vendredi 1 juillet 2022

Mon Gros 1000 réduit à un Petit 500


Introduction

Au menu cette semaine, le gros morceau de la saison 2022 du CVRQ. Tellement gros qu'on l'appelle le Gros 1000 ! De plus, comme ce brevet part de chez moi à St Lambert, voilà une bonne opportunité pour tester ma carcasse, en vue du PBP 2023. 

La forme est plutôt bonne cette année puisque j'ai accumulé plusieurs brevets, soit  4 de 200 km, 2 de 300 km et 1 de 400 km, avec quelques 5000 bornes au compteur, incluant l'entraînement hivernal. Les douleurs au bas du dos sont supportables à vélo sur des distances d'une journée, ce qui est de bonne augure. Cependant, qu'en sera-t-il sur un raid de plusieurs jours ? Voilà la question à laquelle ce Gros 1000 devrait me donner une réponse.

Un mois avant le départ, le parcours et ses difficultés sont analysés, les 3 étapes pour effectuer le trajet en 75 heures sont planifiées. C'est le temps maxi alloué, je pense prendre toute cette plage pour rendre le brevet moins exigeant. Après tout, je me dis que je pars en voyage pour quelques jours, même si je dois arriver après la limite. 

Les hôtels pour les 2 pauses nocturnes sont réservés, ce sera au motel-restaurant Chavigny à Deschambault ouvert 24-7, puis au Vieux Frontenac de Thetford Mines. Je branche l'ami Gaby pour partager le coût des chambres, il est partant. 

Mon tableau de marche détaillé est établi en prenant soin de repérer les ravitaillements possibles sur le parcours. Il faut tenir compte des heures d'ouverture-fermeture des magasins en fonction de mon horaire de passage prévu. 

Les affaires à emporter pour 3 jours sont préparées. En fonction de la météo, du moment de la journée ou de la nuit, il faudra être équipé en conséquence. J'emporte aussi bon nombre de bébelles électroniques pour recharger les appareils, ainsi que quelques batteries pour les lumières. N'ayant pas de roue avant dynamo pour l'autonomie, je dois avoir assez de réserve pour tenir 3 nuits. Enfin, j'amène un petit sac de couchage Bivi, genre couverture aluminium renforcée, pour effectuer des petites siestes dans la nature, en cas de nécessité.

Tout est enfin prêt pour le grand jour du Gros 1000. Une dizaine d'autres fêlé(e)s de la longue distance se sont inscrit(e)s pour vivre cette aventure, hors du commun des mortels. Je ne serai donc pas seul à partager mes joies et mes souffrances sur ce circuit exigeant. Nous rallierons Montréal à Montmagny, au delà de Québec-City, en passant  à l'aller, par le parc de la Mauricie. Puis nous retournerons au bercail en découvrant les paysages très vallonnés de Chaudières Appalaches, du Centre du Québec puis de l'Estrie. 

Des heures et des jours de plaisir en perspective ! 


Que me réserve ce redoutable Gros 1000 ?


Km 0: Départ de la VM de St Lambert - Vendredi 1er Juillet 

Le RV est fixé à 5h au célèbre stationnement de mon village d'adoption. J'y arrive pour 4h30, bientôt rejoint par Marcus et Gaby, venus à vélo de Montréal. Ils ne sont pas à quelques kilomètres près lorsqu'on décide d'en faire un millier !

Dès potron minet, le reste de la troupe arrive peu à peu. La liste des joyeux partants s'énumère ainsi.

Les 9 fêlés du gros Émile + le photographe !

D'abord, l'extra-terrestre de la bande, mister Carl F, le missile sur 2 roues, toujours à la limite minimum des temps de brevet.

Puis les vieux briscards du club, en phase de préparation pour diverses randonnées à travers le monde. Pour la Trans-Continentale fin juillet, ce sont Marc B et Olivier C. 

Gaby interviewe Olive avant sa TCR

En vue du prochain Londres-Edimbourg-Londres de 1500 km en début août, voici Michel L et Gabriel A. Cela inclus aussi 2 cyclos d'Ottawa, soit une fille JungAh H et son grand-père Peter G, âgé de 73 ans.

Mitch écoute attentivement les conseils de Marcus

Et puis, celle et ceux venus en présélection du PBP 2023, soit Véronique RdM, Michel G et votre narrateur Pascal P.

Gaby interviewe Michel G au sujet de son camion à pneus

Chacun met la dernière touche à sa préparation, puis on se rassemble vers 5h. Marcus donne les dernières consignes du brevet, je prends le cliché souvenir pour nos archives. 

Nos 2 amis d'Ottawa, JungAh et Peter

L'anxiété accumulée les jours précédents due à l'ampleur du défi à réaliser, fait place à la délivrance du départ. Le sort est en jeté, que l'aventure commence !

C'est parti pour le jeu des 1000 bornes !


Km 43: Varennes, Maison de Pierre, pas de pause Paris-Brest 

Côté météo, la miss devrait être de notre côté à l'aller. Un vent d'ouest soutenu est annoncé pour les 3 jours du périple. Quelques passages nuageux avec possibilité d'averses sont probables. La température devrait cependant rester agréable.

C'est donc à vive allure que nous déboulons sur la piste cyclable la Riveraine, celle qui longe le St Laurent sur près de 20 km jusque Varennes. C'est la route que j'emprunte le plus souvent lors de mes entrainements. 

Départ relax sur mes routes d'entrainement

Cette section est très agréable à rouler pour le paysage au bord du fleuve, d'autant plus en l'absence d'auto.

Pas un chat sur la piste en arrivant à Boucherville

La moyenne monte vite aux alentours des 30 km/h, Éole est effectivement dans notre dos. Km 23, Varennes est avalé. 

On papote en filant vent dans le dos

Pas de halte non plus à la pâtisserie de la Maison de Pierre, réputée pour ses Paris-Brest et récemment fréquentée lors du 300 du Centenaire. Pas de regret, il est 6h25, l'ouverture du commerce est à 8h !

Pas de stop pour un Paris-Brest aujourd'hui


Km 81: Contrôle 1 au traversier Sorel-Tracy, à toute vapeur 

Une pause pipi est demandée, pour les hommes, vers le km 50. Ce sera le seul arrêt de cette étape nous emmenant à Sorel. 

L'allure s'accélère encore dans les 20 dernières bornes, Marcus veut prendre le traversier de 8h. Aussi, en avant toute, on frise le 35 à l'heure, belle allure pour commencer un 1000 km ! 

Première étape achevée à 29 de moyenne

Nous terminons la première étape de 81 kilomètres à 29 de moyenne, il est 7h50. Le groupe de 9 arrive au quai d'embarquement, Marcus règle la note pour la majorité du groupe. 

Embarquement des troupes à Sorel-Tracy

Chacun s'installe à l'avant du bateau pour effectuer ses petites affaires. De mon côté, c'est passage aux toilettes, crème de jour, collation tirée de la sacoche. J'ai emmené un délicieux sandwich crudités fromage, acheté la veille dans ma boulangerie préférée, Pains et Saveurs.

Tout le monde est à son affaire pendant la traversée

Pour d'autres, l'arrêt imposé est utilisé pour changer sa garde robe ou bricoler son matose. C'est le cas de JungAh, elle doit changer son pneu arrière magané. Ils ne sont pas trop de 4 pour lui donner un coup de main. Peter, Olive, Mitch et Marcus s'échinent pour remonter le pneu récalcitrant sur la jante. Ils leur faut aussi remettre la cassette qui s'était dévissée lors du démontage de la roue. 

JungAh a décidé de bricoler, démontage pneu et cassette !

Le traversier rejoint l'autre bord du St Laurent à St Ignace de Loyola, débarquement et regroupement. 

Terminus à St Ignace, tout le monde descend

Le groupe des 7 québécois repart, laissant derrière les 2 ontariens, retardés pour on se sait quelle raison. 

Les québécois en pleine action


Km 115: St-Barthélémy, enfin une halte à l'épicerie

Petite boucle sur l'ile St Ignace, histoire d'accumuler du kilométrage, gracieuseté de Marcus. Nous retrouvons la 138 juste pour 3 bornes puis bifurquons à gauche en direction de la Mauricie. Le vent est toujours en notre faveur, on fonce sur les petits rangs de campagne. Nous dépassons un couple à vélo se rendant au Lac St Jean, bonne route les amis.

Bon voyage au Lac St Jean les amis !

Un détour nous fait éviter une route en travaux menant à St Barthélémy. C'est là que nous faisons la première pause ravito. 

Pause relax à St Barthélémy

JungAh et Peter arrivent alors que les québécois sont sur leur départ. 


Km 128: Chemin Guérin, crevaison solo dans la pampa 

C'est reparti avec la troupe. Les premières côtelettes se présentent sous nos roues sur la bien nommée, route du Pied de la Côte. Mes compagnons me distancent déjà. Je n'ai pas envie de forcer sur les pédales pour les rejoindre, il reste encore pas mal de difficultés d'ici ce soir, ce n'est pas le temps de se mettre dans le rouge. Je les laisse donc s'éloigner pour avancer à mon rythme. 

Virage à droite sur le chemin Guérin. Je roule sur le seul gros caillou présent sur mon chemin. Ma roue arrière n'apprécie guère le contact, c'est la crevaison instantanée. Michel G puis les ontariens me dépassent, en me demandant si tout est ok. Je fais le brave et répond que oui. Me voilà bon dernier du troupeau, avec un flat de surcroit.

J'accepte mon sort sans m'énerver. La réparation est vite effectuée pour remettre en route une dizaine de minutes plus tard. Cela s'est passé si vite que je n'ai pas pensé à graver l'instant sur la pellicule. 


Km 159: St Élie, ravito avant une section de no man's land 

Seul à présent, je peux rouler comme bon me semble, avec un sympathique vent arrière. C'est plutôt facile. Au croisement de la 348, un peloton de cyclos encadré par des autos d'assistance, file à toute vitesse vers le nord. Je traverse Ste Ursule, poursuivant mon chemin. 

Au km 139, j'aperçois 2 cyclos au loin, ce sont JungAh et Peter. Je me force un peu pour les rejoindre, ce qui est fait en arrivant vers Ste Angèle de Piedmont. 

Je recolle aux ontariens après la crevaison

Je me repose en prenant leur sillage. Ensemble, nous traversons St Paulin, quelques vilains nuages s'accumulent au dessus de nos têtes. 

En traversant St Paulin, souvenir du 300

Nous retrouvons une route connue, effectuée lors du 300 vers la Mauricie. Celle-ci nous emmène jusque Ste Élie de Caxton, le village à histoires de Fred Pellerin. À l'alimentation Audet, nous apercevons tous nos compagnons attablés, bien occupés à se remplir la panse. Quelques gouttes de pluie font leur apparition. 

Regroupement autour de la petite Molle à Marcus

Je file me chercher 2 bananes et un coke, je regonfle le pneu arrière avec ma petite pompe à 50 psi de pression, c'est le plus que je peux faire. Comme mes acolytes se préparent à repartir, je me presse pour reprendre le train avec eux.

Attendez-moi les amis !


Km 182: Contrôle 2 à l'entrée du Parc de la Mauricie, vive les côtelettes

Peter et JungAh ayant décollés quelques minutes avant les autres, nous forçons pour les rattraper. La route 351 s'amuse à monter et descendre à répétition, une pluie récente a mouillé le pavé. Il faut faire attention sur les accotements sablonneux au passage des autos.

À saute-colline sur la 351

Nous atteignons St Mathieu, dernier endroit de ravito avant la nature sauvage du parc. Encore quelques mini grimpettes, puis la gang arrive à l'accueil du parc fédéral, point d'entrée normalement payant. Comme aujourd'hui c'est le 1er juillet, fête du Canada, c'est gratos pour tout le monde, yeah !

Entrée du Parc fédéral de la Mauricie, c'est gratos le 1er juillet

C'est aussi le deuxième contrôle du brevet, JungAh autographie ma carte d'un joli smiley, il est 13h15. Nous sommes à nouveau au complet, avec 9 cyclos rassemblés. Chacun s'agite pour faire le plein d'eau avant la traversée du désert. Surtout pour le festival de côtelettes qui se profile. Je me sustente d'une banane pour remettre un peu d'énergie dans le body. 

Dernier ravito avant l'enfer du parc

1500 mètres de dénivelé sont prévus jusqu'au prochain checkpoint, soit dans 113 bornes, ça va chauffer les amis. D'autant que le soleil sort ses plus beaux rayons alors qu'il est à son zénith. La troupe quitte les lieux sans crier gare, je suis surpris. Je pars le dernier en compagnie de Gaby. Anyway, cela ne change pas grand chose à l'ordre du peloton, étant tous les deux les plus lents dans les bosses. 


Km 206: Faces de singe, lacs et mouches à chevreuils

Il va falloir parcourir 60 kilomètres dans ce parc de la Mauricie, réputé pour son bel asphalte ... et surtout pour sa succession d'escalades. Mon Garmin m'annonce la première montée, sur les neuf prévues. Glurps, va falloir être à la hauteur du défi.

Seulement 9 montées sont recensées

Ma hantise n'est pas les grimpettes mais les mouches à chevreuil qui ne tardent pas à s'inviter dans le décor. Lorsqu'on monte à faible allure, ces bestioles se font un plaisir de nous escorter, en croquant un bout d'épiderme lorsqu'elles en ont l'occasion. Il faut rester zen et prendre son mal en patience.

Dans les premières côtes, je suis encore en contact avec Gaby. Mais dans les descentes, il me largue inévitablement, je le perds de vue. Une bonne descente me ramène au niveau du lac Wapizagonke, j'y fais une pause banane en prenant des clichés. Heureusement, aucun insecte ne vient me déranger. 

Paysage bucolique au milieu des bosses et des mouches


Km 243: Sortie du Parc de la Mauricie, solo, sain et sauf

Je continue mon chemin de croix dans les côtelettes, il faut rester focus et les négocier les unes après les autres. Dans la plus longue indiquée par le GPS, soit 4 km et 200 mètres de D+, je rejoins Gaby. Il me dit souffrir du genou droit, il serre les dents et continue. 

Jeu de l'élastique avec Gaby

Dans la descente qui s'en suit, bye bye Gaby. Je ne tente même pas de le suivre. Doucement mais sûrement, je veux sortir sain et sauf de ce toboggan infernal. Je me remémore le Défi du Parc effectué il y a quelques années. Le challenge consistait à exécuter l'aller retour sur ce parcours du parc, soit 110 km de plaisir chronométré. Il faut dire que nous le faisions avec des vélos allégés au maximum, pas chargé comme un baudet. C'était l'époque ou j'étais un peu plus en forme !

Que de défi dans le parc de la Mauricie

La dernière bosse recensée se présente, youpi. Je la savoure avec plaisir. Je franchis la guérite de sortie du parc Canada. Il ne me reste plus qu'à rejoindre le McDo de Grand Mère, point de ravito prévu par le groupe. 


Km 258: McDo de Grand-Mère, dernier contact avec la gang 

La route prend la direction sud, ce qui est moins cool car le vent me barre la route. Il me faut appuyer sur les pédales sur le plat, plus fortement dans les petits faux-plats. Crotte alors. Je dépasse St Jean des Piles, je retrouve des endroits de villégiature autrefois fréquentés, l'Auberge Cadorette, aux Berges du St Maurice, rivière toute proche, souvenirs d'hiver et d'automne.

J'aperçois au loin Gaby, ahanant dans une énième côtelette, avant de rejoindre la banlieue de Shawinigan. Quelques kilomètres plus loin, le McDo salvateur est enfin atteint. Je suis affamé. Toute la gang est là, à finir de se sustenter. Je les salue, tout en sachant que je ne repartirais pas avec eux, je suis trop en retard. Pourtant, il n'est que 17h30, j'ai 2 heures d'avance sur mon plan de match. Alors pourquoi paniquer. 

Collation solitaire pour un randonneur affamé 

Je commande mon repas à la borne avec écran tactile. Je fais le plein de mon Camelbak, puis m'attable en compagnie de Peter et JungAh, encore présents. Je m'enfile la moitié d'un trio burger frite coke, l'autre moitié sera stockée dans ma sacoche pour palier l'éventuel manque de ravitaillement. 

Les québécois se font la malle pendant mon repas, on se reverra peut-être à l'étape du Chavigny. Les 2 ontariens repartent un peu plus tard, Peter me confirme que les autres sont too fast pour eux, ils préfèrent rouler à leur rythme. Bon ben, je ne suis pas le seul à le penser, je devrais peut-être aller rouler en Ontario.

Dernière vision de mes compagnons pour aujourd'hui

Je termine mon repas, je range le surplus dans ma sacoche, je me ré-équipe. On the road again, destination le prochain checkpoint dans 37 bornes.


Km 295: Contrôle 3 de Ste Thècle, solitude et arc-en-ciel 

La sortie de Grand-Mère s'effectue par un pont en ferraille enjambant le St Maurice, prudence. 

Passage délicat sur le St Maurice

Les gros nuages gris ne semblent plus vouloir plaisanter, quelques uns ont déjà mouillés la route avant mon passage.

Qu'il ferait bon farnienter sur un bateau ponton

C'est une succession d'embranchement et de changement de direction pour trouver mon chemin. Heureusement que mon Garmin est sur le qui-vive. Le ciel devient de plus en plus menaçant.

Les animaux nullement inquiets sous les gros nuages

Au km 280, je déboule sur la 153 et son célèbre village western de St Tite. Une photo s'impose devant la pancarte de rodéo, hiha !

Hi Ha, St Tite et son festival ... western !

Quelques gouttes de pluie s'abattent en traversant le village mais rien de bien méchant. Je retrouve bientôt les petites routes vallonées d'une paisible campagne, baignée à nouveau par un soleil éclatant. Un arc-en-ciel complet apparait sur fond de nuages bien menaçants, je suis aux anges ! 

Magnifique arc dans le ciel

Encore quelques coups de pédales, me voici au 3ème checkpoint du Bonisoir de Ste Thècle, juste en face l'église, il est 19h30.

Ravito en face de l'église de Ste Thècle

La jeune fille du dépanneur m'annonce que j'ai manqué le groupe pour quelques minutes, c'est bien dommage. Je refais le plein de liquide en prévision de la tombée de la nuit imminente, synonyme de fermeture des magasins. La moitié de burger et les frites du McDo de ma Grand-Mère sont engloutis, le coke aussi. Je stocke un Perrier dans la sacoche.

J'ai manqué mes amis de quelques minutes

Puis je tire ma révérence de ce charmant patelin, ou quelques jeunes font des parades nuptiales. Les filles se promènent sur le trottoir tandis que les gars font vrombir leur bolide sur la rue.


Km 327: St Ubalde by night, noirceur et pause chausson 

La température est encore agréable au superbe coucher de soleil. J'ai juste remis mon baudrier de PBP pour signaler ma présence aux autres usagers de la route. J'ai aussi allumé mes lumières pour voir et être vu. 

L'astre solaire va bientôt disparaitre à cause de la rotation de la Terre

Le parcours nous emmène découvrir le lac des Sables et son dépanneur encore ouvert. 

Le soleil s'embrase au Lac des Sables

Je continue de m'enfoncer dans la noirceur par la 363, peu encombrée en cette fin de journée. Le vent de sud a pas mal faibli, ce que rend ma progression plus facile. Je retourne dans ma bulle de randonneur solitaire, avec la nature et ma musique pour seules complices.

J'atteins St Ubalde, je me suis fixé un arrêt intermédiaire à l'épicerie du coin, close comme prévu. Pause chausson pour reprendre de l'énergie. Je ne me couvre ni les bras, ni les jambes, trouvant l'air ambiant encore très agréable.

Restes de collation au dépanneur fermé de St Ubalde

Km 358: Contrôle 4, dodo au motel Chavigny de Deschambault  

Encore une trentaine de bornes de raid nocturne, il faut rester concentré. La chaussée est encore un peu humide, ce ne serait pas le temps d'avoir un flat ou autre ennui mécanique. Je dois avaler l'angoisse de me retrouver dans une situation à risque. C'est pour cela que je n'aime plus rouler seul de nuit. C'est se mettre une difficulté supplémentaire dans les affres d'un brevet. 

Les lueurs de St Casimir me rassurent. Nous y étions passés au 1000 du Coureurs des Bois de 2018, organisé par les Randonneurs Ontario. Cela donne un goût de déjà vu et me donne de l'énergie pour terminer l'étape. 

Quelques longueurs en direction de Grondines, puis le 2ème rang Est. Voici qu'apparaît l'oasis éclairé de la 40. Quelques commerces y sont placés pour accueillir les touristes de passage, Tim, Normandin, Esso et surtout le motel-restaurant Chavigny ouvert 24-7.

Peu après 23h, je m'enregistre à l'accueil ou la charmante dame me confirme que mon compagnon de dodo est déjà arrivé. Je retrouve donc Gaby à la chambre 104, il s'apprêtait à se mettre au lit. Lui et sa gang sont arrivés une heure plus tôt. Marcus a même pris une bière avant de se coucher.

Sans faire trop de bruit, ni de lumière, je mets en place ma routine de nuit d'une étape de vélo. Recharge de tous les appareils électroniques sur de multiples prises, douche réparatrice pour tenter d'effacer les douleurs de 350 bornes de pédalage. Enfin petite collation pour remettre un peu de fuel dans les muscles avant de dormir. 

Arrivée dans la chambre 104 du Chavigny

Le cadran est mis pour 4h30, ce qui me fera une nuit d'à peine 5 heures, le gros luxe pour la première étape de ce gros 1000. Gaby me signale que son groupe pense se lever plus tôt. Ce n'est pas dans mes plans de repartir avec eux et surtout pas à leur vitesse. Je vais donc prendre ça relax pour demain, on verra ben ! Tout dépendra de mon état physique au réveil. 

Gaby m'a encore distancé dans les bras de Morphée

Alors, bonne nuit les amis, faites de beaux rêves !


Km 390: Pont-Rouge, pause pain doré au sirop de poteau  

Vers 3h30, Gaby s'agite déjà dans la pièce, il va prendre son tit déj. Leur groupe  composé de Marcus, Olive, les 2 Michel, Véro, JungAh et lui se remet en selle vers 4h15. C'est l'heure ou je me lève pour un copieux déjeuner à l'excellent resto 24-7 Chavigny, à recommander ! Une bonne cassolette patates bacon avec 2 œufs me remplit l'estomac.

Copieux déjeuner à l'aube du 2ème jour

Je rencontre Peter, il n'est pas parti avec les autres, ayant un peu souffert hier physiquement. Il pense rejoindre Thetford Mines au plus court, pour profiter de sa chambre d'hôtel déjà réservée. De mon côté, je ne sais pas encore ce que je vais faire, tout dépendra de ma forme et de mon envie de rouler en solo. 

Le Chavigny 24-7 est à recommander pour les randonneurs

Pour 5h30, je suis prêt pour la 5ème étape de ce gros 1000. Tout est ré harnaché sur le vélo, le cuissard et maillot ont été partiellement lavés pour me sentir frais comme une rose. Je quitte ce havre de villégiature au petit matin, il fait jour à cette heure, cela fait bien mon affaire. 145 kilomètres me séparent du prochain checkpoint de Montmagny. 

Prêt pour un nouveau départ

Les premiers coups de pédale sont un peu raides, le popotin tente de se refaire une place sur la selle de cuir. Au bout de 2 km, je retrouve déjà le fleuve et la 138. Je vais longer ses eaux tranquilles pendant une dizaine de bornes, traversant Deschambault puis Portneuf. 

Les eaux du fleuve au petit matin

Encore des souvenirs dans ces villages maintes fois traversés, lors d'innombrables Montréal-Québec. Notamment celui de 2020 avec mon fiston ou nous y avions fait étape, séquence nostalgie.

Malheureusement la platitude du fleuve s'achève ici. Il faut reprendre une grimpette pour remonter sur le balcon du St Laurent. Je mouline paisiblement dans une nature baignée d'une lumière matinale. 

Mon chemin de croix continue poussé par le vent

Vers 7h, voici Pont-Rouge. Je me cherche un endroit sympathique pour déguster mon premier pain doré au sirop de poteau, bonne idée d'emporter ces friandises sucrés du Chavigny !

Première pause pain doré à Pont Rouge


Km 424: Cap-Rouge, 2ème pause pain doré avant le coup de cul 

Je repars rechargé en glucides, commençant à réfléchir à ma journée de vélo. Vais-je aller jusqu'au terme de cette 2ème étape ? Le vent est toujours d'ouest, il va donc me pousser jusque Ste Marie, encore distant de 100 kilomètres. Après ça, la forte brise sera de face, les côtes abruptes vont me barrer le passage et la nuit va être à négocier pour atteindre Thetford Mines. 

Ce n'est pas bon pour le moral, descendu au plus bas dans les chaussettes. Et si je craque physiquement, aurais-je le fameux mental pour reprendre le dessus ? C'est loin d'être le cas en ce moment de doute. 

Pour l'heure, je continue ma progression parmi les collines. St Augustin de Desmaures est dépassé, belle descente pour rejoindre les abords du fleuve. Je traverse le campus de Notre Dame de Foy ou un dodo était envisageable par Marcus au km 417. Je me suis promis une nouvelle pause pain doré à Cap-Rouge, à la station Esso situé sous le pont de chemin de fer. Cet endroit m'a toujours impressionné, il est surtout bienvenu avec la sévère côtelette à venir.

Deuxième pause pain doré à Cap Rouge


Km 438: St Romuald, appel à mon assistance de St Jean 

Je remets en route en saluant Jacques Cartier, un des pionniers de la place. 

Rencontre avec un de mes lointains compatriotes

La côtelette est montée avec aisance sur le trottoir, pour ne pas gêner les autos. Quatre bourgeois, Chemin St Louis et le vieux pont de Québec est franchi. Ce passage fait toujours l'objet d'un cliché souvenir, ça ne manque pas à la règle ! 

Pour en finir avec vos échecs, pont de Québec !

Je retrouve des lieux bien connus puisque de nombreuses fois parcourus avec mon fiston Alex qui habite non loin de là, à St Jean Chrysostome. La route longeant le fleuve côté rive sud, est très appréciée des cyclos locaux. La vue est imprenable sur la ville de Québec et son célèbre Château Frontenac. Avec cette belle température, cela en fait une promenade de premier choix.

Belle journée pour se balader le long du fleuve

À St Romuald, je m'arrête dans un parc, juste avant de commencer la piste cyclable, il est 10h. Je sirote un Perrier avec un chausson McDo de la veille. Je dégaine mon cellulaire et appelle mon assistance toute proche de St Jean. Je préviens qu'il va falloir venir me chercher aujourd'hui, quelque part aux alentours de Montmagny ou de Ste Marie. Tout dépendra de ma volonté de m'accrocher ou pas. 

Pause chausson et appel assistance à St Romuald


Km 459: Beaumont, ravito relax, plus de stress 

Maintenant plus relax sur la suite de ce brevet, je prends plaisir à pédaler plein est, toujours avec un vent soutenu dans le dos. Je dépasse le traversier de Lévis, lieu de festivités, rempli de monde. 

C'est la fête de l'autre bord du Château Frontenac

J'en termine avec la piste cyclable et roule maintenant sur la 132. Il fait maintenant bien chaud sur cette route achalandée et chauffée par les autos. 

Sur la 132 Est surchauffée

Le vent de dos n'aide pas à la ventilation. Nouvelle pause dans une épicerie de Beaumont pour m'alimenter avec une salade de pâtes aux olives, agrémentée de raisins avec fromage. 

Un dernier ravito santé à l'ombre des cocotiers


Km 503: Contrôle 503 de Montmagny, fin du demi Gros 1000 !

Plus de stress à présent, j'apprécie les kilomètres restants me menant à Montmagny. Je vais rejoindre le contrôle 5, prévu au Shell, de l'autre côté du village, histoire de pointer une dernière fois ma carte. Il est 13h50, fin du brevet. 

Contrôle final du Petit 500 à Montmagny

Je n'irai pas découvrir les côtelettes se dressant vers le sud, au delà des monts. Je ne gouterai pas aux rafales de vent, contraire à ma progression. Je ne prendrai pas le risque de rouler seul de nuit, à la merci d'un ennui quelconque, mettant ma santé et peut-être ma vie en péril. 

C'est bien dommage pour moi.

Le Gros 1000 s'arrête ici, en Petit 500 !

Fusion des 5 étapes pour un raid de 500 bornes


Conclusion  

Je retourne au McDo de la 132, lieu de RV avec mon équipe d'assistance. Rangement des affaires de vélo dans les sacoches, rafraichissement et changement d'habits aux toilettes du fast food. Alex et Véro ne tardent pas à me rejoindre. Nous commandons un repas pour célébrer mon abandon, et les 500 bornes, tout de même effectuées. Je n'ai pas de regret à arrêter ici, je n'étais pas très motivé pour continuer. 

Tout échec est bon à analyser pour mieux se relancer pour la suite des projets. Premier constat, je me suis retrouvé seul car pas assez fort pour suivre les autres sans me mettre dans le rouge. Mon vélo était-il trop chargé pour ce parcours vraiment exigeant ? Je réalise que je n'ai même pas utilisé la moitié des affaires emportées. Étais-je suffisamment préparé pour être relever ce défi comportant cet imposant dénivelé ? J'ai pourtant participé à de nombreux brevets cette saison, accumulant plus de 5000 kilomètres. Ai-je encore envie de me mettre en situation périlleuse, comme rouler seul de nuit sur des routes inconnues et vallonées ? 

C'est un peu de tout cela qui m'a fait arrêter aujourd'hui. Je continue cependant à adorer le vélo de randonnée. Il y aura d'autres brevets cette année, avec d'autres difficultés, avec d'autres personnes à y participer. Il faudra à nouveau négocier ces paramètres, et m'y adapter. 

Paris-Brest-Paris reste un objectif pour 2023. Faire partie de cette belle fête du vélo, avec ces milliers de randonneurs venus du monde entier, me remplit d'admiration. Alors, y participer à nouveau sera un bel accomplissement dans ma vie. Le terminer, même hors délai, sera mon exploit à réaliser. 

À présent, deux semaines de congés commencent pour moi et Alex. Youpi, la vie est belle ! Il faut profiter de chaque instant de notre existence. Nous ferons sûrement du vélo pendant cette période, avec un Montréal-Québec, en une seule étape, en cette année 2022. Pour information, nous l'avions fait en 3 étapes en 2020, puis en 2 étapes en 2021. C'est la suite logique.

Je veux montrer à fiston qu'il faut se fixer des objectifs. Et tenter de les réussir. 

Même si l'échec fait aussi partie de l'expérience !

À bientôt pour de nouvelles aventures.

Une nouvelle aventure se prépare pour les Philippe ...


4 commentaires:

  1. Respect Pascal. Au plaisir de mouliner avec toi à la Populaire. Marcus

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  2. Super beau recit, plein d'humilité et uen réelle lecon de vie
    Bravo pour ton engagement et ton partage sincère. Fred

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    1. Merci Fred.
      Notre pratique n'est pas toujours facile.
      Malgré les échecs, on se remet toujours en selle.
      C'est sans doute parce que nous sommes des passionnés de notre sport !

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