samedi 9 septembre 2017

Pas chanceux, encore un brevet à la chasse

Des ambitions pour ce 200

Après ma mésaventure du populaire de la semaine passée, je suis bien décidé à conjurer le mauvais sort et prendre ma revanche pour ce dernier brevet de 200 km de la saison. Comme je me sens plutôt bien sur le vélo ces dernières semaines, je décide même de placer la barre un peu plus haut. En effet, je veux battre mon temps sur ce 200 nouvelle formule, soit 8h48 réalisé en Avril de cette année. Je l'avais pourtant bien commencé mais je fus fortement ralenti sur la fin à cause d'un vent à écorner les bœufs et pas de gruppetto pour rentrer abrité. J'ai donc établi mon plan de match à moins de 8h30 pour une moyenne de 26 avec 40 minutes maxi de pause. Ou encore mieux, à moins de 8h15 avec une moyenne de 27, il est permis de rêver un peu. 

Pour y arriver, je compte bien sucer quelques roues, bien planqué dans un paquet de grosses cylindrées afin de m'économiser le plus possible et terminer en force. Il ne faut cependant pas oublier que ce 200 comporte 2 ascensions de la Covey Hill, ce qui pour moi, fait baisser la moyenne considérablement. Il me faudra donc engranger de l'avance sur la moyenne avant les côtes, et peut-être après, s'il me reste du jus dans le réservoir. Reste à analyser les conditions météo. Pour samedi, il est prévu une température fraîche avec un vent modéré entre 10 et 15 km-h, malheureusement orienté Nord Nord-Ouest, ce qui est moins bon car défavorable pour le final sur environ 50 bornes. C'est toujours mieux d'avoir ce bon vieil ami d'Éole pour terminer, ça casse moins les pattes ainsi que le moral. Quoi de plus énervant que de voir sa moyenne baisser quand le vent est contraire ! 

2 ascensions de Covey Hill


Me voilà donc au départ de ce dernier RV du CVRM. Je ne suis pas à la bourre cette fois, j'ai pris soin de venir à vélo et d'éviter ainsi les problèmes de char. Douze amis mongols sont également de la partie en ce samedi 9 Septembre. Parmi eux, bon nombre que je connais bien et qui pourraient m'aider à atteindre mon objectif gardé secret. Il n'y aura pas Fred, ayant décommandé au dernier moment pour cause de fièvre, donc pas de fusée éclairante en tête de peloton. Anyway il ne m'aurait servi à rien car il roule trop vite. Je retrouve les gros bras ou plutôt les gros mollets du club, voilà Yvon (Ultra Défi 1000 km il y a un mois), Martin L, Olivier C et Marc (Granite Anvil 1200 km il y a 2 semaines), Michel du club Vélo Passion, nouvelle recrue sur les brevets qui roule très fort et très bien. Il y a aussi Jean, notre choix du président accompagné d'un de ses amis Patrick Gervais. Il y a surtout Carl Fréchette, une autre fusée à tête chercheuse de parcours car il s'égare de temps en temps. Pour finir la brochette de cyclos, je retrouve mon ami et fidèle Gaby, Robert Lafrance qui avait chuté lourdement il y a quelques années à cause d'une craque lors d'un 300 pluvieux, le mexicain Manuel, déjà présent au Pop et enfin un néophyte des brevets, il en faut toujours un. C'est Gigi Burchiani, peut-être un italien mais pas sûr, il est moins bien équipé pour la performance mais on peut être surpris. En invité surprise, David est venu se joindre à la gang avec son vélo Marinoni acheté d'occasion pour 500 pièces. Pour être complet, Marc est accompagné de son inséparable Romain, toujours à ses côtés, ils feront juste un petit tour de courtoisie avec nous avant de rentrer à la base pour le brunch. 

7 heures, tout le monde se rassemble pour l'inévitable photo de groupe, photo fantôme puisqu'elle n'apparaît même plus sur le site vieillot du CVRM. Mais que fait Jean avec cette photo, pour ses archives personnelles peut-être ? Pas une femme dans le groupe et pourtant ça jacasse comme des pipelettes, personne n'est décidé à donner le premier coup de pédale alors j'ouvre les hostilités. Il est déjà 7h02, c'est que j'ai un record à battre moi et chaque minute compte. Je démarre pourtant en douceur car papotant à mon tour avec Dave puis Gaby. Olivier, Martin et Michel trouvent que ça ne roule pas assez vite à leur goût, ils passent devant, nous les suivons à distance ainsi que le reste de la troupe. Les conditions sont humides, une légère pluie a terminé de tomber peu avant notre départ, il fait 12 degrés. Avec cette température, ce n'est pas prêt de sécher m'a prévenu l'ami Yvon. Le vent est bien de Nord, aussi il faut en profiter pour prendre de l'avance sur l'horaire. De plus, en peloton, ça devrait rouler à bonne allure sans trop forcer, cela s'annonce de bonne augure pour une performance. 

Exit Victoria et Provencher, voilà Taschereau qui défile sous nos roues. Soudain, l'instant se cristallise au km 12. J'entends un petit bruit provenant de ma roue avant, un objet contondant vient de s'enficher dans mon pneu. Je passe ma main pour vite l'extraire mais le mal est fait. Pschhhiiiiiittttttt, c'est un flat ! Fait chier, traduire, chus en tabarnak. J'observe mes compagnons défiler devant moi, d'un air dubitatif. Bien sûr, personne ne s'arrête, c'est la dure loi des brevets, Dieu pour tous et chacun pour soi ! Ou plutôt, un pour tous et tous pourris ! Ça commence bien mal quand on veut se battre contre le chronomètre. D'autant que je vais être obligé de rouler seul et fort pour garder l'espoir d'en rattraper quelques uns. Je me débats donc avec cette putain de crevaison, m'écorchant les doigts sur les rayons acérés de cette putain de roue Campagnolo, y a du sang partout. Je prends soin de vérifier qu'il n'y a pas d'autres saloperies dans le pneu, je remonte avec mes démonte-pneu, chose qu'il ne faut jamais faire au risque de pincer la chambre. Mais c'est trop dur à remettre et j'ai pas le temps de niaiser. Je profite de cette pause inopinée pour délester ma vessie puis je repars enfin. Une bonne quinzaine de minutes et quelques gouttes d'hémoglobine se sont écoulés. J'essaie de me re-motiver, pas évident quand c'est la 2ème fois en 2 semaines que je commence un brevet solo, en dernière position et à la poursuite de mes compagnons. La chasse est de nouveau ouverte. 

Je quitte Taschereau la maudite, déboule dans Candiac, à gauche Montée Monette, à droite sur la 217, tout en faisant crisser mes pneus, il est énervé l'animal. Me voilà en campagne avec vue dégagée, personne devant comme de bien entendu, je prends un rythme pas trop vite, ni trop lent, genre 27 à l'heure. Le vent est favorable mais pas très fort alors c'est pas la grosse vitesse de croisière espérée. Les autres en peloton doivent s'en donner à coeur joie et rouler plus vite que moi. Aussi ce n'est pas gagné pour les revoir au prochain contrôle de St Cyprien. Après 1h54 moins 17 minutes de pit stop, j'atteins le checkpoint du Shell, km 43. 

Il ne reste qu'un vélo à la station, c'est le Marinoni bleu de Dave. En 4 minutes chrono, je fais signer mon carnet, avale une banane, remets de l'air dans le pneu avant pas assez regonflé puis pars à la poursuite de mon albertain préféré qui vient de repartir. Sans peine, je le rejoins, il n'a pas l'air dans son assiette, le pauvre tousse et ne se sent pas bien. Nous roulons ensemble sur la 217 pendant quelques kilomètres tout en discutant, ma moyenne baisse un peu mais sa compagnie me fait du bien. Nous atteignons la Montée Guay soit le point extrême sud du parcours, km 63. Mon compagnon de fortune va se reposer et pense abandonner le brevet. Sur sa ride Strava, il écrira : Malade, mal ajusté, mal habillé, 140 km au lieu de 200. Zut alors, j'étais plus le dernier mais je le suis à nouveau suite à cette défection. 

Je continue ma chevauchée solitaire à travers le toboggan de montées et descentes qui longe la frontière. C'est dans ce secteur, sur le chemin Roxham, que les migrants des pays défavorisés passent au Québec, quelques milliers en quelques semaines récemment, O Canada, terre d'accueil. Dans cette portion côteuse du brevet, la moyenne en prend un coup. Déjà qu'elle n'était pas bien élevée et ça ne devrait pas s'améliorer jusqu'au km 130, après la 2ème ascension de la Covey Hill. Je reprends des forces en absorbant mes friandises libanaises et à la noix de coco achetées à la Prep du 1000 de la Gauchetière, des petites boules d'énergie toujours bien appréciées. 

Une pluie soudaine et passagère se déverse pendant quelques minutes, sacrebleu, ce n'était pas prévu au programme. Je n'ai pas emporté mon kit de pluie alors je subis l'averse, pas le choix. Km 83, le grain passe. J'aperçois au loin 2 cyclos dodelinant et peinant dans les côtelettes à répétition. Je reconnais Gaby puis Manuel alors que la CH se profile dans les 10 prochains kilomètres. J'ingurgite un gel de potion magique puis fonds sur mes 2 congénères. Je rattrape Gabriel qui me demande au passage de lui prendre un sandwich au prochain contrôle, des fois qu'il n'y en aurait plus à son arrivée. Ok, lui dis-je, alors que je m'éloigne déjà. Peu après, je dépasse l'ami Speedy Manuel qui a l'air de peiner dans ce relief hostile, je l'encourage en le doublant. 

Yes !!! Je ne suis plus le dernier de la ride. Cela me donne du peps et je fonce vers la Covey Hill, la fleur au fusil, le couteau entre les dents, bref la fleur entre les dents. Voici le camping-golf du Domaine Enchanté, j'amorce la grimpette de 2,6 km, 158 mètres d'ascension a 6%, c'est le segment Covey Hill de Strava. Ce ne sera pas mon meilleur temps mais ce n'est pas pire, je fais ce que je pneu, je me secoue les tripes. Puis c'est la douce descente qui sera remontée tout à l'heure. Cette route est de plus en plus maganée, il n'est pas bon de rouler trop à droite, heureusement qu'il y a peu d'auto par ici. J'arrive à Doréa, lieu lugubre avec son orphelinat désaffecté. Je ne fais pas de tourisme et m'enfuis dans la belle glissade de la 209. Quelques bifurcations plus loin, j'enquille la ligne droite de la 202 menant au 2ème contrôle de Franklin, km 113. 

 Youpi, tout le peloton est là, j'aurais donc repris mon retard. Malheureusement ma joie est de courte durée. À peine le temps de raconter à Jean mon flat de début de brevet, d'acheter un sandwich et un jus, de faire puncher ma carte, d'échanger quelques mots avec Carl qui se pose des questions existentielles, que le groupe des cadors repart, soit 8 cyclos d'un coup. Et merde. Faut dire qu'ils étaient là depuis une demie heure à se sustenter et se reposer. Dommage pour me faire tracter par ces locomotives, ce sera pour une autre fois. Adieu record, ça sent de plus en plus le roussi. Ma moyenne tourne aux alentours de 25 et avec le vent annoncé de Nord au retour, ça devient mission impossible. Un seul vélo est resté accoté, c'est celui de Gigi qui traîne dans les parages mais que je n'aperçois pas. Encore un de rattrapé en tout cas, ça m'en fait 4 depuis ma crevaison, petite satisfaction. Je mange goulument mes tranches de pain au jambon, ingurgite mon V8 aux légumes, soulage ma vessie et repars avant l'arrivée de Gaby et Manuel. Je ne lui ai pas acheté son sandwich car il en restait pas mal dans le frigo. 10 minutes chrono pour cette pause, je bats des records de ce côté. Je gagne effectivement du temps mais le corps peut moins se reposer, est-ce une bonne stratégie ? 

Je repars par la côtelette de la face Est de la montée Covey Hill, petit coup de cul puis ça monte en faux plat jusqu'au relais, pas très dur mais pas très roulant non plus. Puis c'est la vertigineuse descente vers le Domaine Echanté, bis repetita, il ne faut pas manquer le virage à gauche sur la 203, km 127. Ça continue en faux plat favorable jusqu'à Cowan puis direction ouest. Comme le vent est Nord-Ouest, je suis poussé légèrement, peut être que je peux remonter la moyenne. Mais les pauses restreintes commencent à se faire sentir, y a de la lassitude dans les jambonneaux. Je prends donc ça relax d'autant que bientôt je vais reprendre la direction Nord sur la 219 ou Éole m'attend au tournant. En effet, km 150, il me reste 8 bornes jusqu'au contrôle de Sherrington, la progression est plus pénible. Sur ce tronçon de 45 bornes, je fais une moyenne de 25 alors que les autres en groupe doivent avoir rouler à 28 ou plus avec la locomotive Fréchette d'argent. 

Voici le dépanneur Bon Jovy, sanctuaire du checkpoint, il y a encore un vélo, c'est celui de Robert Lafrance, c'est au moins ça. Pointage, casse-croûte et jus vite achetés, le petit gars de l'épicerie me pose plein de questions, c'est bien d'être curieux mon ami mais chus pressé d'aller relaxer. Je m'assois contre le mur pour déguster ma pitance-breuvage et reposer mes biscottos endoloris. Roberto est reparti, il a été rejeté par les bolides, lâché solo dans la nature et le vent, pas de pitié. Peut être le reverrai-je ? Après 12 minutes montre en main, je rembarque sur mon bécyk, dernière ligne droite éventée de 45 kilos jusqu'à St Lambert. Je ne crois plus à mon record mais je file tout de même, pas envie de me faire rattraper par d'autres en arrière. Je sais par expérience que Gaby peut finir fort sur le plat et malgré le vent. 221 Nord jusque St Édouard, un petit zéphyr pleine poire, je roule au ralenti, écœuré. 

Qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y avait pas de vent, comme semble le prétendre Jean dans son commentaire sur le site du CVRM : Pratiquement pas de vent ! Et il rajoute : Merci à Carl qui nous a tiré tout le retour ! Forcément, bien planqué derrière une moto, on ressent moins le souffle d'air dans la face mais plutôt l'aspiration. Car Carl a une toute autre impression des conditions atmosphériques du moment, comme il le commente dans son parcours Strava : Vent de partout et averses ! Morale de l'histoire, ne pas trop se fier à Jean pour le rapport météo. Car avec lui, il ne vente presque jamais et la pluie ne mouille même pas. 

Montée du Moulin et Rang St André, ça ne s'arrange pas. Je rassemble mes dernières forces en atteignant Taschereau, km 191. Je repasse à l'endroit de ma crevaison, là où j'ai scellé mon sort il y a presque 8 heures. Je rattrape Robert avant de tourner sur Provencher, il en a aussi plein son casque de ce petit vent rebelle de fin de brevet. Un coup d'œil au chrono, on peut arriver avant 16h soit 9h de ride, alors je pousse plus fort, Robert s'accroche. Malheureusement, les innombrables lumières en décident autrement. C'est avec un temps de 9h03 que Lafrance et le français en terminent au dépanneur du coin, bouclant les 203 bornes à une moyenne de 24,7 pour ma part, chus un peu déçu. 

J'apprendrai par la suite qu'un premier groupe composé de Carl la fusée, Jean, Yvon et Patrice est arrivé en 8h23, suivi du gruppetto Olivier, Martin et Michel en 8h36. Je relativise ma contre-performance puisque je ne suis pas si loin, ayant roulé 95% du temps tout seul, contrairement à eux. Et puis mon objectif de faire moins de 8h30 voir 8h15 a été à peine réalisé par les excellents rouleurs du club. Bien sûr, ils se sont arrêtés plus longtemps que moi aux contrôles, 1 heure et 15 minutes d'après les infos de Michel versus 43 minutes incluant 17 minutes de crevaison, soit 26 minutes de pause pour mes 200 bornes, un exploit pour moi. Je me suis amusé à décortiquer les stats Strava de Michel, Gaby et moi-même, c'est riche d'enseignement sur les moyennes et les pauses réalisées, voir tableaux. 3 autres cyclos arriveront ensuite, Gaby en 9h40 qui n'a pas réussi à me rejoindre, mais était-ce vraiment son intention ? Enfin Gigi terminera en 9h54 et Manuel en 10h50.

Ainsi s'achève le dernier brevet de 2017 sur une note personnelle mi-fugue, mi-raison. 2018 sera l'année des pré-qualifs pour le PBP 2019, mon nouvel objectif pour les 2 années à venir. Il vaudra mieux faire toute la série des brevets 200-300-400-600 pour mettre toutes les chances de mon côté pour la sélection à la reine des épreuves de longues distances de classe mondiale. En attendant, voilà que se pointe à l'horizon le terrible hiver des marcheurs blanc qui nous fera hiberner environ 6 mois. Pendant tout ce temps, le petit hamster n'a plus qu'à pédaler sur son rouleau pour être prêt à repartir dès la fonte des neiges et la coulée du sirop d'érable. 

samedi 2 septembre 2017

Un populaire à la bourre

Pourquoi à la bourre ?

En ce début septembre, la journée s'annonce plutôt sous de bons auspices pour l'avant dernier brevet 2017 du CVRM, le fameux populaire de 140 bornes. Il est prévu de faire beau, pas trop chaud, avec un vent négligeable, bref de belles conditions pour se faire une sympathique ride entre amis cycloteux. Je me réveille vers 7h dans une tranchée de Verdun, auprès de ma blonde, qu'il fait bon dormir, air connu. Je déjeune en écoutant les news sportives dont l'US Open et la Vuelta sur YouTube puis me prépare tranquillement. Pour 8h, un peu distrait, j'emmène mon stock a l'auto. J'ouvre le coffre sans débarrer les portières, je remets les clés dans le sac, je dépose le sac dans le coffre puis ferme celui-ci. Bravo Champion !!! Et elles sont ou les clés maintenant, à ton avis ? L'auto est barrée avec les clés à l'intérieur. Je retourne à l'appartement tout penaud en me mettant quelques baffes bien méritées. Le temps de chercher sur le web une solution simple à mon petit problème, d'appeler un taxi qui offre le service de déverrouillage d'auto pour les abrutis de mon espèce, d'ouvrir la portière conducteur à la manière d'un voleur, de tenter et réussir à débarrer le coffre qui résiste car pas d'ouverture de l'intérieur, qu'il est déjà dépassé 9h. Que faire ? Le départ du brevet étant donné à 9h pétantes, le temps de charger mon vélo et de passer sur la rive sud, que mes amis breveteux seront déjà bien loin. De toute façon, je suis réveillé et mindé pour faire du bécyk alors je relève le challenge et je file à St Lambert. 

Je rejoins donc le stationnement de la voie maritime et récupère ma carte de brevet laissée sur la voiture de Nathaniel, merci à l'organisateur de penser aux retardataires. Je finis de m'équiper puis m'élance enfin, il est 9h50. C'est quasi mission impossible de rattraper mes compagnons, n'ayant point les jarrets de l'ami Fred qui me permettraient de voler à leurs basques. Pas de panique, je roule tout de même à bonne allure, sait-on jamais qu'il y aurait des lambinards ou des malchanceux ayant eu des ennuis mécaniques. Je peste après les lumières de la banlieue qui me freinent encore un peu plus. Allez bordel, j'ai des vaches à traire et surtout 75 bornes à parcourir jusqu'au premier point d'arrêt programmé. Je quitte le trafic par Grande Allée, la moyenne s'élève doucement, je me prends à croire que je vais bien finir par les rattraper. Une moyenne de 27 est vite accrochée, malheureusement je plafonne à cette vitesse jusqu'au premier contrôle de Lacolle, sans prendre le temps de m'arrêter une seule fois. J'entre dans le dépanneur, achète un Pepsi, me fait signer la carte de brevet et demande à la madame mon retard sur les derniers cyclos repartis, environ 20 minutes me dit-elle. Le temps de vidanger ma vessie, de vider mon coke et remplir à nouveau ma vessie, d'avaler un peu d'énergie sous forme de banane et je repars avec 10 minutes de pause dans la musette. 

J'appuie de plus belle sur les pédales, sait-on jamais, peut être que ... le prochain contrôle étant distant d'une vingtaine de bornes. Je poursuis solo avec cette fatidique moyenne a 27, peux pas faire mieux, en fait, pas envie de faire mieux ! Il fait vraiment bon pour cycler, c'est une belle journée de fin d'été et je profite du paysage après tout. J'atteins le Shell du 2ème contrôle, achète un casse-dalle au jambon, me renseigne sur mon retard, une dizaine de minutes sur le dernier parti, m'informe-t-on. Fais chier, plus envie de me décarcasser, je prends le temps d'avaler mon sanouiche tranquillement en sirotant une boisson gazeuse. 

Il me reste une quarantaine de kilos à parcourir, sans grand espoir de rejoindre mon peloton de cuisses connues. Vers Candiac, j'aperçois un cyclo cherchant sa route à partir d'une feuille de papier, peut-être un nouveau venu au brevet pop qui ne connait pas bien le parcours. Je poursuis mon chemin par St Philippe puis la 104 et Taschereau. Pour 15h15, je me pointe au dépanneur de l'ultime contrôle sur Riverside mais celui-ci est fermé pour cause de rénovation. Ouin, que faire dans ce cas ? Je repars vers St Lambert à la recherche d'un autre commerce, je trouve l'Ultramar de mon pâté de maison ou je fais signer le carnet de route, juste pour la forme. Soit dit en passant, ce bout de carton n'a aucune valeur puisque c'est un brevet de découverte qui ne partira pas à l'homologation. 

Je retourne au parking de la VM et retrouve enfin mes compagnons du jour que j'ai poursuivis à distance. Mis à part Fred qui doit être là depuis plus d'une heure, les autres ont rejoint la base depuis un bon quart d'heure et font le débriefing de la sortie. Il y a Catherine et Odile une nouvelle venue, Nathaniel, Olivier Caty qui a fait le Granit Anvil récemment et Michel Lemaire, mon Mitch d'un 300 mémorable. Le dernier de la bande, un nouveau aussi, mexicain d'origine, se prénomme Manuel, mais il s'est fait décroché au retour et n'a pas encore rallié le fil d'arrivée. C'est bien lui que j'avais vu à Candiac, tout de vert vêtu, le voici enfin quelques minutes après moi. Toute la gang est satisfaite de cette belle journée, ils ont flyé ça à 28 de moyenne d'après les stats de Nathaniel. Dommage pour moi qui roulait juste un ton en dessous et presqu'une heure de retard. Manuel propose des bières fraiches à la communauté et certains se ruent dessus comme la pauvreté sur le monde. Ainsi s'achève ce brevet populaire, en pensant déjà au dernier brevet de 200 de la semaine prochaine. Cette fois, j'essaierai de ne pas être à la bourre !

Cliché façon JB