samedi 14 août 2021

400, c'est juste 4 fois 100


Prologue


Samedi prochain, c'est le dernier long brevet de la saison 2021 du CVRM. Symboliquement, je veux y participer. C'est aussi pour conjurer le sort de ce 400, dernièrement avorté avec mon pote Roger, pour cause de genou bloqué. Enfin, j'ai envie de me remettre dans les conditions d'un brevet, avec retour de nuit, juste pour voir si j'aime encore ce genre de défi. 

Comme la météo s'annonce plus que correcte pour cette fin de semaine, j'inscris mon nom sur la liste des participants. Je contacte Nathaniel qui s'était aligné puis désisté pour lui dire que j'aurai bien aimé rouler avec lui. Mais celui-ci ne se trouve pas assez en forme. Le coeur y est mais pas les intestins, me dira-t-il en anglais. 


Samedi 14 Août


Cadran à 3h, j'ai peu roupillé cette nuit, je m'étais pourtant couché à 21h, mais j'ai eu du mal à m'endormir. Faut être certainement fou pour se lever tôt, avec peu de sommeil, et se lancer dans une randonnée de plus de 20 heures ! Mais bon, suivant le célèbre dicton des breveteux, si on a signé, c'est pour en chier !

Pour 4h30, je quitte mon condo de St Lambert, équipé comme il faut pour un brevet nocturne. Soit quelques couches pour la nuit supposément fraiche, des batteries de rechange pour les appareils électroniques, GPS, iPhone, écouteurs Bluetooth, et un peu de bouffe emportée. La noirceur est encore présente en cette mi-août, lorsque je rejoins mes compagnons de souffrance dans la pénombre. 

Il y a Gabriel, Michel L et Jean, tel que prévu. Pas de Véronique qui n'a pas confirmé. En revanche, Sebastian s'invite sur un coup de tête. Il a de la disponibilité dans son emploi du temps et notre allemand veut tester ses limites. Le lendemain du 400, il prévoit même d'aller rouler pour analyser son état de forme, il est organisé le teuton. 

La photo de départ est prise avec difficulté, l'appareil de Jean refuse d'envoyer le flash. Je lui propose le mien qui fonctionne à merveille. Le protocole étant rempli, nous nous élançons vers 5h02, heure de l'est, pour une nouvelle aventure.

4 zombies pour un 400 + le président


Premier 100: Rallier Frelighsburg au plus vite, avec le paquet si possible


Nos pneus roulent sur l'asphalte encore mouillé d'une récente pluie nocturne. Le ciel semble nuageux à travers l'obscurité. Le vent est d'Ouest assez fort, il devrait nous pousser en grande partie dans la première moitié du parcours.

Jean le président et Gaby la pipelette gaspésienne, ont pris le devant des opérations, à un bon rythme. Seb roule en queue de groupe pour se ménager des fatigues à venir. Mitch et moi jasons dans le salon. Il me confie son désarroi de ne pas être au Miglia 1600 en Italie avec Fred, Marcus et Olive. Des problèmes de santé dans sa belle famille l'ont obligé à rester au Québec. Nous parlons également de mécanique et notamment de son dérailleur DI2 avec lequel il n'a jamais eu le moindre incident. 

Le départ est assez rapide, c'est normal avec Jean aux avant-postes. J'embarque la chaine sur la plaque pour m'éviter de mouliner comme un forcené. Nous sortons rapido de la banlieue, sans aucune circulation à cette heure. Les jambes tournent bien, sans trop d'effort. Il faut dire que j'ai pas mal de kilométrage depuis Avril, plus de 1200 km par mois, ça forme de bons jambonneaux. 

On enchaine Grande Allée puis Grande Ligne, km 17. Je grille une lumière rouge sous les réprimandes du président, qui soit dit en passant, montre l'exemple depuis le départ ! En arrivant au boulevard Industriel de Chambly, km 26, Mitch perd une pièce de son vélo. C'est le boitier de batterie de son DI2 qui vient de se faire la malle. Tiens tiens, il fallait qu'on en parle. Le bloc électrique s'est juste dévissé sous la boite de pédalier, retenu par le fil et trainant par terre. Mitch ne s'est rendu compte de rien, heureusement que je l'ai prévenu. 

Mitch perd ses boulons au km 26

Sur le coup, le duo Jean-Gaby (et non Gabin), n'a rien remarqué et a continué son allure de croisière. Ils s'en rendront compte bien plus loin. Nous les reverrons plus tard au premier contrôle.

En voulant prendre un cliché de Mitch le mécano, mon appareil photo n'opère pas, en m'avertissant d'un Carte pleine, le cave ! Je dois donc reformater la fameuse carte pour récupérer de l'espace numérique et prendre la photo. Zut, je viens de réaliser que j'ai effacé du même coup, les photos prises au départ, dont celle de Jean.

Saloperie de DI2, j'ai jamais eu de problème !

Le DI2 réparé, nous poursuivons notre escapade en trio. La direction SO nous remet le vent dans le nez, km 34. Seb se détache en avant. Je le rattrape et lui demande de rouler groupés, afin de nous organiser en relais et ainsi nous épargner de la fatigue inutile. Nous arrivons au village de Mont St Grégoire, km 49, ou je fais d'habitude un arrêt. Pour le moment, je me sens bien et alimenté, ce ne sera donc pas nécessaire. 

En trio organisé face au vent

Mon GPS m'indique de tourner à droite, alors que Seb en première position, file tout droit, suivi de Mitch. Je leur crie que ce n'est pas le bon chemin et je tourne donc solo, sûr de moi. Michel me rejoint quelques instants après, il a préféré me suivre, plutôt que Seb. Quelques kilomètres plus loin, je comprends que nous sommes sur l'ancien parcours du 400. J'ai pourtant bien rechargé le nouveau tracé 2021 laissé sur le site du CVRM. Cependant, j'utilise des fichiers par étape, un pour chaque contrôle que j'ai bricolé moi-même. Et ces tronçons ne sont pas à jour, mon erreur !

Erreur de parcours, Mitch me suit quand même

En duo, nous discutons du club et de sa destinée. Il va y avoir des changements et des nouveaux parcours de brevets en 2022, c'est une bonne nouvelle. Vers le km 66, quelques gouttes de pluie se déversent sur nos carcasses. Doucement mais sûrement, nous nous humidifions. Voilà Notre-Dame de Standbridge au km 72, à cet endroit, l'ancien et le nouveau parcours se rejoignent. Nous avons effectué un km de moins, théoriquement nous devons être devant Seb. 

De bonnes nouvelles pour 2022

À Stanbridge Station, km 78, je préviens Michel que je fais une pause pipi banane. Celui-ci continue sa route, d'autant que Jean-Gaby sont à portée de fusil. Mister Lemaire pique un sprint pour les rejoindre. Tandis que je finis mes glucides végétales, abrité sous un arbre, Seb fait son apparition dans la bruine. Je lui signale que les 3 autres ne sont pas loin devant.  

Pause pipi banane à l'abri des cocotiers

Je reprends la route pour une dernière trentaine de bornes jusqu'au checkpoint. Dans cette ambiance grisaille, j'atteins Moose Corner et son bout de gravel, devenu de la boue. En effet, c'est un chemin de carrière avec son va et vient incessant de poids lourds et autres gros culs, bruyants et poussiéreux.

Le bout de garnotte ... mouillée

Au km 89, j'arrive à St Armand avec son changement de direction vers l'Est, donc le vent d'Ouest repasse dans le dos, youpi ! C'est aussi un autre relief qui se présente sur plus de 200 bornes, avec des bosses, en veux tu en voilà ! Les gouttes cessent, la route commence à sécher, la température est juste idéale pour pédaler, la vie est belle, pourvu que ça dure.

Pas un chat sur le chemin St Armand

Peu avant Frelighsburg, j'aperçois la dégaine reconnaissable de Gaby, ahanant dans une côte. Je n'ai pas le temps de le rattraper avant la grande descente qui rejoint le contrôle number one du km 106. Il est seulement 9h15, avec 25 de moyenne au compteur, pas pire, bitte ! 

Le nouveau checkpoint de Frelighsburg

Au magasin général à l'entrée du village, Jean et Michel sont déjà attablés. Ils s'enfilent quelques sucreries de l'érable, tel est le nom de la shop. Ça change du Sergaz dépanneur qui distille de mauvais sandwiches, me déclare Jean d'un ton jovial. Seb n'est pas avec eux, car étant le premier dans les ascensions, et ne connaissant pas bien les contrôles du brevet, il a continué sa trace GPS, sans s'arrêter. Dommage pour lui, il a manqué l'étape gastronomique. 

Pause sucreries pour Jean et Mitch

Gaby tout juste arrivé, part dévaliser la boutique aux trésors. Il ressort avec un plateau rempli de carrés au je ne sais quoi et autres tartes au sucre, agrémentés d'un café. Pour bibi, ce sera scône salé tomates olives et carré au citron chocolat blanc, accompagné d'un pepsi. Nous nous régalons sans scrupules, à nous les gluco-énergies !

Tire toi une bûche et viens te régaler !

Mais on ne va pas passer la journée à se goinfrer, alors Jean et Mitch s'apprêtent à repartir. Le président aimerait bien aller se soulager aux toilettes mais Gaby a squatté la place. Quand celui-ci sort, je m'empresse de le remplacer, au grand désarroi de Jean.


Deuxième 100: Rallier Sutton à travers un festival de côtelettes


Le premier duo de lièvres (J-M) lève le camp, bientôt suivi par le deuxième duo de tortues (G-P). Nos prochaines 100 bornes sont une succession de montées-descentes,  et chacun va prendre son rythme individuel. 

Première côte d'une longue série, la Joy Hill au km 108. Parti peu avant moi, je dépasse Gaby à mi pente. Je suis interloqué par la vision du trio de tête arrêté sur l'accotement en plein bricolage. 

Deuxième incident de la journée ?

Seb a brisé sa chaine, Mitch et Jean tentent une réparation. Notre allemand avait déjà appelé sa copine au secours mais il semble que les 2 bons samaritains vont lui permettre de reprendre la route, avec un bécyk tout neuf. Moins quelques vitesses aussi car la chaine a été raccourcie !

Mécano Mitch encore à l'ouvrage

À cause de cette péripétie, j'effectue la course en tête, alors que j'étais bon dernier, il y a quelques kilomètres. La question est de savoir, quand vont-ils me rattraper ? Peu avant Abercorn, au km 120, je m'arrête pour prendre une énième photo du paysage et de la belle route se tortillant entre les collines. 

Les jolis vallons de l'Estrie

C'est à cet instant qu'apparaissent Seb et Jean dans le décor, comme si c'était prévu par le gars des vues. Je les prends donc sur le vif, en plein effort dans la bosse. Seb sourit même, il est bien content de pouvoir poursuivre son premier brevet de 400. Il est plein de jus l'animal, je commence à le connaitre. Il devrait aller au bout de cette souffrance, si son matériel tient le coup, naturlich. 

Seb tout souriant en larguant Jean

Dans la côte de Scénic, km 123, dans le 14% de la rampe, c'est Mitch qui me dépasse. Il roule lui aussi, un ton au dessus du mien. Il mouline en écrasant les pédales, une vraie machine après son récent brevet de 1000 réussi avec succès. Je le vois aussi s'entrainer sur Zwift avec des parcours virtuels de côtes, il m'impressionne avec ses gros muscles. 

Y a de la joie ... dans la Scenic

Doucement mais sûrement, je franchis le sommet des 343 mètres, puis dévale dans la vallée de la Missisquoi. Vent arrière, ce n'est pas trop dur. Le prochain objectif est Mansonville.

Full pin dans la vallée de la Missisquoi

Km 148, après un petit coup de cul, je rejoins le dépanneur du village vers midi. J'aperçois Jean qui remet Seb sur le droit chemin. Décidément, notre cousin germain pourra dire un gros merci a ses anges gardiens. De mon côté, je suis à nouveau déshydraté et affamé. C'est une bonne maladie, dirait ma mère ! 

Jean le bon samaritain reprend des forces

Donc achat de Perrier, sandwich jambon et refill du dos de chameau. Le président fait de même tandis que Seb grignote quelques chips. Mais ou va-t-il donc puiser son énergie celui-là ? 

Le secret de la puissance de Seb: des chips !

Mitch n'a pas fait d'arrêt au stand et c'est maintenant lui qui fait la course en tête. Le duo présent repart tandis que je termine ma collation. Au bout de 20 minutes, Gaby n'est toujours pas là, je me remets en selle solo. De toute façon, à la prochaine bosse, je l'aurais largué.

2 randonneurs heureux !

Je poursuis donc mes saute-collines, enfilant les côtelettes, telles des perles pour un collier. Km 157, Vale Perkins, le coin des Ukrainiens, avec la station de ski d'Owl's Head en arrière plan. 

La tête de chouette ... en arrière !

J'aime ce coin de verdure, surtout que les nuages se dissipent, laissant apparaitre un beau ciel bleu. La température est toujours impeccable, avec le vent favorable, tutti va bene !

Endroit paisible pour se reposer

De belles vues se découvrent sur le lac Memphrémagog, je file dans une descente me faisant atterrir à Knowlton-Landing, km 165. 

Atterrissage sur le lac Memphrémagog 

Encore quelques côtelettes et je rejoins la 243 menant au dépanneur Fusée de South Bolton, km 178. Nouvelle pause eau gazeuse St Justin et cône glacé, y a pas de mal à se faire plaisir. On n'est pas des sauvages tout de même, et la journée m'appartient !

Saint Justin pour les prochaines érections

Ce nouvel épisode de farniente a fait repasser l'ami Gaby devant mes roues, que je rejoins au km 180. La direction a changé vers l'Ouest, vent dans le pif, ce qui fait baisser notre moyenne. Par moment, je profite de la carrure imposante du gaspésien pour me protéger du vent et souffler un peu. Parfois, il pique des sprints et se propulse loin en avant. Je ne tente même pas de le suivre car je le rattrape facilement dès que la route s'élève.

Km 196, nous atteignons Knowlton et son agitation touristique. À la sortie du village, je devance Gaby dans une énième bosse. Celui-ci tourne à gauche sur Timbitts Hill road, en évitant le kilomètre menant à la jonction de 215. Il me grille ainsi la politesse ! Je me retrouve donc solo, à jeter mes dernières forces dans la bataille. Voici enfin le ravito de Sutton au km 212, je suis encore affamé après tous ces efforts.

Gaby a pris de l'avance au ravito

Il est 15h45 quand je stationne mon bécyk à l'IGA, Gaby est installé à dévorer sa pitance, le petit vlimeux. Les 3 autres breveteux sont déjà passés et ont levé le camp depuis belle lurette. Je file me chercher des aliments appétissants et nourrissants, genre snacks pita, raisin, fromage, creton avec tarte aux framboises, eaux bulles et refill du Camelbak. 

Copieux lunch et refill des liquides

Nous prenons une bonne pause avant de redémarrer. Nous savons que la prochaine centaine de bornes est un peu moins dure que la précédente et devrait nous emmener aux portes de la nuit. Heureusement, ce sera sans pluie mais la température devrait se rafraichir. 


Troisième 100: Rallier Granby avant le coucher du soleil


Nous ré-harnachons nos vélos et continuons nos pérégrinations. Comme de bien entendu, on débute par une bosse, style face de singe, à la sortie de Sutton, km 214. Mon compagnon disparait aussitôt de mes rétroviseurs, s'est-il arrêté pour une pause pipi, je ne sais pas. 

Je remonte la 215 Nord pour rejoindre la 104 au km 226, déjà prise tout à l'heure. Il faut encore monter en face, vers Bondville. Nous n'en avons pas fini avec le plateau de côtelettes. Pas de trace de Gaby. Le soleil commence à descendre dans le ciel, la chaleur n'a pas été un problème aujourd'hui, alors que nous traversons des périodes de canicule à répétition. 

Belle journée pour pédaler, vent dans le dos

Vers le km 237, après avoir longé le lac Brôme par la 235 assez passagère, je m'arrête pour un léger break. J'en profite pour me dégourdir le dos, les muscles et les tendons. Je suis surpris de déjà voir arriver Gabriel qui me demande si je l'attends pour le prendre en photo. Il continue à un bon rythme sans s'arrêter.

Nous poursuivons notre route, à distance l'un de l'autre. Voici l'ancien checkpoint de Waterloo du km 243, et son dépanneur asiatique. C'est à cet endroit que j'ai connu quelques aventures mémorables. Comme notamment, mon abandon du 400 en 2013, suite à un début de brevet un peu trop rapide, causant une intense baisse de régime accompagnée d'une bonne déshydratation. Mon ex, Véro, était venue me chercher par l'autoroute 10, tout proche. J'avais dû laisser mes compagnons qui s'étaient pris par la suite, un orage monstrueux pour le retour de nuit. Quelles épopées, ces brevets !

Les brevets, de sacrées épopées !

Mais cette année, pas d'arrêt icitte, c'est 7 km plus loin sur la 112 que se fait le contrôle. Gaby commence à disparaitre dans le lointain, pas grave puisqu'on devrait se revoir bientôt. 

Voilà le dépanneur de Stukeley au km 250. Oh surprise, pas de Gaby à l'horizon, il a dû filer sur sa lancée. Bon ben, bonne chance l'ami car je m'arrête à nouveau pour un refill de tous les niveaux. Je prends 2 sandwiches, un pour tout de suite et un autre dans la sacoche. J'ai peur de ne rien trouver à manger plus loin, avec l'heure qui avance. Côté boisson, je m'enfile une eau gazeuse et je prends en réserve une bouteille de Gatorade pour me rebooster si je suis en perte d'énergie. Une expérience passée avec ce fluide m'avait été bénéfique, alors sait-on jamais.

Gaby ne s'est pas arrêté au checkpoint, zut alors

15 minutes plus tard, je repars parce que faut pas trop tarder. La course avec le soleil est commencée, il est déjà 18h30. Galarneau va au lit à 20h en cette moitié d'août. La lumière commence à se faire rasante, ce qui rend les couleurs magnifiques. Après un bref calcul, je me rends compte que je ne serai pas à Granby avant la nuit, alors je prends ça easy !

Je roule sur le chemin des Diligences au soleil couchant. Mes narines ressentent les odeurs de barbecues des résidents du coin, ah les chanceux. Encore quelques brutes montées à se farcir avant de rejoindre le chemin Bonnalie au km 259, le dénivelé plus s'affole ! 

Le chemin des Diligences à la lumière rasante

Encore une dizaine de bornes de monte et descend, mon corps encaisse sans broncher. Avant la tombée du jour, le vent assez fort d'Ouest, faiblit à son tour. Lorsque j'arrive au croisement avec la 220 au km 270, je doit prendre justement la direction Ouest et je n'ai aucun mal à progresser. En étant le dernier de la gang et en passant à cette heure, j'ai au moins la chance de bénéficier de l'accalmie de fin de journée. 

Youpi la 220, c'est la route du retour !

Il est 19h30, j'aperçois l'astre solaire se coucher derrière les monts environnants, dernier cliché de jour, svp ! 

Bonne nuitée Galarneau !

La bonne nouvelle est que je suis maintenant sur le chemin du retour, youpi. Je commence à décompter les bornes. Encore 10 jusque Ste Anne de la Rochelle. Je mets les loupiotes pour être vus par les autos, puis pour voir la route devant ma roue.

Arrêt au dépanneur chez Duff, découvert en 2019 avec Marcus et Olive, sous la pluie. C'est une belle petite épicerie ou je n'ai pas besoin grand chose mais je m'arrête pour le plaisir de l'endroit. C'est la fête, je me prends un Perrier et une crème glacée. 

Chez Duff, mon dépanneur préféré

De toute façon, il fait sombre maintenant et la nuit est toute à moi. Je profite de l'instant en prenant un cliché de la lune, communiant avec la croix. 

Non ce n'est pas le Mont Royal mais Ste Anne de la Rochelle

Nouveau décompte, 10 bornes jusque Warden, km 291. C'est la nuit noire, je sais qu'il reste 2 ou 3 raidillons avant de rejoindre la 112, route de la délivrance des côtelettes. Tout est silencieux dans la campagne, avec la lune comme seule compagnie mais son croissant n'éclaire pas tellement. Quelques joyeux feux de camp s'allument autour de moi. Je poursuis mon film de moments intenses. 

Km 296, enfin la grande route, pas si achalandée que cela en début de soirée. J'ai encore quelques heures à rouler dans la noirceur alors j'économise ma lampe en baissant l'intensité quand l'éclairage urbain est présent. 

J'atteins la banlieue de Grandy et je file au Subway au km 308, il est 21h30. Manque de bol, c'est porte close à 21h. Je sprinte donc jusqu'au McDo qui ferme à 22h, ouf ! 

Accostage au McDo avant 22h

Vite, un trio burger-frites-pepsi pour remettre du fuel dans le réservoir. Je recharge mes appareils électroniques, GPS et iPhone, ainsi que mes écouteurs Bluetooth qui viennent de me lâcher. Tout le monde a besoin d'énergie à ce moment du brevet. De nombreux visiteurs déçus se cognent aux portes fermées à l'heure fatidique, je rigole dans ma barbe. 

Recharge des instruments de bord

Je réponds par texto à ma chérie qui me demande des nouvelles. Elle n'est pas trop inquiète tout de même, car elle me voit avancer sur le tracker. Mes amis FB m'encouragent aussi, je n'ai pas le temps de leur répondre. Je dois continuer avant de m'endormir. Une tite rasade de Gatorade et me voilà reparti. 


 Quatrième 100: Rallier St Lambert de nuit, et comme on peut


A plus de 22h, la nuit commence à se faire fraiche, le mercure descend vers les 10 degrés dans les zones froides. J'ai mis mes manches longues ainsi que mon gilet jaune réfléchissant du PBP. Cela constitue un bon coupe vent contre les courants d'air frisquets. Parfaitement équipé, je dévale donc la piste cyclable de Granby en faux plat descendant, bien agréable pour soulager les jambonneaux, très sollicités.

Km 316, j'attaque la piste des Champs, bien tranquille à cette heure tardive. Les seuls habitants de cette contrée est la faune animale. Une moufette vivante par-ci, attention à ne pas se faire asperger. Une course avec un raton laveur par-là, des chats à la saison des amours et de nombreux lièvres qui effectuent leur exercice nocturne. 

Je file doucement dans la nuit qui m'enveloppe. Un petit vent de NO souffle dans les parties découvertes, lorsque la piste sort du boisé. Je n'ai plus faim, plus soif, je pédale tel un robot à une moyenne de 22 km-h. Pour me tenir éveillé, petite rasade de Gatorade ! Je longe le camping animé de bruyants fêtards picolant autour des feux de joie qui crépitent. 

Km 337, j'atteins St Césaire, contourné par la piste cyclable. À la halte, je m'arrête. Machinalement, je veux faire un refill de mon Camelbak, encore bien plein, juste pour la forme, au cas ou je traverserai un désert, peut-être. À la lueur de ma lampe, car il n'y a pas d'éclairage publique, je passe 5 minutes sur le banc, à méditer sur mon sort. Il est presque minuit docteur Schweitzer. Pas de trace de Gaby, bien sûr, ça fait longtemps que j'ai abandonné l'idée de revoir mes compagnons, certains doivent être même sur le point d'arriver. 

Une tite rasade de Gatorade et hop !

Km 342, je quitte la piste pour rattraper la route de Rougemont, les autos se font de plus en plus rare. Je roule silencieusement dans la plaine, en direction de St Jean Baptiste. Bifurcation à droite, attention pont barré, je l'évite juste à temps. 

J'attaque à présent la vraie dernière côtelette de ce brevet, l'ascension du mont St Hilaire par la face sud, altitude 106 mètres. Bien entendu, cette bosse est hachée menue par mon 26x25, moulinage idéal pour générer peu de fatigue pour avaler le relief. Sommet atteint au km 355. 

L'avant dernier checkpoint se profile, c'est l'Ultramar d'Otterburn Park au km 360. C'est fermé, comme prévu, il est en effet 1h15. Ce Couche Tard s'est couché tôt ce soir. J'y fais une pause symbolique pour m'alimenter sans conviction, crotte de fromage et Gatorade, subtil mélange. Je remarque une bouteille d'eau laissée par les camarades me précédant. Ils ont dû y passer avant la fermeture, je ne sais vers quelle heure. 

Le fantomatique checkpoint d'Otterburn Park

Je cogne des clous, j'ai mal au cou. Il me faut pourtant terminé car il reste 41 bornes. Alors, let's go vers la civilisation. Petite descente pour retrouver l'altitude presque nulle du Richelieu et sa chaleur toute relative, wow 13 degrés. Le bruit des chutes d'eau me berce mais il faut rester éveillé. Petite rasade de Gatorade. 

Mon pédalage est maintenant automatique, je n'ai plus de puissance, mon popotin commence à demander grâce. Km 373, après le pont du Richelieu, je stoppe afin de m'étirer les vertèbres du cou et fermer les yeux pendant quelques secondes, le temps d'une micro-pause. J'ai une pensée pour Ralph qui s'endormait aussi lors du dernier  600, c'est ce que me racontait Gaby ce matin. 

Je continue mon chemin de croix en traversant Chambly, il y a encore quelques âmes qui vivent, certainement embrumées de vapeurs diverses. Au moins, il y a de la lumière et un peu d'action, ça me distrait.

Je quitte le village en virant à gauche sur Bellerive au km 389. Ultime segment de nature plongée dans la noirceur. Je roule au radar sur cette route, des centaines de fois empruntées. Plus faim, plus soif, plus de force. Encore Grande Allée, roulée en sens inverse au petit matin, c'était il y a une vingtaine d'heure !

Ouf, voici l'overpass de la 30 et les lampadaires de St Hubert. Ça achève, boulevard du Quartier, Lapinière, Victoria, mon Garmin passe au fatidique kilomètre 400. Je suis arrivé et je n'irai pas plus loin. Pas besoin d'aller au dépanneur Bon Coin pour signer mon bout de papier, la distance est réalisée, le brevet est terminé, il est un peu plus de 3h. 

400 bornes au Garmin, je n'irai pas plus loin !


Épilogue


Résultats du brevet, Sebastian a franchi la ligne d'arrivée le premier en 19h41, nicht so schlecht fur den ersten 400 ! Suivi de Jean et Mitch en 20h10 puis de Gaby en 21h10. Quant à moi, un peu plus de 22h d'efforts réalisés à 21 de moyenne. C'est pas mon meilleur temps mais pas le pire non plus. J'ai roulé la distance et c'est ce que je voulais. 

C'est bien dommage de finir seul. Mais avec 5 participants roulant à des vitesses différentes, c'est inévitable. En formule Audax, ce serait sûrement mieux, partir ensemble et arriver ensemble, tout en s'encourageant. J'espère réaliser ce rêve un jour au Québec, pour des brevets moyennes distances. Il y a encore du chemin à faire icitte, mais à force de persévérance, je pense pouvoir atteindre cet objectif. 

Tout compte fait, 400, c'est juste 4 fois 100 ! 

Et 4 fois 400, c'est juste 1600, la distance du brevet Miglia en Italie.

Pensée du moment pour Fred, Marcus et Olive qui y pédalent ...

Pensée aussi pour l'autre Olivier, le frenchy, en route pour le Tour de France Randonneur. 

Presque 4800, c'est juste 4 fois 1200 !!! 

C'est juste 4 PBP enchainés !!! 

À chacun ses défis ...


À bientôt pour de nouvelles aventures.


Voici le compte rendu de Jean:

Cinq participants pour ce troisième brevet de 400Km de 2021. Température entre 20 et 27 degrés donc très confortable. Nous sommes partis tous les 5 ensemble mais à Chambly Gabriel et moi nous sommes aperçus que les trois autres avaient disparus. Nous avons appris par la suite que Michel avait eu un problème avec la batterie de son DI2. Michel nous a rattrapé à une trentaine de kms de Frelighsburg et au même moment Gabriel a décidé de rouler seul à son rythme.

À Frelighsburg nous sommes allés au restaurant Lyvano, là où Foglia aimait bien leur tarte au sirop d'érable, où j'ai pris un carré à l'érable délicieux. Je l'ai recommandé à Gabriel mais il l'a trouvé un peu sucré à son goût mais il faut dire qu'il venait de manger un gâteau aux carottes et un autre dessert avant de le manger ;-)

Michel et moi partons de Frelighsburg ensemble et en haut de la Joy Hill on voit Sebastian qui a cassé sa chaine. Il n'a rien pour faire la réparation et avait appelé son amie pour venir le chercher. Michel et moi avons de quoi faire la réparation et 20 minutes plus tard c'est réparé. 

On fait un bout ensemble tous les trois, Michel un peu à l'arrière. À Mansonville je vois que Sebastien continue tout droit plutôt que de tourner à droite. Je le rattrape pour l'en avertir mais au retour pas de trace de Michel au dépanneur et on ne le reverra qu'à Knowlton. On se rend ensemble à Sutton où l'on prend un bon 40 minutes pour se reposer et bien s'alimenter.

Au départ de Sutton je vois une cabine de toilette et décide d'y arrêter ce qui fait que je ne reverrai plus Sébastian car lorsque j'arrive au prochain contrôle seul Michel y est. Il repart quelques minutes avant moi mais il va arrêter quelques minutes à Notre-Dame-de-la-Rochelle ce qui me permettra de le rejoindre. On fera le reste du parcours ensemble, incluant un arrêt au Subway de Granby, pour terminer à 1h10 du matin.


6 commentaires:

  1. Alors à la question : juste pour voir si j'aime encore ce genre de défi, quelle est ton sentiment ?

    Pour ma part les brevets ne m'apportent plus rien d'excitant, par contre enchainer des 150 à 250 km sur des nouvelles contrées avec parfois seulement 6 heures de repos nocturne et en pleine nature a été un plaisir quotidien chaque fois renouvelé.
    Chacun peut y trouver sa forme de participation avec plus de temps voire meme plus de km.

    Olivier J

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Salut Olivier,

      Comme je l'explique à la fin du récit, j'aime ce genre de défi mais pas solo, cela peut devenir dangereux et parfois ennuyant. J'apprécierai de le faire en gang, genre Audax, même s'il faut faire des compromis si on vit une expérience de groupe.

      Pour ce qui est de rouler à ta façon, solo, plusieurs jours d'affilée, avec dodo dans la nature, c'est ton choix et ton plaisir. Ce n'est pas facile de faire ce que tu fais, mais pourquoi pas.

      C'est pour cela que le vélo est un sport merveilleux, il y a plusieurs façons de le pratiquer. À chacun de trouver sa formule gagnante.

      Encore bravo pour ton Tour de France Randonneur, c'était aussi un rêve pour moi, mais qui devient de plus en plus inaccessible à cause de ma forme physique déclinante.

      A+

      Supprimer
  2. Bravo frérot,bisous d Occitanie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci frangin, ça me rappelle les sorties de notre jeunesse !

      Supprimer
  3. 400 ce n'est pas juste 4 fois 100, c'est surtout pas 4 fois 100.
    Un 400 c'est un 400, tout comme un chum est un chum, c'est à dire que c'est un tout. Le cerveau sait dans quelle aventure il s'en va et sans le dire à son propriétaire (du cerveau pas celui du 400), va lui permettre d'aller au bout. Le physique suit, tant qu'il va bien, et obéit aux ordres du cerveau (toujours différent du propriétaire).
    Le 400 indépendamment de l'heure de départ comporte un bout de nuit, alors que le 100, sauf à rouler en mode nocturne, n'en comporte pas.
    Un 400, c'est du ravitaillement à prévoir, des horaires de boutique à anticiper, voire des jours fériés à connaître.
    Un 400, c'est un itinéraire long, c'est entrer dans les limites de l'autonomie du GPS et autres appareils électronique.
    Un 400, c'est un engagement fort sur de la longue distance, alors qu'un 100 km c'est pour un randonneur et entre guillemets 'de la balade'. Et la longue distance fait appel à des valeurs nobles comme le courge, l'abnégation, le dépassement de soi, ce que l'on ne retrouve plus dans le 100 km, passé un certain nombre d'année d'expérience.

    Dans le 400, il n'y a en outre pas les difficultés lièes au temps passé sur le vélo, les heures de selle, les mains qui commencent à souffrir de rester en appui, la nuque qui ne supporte plus le poids du casque, la solitude qui commence à peser, la motivation qui s’émousse. Réussir son 400, c'est sortir vainqueur de ces luttes, c'est sublimer sa motivation, c'est savoir laisser son cerveau piloter les jambes, c'est se mettre dans la peau d'un randonneur avec sa dose de courage, ce soupçon d'humilité, ce grain de folie et cette graine de vainqueur qui font que l'on va au bout.

    Un 400 réussi, c'est plus que 4 fois 100, c'est plus proche d'un 1200 km, d'un 1600 km, d'un 4800 que d'un 4 fois 100. Le reste, au delà du 400, n'est pas différent du 400, ce sont les mêmes valeurs de courage et d'abnégation. C'est le même tout, avec une taille différente, mais cela reste un tout et celui-ci rentre dans le cerveau, ... par tranche de 400, par tranche de 200.
    Il reste que le 100 est bien, c'est un bon format. J'ai été déçu de voir dans mon 4800 km que certains 100 avaient pris plus de 6 heures. Petites routes sans rendements, arrêts multiples pour faire les courses, s'alimenter, tourismer, point topo et le temps file plus vite que sur un 100 programmé et bâché en 3h30.
    Il reste que le 100 est bénéfique dans le 400 et si le 400 est un 4 fois 100, je dirais oui mais à l'entrainement et en faisant des 100 km à allure différente pour travailler la vélocité, la force, les pourcentages, le train. Voila nos quatre fois cent pour varier les plaisirs et retrouver une forme physique ascendante.

    Olivier J

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bel exercice de lettres sur une formule de chiffres, le compte est bon, 6 points !

      Sans joke, tu as ben raison sur ben des choses. Mais ma manière d'appréhender ce 400 là, c'était bien 4 fois 100 bornes. Pas d'autre objectif que de le terminer.

      A+ ... au nouveau club ... peut-être.

      Supprimer