samedi 25 mai 2019

Opus 3: Symphonie pour un 400 de guerriers!

Prologue:

Le monde des breveteux connaît bien la musique! Voici que se présente le 3ème mouvement de notre concerto pour PBP 2019. C’est le redoutable brevet de 400 km du CVRM dont la réputation vallonnée n’est plus a faire. D’autant que quelques retouches opérées en 2018 par notre président, ont un peu corsé le final, avec un dénivelé théorique de plus de 3000 mètres! Des heures de plaisir en perspective. 

Pour ajouter à la difficulté, la météo ne s’annonce guère optimiste pour ce samedi. Du vent de sud, donc contraire pour démarrer la première étape de 100 bornes. Puis de la forte pluie, probable à 100% en fin d’après-midi, s’intensifiant en soirée. C'est la queue d'une méga tempête en provenance des States, qui a méchamment sévi sous forme de tornades ces derniers jours.   

En connaissance de tous ces facteurs, Jessica B, notre athlète passionnée sur Facebook, résumera bien la situation quelques jours auparavant: ce sera un 400 à effectuer en mode Warrior!

Samedi 25 Mai, 4h30:

Il ne faut pas trop gamberger et foncer vers l’objectif. C’est ce que je me dis en pédalant dans la pénombre, à l’aube de ce jour de gloire. Je rejoins tranquillement le départ du 400, annoncé de folie, uniquement pour mongols avertis. Quelques fous de mon espèce sont déjà présents au stationnement. Il y a bien sûr, Jean R, l’organisateur du spectacle, ainsi que Michel L, déjà concentré sur le but à atteindre. 

La grande messe de l'ultra-cyclisme est de retour
Olivier J pointe du doigt Jean l'organisateur

Jean-François T a retrouvé sa tenue traditionnelle. Il arbore un superbe maillot rouge et blanc des randonneurs de Santa Cruz, tenue vintage d’un 1200 programmé en Californie mais jamais réalisé. 


Les gilets jaunes au départ, cherchez l'intrus ou Charlie? (indice: il est en rouge)

Puis voici dans le désordre d’apparition à l’écran, Gaby A, Martin D, Marc B, Olivier C, Yvon C qui nous arrive de St Jean en bécane, comme à son habitude. Il nous annonce le forfait de ses 3 compagnons, initialement prévus pour le PBP cette année. En effet, Jacob C son fils, France H et Daniel G ressentent encore des bobos survenus au dernier 300. Peut-être ont-ils aussi chocké à la vue des conditions du jour, ce qui serait tout à fait compréhensible dans notre cercle fermé de mongolitos. Je ne pourrai donc plus parler de la gang de St Jean mais plutôt du cavalier solitaire de St Jean, et même pourquoi pas du Terminator du Richelieu. Il faut savoir qu’Yvon est le seul être humain au monde a avoir bouclé par 5 fois l’Ultra Défi, épreuve de 1000 km ultra difficile avec les côtes les plus ultra dures du Québec. Respect l’ami! 

Frédéric P est de retour de son 1200 km en Caroline, qu'il a effectué avec succès la semaine passée. Ce brevet en poche va lui permettre de ne pas rouler le prochain 600, qu’il n’apprécie guère. C’est surtout à cause du sommeil qu'il faut combattre, car pas question pour lui de s’arrêter pour dormir. Jessica B arrive à son tour, un peu à la bourre, emmenée par son chum, probablement de Trois-Rivières ou de Sherbrooke. Ils ont juste le temps de remonter et bricoler le vélo qui a besoin d’une nouvelle tripe car le départ approche, dépêchez-vous les amis.


Notre Fred national, une machine à rouler, juste un petit 1200 la semaine passée

Pour finir la liste des participants, voila Jonathan A qui ne fera pas de stepette matinale, Guy M en provenance de Gatineau qui a dormi cette nuit dans un hôtel à proximité pour s’éviter 2 heures de route. And last but not least, Olivier J, le 3ème frenchy de la bande pour ce brevet, je vous laisse deviner les 2 autres. 

Nous sommes donc 14 PBPistes, 13 gars, 1 fille et pas de touriste! Ouf, il n'y aura personne aujourd'hui pour me faire des remarques désobligeantes ;-)) Chacun offre son plus beau sourire au Kodak tenu par Ian, le copain de Jess, autant qu’il serve à quelque chose, merci l’ami.

Les 13 apôtres posant pour la scène. Martin le 14ème, se prépare derrière

Étape 1: St Lambert-Frelighsburg, 105 km.

Au coup de pistolet, Fred se propulse aux avant-postes, nous ne le reverrons pas de la journée, et aussi de la nuit! Bonne route l'ami. À ses trousses, c'est un peloton de 13 unités qui déambule dans les rues désertes de St Lambert, Brossard puis St Hubert. 

Cliché rare, Fred en pleine action (km 0)

Le président et Guy de Gatineau sur Victoria

Voilà Grande Allée, km 10, le rythme de croisière se met en route. Ma caméra tourne déjà les premières séquences de mon petit film souvenir que je vais continuer de produire jusqu'au PBP, l'idée étant de maîtriser la technique et de m'améliorer.


Arrêt lumière, Gaby a toujours quelque chose à raconter

Peloton s'ébranlant au milieu des constructions champignons du Quartier

Km 18, Chemin Salaberry, les ennuis commencent pour certains. D'abord Yvon disparaît à l'arrière, victime de son premier flat qui ne sera pas le dernier du brevet. Puis c'est au tour de Gaby d'éjecter une bonbonne de CO2 sur l'asphalte. Le temps de la récupérer et de la refixer que le peloton est déjà loin devant. Nous ne reverrons pas ces 2 là de si tôt.


Yvon et Gaby en fin de peloton avant de les perdre


Slalom parmi les craques de nos belles routes

Malgré le vent défavorable, quoique léger, l'allure tourne autour des 30 à l'heure, je laisse donc les gros mollets s'occuper du train, comme d'autres d'ailleurs. Km 30, le pont du Richelieu est franchi sous un soleil matinal, dardant ses premiers rayons. Une belle journée se profile, rien ne laisse présager l'apocalypse annoncée en fin d'après-midi.


Le peloton dans le brouillard au km ... 40 !!!

Km 49, Mont St Grégoire, nous avons encore perdu 2 unités, ce sont Jean et Guy qui ont dû stopper pour une pause sanitaire. Jonathan parait bien en forme, il est souvent à l'avant à imposer le tempo. JF, Mitch, Marc et les 2 Olive C et J apportent leur contribution, les autres comme Martin, Jess et moi suivons sagement derrière. 


Superbe lumière matinale avec le Mont St Grégoire en arrière plan

Olivier J pédale une main dans le dos

Km 72, Notre Dame de Stanbridge, ma vessie n'en peut plus depuis un bon moment, je vais devoir m'arrêter pour lâcher du lest. Je retarde le moment le plus possible. 

Guy va quitter le groupe pour assouvir un besoin

Jonathan impose le tempo en compagnie de Marc

Dans la montée de garnotte de Morgan`s Corner au km 82, je choisis cet endroit pour mettre les freins. Mes compagnons continuent de filer, comme si de rien n'était, c'est la dure loi des pelotons de randonneurs. Chacun pour soi et chacun pour soi. Je n'aurai plus l'occasion de rouler en si bonne compagnie de la ride. Aussi, pause pipi, banane, switch off de la lumière, switch on du tracker que j'avais oublié de mettre ce matin au départ. Celui-ci est bien important pour le suivi par ma chérie et bien utile pour la sécurité. Guy, qui s'était aussi arrêté pour un besoin particulier, en profite pour me dépasser sans m'attendre, je le vois s'éloigner sur l'horizon.


Le seul passage de garnotte du brevet, bel endroit pour lâcher du lest

Galarneau, traduire le soleil en bon québécois, réchauffe de plus en plus l'atmosphère. Je continue à mon rythme, surtout que le chemin St Armand se profile au km 88. 

Belles maisons en arrivant sur le chemin St Armand

J’aime cette route frontalière, remplie de verdure, de belles demeures et de petites côtelettes, dont la Pigeon Hill. C’est une mise en bouche avant le festival de la bosse dans les 100 prochaines bornes. 


J'aime cette route inondée de verdure ...

... et de côtelettes, ici la butte du Pigeon !

Tranquille mimille, j’arrive vers 9h14 au contrôle 1, station Sergaz de Frelighsburg. Mes acolytes sont déjà arrivés et ils sont en train de casser la croûte. Jean et Yvon, théoriquement en arrière de moi, sont présents également. Comme c'est bizarre, je ne les ai jamais vus me dépasser. Ils ont certainement dû être téléportés, je trouve cela très ... mystique! 


Contrôle 1 de Frelighsburg, premier ravito après 105 bornes

Oups, Jean se met à nu!

Je vais me chercher de quoi manger mais la bouffe trouvée n’est pas terrible dans ce dépanneur. Je prends un sandwich jambon pas très appétissant accompagné d'un Perrier, puis un café crème avec une mini tarte au sucre desséchée. Pendant que j’ingurgite mes calories, chacun lève le camp, soit solo, soit par petit groupe. 

Chacun se prépare pour un nouveau départ

JF nous signale qu’il a remis Jessica dans le droit chemin car elle avait l’air perdue. Après cet épisode, nous perdrons la trace de Jess, qu’est-elle devenue, mystère et boule de gomme? Je me prépare à repartir, je n'enlève aucune couche de vêtement car je trouve que c'est encore frette malgré le soleil. Ce sera peut-être une erreur, à cause de la variation du relief à venir.


Pascal voit partir tous ses compagnons, bye bye les amis

Étape 2: Frelighsburg-Sutton: 106 km, total 211 km.

C'est reparti pour la longue et dure étape de côtelettes qu'il faut bien négocier. Le but est de ne pas s'épuiser dans les bosses, de les monter mollo, de bien s'alimenter et s'hydrater, enfin de trouver des arrêts stratégiques. 

Nous roulons border line, coucou monsieur le douanier !

Me voilà dans la Joy Hill, la colline où il y a de la joie. Je la gravis à coup de 26x27, il y a quand même des pourcentages à 14%, je grimpe juste assis sur la selle, ça grimpe tout seul. Mes pulsations cardiaques ne montent pas trop en régime. J'aperçois les lignes et la frontière US toute proche. 

Dans la Joy Hill, y a de la joie !

Dans les descentes, limite à 70, ouf je suis à 66

Passé Abercorn, km 122, j'enchaîne par la côte de Scénic en sens inverse du 300, mais tout aussi dure. 

Côte de Scenic road, je plafonne à 08 au lieu de 80 !

L'ascension complétée, je dévale dans la vallée de la Missisquoi, le vent de Sud vient de la droite et ne me pénalise pas trop. Une petite bosse me ramène à Mansonville, km 147, lieu propice à une pause préméditée.


Dévalons dans la vallée de Missisquoi

Mansonville, pause prévue au km 147

Marc, Olive C, Yvon, Michel, JF et Guy ont eu la même idée, ils se réhydratent le gosier ainsi que l'épiderme car l'astre solaire luit maintenant de tous ses rayons. Pour ma part, pas besoin de crème, sauf au popotin! En effet, tous mes membres sont encore couverts et le resteront pour la journée. Je préfère garder mes couches dans les fraîches descentes, d'autant que je ne surchauffe pas trop en grimpant. 


Juste le temps de voir partir mes comparses, déjà un métro de retard

Mes compagnons de passage remettent en route quand je sors du dépanneur avec un sandwich et un coke à la main. Je prends le temps de bien récupérer puis repars pour la suite des hostilités. C'est reparti par la côte de Vale Perkins, j'aperçois Guy au loin mais je n'arrive pas à le rattraper, il disparaît de mon champ de vision. Puis c'est le chemin du lac offrant de belles envolées et points de vue sur le lac Memphrémagog. 


Côte de la Vale Perkins, je joue à saute vallon

Descente effrénée sans freiner vers le lac de Memphrémagog

Km 160, le paysage est magnifique, la température est optimum pour cycler, l'effort est bien contrôlé, alors tout baigne pour le moment. Je cueille le jour (Carpe Diem)! Je suis en pleine communion avec mon être et la nature, c'est sûrement l'effet des endorphines. La côte suivante est celle du chemin Cooledge, également passée à la moulinette. Il faut de la vélocité et ne pas passer en force, ce qui risque de taxer les muscles. Au tour de la côte de Bolton-Centre, lieu sympathique de villégiature où se trouve un spa que je connais bien, km 172. Mais aujourd'hui, pas de temps pour la farniente, il me faut avancer. 


Passage au spa de Bolton Centre, pas le temps de farnienter

Je rejoins South Bolton, proche du dépanneur Fusée et j'enquille la 243 Ouest, fraîchement pavée quelques kilomètres plus loin. Km 182, j'aperçois 3 randonneurs arrêtés pour problème mécanique. C'est Marc et Olive qui assistent Yvon pour sa 3ème crevaison du jour, pas chanceux le Terminator de Richelieu. Je les préviens que je vais faire un arrêt rafraîchissement à Knowlton dans une dizaine de bornes, puis je repars solo. 


Retour sur la 243 à Bolton South, je fais la course avec les motos

Le trio MOY arrêté pour cause de 3éme crevaison d'Yvon

Le vent me pousse sur certaines sections, j'arrive donc rapidement à mon dépanneur fétiche avec table à l'abri du soleil et de la pluie, faut dire que j'ai déjà vécu les deux situations. Je me prends un Pepsi et un pop-sicle Haagen Dazs bien crémeux et toujours apprécié. Mes trois acolytes ne tardent pas à me rejoindre pour se jeter de bonnes crèmes glacées derrière la cravate, c'est la fête du sucre! 


Je vais souffler un peu au dépanneur de Knowlton

Pause crème glacée avec Marc et Olive, on se sucre le bec

Ma pause est de courte durée car le contrôle suivant est distant de 20 km. Je repars donc seul, ils me rattraperont, pense-je. Eh bien non, les trois petits vlimeux ne m'ont pas dépassé par la route officielle car ils ont pris un shortcut par Tibbits Hill, arrivant ainsi avant moi au contrôle 2 de Sutton. Sur la 215 Sud, j'aperçois Olivier J en solo, puis Jonathan et Jean qui le suivent de près. Je saurai par la suite qu'ils se sont regroupés à 3, formant la gang des J, pour terminer ensemble à St Lambert. 


Croisement 104-215, pas de shortcut pour bibi ...

Hâte d'arriver au contrôle 2 de Sutton, j'ai faim !

Je pointe donc à l'IGA du km 211, il est 15h15. En plus de mes 3 petits farceurs (Marc, Olive, Yvon), il y a encore Michel, JF, Martin et Guy qui finissent leur pitance et se préparent à se remettre en selle. Gaby est celui qui doit fermer la marche. Personne n’a de nouvelles de Jess, cela devient de plus en plus inquiétant. Je me permets un bon 20 minutes d’arrêt, le temps de faire mon épicerie, apposer un autographe sur ma carte de brevet, puis bien récupérer en dégustant solide et liquide. C'est la même recette gagnante qu’au 300 d'il y a 2 semaines, au même endroit. 

Mes acolytes finissent de se restaurer sur les tables

Malheureusement, je devrais rouler seul encore la majorité du brevet car j’ai toujours un métro de retard sur mes compagnons de route. Le ciel commence à s’obscurcir de nuages gris mais la pluie ne menace pas encore, aussi pas de changement dans l’habillement. 

Étape 3: Sutton-Waterloo, 31 km, total 242 km.

Me voila reparti pour la plus petite étape du 400. Je remonte la côtelette bien raide à la sortie de Sutton et remonte plein nord par la 215. Cette route est maintes fois empruntées, on en connaît par coeur chaque hectomètre. Traversée de la 104 et poursuite de la 215 par la côte de Bondville, km 230. L’an passé, lors du 400, c’est moi qui traînait Jonathan en piteux état. Cette année, c’est lui qui va tirer Jean jusqu’à la fin. Les brevets se suivent et ne se ressemblent pas. 


2éme passage au croisement 215-104, c'est tout droit

Je longe le hameau de Lac Brôme puis rattrape la 243 qui m’amène directement au dépanneur de Waterloo. Quelques gouttes de pluie ont fait leur apparition. La tempête annoncée s’en vient rapidement, avec tout ce ciel qui se remplit de gris à l’infini. C’est le contrôle 3 du km 242, il est 17h05, je retrouve les mêmes têtes que tout à l’heure. Ce sont Michel, Martin, Guy et le trio MOY (Marc-Olive-Yvon) devenu inséparable. JF est déjà reparti et nous ouvre la route. 


Courte étape pour le contrôle 3 de Waterloo

Nouveau checkpoint donc nouvelle pause, pour manger, boire et enfiler son costume de pluie, car c’est officiel à présent, l’humidité s’installe pour un bout selon miss Météo. Même scénario qu’a Sutton, tout le monde repart alors que j’en suis encore à digérer et me rhabiller. Rendez-vous à Ste Anne de La Rochelle me lance le trio MOY en larguant les amarres. Oh la belle surprise, Gaby arrive tambour battant, maillot ouvert au vent. Content de te revoir l’ami, ça faisait bien longtemps! Cependant, je suis sur le point d’y aller alors je ne vais pas t'attendre, c’est la dure loi du métro de retard! 


On prend les mêmes et on recommence, il commence à flotter

Étape 4: Waterloo-Granby: 73 km, total 315 km.

Le ciel s’est vraiment obscurci et une pluie légère tombe à présent sans discontinuer. Je suis bien équipé de la tête aux pieds, avec mes surchaussures, mes gants longs et mon nouveau wetsuit en Goretex très respirant. Pour me réconforter, je me surprends à chanter cette joyeuse chanson de Jacques Brel, - il peut pleuvoir sur les boulevards, je m’en fiche, j'ai ma mie auprès de moi! - Je suis presque heureux, comme un poisson dans l’eau. 


Il peut pleuvoir sur les boulevards ... j'ai ma mie auprès de moi ! (grâce au tracker)

Ah, la force du mental! C’est dans ces difficiles moments qu’il faut trouver une raison et un but pour poursuivre l’aventure. Pour moi, la raison se nomme PBP et le but, c’est de se fixer un objectif à court terme, sans trop penser plus loin. Pour le moment, c’est d’atteindre le km 280 à Ste Anne où il y a une chouette épicerie, paraît-il. Je prends donc mon mal en patience, continuant de gravir la côte du Chemin de la Diligence, vestige d’un passé pas si lointain. A l’horizon, se profilent le Mont Orford et son parc que nous irons taquiner lors du prochain 600 dans 2 semaines. Nous sommes au point le plus lointain du départ, mais je reste optimiste! 


Chemin Diligence et Mont Orford derrière les gouttes

Km 258, voici le Chemin Bonalie et sa tôle ondulée. Vas-y mon gars, encore quelques coups de cul puis ce sera la 220 Ouest du km 270, synonyme de route du retour, youpi! Il ne restera que 130 bornes jusque l’écurie, on se motive comme on peut. J’arrive a Bonsecours, lieu de l’abandon de Gilles au 400 de 2018. À la même époque, il faisait beau soleil et j’étais accompagné de 2 solides gaillards, Mitch et Jo. Aujourd’hui, je traîne ma misère sur une route saturée de flotte, apercevant de joyeux fêtards faisant le party dans un bar local.


La 220 est synonyme de route du retour, youpi !

Encore 7 km et voici la Ste Anne tant désirée, je rejoins effectivement le trio MOY, réajustant leur tenue avant de repartir. 

Le trio MOY à l'excellent dép Duff de Ste Anne de la Rochelle

Encore une petite pause que je mets à profit pour m’enfiler quelques crottes de fromage en buvant un Perrier plein de bulles bien fraîches, c'est idéal par ce temps humide. J’apprécie le moment mais je ne m’éternise pas trop longtemps. Le prochain objectif est pointé sur la 112, signal de la fin du relief agressif, soit encore 16 km. Je tiens le bon bout. 


La pluie s'est maintenant bien installée dans le décor

Je repars donc sous la pluie, la noirceur menace de me tomber dessus dans les prochaines minutes. J’ai bien sur allumé mes loupiotes, pressant le coup de pédale dans les ultimes côtelettes des alentours de Warden, km 290. Enfin, la salvatrice route 112 est atteinte. Cependant, il fait nuit, il mouille à siaux, l’accotement est miné de craques remplies d’eau et les autos me serrent de près. Même si ça descend en pente douce, je ne suis pas trop rassuré sur cette route hyper passante et dangereuse. 

Au km 304, je suis bien content de retrouver la piste cyclable que je m’empresse d’emprunter. C’est la pénombre totale mais au moins, je n’ai plus la menace des automobilistes pressés. Une douce quiétude s’établit au milieu du bruit des grenouilles croassantes des étangs tout proche. 


Pénombre totale sur la piste cyclable de Granby

Après 4 km de piste, je tombe directement sur le McDo, point de ralliement des breveteux affamés en quête de protéines, sous forme de hamburgers dégoulinant de ketchup et de mayonnaise. Je suis à Granby au contrôle 4 du km 315, il est 20h53. À cette heure, Fred est sûrement arrivé à St Lambert depuis belle lurette, il est même déjà rentré chez lui, il a pris sa la douche et s'enfile une bibine! 


Arrivée au contrôle 4 de Granby et son McDo bienvenu

Comme de bien entendu, revoici la belle équipe dégustant leur trio burger-frites-liqueur. Je ne ferai pas exception à la règle pour avaler cette malbouffe bienvenue. Gaby, qui était sur mes talons, s’engouffre aussitôt au royaume du fast-food. JF, Mitch, trio MOY, Gaby et moi-même, faisons une pause prolongée, espérant naïvement que le déluge de l'arche de Noé va peut-être se calmer. Les autres de la gang des J, ainsi que Martin et Guy, ont certainement dû arrêter au Tim du contrôle officiel de Granby, à quelques encablures d'icitte. 


Mitch content de s’empiffrer de la malbouffe

Yvon, tanné de ses flats, ingurgitant un coke en fontaine 

Malheureusement, les conditions ne s’améliorent guère. Nous nous ré-harnachons donc pour subir d’aplomb, les assauts violents des bourrasques de flotte. Je profite encore du moment de répit-repos pour recharger mon GPS sur mes accus portatifs, n’ayant point de dynamo sur le moyeu. 

Pascal tout content de recharger les accus en tout genre

Même si Marc en possède une dynamo, il a des problèmes pour recharger son Garmin car son câble est brisé, ce n’est pas drôle pour lui. 


Olive C avale son burger avant de se brosser les dents

Marc pose fièrement devant le comptoir du McDo, JF est au refill

Le glas d’un nouveau départ a sonné, mes 6 comparses repartent sous ma barbe alors que je suis en train de redisposer mon chargement dans ma sacoche. Crotte, je devrais encore rouler solo sous l'eau! C’est peut-être mieux ainsi, car avec cette pluie battante nocturne, je ne vois pas grand chose, surtout avec mes lunettes de vieux, à double foyer. 

Étape 5: Granby-Otterburn Park, 47 km, total 362 km.

Le bon coté des choses, c’est qu’on repart sur la piste cyclable jusque St Césaire, soit une trentaine de bornes sans auto et sur une route presque sans craque. Le seul problème sera d’écraser les innombrables vers de terre, serpents et grenouilles qui se délectent de la moiteur de la nuit. Je fais même la course avec un lièvre pris dans le halo de mon projecteur. Où vas-tu l’ami? Ne passe surtout pas sous mes roues!

La tempête s’est intensifiée, cette fois, ce sont des trombes d’eau qui s’abattent sur ma pauvre carcasse impuissante. Je jure, je sacre, je peste, je pète même, maugréant contre ce temps pourri. J’implore l’indulgence des dieux de la route, mais m’entendent-ils? De forts vents soufflent en rafale, heureusement que je suis un peu protégé sur cette piste encaissée parmi les arbres.

Tant bien que mal, j’atteins St Césaire, km 338 et son Tim Hortons, normalement ouvert 24-7. Je m’y suis promis un bon café chaud avec beigne, afin de me tenir éveillé. Manque de bol, le Tim est fermé, au revoir café! J’aurais pu aller à l’Ultramarde juste en face mais chus trop dégoutté, au sens propre comme au figuré. Je mets à profit mon arrêt pour avaler quelques crottes de fromage et de chocolat. C’est vraiment du n’importe quoi dans mon estomac. Celui-ci ne sait plus à quoi s’attendre après 18h d'absorption d’aliments aussi variés que divers. D’où les gaz! 

Entre temps, je vois passer un cyclo de jaune vêtu qui ressemble à Guy, mais d’où sort-il celui-là? Je remets en route avec en point de mire, sa lumière rouge clignotante. Je le suis sans le rejoindre en traversant Rougemont et ses fabriques de cidre. Puis c'est la route 229 jusque St Jean Baptiste. Un miracle se produit alors. La pluie a cessé et un vent chaud me pousse par derrière. Mes vœux auraient-ils été exaucés?


Les prises de vue ne sont extra dans la nuit et sous la pluie, passage sur la 229

C’est à mon tour de prendre un raccourci au chemin Rouville, vestige d’un parcours qui évitait une route en construction, ce qui me fait gagner un bon kilomètre. Dommage que  cela ne me permette pas de rattraper Guy, toujours devant à quelques coups de pédale. Nous attaquons à distance respective, la grimpette du chemin de la montagne St Hilaire, de la petite bière après les 3000 mètres déjà grimpés depuis ce matin. Nos pauvres muscles endoloris ne sont plus à une bosselette près. 

J’arrive au contrôle 5 de l’Ultramar d’Otterburn Park, km 362, il est minuit, docteur Schweitzer! Je m’attendais à apercevoir ma gang habituelle mais il n’y a pas un chat. Et pour cause, les 2 stations essence sont toutes deux fermées, même les badauds locaux sont étonnés de ce fait inattendu. 

Dépanneur du contrôle 5 à Otterburn Park, c'est fermé, ouin !!!

Tant pis encore une fois pour mon café chaudement escompté, tant pis aussi pour le checkpoint, il faudra trouver un signataire de substitution. Je fais tout de même une courte pause, histoire de recharger de l’énergie par quelques friandises. Puis je repars sans tarder pour le dernier stretch de cette promenade de santé. 

Étape 6: Otterburn Park-St Lambert, 42 km, total 404 km.

À peine ai-je pédalé 3 bornes, que je spotte quelques lumières blanches et rouges sur le bas-côté de la route. C’est bien ma gang du McDo, excepté JF parti en éclaireur. Ils se sont tous arrêtés pour assister Gaby dans la réparation de son flat. Je m’arrête pour filmer la scène. Faut dire que de nuit et sous la pluie, je n’ai pas enregistré grand chose, c’est déjà assez périlleux de piloter son vélo dans ces conditions. De plus, la qualité de mes vidéos en faible lumière avec mes petites cameras cheap est plutôt de mauvaise qualité, j'évite donc de filmer l'inutile.


Cellule de crise pour la gang de 6 en réparation du flat de Gaby

Je laisse donc ma gang de 6 en leur repassant devant pour la première fois du brevet, comme quoi, rien ne sert de courir, il ne faut surtout pas crever! Je refile solo dans le noir avec le vent de sud, alternant le favorable et le défavorable, dépendamment de l’orientation du parcours. J’atteins St Mathias de Richelieu, me retournant de temps en temps pour voir si le groupe est sur mes talons. Seule, une lumière blanche est en approche. C’est Mitch qui a perdu patience lorsque Gaby a percé une 2éme fois après son 1er flat, certainement mal réparé. 

Nous faisons un bout de route ensemble, traversant le pont du Richelieu puis arrivons à Chambly. Je pousse jusqu’au Tim tout proche, mais je suis à nouveau frustré par une nouvelle fermeture. Manque de personnel, que c’est écrit sur la porte, donc pas possible d’ouvrir la boutique pendant 24 heures. Je n’aurais pas mon café cette nuit, c’est écrit. Le village est encore animé par quelques oiseaux nocturnes malgré l’heure tardive qui approche les 1h du matin. 


Franchissement du Richelieu, il est tard

Km 380, il reste une vingtaine de bornes jusque la délivrance. Mon mal d’épaule revient me faire souffrir, je dois fréquemment faire le moulin à vent pour relâcher le stress et soulager mes articulations. Mon arrière train commence aussi à trouver ça long, les postions debout-assis alternent de plus en plus souvent maintenant. Pourtant, les jambes ne tournent pas si mal mais l’état de fatigue augmente. En un mot, j'ai bien hâte d’en finir. 


Mitch m'a rejoint et file devant, j'essaie de l’accrocher en fixant sa loupiote

Michel s’est détaché devant, roulant à un rythme plus élevé. Je prends ça relax pour terminer, voila Bellerive puis Grande Allée, déjà déroulée ce matin vers 6h. Enfin les faubourgs de la rive sud, le chantier du Boulevard du Quartier et enfin la dernière ligne droite de Lapinière-Victoria.


Lapinière-Taschereau, ça sent l'écurie

J’arrive au contrôle final du dépanneur du Coin de St Lambert, km 404, il est 2h22 en ce dimanche. Je pointe à 2h23, soit 21h23 pour l’homologation de ce brevet de 400. JF et Michel sont en mode récupération, ils sont arrivés depuis 5 minutes. 

JF est arrivé au contrôle final de St Lambert, 404 km au compteur

Michel frais comme une rose, une bonne journée au boulot

Les organismes soufflent après cet effort d'endurance, cela fait 24 heures que nous sommes réveillés, le sommeil cogne à notre porte. Guy en termine a son tour, une dizaine de minutes après moi.


Guy, le gars de Gatineau, va pouvoir aller dormir ... dans son auto !

Épilogue:

Le groupe des 4 flattés ne nous a pas rattrapés, on l’attend toujours. Il arrivera à 3h02, je ne les verrai pas sur la route de retour à mon condo. Je salue JF, Mitch et Guy, rendez-vous pour le prochain 600 dans 2 semaines. Pour l’heure, nous avons besoin de recharger les batteries, la balade ne fut pas de tout repos, ni sans péripéties. Un vrai brevet de guérilleros !!!

Par la suite, j’apprendrai l’issue du brevet pour les autres participants. Fred a terminé dans un bon temps de 14h22, un tiers de moins que le mien, une vraie machine ce Fred. Il dira pourtant qu’il n’était pas au mieux de sa forme!

Voici le point de vue de Fred sur ce 400:

Me voilà en face de mon dernier brevet qualificatif pour Paris Brest Paris. En effet en Mai, j’ai effectué déjà le 200 et le 300. J’ai aussi finalisé le 1200 du Taste of Carolina en Mai. Ce qui fait que je commence à avoir besoin de récupération. La forme est bonne et je me sens mieux que l’an dernier à la même époque, mais la fatigue mentale et physique frappent à la porte.

Je débute donc le 400 de suite à mon rythme et je me rends compte que le vent demande plus d’énergie que d’habitude. Il ronge petit à petit le réservoir d’énergie. J’arrive au premier contrôle en retard par rapport à d’habitude. Je repars après 15 minutes proche des 9h00 en direction de Sutton. Tout va bien, sauf une fringale avant Lac Brome où je m’arrête et j’avale alors coup sur coup un gel et une barre cliff. Les effets sont presque immédiats. J’arrive à Sutton avec prés de 45 minutes de retard par rapport à mes temps habituels. Pourtant, j’ai avancé correctement, la faute au vent qui demande de me ménager prudemment.

Je repars de Sutton. Je croise Olivier puis Jean et tout va super bien. La pluie commence un peu avant Granby ou je m’arrête 15 minutes environ. La pluie n’est pas forte, mais elle fait son effet, je décide de porter un coupe vent et non pas mon imperméable de peur de trop transpirer, vu que la température demeure douce.

Je poursuis ma route et j’oscille entre des vents totalement favorables comme avant St-Jean-Baptiste et d’autres clairement défavorables comme avant St-Mathias. J’arrive au dernier contrôle à 20 h27 en ayant passé 14h22 sur le vélo soit un peu plus d’une heure d’arrêt. La moyenne est de 28.5 km/h. Mes jambes ont pris un bon coup de fatigue.

Je fais trop souvent l’erreur de monter trop gros les côtes et c’est sûr que je surutilise ma masse musculaire au lieu de partager l’effort entre la masse musculaire et le cardio. Celà aura l’avantage après récup de faire adapter ma masse musculaire au prochain effort. En attendant, aujourd’hui mardi, je n’ai pas totalement récupéré au niveau musculaire alors que le cœur au repos est déjà revenu totalement à la normale. C’est toujours un équilibre à optimiser. Maintenant place à la récup active cette semaine et passive la première semaine de Juin(je suis à l’extérieur du pays toute la semaine prochaine et ... sans vélo).

Retour au prochain 400 en juin en vue de préparer le défi des 21, début juillet.


Puis le groupe des J, Jonathan, Jean, Olivier J, s’est pointé en 18h55, suivi de Martin, l’électron libre, en 20h12. 

Voici le point de vue de Jean sur ce 400:

14 cyclistes au départ de ce brevet de 400Km malgré de la pluie annoncée à partir du milieu de l'après-midi jusqu'à minuit.

Les premiers 105Km jusqu'au permier contrôle se sont effectués en un seul gros peloton sauf pour quelques-uns. Fred parti à l'avant, Gabriel qui a échapé quelque choses et n'a jamais pu rattraper le peloton, Yvon qui a fait une cervaison (désolé Yvon mais avec mon mal de genoux je voulais rester avec le peloton) et moi qui a dû arrêter d'urgence au premier dépanneur ouvert après St-Grégoire.

À mon arrivée au premier contrôle seulement quelques cyclistes sont déjà reparti dont Jessica, Jonathan et Olivier J.. Je prends 10 minutes d'arrêt et repart avec Martin, on rejoins Yvon, Marc et Michel dans la Joy Hill mais je les distance pour rejoindre Olivier Caty une couple de 100 mètres plus loin. On roulera tous les deux jusqu'à Mansonville, Olivier me tirant pour la plus grande parti. On s'arrête à Mansonville et les autres nous rejoignent 5 minutes plus tard.

Je suis prêt à repartir mais ne vois pas Olivier alors je repars seul. Sur la 215 je vois Fred qui me salue et ne vois personne du groupe jusqu'à Sutton (km 211) où Jonathan est là depuis quelques minutes et n'a pas vu Olivier ni Jessica, ils ont du faire un arrêt éclair.

Je repars donc avec Jonathan qui me traîne sur le plat et m'attend dans les côtes. Je lui dis quelques fois de ne pas m'attendre mais me répond qu'il ne fait pas de brevet pour faire un bon temps mais plutôt pour avoir du bon temps. On restera donc ensemble jusqu'à la fin.

Petit arrêt de 20-25 minutes au dépanneur à côté du chemin Diligence (Km 250) puis on se rend à Ste-Anne-de-Larochelle, vers 17h40, où j'aime bien m'arrêter, le propriétaire étant très sympathique. Je m'achète pour $0.80 de stock afin de bien m'alimenter, un pain de sous-marin 12" et deux bananes (ceux-là étaient gratuites parce qu'un peu trop mûre mais parfait pour un cycliste affamé). On repart à 18h10 après s'être mis quelques couches de vêtement parce qu'il commence à pleuvoir et que l'on va avoir un bon vent de face jusqu'à Waterloo.

À Granby Olivier J. est là. Il n'a pas vu Jessica, ou bien elle a fait un autre arrêt éclair ou bien s'est installée confortablement dans un resto de la ville ou encore s'est perdue en chemin. Ici on prend une bonne demie-heure et on repart tout les trois à 19h30. Après un crevaison de Jonathan, où il nous démontre s'est talents en défaisant et remontant son pneu à la main, on arrive au prochain contrôle, à Otterburn Park Km 362, à 21h44. Le gars du dépanneur nous dit que Fred est passé vers 17h30 mais n'a pas vu Jessica. Elle doit donc être quelque part à l'arrière.

Le trajet jusqu'à l'arrivée s'est accompagné d'une autre crevaison de Jonathan, sur l'autre roue cette fois çi. On poinçonne à 13h55. Trajet effectué en 18h55 soit 3 minutes de plus que celui de l'année passée. Que voulez-vous on vieilli ;-)

Un gros merci à Jonathan qui m'a tiré pratiquement tout le long, il n'y a donc eu aucun vent à partir de Sutton ;-)


Voici le point de vue de Jonathan sur ce 400:

Bon départ malgré le problème de garde-boue qui frottait. J'ai fini par le régler après Frelighsburg, mais j'ai perdu la roue d'Olivier J. J'ai économisé dans les côtes.

À Sutton, j'ai été rejoint par le président du club. On a roulé à vive allure jusqu'à Granby, où on a rejoint Olivier J. On a développé notre esprit de club ensuite! Sous les conseils de l'entraîneur Jean Robert, on a travaillé en échelon. Mes comparses m'ont également attendu pour 2 crevaisons. On n'a jamais croisé les autres, ni Jessica, ni les autres derrières.

J'ai rêvé de poutine toute la journée, et à la demande de Jean, en voici la concrétisation gracieuseté de Patati Patata.

On se voit au 600km.


Voici le point de vue de Guy sur ce 400:

Pas facile hier avec le vent et la pluie. J’ai vérifié mes pneus ce matin et il y avait de petits silices de pris dans la gomme. Les gens devraient vérifier leurs pneus avant de reprendre la route. Ça expliquerait le nombre élevé de crevaisons hier. 

Nous connaîtrons 3 jours plus tard, la mésaventure de Jessica, qui aurait dû rester dans le groupe des J, comme son nom l'indique. En fait, elle s’est égarée sur le parcours entre Frelighsburg et Sutton, prenant la direction de Dunham. Lorsqu’elle s’est aperçue de son erreur, elle a décidé de rentrer directement à la base, pour des raisons qu’elle seule peut expliquer. Il faut choisir ses batailles, participer à une épreuve d’ultra cyclisme était peut-être de trop dans son agenda sportif. En tout cas, elle a encore des croûtes à manger coté orientation car ce n'est pas la première fois et cela lui coûte très cher. La bonne préparation du parcours et la maîtrise d’un GPS sont plus que nécessaire dans les longs brevets, pour éviter les kilomètres inutiles. Du coup, elle ne participera pas au PBP cette année. Elle a décidé de réorienter ses objectifs vers les Ultra Trails et les Triathlons, activités plus courtes mais plus intenses. 

Voici le point de vue de Jessica sur ce 400:

... Samedi matin dernier, 4am, mon cadran sonne. Je suis à une quinzaine de minutes du point de départ de mon brevet de 400km. Je termine de préparer mon équipement lorsque je me rends compte que je suis «sur le flat». Inutile de vous le dire, j’étais stressée, mais pas un bon stress style fébrilité, plus un stress de : J’espère que ça va se régler rapidement. Pas le temps de le réparer tout de suite, Ian et moi courons littéralement vers l’auto avec le vélo et les sacs pour arriver à l’heure. Heureusement, Ian est très efficace et termine de réparer la crevaison pendant que je ramasse les papiers qui me donnent les indications pour la route qui s’en vient. Contrairement à d’habitude, je n’ai pas le temps de consulter l’itinéraire ni la liste des points de contrôle. C’est donc à l’aveuglette que je débute cette épreuve. 

Les premiers kilomètres se déroulent bien, je suis avec un peloton sympathique et je sens que j’ai beaucoup d’énergie. La forme revient, enfin! Après une cinquantaine de kilomètres, j’ai hâte d’arriver au premier ravito, surtout pour donner des nouvelles à mon monde. Je m’informe donc et on me dit que le premier ravitaillement est autour du 100è kilomètre. Rapidement, on y arrive et je me ravitaille. Après environ 5 minutes, je suis déjà prête à repartir, contrairement à mes collègues. Je les avertis que je commencerai à rouler tout de suite et qu’on va sûrement finir par se recroiser. Erreur, nous ne nous recroiserons pas. 

Le point est que, pendant ce moment où, sans le savoir, j’étais complètement égarée, j’ai eu du plaisir. Beaucoup de plaisir! Je roulais et j’étais en feu. Il faisait beau, mon vélo allait bien, les kilomètres défilaient. Jusqu’au moment où mes yeux se sont rivés sur mon GPS, «Off course» que j’y ai lu. Ouch! Le stress et la panique qui m’ont envahie sont assurément disproportionnés face à l’événement en tant que tel. Mais comme c’était désagréable! Et là, ça m’a frappée, j’étais tannée de suivre un itinéraire prédéfini. Tannée de devoir franchir une distance fixe dans un délai fixe sur des routes qui ne me disaient rien. Épuisée d’être une ultracycliste. J’ai rebroussé chemin et suis revenue vers le point de contrôle, une dizaine de kilomètres plus loin. Le mystère sera toujours, est-ce que mon GPS m’avait avertie au départ du point de contrôle que je n’étais pas sur la bonne route? Je ne le saurai jamais. Reste que, à ce moment-là, lui le premier a lâché prise. Et j’ai suivi. 

J’ai appelé mes parents pour leur demander conseil. Ils m’ont dit ce que je savais depuis un bon moment déjà : «Jess, tu n’aimes plus ça, c’est stressant et ta tête est ailleurs. Tu n’as plus rien à prouver. Fais ce dont tu as envie.» Ce dont j’avais envie, revenir à Longueuil à vélo, ne pas avoir d’itinéraire fixe à suivre et pouvoir arrêter quand je le voudrais. Envie de profiter de la belle journée pour rouler, mais pas d’y consacrer un weekend entier. Et c’est ce que j’ai fait. Un beau 225km bien senti dans les jambes m’a comblée de bonheur samedi dernier.

L’ultracyclisme m’a permis de sortir de ma coquille, de rencontrer des gens fantastiques, de m’épanouir. Le Saint Graal de l’ultra se déroule cette année, à Paris, et c’est la seule motivation qui m’a poussée à rembarquer sur mon vélo de route pour y enfiler des centaines et des centaines de kilomètres. C’était «le bon moment». Et pourtant, peut-être y aura-t-il un autre «bon moment» dans 4 ans? Seul l’avenir me le dira. Par contre, je sais que j’ai découvert une autre passion l’an dernier. Une passion qui tourne en boucle dans ma tête, le triathlon. Cette découverte a été un gros «kick» pour moi. C’est un beau sport, complet, dont les épreuves sont longues, mais pas trop. Juste assez. Juste parfaites pour ce que je recherche. ...

De mon coté, le bilan est plutôt positif. Mon GPS a bien fonctionné (joke facile) et surtout, mon mental m’a porté jusqu’à la destination finale. J’aurais pu baisser pavillon du coté de Waterloo, quand la solitude, la lassitude, la pluie et la nuit me sont tombés dessus. Mon expérience des efforts de longues durées a été bénéfique, j'ai parfaitement su négocier ces moments passagers de déprime. 


Pascal vous donne RV au prochain 600 pour une nouvelle aventure

Rendez-vous est pris dans 2 semaines pour le 600 km, ultime pièce du puzzle à assembler, afin d'avoir mon sésame pour PBP 2019. Je sais, par expérience encore, que ce dernier brevet, même si plus long de 200 km, se fait mieux que le 400 d’aujourd’hui. En effet, on peut le diviser en 2 étapes, avec une courte nuit entre les 2. Ce sera tout de même une quarantaine d’heures de plaisir sur 2 roues. 

Mais cela sera une autre aventure à raconter et des images à montrer. 

Bisous à tous.

4 commentaires:

  1. Bon 600 Passe-cale! À chaque coup de pédale gauche, douleur intense dans l'orteil à ma dernière sortie. Mais je réessaie après 15 jours de repos forcé...

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    1. Salut Unknown, bon rétablissement et bonne chance pour ton 600. Signé, le Concombre masqué.

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  2. Ne dites pas à ma mère que je fais de l'ultra cyclisme, elle croit que je fais des brevets audax et de la randonnée à vélo.

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    1. Effectivement, d’après Wikipedia, l’Ultracyclisme est de la compétition en vélo longue distance avec classement et temps. Les brevets sont juste des randonnées de vélo longue distance avec homologation. Merci pour la précision.

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