samedi 8 septembre 2018

Nouveau record au 200 pour terminer la saison en beauté

C'est déjà le dernier brevet dans le calendrier du CVRM. Je me fais un point d'honneur à y participer pour la 8ème année consécutive. C'est en effet, ce fameux samedi 10 Septembre 2011 que tout a commencé, que mon instinct de randonneur longue distance s'est réveillé. Il s'en est suivi de belles épopées, d'épiques randonnées et certains moments de gloire, comme ma participation au PBP 2015, réalisation d'un rêve de jeunesse. Et ce n'est pas terminé puisque 2019 s'annonce sous les meilleurs auspices, propices à de nouvelles aventures. Le point d'orgue se situera au mois d'août, à Rambouillet en France, pour le Paris-Brest-Paris qui a lieu tous les 4 ans, tel les Jeux Olympiques des Randonneurs Mondiaux. 

Mais revenons à 2018, et ce brevet de fin de saison. Après le Populaire de la semaine passée, c'est en bonne forme que je m'inscris, avec le but de passer un moment agréable avec ma bande de copains. Certes, j'ai toujours pour objectif d'améliorer le chrono à chacun de mes brevets, si la motivation est là, et les circonstances aussi. Il faut savoir s'ajuster et être opportuniste lorsque les conditions sont favorables. 

Samedi 8 Septembre, 6h30. Je m'élance à vélo de mon condo de St Lambert, dans la fraicheur de ce matin de fin d'été. La température contraste avec les chaleurs torrides qui ont encore sévi cette semaine, dépassant notamment les 30 au thermomètre. À matin, c'est à peine 9 degrés qui caressent froidement mes jambonneaux, mais pas mes bras, bien au chaud, puisque j'ai enfilé mes manches d'appoint, héhé ! 

Sur la ligne de départ, nous sommes 9 vaillants cyclos à vouloir en découdre. Passage en revue des forces en présence. Il y a 6 rouleurs assidus du club qu'on ne présente plus, les Jean R., Olivier C., Ralph L., Gabriel A., Michel L. et moi-même.
 
Les bécyks papotent ensemble

Michel fin prêt pour une nouvelle randonnée

Puis Manuel B., le sympathique mexicain, absent au Pop de samedi passé car coincé à Toronto, mais bien présent aujourd'hui. 

Ambiance chaleureuse de départ, j'ai mis mes manches

Il y a également 2 nouvelles têtes, ou plutôt nouveaux mollets. D'abord, Daniel R. tout droit venu de St Chrysostome, dont le terrain de jeu est la Covey Hil. Il chevauche un superbe Piuma en acier, fraichement fabriqué dans les ateliers de Guiseppe Marinoni. Enfin, voici Marc P., un autre frenchy arrivé au Québec depuis 6 ans, connaissance de Yves Ferland car travaillant chez Desjardins. Il aime socialiser en essayant différentes épreuves, pourvu que ce soit du vélo. Il a participé entre autres, au Défi Pierre Lavoie, ainsi qu'à la Boucle 2018. 

Marc et Daniel, les nouveaux et Manuel, le récidiviste

7 heures moins 1 pétantes, après la traditionnelle photo de départ, Jean décrète le début du brevet, cadeau du président en cette fin de saison. 

8 gringos + 1 photographe : Manuel, Daniel, Marc, Pascal, Michel, Olivier, Ralph, Gabriel et Jean

Km 0: Départ groupé, pas de fusée devant, genre Fred, qu'on ne voit plus, d'ailleurs. Il ne peut pas être partout puisqu'il a récemment participé au 1200 km Madrid-Gijon-Madrid mais a dû abandonner car il était malade en partant. Comme d'habitude, ça papote en quittant la banlieue. Les gros mollets s'installent devant, Ralph, Jean, Oliver, Gaby. Il fait bon pour rouler par cette belle température, je n'ai ni chaud, ni froid, ça va être une magnifique journée. 

Km 10: Taschereau et son faible lot d'autos à cette heure. Je fais connaissance avec Daniel et Marc, les nouveaux du groupe, c'est toujours plaisant d'échanger nos expériences de vélos. Marc me raconte son week-end passé dans le Vermont, il a participé à la Redemption Gravel Race, une course de 100 miles soit 160 bornes, qu'il a complété avec brio.
 
Le Gravel est à la mode en 2018


Il exprime aussi son intention de prendre part au 100 à B7, épreuve de 100 km de chemins dans la région de Bromont, fief de Lyne Bessette, d'où le jeu de mot. J'ai eu le plaisir d'y participer il y a quelques années, mieux vaut être équipé de pneus larges et de petits braquets, gravel bike conseillé. 

Marc et son gravel bike à la Redemption Race

Km 20: On sort de Candiac, enfin la rase campagne. Le vent annoncé pour la journée est de Nord 10-15 km-h, d'où la fraicheur ressentie. Ce n'est pas trop fort mais suffisant pour nous booster vers le Sud. Ça tombe bien, on a justement 60 km à faire dans ce sens. Je discute avec Gaby qui me fait part de son intention de participer justement au Madrid-Gijon-Madrid, tenté par Fred, mais en 2022, ça me paraît bien loin tout ça. Manuel me parle de ses Ironmen, tous les 2 réussis dans un temps de 14h, un au Mexique et l'autre au Texas, Bravo champion. Bravo, c'est aussi son nom de famille. 

Km 30: Rien à signaler de particulier, sauf que ça roule vite en paquet, la poussée par l'arrière et l'aspiration par l'avant sont idéales pour pédaler léger à plus de 30 à l'heure. Avec Michel, nous discutons du PBP 2019, de son voyage en France et en Italie et de ses probables lieux de visite, on en a déjà l'eau à la bouche. En parlant de liquide, j'ai une envie de pisser depuis quasiment le départ et pas question de s'arrêter à ce tempo, ma vessie devra attendre le prochain contrôle. 

Contrôle 1, km 43: Même pas 8h30 qu'on arrive déjà au checkpoint de St Cyprien, moyenne de 30, nous n'avons pas flâné. Je fonce direct au pipi room, mais Ralph m'a devancé. Enfin c'est le soulagement. Refill de fuel, bouchée de banane et biscuit énergétique, on en profite pour jaser encore. Courte pause de 10 minutes, certains rembarquent bientôt sur leur bécyk. Cela me plait car c'est ce que j'avais prévu sur mon horaire. J'entrevois la possibilité d'améliorer mon temps sur la distance, je ferai le point plus tard. Ralph, Olivier et Gaby mettent à nouveau le turbo, je leur emboîte les roues. C'est reparti à vive allure sur cette roulante 217. Les autres suivent comme ils peuvent. 

Étape 1 - 43 km

Km 50: Les locomotives jouent au TGV ou Train à Grande Vitesse, et assurent un train d'enfer. Pas le temps de trop regarder les vaches et le paysage, mais plutôt la roue du copain à 20 cm devant. 40 à l'heure par moment, en file indienne, on se tire la bourre, comme des flèches. 

Km 63: Ralph, Olive et Gaby ont fait du beau boulot, 20 km de roulés à 35 à l'heure, bravo les amis, merci pour le lift. Nous arrivons à présent au bout de notre direction Sud, c'est un point stratégique du brevet. Il faut maintenant négocier le chemin bosselé menant à la Covey Hill, juge de paix de la journée. Fini le vent arrière, on va le prendre de côté, mais dans ces portions vallonnées, c'est plutôt négligeable. Ma moyenne cumulée est de 30,5, c'est décidé, il y a quelque chose à faire avec ce foutu record. Si je fais des pauses raisonnables et si je ne fais pas trop baisser la moyenne, l'amélioration du chrono perso est parfaitement envisageable. 

Km 70: Les premières montées dévoilent les forces en présence dans le groupe. Les plus costauds sont Daniel, Olivier, Marc puis Michel qui s'accroche à leurs basques, il est orgueilleux, le Mitch. Suivent ensuite Ralph, Gaby, Manuel et enfin moi, légèrement distancé, qui n'ai pas envie de me brûler. Long est ce toboggan d'une vingtaine de bornes que je connais par cœur, qui nous mène au raidillon final avec une pente à plus de 10%. Mais au fait, nous ne sommes que 8, où est passé l'ami Jean ? Est-il parti en retard du contrôle, a-t-il eu des ennuis mécaniques, mystère ? 

Km 80: Dans la répétition des montées, j'ai lâché Manuel et Gaby. Puis c'est au tour de Ralph d'être repris. Il transpire abondamment alors que de mon côté, tout va bien, je suis habillé comme il faut et je roule à mon rythme. Je suis même encore sur le grand plateau, c'est bon signe. Je n'oublie pas de m'alimenter car les muscles ont besoin d'énergie avec ces efforts plus intenses que sur le plat. Lorsqu'on a mal aux pattes, c'est que les fibres musculaires sont en souffrance et donc en manque de carburant. Un cyclo se présente en point de mire mais je ne distingue pas qui c'est. Marc ou Mitch ? 

Km 90: Un petit gel derrière la cravate et me voilà au pied de la CH, pas la Camilien Houde, ni les Canadian Habs mais la Covey Hill. Le cycliste devant, à une centaine de mètres est à présent bien visible, c'est Michel. Je suis surpris quand un gars me dépasse par l'arrière, c'est Jean, le voilà celui-là. Pas le temps de lui demander quoi que ce soit qu'il se lance à l'assaut de la côtelette, rattrapant Mitch au passage. J'ai en tête le segment Strava de la CH, ce ne sera pas encore ce coup-ci que je pulvériserai mon PR. 

Segment de la CH sur Strava

Je suis bien mais pas je n'ai pas la giclette, ce sera mon 3ème chrono perso quand même. Le haut de la bosse est atteint. Jean et Michel se sont déjà évaporés dans la descente, je ne les rejoindrai pas. 

Les stats Strava de la CH en ce 8 Septembre pour mes abonnés

Km 100: Je profite de ces quelques kilomètres de pente douce pour me refaire une santé. Un peu de répit, ça ne fait pas de mal, d'autant que mon allure est bonne et pas trop demandante. Mieux vaut en garder sous la pédale. J'atteins Doréa et son léger faux plat montant puis c'est la descente sur la 209. Petit changement au parcours par le chemin Pollica en remplacement de Black Wood en travaux. Dernier rush sur la 202 avant d'atteindre le checkpoint de Franklin. 

Contrôle 2, km 113: 11h11, un coup d'œil à ma moyenne, celle-ci est encore à 28,5. Pas pire pour le record, va falloir maintenir le plus longtemps possible.

Étape 2 - 70 km (int.6-7 à 35, int.10 la CH)

Je prends 19 minutes pour puncher, ingurgiter un coke, un sandwich jambon tiré du sac et une demie banane, papoter un peu avec Daniel et Marc, prendre quelques clichés.

Marc et Daniel relaxent à Franklin

Plein de sucres rapides pour être rapide

Je préviens la gang des 4 mousquetaires attablés O-R-J-M que je repars déjà pour mon défi de la journée. Ouf, faut pas traîner, je reclippe. Me voilà reparti en direction de la Covey Hill, 2ème passage. Gaby arrive à mon départ tandis que Manuel est encore sur la route. 

Les 2 frenchies du 200, Orléans et Amiens

Ma gang des 4 mousquetaires O-R-J-M

Km 123: Je remonte à un bon tempo, les 10 kms me séparant du sommet à 345 mètres d'altitude. Je me sens bien mais je sais qu'il va falloir tenir sur la durée, il reste 80 kms à négocier, et bientôt le vent me sera défavorable. Daniel, le régional de l'étape, parti peu après moi, m'a déjà rejoint et dépassé. Je le vois s'éloigner au loin, il est plus véloce que moi sur son flambant Piuma noir en acier. Je bascule pour une 2ème fois au sommet de la CH, puis dévale l'imposante descente me ramenant 250 mètres plus bas. J'aperçois sur la ligne d'horizon, les gratte-ciels de Montréal et le Mont Royal, l'air est tellement pur aujourd'hui, aucune brume, ni déformation visuelle causée par la chaleur. 

Km 130: Je continue de foncer solo vers le Nord. Ça roule toujours à la perfection, le relief est encore en ma faveur et Éole ne se fait pas trop sentir. Le croisement 202-203 est franchi, j'attaque les rangs à travers champs. 

Km 150: Les kilomètres défilent, je continue de m'alimenter et boire. Heureusement, ce n'est pas un jour de canicule, alors tout devrait bien aller de ce côté. Mon Camelbak suffit amplement à étancher ma soif, je n'ai même pas emmené de gourde. Je commence à surveiller mes arrières, des fois que la troupe de mes poursuivants surgisse au détour de la route. Aux deux derniers 200, c'était dans cette section que la gang des rouleurs m'avait avalé tout cru. Mais ce ne sera pas pour cette fois, alors que je m'engage sur la 219. Je pense avoir une bonne avance, ils étaient encore en plein repas lorsque je suis reparti. 

Km 158: La grande route est plus à découvert, le vent me vient directement de face. J'essaie de maintenir l'allure autour de 25. Rouler mollo mais pas trop, tel est le maître mot. A St Patrice de Sherrington, je dépasse l'ancien dépanneur passé au feu, une construction le remplace mais elle n'est pas terminée. Il me faut pousser 9 km plus loin pour atteindre le 3ème checkpoint. Je me motive à l'idée de prendre un léger break, après il ne restera que 36 bornes. 

Contrôle 3, km 167: Voilà l'épicerie Jovy de St Édouard. Youpi ! Je ne me suis pas fait rattraper jusque là. Seul, Daniel est arrivé et termine de se restaurer. Je vais puncher et m'acheter un coke. Je m'assieds au soleil pour dévorer mes victuailles, tout en discutant avec Dan. Mon repas est la copie conforme de Franklin, sandwich jambon maison, banane et coke, le mélange gagnant. Ça commence à chauffer mais je n'ai pas envie de retirer mes manches car le fond de l'air est frais.
 
Étape 3 - 54 km (int.14 la CH bis, int16-19 entre 24-25)

Mes premiers poursuivants se pointent enfin, d'abord Olivier et Marc, puis Michel et Gaby. 

Mon 1er poursuivant, Olive la locomotive

Ceux-ci vont se reposer derrière le dép. Je n'avais pas remarqué qu'il y avait des tables et des chaises avec une boutique de crème glacée, mince alors. De toute façon, je n'ai pas le temps de flâner, j'ai un record à battre. 

La face cachée du contrôle, y a des crèmes glacées

Je remballe mon stock et me remets en selle après une pause de 15 minutes. Daniel est reparti un peu avant moi. Il m'avait proposé de rouler ensemble mais je lui dis que je préfère rouler à mon rythme. À peine sur la route, je regrette ma décision, nous aurions pu conjuguer nos efforts pour progresser plus vite. En fait, je ne voulais pas le retarder, il est sûrement plus rapide que moi.

Km 175: D'après mes calculs, je dois avoir 20 minutes d'avance sur mon temps référence de 8h42 pour un 200 km. Ce devrait être dans la poche si je ne m'écroule pas avant la fin. Je rattrape à gauche St André, toujours ce vent défavorable, ma moyenne instantanée plafonne entre 24 et 25, celle cumulée est encore à 27 et des poussières. 

Km 192: J'en finis avec la traversée de Candiac, sa piste cyclable peu roulante et ses arrêts multiples. Voilà maintenant Taschereau, faudrait pas perdre trop de temps. Même si c'est gagné, autant améliorer mon chrono le plus possible. Je scrute les lumières de loin pour essayer de les franchir sur les vertes sans déclipper. 

Km 202: Je reprends Pelletier car c'est trop dangereux par le parcours officiel qui nous fait passer au milieu des files de voitures de Panama. J'ai failli me faire étriper la dernière fois et je n'ai pas aimé ça. Je déboule sur les nids de poule de Lapinière puis Victoria. J'aperçois Daniel qui m'attend à une lumière. Il cherche le dépanneur final, en vain, après 3 tentatives, il n'a pas trouvé le bon. Je lui conseille de me suivre, je connais bien. Nous faisons le dernier kilomètre ensemble, en sprintant jusqu'au Dép du Coin. 

Contrôle 4, km 203: Arrivée à 15h22, soit un temps de 8h22, record battu de 20 minutes, yes ! Sur mes stats, j'ai roulé 7h37 à 26,7 de moyenne et je me suis arrêté 45 minutes. Je peux difficilement gagner plus sur mes pauses car il faut quand même puncher, faire ses besoins naturels, acheter des aliments et les ingurgiter. Les minutes défilent vite dans ces moments là. 

Étape 4 - 36 km

Bien que dans les brevets, il n'y ait ni classement, ni compétition, on peut toujours se faire plaisir en essayant de se battre soi-même. Cela met un peu de piquant dans la sortie et c'est gratifiant pour l'accomplissement personnel. 8h22, c'est super pour moi, ça peut faire rigoler pour d'autres. Je n'oublie pas que le meilleur temps sur cette nouvelle formule du 200, depuis 2017 avec ses 2 ascensions de la CH, est de 6h50, réalisé par l'ami Fred, évidemment. Je sais très bien que jamais je ne réaliserai une telle performance, je suis conscient de mes moyens. Mais qui sait, peut-être dans une autre vie.

Daniel est crédité du même temps que moi, bien qu'il m'ait attendu au moins 15 minutes, c'est dommage pour lui. Je texte à ma chérie ma joie de m'être bien défoulé aujourd'hui avec ce petit challenge, elle me félicite. À 8h38, voici Jean en solo. Il est pressé car il a prévu une soirée camping aux US, il doit rentrer vite pour repartir ensuite. J'en profite pour lui filer ma carte de brevet, la carte du record ! Une petite photo souvenir puis Dan et Jean rejoignent leur auto au stationnement de la VM. 

Les 3 premiers arrivants

8h50, Olivier, Michel et Ralph en terminent, bientôt suivis par Marc et Gaby, il ne manque que Manuel. Ils me félicitent pour mon défi réussi, j'en suis tout ému. Ils vont puncher et ressortent chacun avec une crème glacée. Quelle bonne idée pour finir cette belle journée et sympathique randonnée en beauté. Ça fait un superbe cliché. 

Les 5 suivants, séance crème glacée, il manque Manuel

Mitch est presque triste en songeant que c'est déjà le dernier brevet de la saison. La recrue 2017 a vraiment pris la piqûre, il a bien hâte à l'année prochaine. On se donne RV au repas de fin d'année du CVRM pour faire le bilan de 2018 et préparer 2019. Son principal objectif sera le PBP tant attendu. Ce seront de nouvelles histoires à raconter. 

À l'an prochain, sur la route du Saint Graal. 


samedi 1 septembre 2018

Un brevet pop mi-fugue, mi-raison

Après 2 semaines de vacances sans vélo, pour cause de road trip avec fiston dans le Far West canado-americain, il est temps de reposer son cul sur une selle. Avant ce mini brevet de rentrée dont le but est de rouler avec les copains, j'ai quand même eu l'occasion de remettre le métier sur l'ouvrage. Un peu de vélo-boulot en semaine, une ride d'une centaine de bornes avec les potes d'Hydro samedi passé, quelques tests de position avec ma selle de remplacement car la vis de tension s'est encore brisée sur celle de base, et me voilà à peu près prêt pour ce populaire de reprise. 

Samedi 1er Septembre 6h30, je quitte Verdun et ma cocoon profondément endormie. Celle-ci revient d'une balade en cyclo-camping-hôtel d'une semaine sur les chemins du Vermont. Elle a été fort enchantée de se ressourcer au milieu de cette nature bucolique et sauvage. Elle soigne à présent ses piqûres de maringouins, c'est le prix à payer. De retour sur la rive sud, je déjeune et prépare mon matériel, premiers coups de pédale vers 8h30. Au passage de l'écluse de St Lambert, je récupère Michel L. qui arrive à vélo de Lachine, nous rallions ensemble le stationnement de la voie maritime. 

Ce n'est pas la grande foule pour ce populaire, seulement 8 inscrits dont un désistement, c'est Manuel Bravo, notre mexicain local. Salutation et discussion avec les participants du jour. Il y a bien sûr Jean le président qui nous présente Maxime B., un athlète avec un beau vélo carbone. Celui-ci a tenté récemment le 1000 km de l'Ultra Défi du gringo du Saguenay, mais il a dû abandonner après 250 km. 

Ambiance de départ, 5 des 7 participants


Il a emmené son beau-père Bruno L. qui me fait penser, avec sa moustache à la gauloise, à Agecanonix, un personnage dans les BD d'Astérix. Dommage, je n'ai pas pris de cliché de lui, il faudra se contenter de la photo de départ. 

Le sympathique Agecanonix

Il y a aussi Olivier C. qui a dû faire la majorité des brevets cette année, incluant les deux 600 plus le 1000 km des Coureurs des Bois d"Ottawa, une bête à rouler celui-là. 

Résistant, cette vieille branche d'Olivier

Enfin voici Nathaniel, breveteux assidu lui-aussi, puisqu'il a tenté deux 600, dont celui de Lake Placid, mais n'a pu le compléter dans les 40 heures limites, comme tous les autres participants à ce difficile brevet d'ailleurs. 

Nat raconte ses exploits de l'été

Si on ajoute Michel et moi, nous serons donc 7 à nous élancer, tout comme les Sept Nains, mais malheureusement sans Blanche Neige. 

Mais que viens-je faire dans cette galère ?
Les Six Nains (+ nain photographe Jean) au départ: Max, Bruno, Nat, Pasc, Mitch et Olive
Petit jeu: à vous de retrouver qui se cache sous chaque personnage ?

Km 0: Après la traditionnelle photo de départ, c'est parti par la sempiternelle rue Victoria. Le vent de sud annoncé est déjà bien présent dès les premiers kilomètres. Comme notre ride s'oriente vers les lignes américaines jusqu'à la moitié du tracé, soit environ 70 kms, autant dire qu'on va en bouffer pour plus de 2 heures. 

Km 10: Nous quittons la banlieue par Grande Allée, je laisse mes compagnons qui sont quasiment tous des puissants rouleurs, prendre les commandes du peloton. Ça roule déjà fort et je ne me sens pas d'attaque à passer un relais. Je reste cependant dans les premières positions. 

Km 20: Je n'ai pas retrouvé le parcours du Pop sur mon GPS, je ne l'ai donc pas sous les yeux, me disant que je le connais par cœur et que je devrais bien me débrouiller sans. Et puis mes compères sont là, je pourrais alors compter sur eux, ce sera une erreur. C'est justement le moment où Jean décide d'explorer d'autres chemins. Nous tournons plus tôt que prévu sur Grande Allée, précisément sur Bellerive au lieu de continuer sur Salaberry. 

Km 25: Nous arrivons à la 104 où nous croisons un groupe de cyclos qui semble être le club des Increvables de Brossard, d'après Jean. Nous prenons leur sillage pour quelques kilomètres sur le chemin des Noyers, c'est toujours ça de moins à batailler contre le vent. Sur Evangeline, nous lâchons le peloton des Increvables où nous étions bien à l'abri pour reprendre le parcours officiel a l'Acadie. Petit détour de 3 bornes à ajouter au décompte final et à mes repères kilométriques sur ma feuille de route, grrr! 

Km 30: Les relais de notre groupe se poursuivent pour avancer malgré cette force contraire. Olivier la locomotive est souvent sollicité, de temps en temps, Jean et Michel viennent faire un tour devant. Nathaniel a l'air en forme et donne aussi sa contribution. Faut bien aussi que je participe, ce que je fais en rattrapant la 219, mais c'est bien dur de maintenir la moyenne a 27. Je laisse mon tour à Mitch qui continue le travail collectif. Maxime et Bruno n'ont pas fait grand chose pour le moment. 

Km 40: On bifurque à gauche sur la rue Principale, Éole est toujours bien présent. Chacun s'accroche au cyclo précédent pour progresser. On commence à sentir venir le point de rupture pour certains, la moyenne faiblit un peu. À ce moment, Maxime prend un relais et lâche tout le monde, personne ne produit l'effort pour revenir dans sa roue. On maintient un rythme plus lent derrière lui, mais à ce jeu des accélérations, l'ami Bruno à la belle moustache a décroché du paquet. Pas de pitié pour les faibles. 

Km 50: Virage à droite dans St Blaise sur Richelieu, petit faux plat montant. Olivier appuie sur les pédales, je m'accroche avec Mitch à ses basques. Nat et Jean décrochent gentiment derrière, je me retourne et décide de stopper mon effort. C'est assez les conneries pour le moment, j'ai faim et c'est l'heure de me ravitailler. En 3 km, le groupe a explosé en petites unités. Résumons la situation, Max devant, suivi d'Olive et Mitch, moi bientôt rattrapé par Nat, puis Jean qui attend apparemment Bruno. On se retrouve donc chacun, plus ou moins isolé, à lutter contre les éléments. Cela me fait bouillir intérieurement car je me dis qu'il serait parfois préférable de lâcher notre orgueil individuel pour décider de ralentir tous ensemble et rester en groupe. Que voulez-vous, l'être humain est souvent con, faut juste le savoir. 

Km 52: Nat m'a rejoint et roule une dizaine de mètres devant moi, pas le courage de coller sa roue, je me restaure. Une bifurcation se présente, mon compagnon suit Olive et Mitch à une centaine de mètres en avant. Machinalement, je suis les meneurs mais cela ne semble pas correct puisque notre direction reprend le nord avec vent arrière. Le temps de recharger mon parcours que j'ai retrouvé sur mon GPS et on fait demi-tour avec Nat. Les deux autres devant sont sur la mauvaise route, ils s'apercevront de leur erreur un peu plus tard. 

Au CVRM, toujours faire confiance à son propre GPS

Km 55: Je poursuis Nat à distance. Un autre croisement de route se pointe. Par mon GPS, je vois que c'est à droite, Nat choisit à gauche. Encore un dans le champ, ce brevet devient un riding gag. Je calme mes ardeurs et me disant qu'on est là pour faire du vélo dans la nature et profiter du bon air. D'ailleurs la température n'est pas trop chaude et c'est bien agréable ce rouler ce matin en dépit du vent contraire. 

Km 60: Nat me rattrape sur la 223 à proximité de St Paul de l'île aux noix, ancien checkpoint destitué. Nous roulons ensemble et il mène la danse. Je le trouve plus en forme que moi, tant mieux pour lui, tant pis moi. J'ai dû m'alimenter trop tard et je suis en manque d'énergie, ça ira mieux après la pause bouffe du contrôle. 

Km 70: Nous poursuivons notre chemin par des gauche-droite incessants et en traversant de multiples fois la voie de chemin de fer. Nathaniel me fait remarquer que nous croiserons les rails 17 fois, il a fait le calcul, je suis étonné mais il a très certainement raison. 

Km 78: Voilà enfin ce foutu arrêt de Lacolle. Max, Bruno et Jean sont déjà arrivés, Olivier et Michel nous suivent de près. Tout l'effectif est réuni. Signature et épicerie rapides, nous allons dans le parc de l'hôtel de ville en face pour dévorer nos victuailles sur la table à picnic. 

Picinic dans le parc du château

Chacun reprend des forces en papotant de vélo, bien sûr. Mitch se demande comment rapatrier son vélo lors du prochain PBP 2019, il a en effet décidé de parcourir la France et l'Italie avec sa douce en auto, sans pour autant transporter son bécyk. On lui conseille de se renseigner mais ça va lui couter un bras et une jambe. Le soleil est de sortie et je fais quelques clichés d'ambiance. 

Mitch nous expose son dilemme au PBP 2019

On serait bien à discuter des heures mais il nous faut rentrer au bercail, direction plein nord, le vent de sud va devenir notre allié. 

Super lunch mais faut remettre les gaz

La triplette Max, Bruno, Nat est repartie avant que le quatuor soit prêt au départ. Deux cyclos dont un avec Marinoni Piuma, nous questionnent au sujet de notre mini brevet, ils s'en retournent quant à eux sur St Rémi. Ok pour tout le monde, nous reclippons. 

Km 80: Je mène l'allure, le vent arrière fait vite monter la cadence à 30 à l'heure. Jean me dit d'aller tour droit sur la 221, pas besoin de prendre le détour car l'asphalte est maintenant refait. Le président et Olivier me passent devant et font grimper la moyenne a 40, j'escalade mes vitesses pour les suivre à ce rythme effréné. Je me retourne pour voir si Mitch suit mais celui-ci est bien loin derrière. Je décide de l'attendre, bien content de laisser mes deux énergumènes se déchaîner. Ils se détachent et ne tardent pas à prendre le large. 

Km 85: On quitte la 221 par la gauche sur Grande Ligne, Michel me rattrape enfin. Il m'explique que ça lui prend du temps à remettre en route après manger et il a été surpris par notre départ. On décide de rouler relax, d'autant que le vent nous pousse vraiment bien sur Rang Double, le 30 de moyenne est maintenu sans forcer. Il m'avoue aussi en avoir un peu arraché ce matin et se questionne sur son état de forme. Sa présence au 200 de la semaine prochaine reste à décider. 

Sur le chemin du retour, vent arrière

Km 94: Après quelques coups de pédale, voici déjà Napiervile. Un dernier stretch de 4 bornes sur la 219 et le deuxième checkpoint est presque atteint. 

Km 98: Michel roule devant, je m'attends à ce qu'il bifurque vers le Shell mais celui-ci continue tout droit à vive allure. A-t-il oublié qu'il y avait un contrôle ici ou est-ce volontaire, le mystère reste entier. Toujours est-il que malgré mon coup de gueule, je le vois disparaître au loin tandis que je m'arrête au dépanneur. Les autres sont encore là, le trio de choc repart déjà, Jean et Olivier profitent quelques minutes de cette nouvelle pause. J'ingurgite un coke et une barre de chocolat, mes 2 acolytes viennent me saluer avant leur départ. Je rentrerai donc seul et relax, je les encourage à y aller. Il reste 46 km et presque 1h30 pour arriver avant 15h. C'est difficilement jouable, même si le vent pousse un max, il y a les lumières de la banlieue et surtout mon manque d'envie de m'éclater la rate. On verra bien, me dis-je. 

Km 110: Ça roule fort bien sur ces petites routes désertes et fraîchement refaites. C'est agréable, je profite du moment présent sur le vélo. 

Kid Kodak en pleine décharge d'adrénaline

Km 115: Je ne ressens plus la fatigue de tout à l'heure quand j'étais assez mal après le rush matinal et le manque d'énergie. La vitesse se maintient proche de 30. 

Ça file sur le rang St André

Km 127: J'ai rejoint le tourbillon de la banlieue du côté de Candiac. Je vire vers St Philippe où je fais une micro pause, histoire de remplir mon dos de chameau avec l'eau restante de ma gourde. J'en profite pour me détendre les jambes et les épaules puis c'est reparti pour la dernière ligne droite. 


Fait beau mais fait chaud en Ta !

Km 135: Voilà Taschereau et la loterie des lumières, je file avec le spinnaker en poupe. Arriverai-je avant 15h ? Pelletier, Provencher et le sprint de l'épicerie 7 Jours. 

Km 143: Le verdict tombe. Et bien c'est manqué, il est 15h07 quand la madame signe le bout de carton. Faut dire que j'ai 4 bornes de plus au final, mais tout ceci, on s'en fout après tout. J'aperçois au loin mes compagnons qui viennent juste de quitter le dépanneur et s'en retournent au stationnement de la VM. Dommage, je n'ai pu les saluer. On se reverra donc la semaine prochaine pour le 200 avec certains d'entre eux. 

Arrivée solo au dépanneur 7 jours, phase récupération

Et ben voilà, un Populaire de plus dans la musette. L'important est d'avoir passé une belle journée d'effort et de camaraderie dans la joie et la bonne humeur. Rendez-vous dans une semaine, même heure (-2), même endroit pour une nouvelle partie de manivelles et surtout pour une nouvelle tranche d'aventures. 

Un de plus dans la musette, next !

En regardant les résultats du brevet sur le site du CVRM, je m’aperçois que la plupart des participants a fait un temps de 6h moins 7 minutes alors que pour moi, c'est 6h plus 7 minutes. De plus, l'arrivée finale était au dépanneur 7 jours en ce premier jour de Septembre. Quelle coïncidence, cette histoire du chiffre 7. Pour le brevet des 7 Nains, c'est un véritable conte de fée, ou compte de faits, c'est selon ! 

Bisous à tous. Rouler prudemment.

Mes stats sur Strava