samedi 10 juin 2023

Un dernier 600 pour Paris

 

Prologue



Il y eu beaucoup d'inquiétude la semaine précédant l'évènement. 

De nombreux feux de forêt sévissant au Nord du Québec allaient-ils compromettre la tenue de ce brevet qualificatif pour l'épreuve mythique portant le nom d'une pâtisserie ?

C'est miss Météo qui nous sort de ce pétrin ... de pâtissier ! En effet, des pluies abondantes et un vent puissant expédient toutes les fumées nocives chez nos voisins du sud. Résultat, New-York s'est retrouvé sous un ciel jaune, digne d'un film apocalyptique !

Après moultes discussions au CA du club, la décision est prise. Le 600 Mauricie aura bien lieu.

Pas de moins de 25 participants s'inscrivent pour une telle distance, l'année du Paris-Brest expliquant cela.

De mon côté, j'ai trop envie de le faire car je n'ai jamais roulé ce parcours. J'ai surtout le goût de le réussir pour ne pas avoir à passer en mode rattrapage au 600 Mégantic, deux semaines plus tard. 

J'en garde d'ailleurs un triste souvenir de l'an passé, après avoir abandonné à 80 km du but, victime d'un gros coup de chaleur.  

Cette année, les conditions s'annoncent un peu meilleures. Peu de vent, peu de pluie, peu de chaleur et quelques côtes, presqu'exclusivement dans le Parc de la Mauricie.


En route pour mon 3ème PBP, à condition de réussir un 600 !



Samedi 10 Juin, sur la ligne de départ



Routine de brevet, bien huilée !

La veille, absorption d'une grosse platée de macaroni bolognaise, suivi d'un dodo tôt pour stocker glucides et sommeil.

Le matin, cadran à 2h pour se pointer à Repentigny à 4h15. Le tunnel Lafontaine en travaux est traversé les doigts dans le nez. Je suis le premier sur site.

Premier sur site et vite rejoint par les autres

Tout le monde arrive, sauf deux frenchies. Pierre n'était pas sûr de venir car il avait de la visite. Emmanuel a été victime d'une panne de réveil. Il arrivera après le coup de pistolet.

Le président se prépare sous la supervision de Kathia

Ambiance fébrile et habituelle de départ, échanges complices et amicaux.

Deux amis et complices depuis bien longtemps

Rassemblement, briefing, photo de groupe.

Fébrilité du départ, dernier tour de chauffe

Pour 5h01, vingt-trois randonneurs, plus un quelques minutes plus tard, s'élancent sur ce 600 Mauricie.

Les 24 valeureux randonneurs qui vous souffrir vous saluent





1 - Démarrage sur les chapeaux de roue vers la cité de Gilles Villeneuve

(Repentigny à Berthierville, 49 km)



Départ rapide, tout le monde veut rallier le premier checkpoint au plus sacrant !

L'effet de groupe embarque. Quelques locomotives tirent le banc de poissons. 

Alors on suit. Alors on danse !

À peine deux bornes de roulées, que mon test de nouveau paquetage échoue lamentablement. Je dois m'arrêter trente secondes pour ré harnacher le tout. Il me faudra dix minutes d'effort intense, pulsations au max, pour recoller à un peloton lancé à toute vitesse. 

Ça commence bien un 600 !

La 138 de mes MTL-QC défile à 30 de moyenne. St Sulpice, Lavaltrie. Peu de temps pour regarder le lever de soleil sur le fleuve, mais plutôt la roue me précédant.

Ça roule fort en tête, c'est un Sulpice !

La moyenne s'élève encore d'un cran, 35 km/h. Certains s'insurgent contre cette allure folle. Ce qui a pour effet de scinder le peloton en deux. 

Je suis dans le paquet de ceux qui préfèrent rouler relax. La route est encore longue pour une petite cylindrée, comme moi.

Calmos les aminches, rien ne sert de courir ...

Lanoraie, puis déjà Berthierville, km 49, il est 6h53, nous n'avons pas chômé. Pause brève pour certains, pointage et re clippage aussi sec ! Le récit s'arrête ici pour l'aventure commune avec ceux-là !

Rapide ravito pour les rapidos

D'autres profitent de la trêve pour se restaurer, se déshabiller, faire la queue pour les toilettes. Je sirote un café en avalant un yoghourt au gruau et fruits, c'est long à ingurgiter. Quasiment tout le monde a plié bagage.

C'est la file aux toilettes

Il ne reste que Kathia, la seule femme de ce 600, Peter, le randonneur ontarien de 74 ans, et bibi. Le trio remet en route ensemble.

Cappuccino et yoghourt au gruau 



2 - Relax Max, y a pas le feu au bocal, en solo dans Lanaudière

(Berthierville à St Alexis des Monts, 75 km, total 124 km)



Nous quittons la cité de Gilles Villeneuve par des petites routes tranquilles. 

Peu de vent, on roule mollo. Plus rien à voir avec le rythme effréné de la première étape. 

On profite du paysage. Tiens, un joli pont couvert.

Un peu de tourisme, pont couvert Grandchamp

Après St Cuthbert, km 60, le relief commence. Chacun prend son rythme. Kathia devant, Peter ensuite, je ferme la marche. 

Il fait bon rouler, tout est paisible à présent. Je suis ma bulle, de la bonne musique zen dans les oreilles. 

En solo, dans ma bulle

Km 88, nous rejoignons le Harnois de St Gabriel de Brandon, ainsi que Gabriel de Gaspésie ! Pause brève pour alimenter la machine, ce sera ainsi tout au long du périple. 

Ah bon, même en été ?

Gaby renverse son lait au chocolat, Peter est encore dans la shop, Kathia est déjà repartie. Je décrisse à mon tour, en solo, vers le C2, distant de 36 bornes.

Harnois de St Gabriel

Km 100, St Didace est le seul village traversé sur notre chemin. 

Paysage bucolique en allant vers St Alexis des Monts

Par de petites routes bucoliques, nous accostons au deuxième contrôle du Marché Tradition de St Alexis des Monts, il est 10h40.

Pique-nique sur les tables à côté du magasin bien achalandé, même pour les véganes, comme Kathia. Je choisis mon kit favori, pita, creton, fromage, raisins et club sandwich, le tout arrosé d'un pepsi.

Liquide et solide doivent être absorbés

Tous les autres breveteux ont déjà filé. 

Quelques minutes avant notre arrivée au Marché Tradition

Il ne reste que Casey qui a casé son rayon, impossible à réparer. Il a contacté un ami qui doit lui apporter une roue avant. 

Casey a casé son rayon, il attend le dépanneur

Un groupe s'est reformé autour de la table, avec Kathia, moi puis Gaby et Peter qui nous ont rejoint. Emmanuel, le lève-tard a aussi réussi à nous rattraper, il est ben content de retrouver du monde.



3 - Première averse en Mauricie, le gruppetto se forme

(St Alexis des Monts à St Mathieu du Parc, 52 km, total 176 km)



Nouveau départ à cinq. Chacun reprend son rythme. 

Gaby fait le fou avec Emmanuel, suivis par la fille et les deux papis. 

Emmanuel fait le fou avec Gaby

Km 142, St Paulin, passage devant le Bois Café, souligné par Kathia, mais nous n'arrêtons pas. Le ciel se charge de nuages.

Pas d'arrêt à St Paulin, Kathia est déçue

Après St Élie de Caxton, km 154, une bonne averse nous tombe dessous. Nous nous habillons en conséquence, sous les arbres. Ce ne sera qu'une ondée passagère.

Le ciel a fini par nous tomber sur la tête

Par des routes défoncées, nous arrivons à l'épicerie de St Mathieu du Parc. Je stocke un peu de bouffe car y aura plus rien dans la traversée du parc.

La grosse pluie s'éloigne de St Mathieu du Parc

Vers 13h30, nous voici à l'entrée du Parc de la Maurice. Emmanuel et Gaby sont déjà sur leur départ. 

Emmanuel prêt à affronter le toboggan du parc

Les trois autres prennent le temps de remplir les bidons, avaler quelques victuailles et faire signer la carte. Déshabillage, il refait beau, et surtout chaud. 

Mise en condition avant de défier les côtelettes

On se met en condition pour le toboggan infernal de 62 km avec ses 9 montées répertoriées au Garmin. Je les ai déjà grimpées par le passé, lors des Défis du Parc, et aussi en 2022, lors du Gros 1000.   

Je paye l'entrée du Parc Canada pour Kathia et Peter, cadeau du club. C'est l'avantage de rouler avec un membre du CA.

Un groupe nous précédant à la guérite du parc




4 - Traversée du parc puis rodéo sous la pluie 

(St Mathieu du Parc à Ste Thècle, 114 km, total 290 km)



Kathia est une bonne grimpeuse, elle s'échappe dès la première côte. Je roule avec Peter, qui me suit à distance. 

Je monte facile, sans trop forcer. 26x24, 26x27, 26x30, je possède toute la panoplie pour grimper aux arbres !

Une côte après l'autre, plus que 8 !

Les mouches à chevreuil viennent gâcher ces intenses moments d'escalade en pleine nature. L'asphalte est excellent, de magnifiques paysages s'offrent à nous, la beauté se mérite.

Avec Peter, au bord du lac Wapizagonke, entre deux montées

En sens inverse, rencontre avec Marc Lusignan, on se salue. Il effectue le 400 Mauricie en partant de Québec, c'était prévu de se croiser. Ce n'est malheureusement pas le bon moment pour s'arrêter. Dommage, je regrette la belle photo qu'on aurait pu faire. 

Des schtroumpfs apprécient le paysage du parc 

La neuvième et dernière montée du parc est enfin gravie, altitude maxi à 430 mètres. C'est la bonne descente jusqu'à la sortie du parc de St Jean des Piles, km 238. 

Finito le parc, pas peu fier le môssieu !

Emmanuel et Kathia nous attendent sur l'herbe, au chalet de Parcs Canada. On en profite pour se revigorer et faire quelques étirements. On a perdu Gaby des radars, ou est-il passé ?

En quatuor, nous roulons jusqu'au McDo de Grand-Mère du km 252, atteint vers 18h. 

J'avais pas de photo de Gaby alors j'ai mis Richard

Gaby est déjà attablé et s'enfile deux burgers. Il repartira solo dès la fin de son repas. 

Quant à nous, et surtout moi, c'est la longue attente pour recevoir notre pitance. Les petits jeunes du fast food sont débordés. Fait chier, j'ai faim, j'ai soif, pas que ça à faire. On reprend des forces, nous en avions besoin. 

En attendant ma pitance au McDo de Mère Grand

Quarante minutes plus tard, les trois mousquetaires et leur reine se remettent en selle. C'est le labyrinthe pour sortir de chez Mère Grand. 

J'assure le pilotage, qu'est-ce que c'est que ce beans ! Les rues en construction, le pont métallique, faudrait changer ça !

On the road again vers les ennuis orageux

Puis nous filons vers St Tite, les nuages réapparaissent. 

Hi Ha ! Le rodéo sous la pluie va commencer

On fonce tout droit vers l'averse. Effectivement, nous nous prenons un bon grain d'aplomb. La route est gorgée d'eau et de trous, faut faire attention. 

Le soleil nous abandonne à la nuit

Arrivée au C4, le Bonisoir de Ste Thècle, km 290, il est 20h30, la nuit tombe. 

Nous sommes tous trempés et humides. Il faut se rhabiller chaudement pour affronter la noirceur. Ravito routinier mais on ne sait plus quoi manger. J'achète des crottes de fromages et des boissons, j'ai encore des trucs à finir dans la sacoche.

Bien rincés en arrivant à Ste Thècle, Casey se casse !

Casey nous a rejoint avec sa nouvelle roue. Il mange et se rhabille vite fait, puis décampe. 



5 - Chevauchée nocturne pour un dodo mérité au Chavigny

(Ste Thècle au Motel Chavigny, 64 km, total 354 km)



Le quatuor redémarre dans la fraicheur nocturne, tous phares allumés. Peter se détache devant, il est déchainé !

Je reste avec Emmanuel et Kathia. La route mouillée s'assèche progressivement.

Après St Adelphe, km 310, nous avons droit à une route de garnote en légère montée, gracieuseté de l'ami Marcus. Ça passe, pas de crevaison sur les roches acérées. 

Arrêt à St Ubalde pour changer la batterie de ma lumière avant, je n'ai pas de dynamo dans le moyeu. Mes deux compères m'attendent, c'est sympa. 

On a hâte d'arriver au motel. St Casimir, c'est long. On jase pour passer le temps. 

Quelques gouttelettes nous accompagnent sur la dernière ligne droite menant à l'autoroute 40, et son fameux Chavigny 24-7, km 354, il est minuit et 6 minutes !

C'est lui le patron de l'hôtel ?

On retrouve quelques randonneurs, Jo, Olivier, Loïc, les 2 Mitch, Gaby et puis Martin H accompagné de David. Ceux-là ont déjà effectué la boucle de 50 bornes autour de Portneuf, les chanceux.

Retrouvailles avec quelques têtes connues

Prise des chambres. Certains n'ont pas réservé et trouvent de bons samaritains pour les héberger. Je préfère rester seul dans ma chambre, désolé. J'ai payé pour avoir mes aises et mieux me reposer. Le temps est compté et je veux l'optimiser.

Repos pour tout le monde, même mon vélo

Au restaurant, je commande du jus, des boissons fraiches, ainsi que mon déjeuner qui sera servi à 4h du matin.

Routine de l'étape, plug des instrus

Douche réparatrice, branchement des écouteurs, GPS, iPhone. Vers 1h, je m'allonge et m'assoupis sans problème. Je me réveille tout seul vers 3h33, j'ai l'impression d'avoir bien dormi !

Une bonne nuit de 2h30 dans un lit propre et frais

Rhabillage, préparation vélo, salle à manger pour 4h. Déjeuner copieux avec mon quatuor de la veille. Jo se joint à notre tablée. Tous les autres sont repartis ou sont sur le point de repartir.

4h, c'est l'heure du brunch !

Notre groupe de cinq lève le camp vers 4h33. 

Nouveau départ du Chavigny en petit comité




6 - La journée va être longue, en solo vers Trois-Rivières

(Motel Chavigny à Trois-Rivières, 121 km, total 475 km)



Dès le départ, Jo et Kathia papotent en pédalant allègrement. Ils nous larguent sans même s'en apercevoir. C'est un véritable katnapping ! Nous ne les reverrons plus du brevet.

Un autre jour se lève sur la campagne embrumée, évacuant l'humidité de la nuit bien arrosée. 

Le soleil revient nous saluer

À Portneuf Station, km 366, c'est la confusion sur nos GPS. Faut-il prendre la route en cul de sac, route barrée traversant la track de chemin de fer ? Hop ! Un peu de cyclo-cross et l'obstacle est franchi. 

Km 366, ne pas oublier de changer la map sinon cyclo-cross garanti

Mes deux derniers compagnons, Emmanuel et Peter, roulent un ton au dessus du mien, je les laisse filer. La journée est encore longue. 

Quelques raidillons sont escaladés avant de retrouver la 138. Je retrouve Emmanuel vers Cap Santé. Je suis en terrain hyper connu, celui du MTL-QC, exécuté des dizaines de fois. 

Km 392, pause collation prévue à Portneuf, à la Halte Gourmande, fermée ! Nous voyons passer Gaby, fonçant comme une étoile filante.

Tite pause à Portneuf

On repart, je me retrouve vite seul, roulant à mon rythme pépère. Je commence à décompter les kilomètres, ce n'est pas bon signe. Prochain objectif, le Subway de Ste Anne la Pérade, dans 30 bornes. 

Km 403, le parcours repasse à deux kilomètres du Chavigny, bouclant une boucle de 50 bornes. 

Retrouvaille avec la 138 de mes MTL-QC

Un léger vent de Sud-Ouest va être de la partie all day long. En solo, il va falloir avancer sans abri. 

Je suis super motivé, il faut absolument terminer ce 600 pour se qualifier pour PBP. Pas question d'abandonner ou d'arriver hors délai. Je rassemble donc mes forces physiques et mentales. La réussite se forge à chaque coup de pédale. 

8h30, j'atteins le Sub, désert à cette heure, même pas un randonneur. Déjeuner sandwich œuf fromage avec un café, le tout bien dégueu. 

Tit déj dégueu au Sub

Tout de même requinqué, je me remets en selle. Prochain but, Trois-Rivières, dans 50 kms. 

Joli maisonnette à côté de l'affreux Sub

Au pont de Batiscan qu'on ne franchit pas, on quitte la 138 pour bifurquer vers Ste Geneviève. 

Quelques bosselettes viennent rompre la monotonie de ma solitude.


Le beau temps s'installe pour la journée, le ciel est bleu, le soleil brille, ça commence à se réchauffer. J'avais les pieds gelés à cause de mes chaussettes encore humides de la veille. 

Magnifique cadre pour cycler paisiblement. St Luc de Vincennes puis St Maurice, km 456 vers 10h30. 

À l'ombre d'un arbre, séance de déshabillage, crème solaire, rangement des affaires, je relaxe. 

Relaxation dans la pampa

Le trafic s'intensifie, les routes sont moins dédiées au cyclotourisme. C'est l'arrivée sur Trois-Rivières. Passage des ponts et les trois rivières du St Maurice.

Pont sur les 3 rivières

Puis c'est le bordel d'une grande ville, détour de construction, navigation au GPS dans le dédale des rues. 

Traversée de la capitale mauricienne

Enfin voilà le McDo salvateur du km 475, 6ème contrôle, il est 11h30.

Je retrouve Gaby et Emmanuel, pas de trace de Peter. 

Dupont et Dupont sont de retour

Je file au frais pour commander à la borne informatisée. Service rapide de mon burger poulet, frites, coke et sundae caramel. Je suis assoiffé, la chaleur à l'extérieur est montée de plusieurs degrés.

Refill de calories puissance 10

Toujours manger pour remettre du fuel, c'est un jeu sans faim ! Et tout cela, en espérant ne pas endommager notre organisme, cette belle machine à transformer la nourriture en énergie. 



7 - Attention à la surchauffe, boire beaucoup et rouler à l'économie

(Trois-Rivières à Berthierville, 74 km, total 549 km)



Nouveau départ avec une trêve de vent mais légère côtelette ou deux femmes me dépassent. Mon orgueil se réveille, je les re dépasse aussitôt. 

Nombreux changement de direction jusqu'au km 495 pour retrouver la 138 pleine de touristes en motos, en 3 roues, en 4 roues, en 18 roues. 

Beau temps pour faire du vélo !

Je rejoins Yamachiche. Je me repose sur un banc en fermant les yeux. Je vois tout de même passer Peter. Je le rattrape un peu plus loin. 

En flagrant délit de sieste

Il prend des nouvelles de JungAh, membre de sa famille. Elle a fini le brevet en 32 heures, quasiment sans dormir. Il doit la rejoindre dans un hôtel de Repentigny. 

Retrouvaille avec Peter

Nous roulons de paire jusqu'à Louiseville, km 513. Vers 14h, je m'arrête solo au Tim. Mais c'est trop achalandé, je fonce à l'Ultramar juste à côté. Crème glacée et Perrier. 

La bonne chaleur est en train de me refaire un effet catastrophique. Je dois faire baisser la température de mon corps au plus vite. 

Toujours sur la 138, je me dirige vers Maskinongé. Point positif, je suis en train de conjurer le mauvais sort des 500 km. En effet, je n'avais pas dépassé cette distance en 2022, abandon au 1000, puis au 600.

Maintenant, il faut tenir et rallier l'arrivée. Je me casse le cul sur des petites routes pourries du côté de St Barthélémy, un vrai massacre. À la sortie du village, l'asphalte est tout neuf, bon, enfin !

Encore quelques coups de pédale dans la douleur, contre un petit vent énervant. Je pense à ceux et celle qui se retrouvent en groupe, profitant de l'effet de peloton. Dommage pour moi, l'escargot de la gang. 

Km 549, enfin le dernier contrôle avant l'arrivée finale. C'est encore un McDo, celui de Berthierville, non loin du premier checkpoint d'hier matin. Il est 16h25. 

Un groupe nous précédant ne mangeant pas du McDo au McDo

J'y retrouve Peter passant sa commande. Dernier gros refill en calories. Mais il y a une file pas possible, on va être servi dans une heure ! 

Y a la file dans la shop

Heureusement, la chance est avec moi, mon repas est préparé très rapidement ! Peter a juste reçu sa poutine lorsque je finis de manger. 

Je re décolle donc aussitôt car l'heure tourne. Je ne veux surtout pas finir hors délai. Ce devrait être bon, d'après mon plan de match, sauf imprévu. 



8 - Dernier droit pour boucler la boucle, just in time, thanks Peter

(Berthierville à Repentigny, 56 km, total 605 km)



Le ciel se couvre de nuages orageux, la chaleur du jour décline tout doucement. Cependant, la lassitude et le vent me font trainer à 20 à l'heure. Les kilomètres ne défilent pas vite et ça m'énerve. 

Km 565, Peter me rattrape, il est tout content de son exploit. Nous allons finir ensemble. D'ailleurs, comme il roule plus vite, pourquoi reste-t-il avec moi ? Je ne comprends pas.  Peut-être la solidarité entre vieux randonneurs.

Peter a enfilé ses gants pour m'escorter

Nouvelle pause au Bonisoir de Lavaltrie, encore envie de crème glacée et Perrier. Il reste 28 bornes, faut pas lâcher !

Vers 19h, l'air se rafraichit, je reprends du poil de la bête. Mes écouteurs s'éteignent, faute d'énergie. Je vais terminer sans musique.

L'Assomption, puis les faubourgs de Repentigny, en longeant la rivière. C'est interminable. 

Le long de l'Assomption, c'est interminable

Le km 600 est franchi. je m'arrête. L'hôtel recherché par Peter doit être dans cette zone commerciale. Je salue le valeureux randonneur ontarien, mon partenaire de souffrance. Je signe sa carte de brevet. 

Une bonne collaboration Ontario-Québec, c'est possible !

Bye bye, good job, my friend !  

Je rejoins le McDo du contrôle final, puis le stationnement du parc St Laurent. Évidemment, il n'y a personne pour m'applaudir, tout le monde est déjà arrivé puis reparti. 



Épilogue



Presque 39 heures pour boucler ce 600, il était moins une heure ! Tel que prévu sur ma feuille de route !

Je suis crevé, vidé, mais bien heureux d'avoir terminer dans les temps pour valider ma participation au Paris-Brest. Je n'aurais pas à faire le 600 Mégantic, plus de stress !

C'est peut-être l'un de mes derniers 600 à vie. 

Mais, ne jamais dire, jamais !

Je n'étais pas supposé participer au PBP 2023. 2019 devait être le dernier.

Que voulez-vous ? L'engouement des nouveaux membres, et aussi des anciens, avec la renaissance du club m'ont apporté une autre belle énergie pour être encore de la fête à Paris.

C'est l'essence du CVRQ de préparer les randonneurs pour des folies de 1200 kms, et plus, dans le monde entier. 

Cela a attiré vingt-quatre cyclistes aujourd'hui, qui ont tous réussi leur défi.

De bonnes têtes de vainqueurs à l'arrivée, pas dur en peloton !


Je terminerai par un commentaire de Carl, un peu plus de 19h sur ce 600, notre fléchette diabétique du club, qui m'a touché profondément :

C’est vraiment le club le plus fiable. 

Ailleurs, je vois des 100 km annulés pour une averse, ou bien le 1/3 qui se présente pour un 300, ou encore on attend une heure pour partir en attendant ceux qui voulaient pas se lever trop tôt. Et ça râle pendant la ride.

CVRQ ? Il y en a 25 sur la liste, 25 au départ, 25 qui finissent, pluie pas pluie, de jour de nuit, 600 km. 

Pas croyable.


Vive le CVRQ !


Rendez-vous à Rambouillet en France, le dimanche 20 août 2023 à 18h.