dimanche 20 août 2023

PBP 2023 ou l'important est de participer



Bien content de participer à mon 3ème PBP

 

Prologue (assez long !)


J-21, dimanche 30 juillet


Réveil 6h à St Lambert, déjeuner en regardant le foot matinal avec Allemagne-Colombie en coupe du monde des Femmes. Fin des préparatifs pour le voyage imminent, étiquette sur valise, impression du vol et de la location auto, enregistrement en ligne sur Air Transat. Accessoirement, j'emmène mon vélo dans une boite en carton. Pour quoi faire déjà ? Tour de France des Femmes, étape 8, finale en contre la montre à Pau, c'est Vollering la hollandaise qui l'emporte. Grand Prix de F1 en Belgique, une victoire de plus pour Verstappen, encore un hollandais, aucun suspense dans ce championnat, il gagne toutes les courses ! Tennis à Hambourg Zverev versus Djere, match nul ! 

Rasage, douche, vidage poubelles, lave-vaisselle, je suis prêt au départ. Alex et Véro arrivent de Québec vers 13h30, apéro terrasse. Roger nous rejoint vers 15h30 avec sa BMW berline, la boite à vélo rentre juste, il l'avait mesurée ! Trafic débile pour rejoindre l'aéroport, deux heures d'attente pour accéder au débarcadère ! Mon pote me dépose aux départs, en kiss and fly. Alex suit avec Véro dans la Civic, le parcours du combattant voyageur commence. 

Mon fidèle Roger m'emmène une nouvelle fois pour PBP en passant par PET

Enregistrement des bagages et du vélo. Le gars fait du zèle en retirant les affaires de camping que j'avais stockées dans la boite. Il facture 350$ sur ma carte de crédit, je ne sais pas pourquoi, je m'en apercevrais quelques temps plus tard sur mon relevé bancaire. On se débarrasse de la boite, enfin. Checking, on casse la croute au McCafé, boarding presque à l'heure, y a des orages donc du retard au décollage. A330 rangées 31A et B, à côté d'un monsieur asiatique, pas très bavard. Bon vol avec fiston, plateaux repas dégueulasses, peu dormi. Film Her avec Joaquim Phénix, l'amour artificiel, intéressant !

Oups, mais c'est mon journal personnel ça !!!

Mes vacances ont commencé cette journée du 30 juillet. Elles devraient être bien remplies. Beaucoup de rencontres avec mes enfants, ma famille et quelques road trips sont prévus. Un programme rempli d'amour, de découverte et d'aventures. 

Un calendrier chargé ... en aventures et émotions

Vers la fin du planning optimisé et donc chargé, un évènement de cinq jours devrait m'occuper le corps et l'esprit. C'est le fameux Paris-Brest-Paris, ayant lieu une fois par 4 ans.

C'est le rendez-vous des Randonneurs Mondiaux, dont ceux de mon club du CVRQ. Me qualifier pour cet évènement ne fut pas chose facile, avec un dernier brevet de 600  terminé à l'arraché. Mon ami Nathaniel n'a pu dépasser cette étape. Plus on vieillit, plus on est soumis à certaines contraintes physiques et mentales. 

Être de la fête est donc déjà une victoire pour moi. Cette année, je n'ai aucune pression, l'important est de prendre le départ ... et peut-être de rejoindre l'arrivée. 

En attendant le jour J, les vacances commencent !


J-20, lundi 31 juillet


Arrivée en France, chez ma fille Marie et mon gendre Florent, excellent accueil et sens de l'hospitalité remarquable. Alexandre mon fiston et moi, nous remettons du jet lag. Dès le lendemain, je remonte mon vélo et vais me défouler les jambonneaux dans ma Picardie natale, je suis heureux d'être là !

Retour aux sources auprès des miens

Un bon entrainement pour le Paris-Brest ... avec un kawa, c'est encore meilleur


J-18, mercredi 2 août


Départ du road trip avec Alex en auto à travers la France, pour visiter les sœurs, les frères et ma mère. Passage à Chambord et son château, à la dune du Pilat au bord de l'Atlantique. Dodo deux nuits en camping dans des conditions épiques, sous la pluie et les bourrasques de vent.

En passant par Chambord, château de François 1er

L'Atlantique vu de la dune du Pilat


J-16, vendredi 4 août


Passage dans les Pyrénées, ascension du Tourmalet ... en voiture ! Escale de deux jours à Toulouse pour visiter mes deux frangines Sylviane et Danielle. Retrouvailles, visite de la ville rose et ses environs en bonne compagnie.

Le CVRQ salue des randonneurs au sommet du Tourmalet

En famille dans la ville rose


J-14, dimanche 6 août


Nous rejoignons Montpellier et sa banlieue. Étape de deux jours chez mon neveu et filleul Sylvain et son chum Guillaume. Alain, mon frérot, participe à nos agapes dans leur nouvelle maison. La piscine est grandement appréciée malgré une météo toujours capricieuse.

Les cousins canayens sont bien reçus chez mon neveu et frangin

Fait bon faire trempette au frette

Danse les pieds dans la Méditerranée


J-12, mardi 8 août


Direction Marseille ou nous visitons le McDo pour fiston, et escaladons Notre Dame de la Garde pour Daddy. Dernière halte familiale à Carqueiranne, proche de Toulon, chez ma sœur Nathalie, pour deux journées riches en émotion. Visite de ma mère dans sa maison de repos en compagnie de mon autre frangine Martine. 

Mister McDo rend visite à Notre Dame de la Garde

Lunch au port de Carqueiranne avec les frangines

Visite de ma Maman adorée (94 ans)


J-10, jeudi 10 août


Remontée vers le Nord de la France. Arrêt à mi-chemin à Grenoble, pour montrer les magnifiques Alpes au fiston. Retour chez ma fillote dans l'Oise, en faisant un stop à Paris pour faire de la trottinette au pied de Tour Eiffel. Plus de 3000 bornes au compteur de la Toyota pour ce mini road trip.

Grenoble est entourée des magnifiques Alpes

Trottinette au pied de Miss Eiffel


J-8, samedi 12 août


Mariage de Marie et Florent à la mairie, avec la famille proche. Mes quatre enfants sont réunis, le papa est super content. Le couple de mariés nous annonce un heureux évènement pour bientôt. Je vais être grand-papa pour la première fois. Encore de beaux moments fortement émotifs. 

Marie et Florent, un couple magnifique

Mes 4 enfants réunis, Pauline, Marie, Jack et Alex

Papa heureux mène sa fille joyeuse à son mari impatient


J-6, lundi 14 août


Nouvelle étape de villégiature de trois jours dans un Airbnb de la Côte Picarde, avec mon frangin Gérard, dit Jay. Nous remontons à l'époque de nos ancêtres familiaux, dans les villages de St Valery sur Somme et du Crotoy. Il fut un temps ou notre nom de famille était assimilé au Canada, d'où notre surnom dans le village picard de Tchot Canada, encore visible sur une porte d'entrée de maison.

Trois Canada au pays de leurs ancêtres

La légende des Canada n'est pas un mythe mais une réalité

Tchot Canada, descendant de pêcheur et de cordonnier


J-3, jeudi 17 août 


Retour dans l'Oise pour remettre Alex dans l'avion pour Montréal. Il va faire connaissance la semaine prochaine avec son nouveau Cegep. Enfin quelques sorties vélo après deux semaines de farniente totale, ça promet pour PBP.

Alex malheureux de partir mais heureux de prendre l'avion

Chantilly, la crème des châteaux


J-1, samedi 19 août


Le compte à rebours tire à sa fin. Réveil matinal encore, je dois pourtant accumuler du sommeil en prévision des prochains jours. Marie et Flo partent pour le mariage d'un de leurs amis. Jack, mon autre fiston m'accompagnant au PBP, remonte de la Dordogne en train, il sera là cet aprèm. Vers 10h30, je pars pour Rambouillet dans la petite Opel rouge de Marie, une heure trente pour me rendre et me garer difficilement proche des festivités. 

À l'époque du château de Rambouillet

De nos jours au château de Rambouillet

Le Québec salut le Canada

Rendez-vous vers 13h avec les randonneurs pour les photos des groupe Canada et  Québec devant le magnifique château. Toute la gang des Canayens est en rouge et les irréductibles schtroumpfs québécois sont en bleu. Cela démontre bien l'unité de notre beau pays ! 

Belle gang de randonneurs du Canada multicolore

Les schtroumpfs du CV Randonneurs du Québec

Les 27 PBPistes du CVRQ ne sont pas tous là, c'est bien dommage. Retrait du dossier du participant à la Bergerie Nationale située à l'autre bout du parc. Nous y allons avec Emmanuel, Gilles, Clément et Casey sous un soleil cuisant. Les maillots du PBP sont encore trop petits, comme il y a 4 ans, et impossible de les échanger, comme il y a 4 ans ! 

C'est la fête au château

Marcus et Martin savourent le moment

Je vais casser la croute dans Rambouillet avec Jonathan, sa femme Geneviève, Kathia et un gars qui va la suivre en camion. 

PBP 2023, j'y étais !


La bonne gastronomie française, merguez-frites-ketchup

Dispersion vers 14h30, je retourne à Verneuil, Jack est arrivé. Soirée avec fiston qui me raconte sa vie en Belgique. Dodo pas trop tard pour mettre du sommeil en banque en prévision des nuits blanches du PBP.



Le jour J est arrivé, place au PBP 2023 !


J, dimanche 20 août


Réveil pas trop tôt, chargement du camion en matinée, toute la bouffe, des affaires diverses et le vélo. Marie et Flo repartent pour le rebond du mariage de leurs potes. Jack me sert un bon lunch avec des pâtes au pesto, excellent pour se charger en carbohydrates. 

Jack mon fidèle partenaire pour la 3ème fois, camion mis à disposition par Serge

Départ pour 13h30, arrivée Rambouillet vers 15h, pas de trafic autour de Paris, j'aperçois le stade de France. 

Peu de SDF proche du SDF

Nous nous garons à la même place qu'il y a 4 ans, dans l'herbe à l'ombre, en bordure de la route officielle, l'endroit est parfait. Je me prépare tranquillement, harnachement du vélo, tenue du bonhomme, aucun stress. 

Youpi, l'aventure recommence

Je n'ai même pas envie de laisser Jack pour aller voir ce qui se passe dans la cohue au départ du PBP. On attend bien sagement sur des fauteuils pliants, café à la main, le coup de pistolet de la première vague des A, donné à 16h. 

La vague des A ouvre le grand bal du PBP

Les premiers randonneurs du monde entier défilent devant nos encouragements. Personne de notre gang, mais dans les B, nous apercevons Carl la Fléchette, déjà à l'attaque dans le faux plat montant. 

Allez, Go, Forza, Vamos Carloooooos !!! (jambière blanche)

Les C et D passent, je quitte Jack vers 17h et vais rejoindre le sas de la lettre I, j'ai le numéro I285, 28 comme en 2019, 5 comme en 2015, drôle de coïncidence. C'est le bordel organisé, j'aperçois Gilles et Clément avec leurs conjointes. 

Light check et check point dans les starting blocks

David est venu se mettre dans l'ambiance

David est aussi venu faire un tour, même s'il part demain, pour participer à la chaude ambiance d'un PBP, avec tous les maillots bariolés des cyclos venus des quatre coins de la planète, même si celle-ci est ronde !

Deux indiens ont peur du froid, deux canadiens ont peur du chaud
Attente du départ de la vague I



Étape 1 – Rambouillet à Mortagne au Perche – 120 km – 950m D+


Vers 18h, le décompte est donné, je franchis le sas de départ, ça bip dans tous les sens.  Je roule enfin sur PBP 2023, après tant de mois de préparation, mais sans aucune pression. 

20 août à 18h, je roule sur PBP, enfin presque !

Je ne vois personne du CVRQ dans le peloton qui avance vers son destin, je suis le troupeau en transhumance. Je passe devant Jack et son camion. 

Coucou Jack, RV à Mortagne

Je le salue alors qu'il filme les acteurs héroïques de cette nouvelle épopée. C'est parti pour Brest, la météo devrait être clémente pour ces prochains jours, vent faible à dominante Nord, pas de pluie annoncée, un peu de chaleur normalement supportable en arrivant en Bretagne. 

Forza Italia, elle roule la Squadra Azzura 

Jonathan me double dans les dix premiers kilomètres, une photo de nous deux, puis bye bye président. 

Jo le Président suivi par la meute déchainée

Les bornes défilent assez vite en pédalant en groupe, la moyenne monte autour des 28 km/h alors que je franchis le km 18, à Condé sur Vesgres. Voilà déjà les photos prises par la compagnie Maindru, en tenue de schtroumpf du Québec, elles seront fort réussies.

Le schtroumpf farceur à lunette

Puis les premières côtelettes commencent, je décroche des pelotons un peu trop rapides à mon goût. Je préfère rouler à mon rythme, en savourant ma pâte d'amande. Ma vitesse diminue dans la plaines exposée au vent pourtant léger. Une pause est prévue au km 32 à Coulomb, non loin de Nogent le Rotrou ou on ne passe plus cette année. Dommage, il y avait de belles maisons normandes à colombage dans ce village. Comme je me sens bien, je pousse plus loin. 

Dans la plaine, on se colle

Arrêt au km 50 à Tremblay les Villages, des gens proposent chaleureusement du ravitaillement sur le bord de la route. Merci bien, j'ai ce qu'il faut, je mange ma salade sauce catalane. 

Rencontre avec un autre Pascal, frenchy du Colorado

Vers 21h, le soleil va faire dodo, pas les Randonneurs

À Senonches, km 77, le soleil s'est couché, il est 21h15. Mise des lumières et des habits de nuit, baudrier réfléchissant obligatoire, manches longues, pas de pattes longues, il fait encore bon. Je déguste du riz au lait. 

Châteaux ... d'eau de Senonches

Ravit'eau des bénévoles

Je m'accroche à des groupes jusqu'au km 100, Longny au Perche. Puis je roule à nouveau à mon tempo dans les bosses. Ce n'est pas trop dur pour les jambes malgré un relief accidenté, environ 900 mètres de dénivelé positif. Rouler de nuit est toujours magique !

Riding in the night is magic

Contact avec Jack par message reçu sur mon GPS, il s'est garé à Mortagne au Perche au km 120, après la station Élan. 

Arrivée à Mortagne, ou est Jack ?

On se télescope comme prévu vers 23h30, souper pâtes au fromage. Routine de pause, déshabillage, petite toilette avec lingette pour extraire la sueur et sentir bon, stretching pour détendre le dos, repas, dodo de 40 minutes. Vers 1h du matin, café avec biscuit sablé tout en me préparant. Le tableau de marche est respecté, pour le moment.

Le repos du guerrier bien soigné par mon Jack



J+1, lundi 21 Août


Étape 2 – Mortagne au Perche à Villaines la Juhel – 83 km – Total 203 km - 550m D+


Je repars dans la nuit, ayant changé de cuissard, exit le CVRQ troué, bonjour le bon vieil Assos. Je me sens en pleine forme, bien alimenté et reposé. Pour débuter, longue descente en faux plat, ça fonce. Je poursuis un couple d'anglais, un homme et une femme, celle-ci est très véloce et mène la danse. Accompagné d'un quatrième randonneur, nous doublons pas mal de monde pendant vingt bornes environ, jusque Blèves au km 141. Puis la fille décide de lever le pied, sûrement pour prendre une pause. On ne voit pas le paysage alors on roule aux sensations dans la noirceur. Je m'accroche à un autre wagon de cinq cyclos qui roulent à un bon rythme. Comme tout va bien, je continue de suivre. Nous traversons Alençon km 164, à la vitesse grand V, pas un chat dans cette ville vers 3h du matin, les rues et les boulevards sont à nous. 

Traversée éclair d'Alençon en peloton

En sortant de l'agglomération, la vitesse est toujours soutenue. Les jambes commencent à fatiguer, je relâche la pression en me laissant décrocher. Les côtelettes reprennent, il reste trente bornes à l'étape, je vais les faire relax. Je cherche un endroit pour faire une petite pause de 8 minutes. Ce sera la seule de ce segment, à Gesnes le Gandelin, km 176. Je grignote quelque chose, éclairé par un lampadaire, puis repars aussi sec.

La seule pause de 8 minutes de l'étape 

Dernière longue côte au km 188 à St Paul le Gaultier sur 6 km, long faux plat montant à 230 mètres jusque Averton. 

On a des illuminations à Averton

Puis c'est l'arrivée sur Villaine la Juhel, km 203, atteint à 4h50. Je vais pointer dans le bordel total, des vélos partout ! J'essaye de garer mon bécyk pour rejoindre les tamponneurs de l'organisation. 

Bordel organisé à Villaines la Juhel

Tente des contrôleurs officiels

Je ressors rapido de ce tumulte, reprends mon vélo pour passer le bip de sortie, et me réfugie dans le camion de Jack. Celui-ci est stationné à la sortie du village, à la salle omnisport, merci à la localisation par iPhone. Mon chauffeur dort encore, je dois malheureusement le réveiller, il a dû contourner la ville pour se garer à proximité du contrôle. J'aperçois l'accompagnateur de Kathia, elle ne doit pas être bien loin. Tout est sous contrôle pour le moment, deux heures de pause au programme, toilettage, mangeage et couchage. Roule ma poule !

Refuge dans le camion avec mon chauffeur à moitié endormi



Étape 3 – Villaines la Juhel à Fougères – 90 km – Total 293 km - 700m D+


Vers 7h, nouveau changement de bib, l'Assos me fait un peu mal sur un côté, je mets le cuissard Canada au bon chamois. 

Bib Canada avec warm legs Québec

Je repars au petit jour, youpi, j'économise de la batterie. Je me sens encore un peu endormi mais la fraicheur du matin va vite me réveiller. 

À moitié endormi au petit matin

Les groupes ont disparu, c'est plutôt solo que les gens roulent. Côtelette d'Hardanges au km 214, pour monter à 280 mètres. Je la connais bien puisque c'est la 3ème fois que je passe ici. Ça y est, je suis réveillé, j'apprécie ce moment du petit jour. 

Solo, duo ou gruppetto, choisis ton camp camarade

Km 221, le Ribay, il y a de l'animation avec un stand pour manger et dormir, je ne m'arrête pas. Km 232, Lassay les Châteaux, Kathia la schtroumpfette me double en me saluant, mais n'engage pas la conversation. Elle doit être pressée ou me trouver trop lent. Km 244, Ambrières les Vallées, je fais ma pause habituelle au restaurant au bord de la Varenne, affluent de la Mayenne. 

Pause ravito à la Varenne

Je me remplis la panse à un stand ou on peut commander de la bouffe. Grâce au ravito du camion, j'ai de quoi dans la sacoche, coke et crêpe au chocolat. Pause 15 minutes en observant le va et vient des cyclos plus ou moins endormis après une nuit à rouler. 

Déjeuner à Ambrières les Vallées

Je repars dans les faux plats montants jusque Lévaré km 266. 

Le village français type, l'église et la boulangerie

Arrêt à l'église ou je discute avec un touriste curieux sur le PBP. C'est aussi un amateur du Québec, du coup, on se prend en photos. 

Égoportrait avec un admirateur du PBP

Km 278, le Loroux, je file au son des ambulances, c'est toujours inquiétant. Descente dans la cuvette de Fougères par de grandes routes très roulantes, je fonce. Pointage au contrôle à 11h39 ou j'espère voir Nathaniel. Malheureusement, ce n'est pas son shift de bénévole, c'est ben dommage, j'aurais aimé le saluer. Il fera la une des journaux locaux, en vedette américaine ! D'autres cyclos du CVRQ l'auront aperçu. 

Contrôle de Fougères, j'ai manqué Nathaniel

Retour sur mes pas, je rejoins Jack, garé à l'ombre dans un parc, avec des toilettes à proximité, s'il vous plait ! On chille tranquille, la forme est encore correcte, je continue de savourer l'instant présent. Bonne bouffe, bon repos, puis nouveau départ dans d'excellentes conditions. Je me déguise en Randonneurs Canada pour les prochaines photos Maindru !

Un cyclotouriste pas stressé par le PBP



Étape 4 – Fougères à Tinténiac - 61 km – Total 354 km - 400m D+


Départ 13h de Fougères sous le cagnard. Courte étape de jour, je suis équipé léger, genre contre la montre. Ça grimpouille en passant devant le château, cher à Nathaniel, c'est pour cela qu'il voulait aider ici. 

Le château de Fougères en reconstruction ?

Je roule solo, de temps en temps accompagné. Km 301, Romagné est rapidement rejoint.

Le défilé des villages se poursuit

Km 314, St Aubin du Cormier, pause prévue mais je m'arrête un peu plus loin, à Gosne, km 319, à l'ombre de l'église, il est 14h15. Il commence à faire chaud solide. 

Commence à faire chaud pour mister Canada

D'autres randonneurs vont à la boulangerie ou à l'épicerie du village. 

À la recherche de bouffe et de fraicheur

Je sympathise avec un compatriote canadien faisant la sieste, K159 Edwin Lai de l'Ontario. Je n'ai besoin de rien, j'ai une San Pé pour me désaltérer, une crème Mont Blanc et une compote à la châtaigne Materne, tout ce qu'il faut pour récupérer des forces et me mettre au frais ! 

Un compatriote faisant la sieste

Ravito maison pour bibi

Je poursuis ma route derrière un couple de polonais. On monte, on descend mais rien de compliqué. 

Balade de Chopin avec des polonais

Km 340, la Pommeraie, ravito d'eau à des gens en bordure de la route. Le vieux monsieur a aussi fait le PBP dans son temps. Il me raconte ses exploits avec nostalgie et il continue d'admirer les randonneurs d'aujourd'hui. L'important pour le moment est de bien s'hydrater.

Les sauveurs en eau des randonneurs

Descente sur Tinténiac au km 354, un peu rincé, le repos sera bienvenu. 

Encore un contrôle de rejoint

Pointage au contrôle officiel à 15h56 puis retour au camion de Jack, posté à la sortie du village sur la route principale. 

La tour de contrôle de Tinténiac

Mon cook a préparé un délicieux hachis parmentier avec jambon. Récupération tant bien que mal. La chaleur commence à me cuire à petit feu, hydratation est le maitre mot. Somme de vingt minutes, rhabillage, départ vers 17h. J'espère que la fin de journée sera bénéfique, avec la fraicheur qui devrait revenir. Une envie de numéro deux commence à se faire sentir, mais pas de toilettes proche, fait chier !



Étape 5 – Tinténiac à Loudéac – 82 km – Total 436 km - 750m D+


La route est assez dangereuse pour repartir. Des camions nous doublent en nous frôlant car pas de bande cyclable. Jack me dépasse à son tour, ça grimpe jusque Bécherel au km 362. Mon dépôt de bilan se concrétise près d'une voie ferrée désaffectée du km 370, au Clos des Landes, peu avant Médréac. 

Pause bucolique et sanitaire

J'arrive au contrôle secret à Quédillac que tout le monde connait. Comme il y a 4 ans, ce n'est pas un checkpoint mais une aire de repos avec ravitaillement bouffe et eau, dodo possible et même toilettes, ah ben, si j'avais su. J'y fais une brève apparition, le temps de boire mon coke et d'avaler une collation. 

Contrôle secret de Quédillac !

En quittant Quédillac, nouvelle séance de photos Maindru avec le kit Canada, encore de beaux souvenirs de gravés. 

Captain Canada frime devant les photographes

St Méen le Grand, km 387, je cherche l'endroit d'une photo prise en 2019, autour d'un banc en pierre en forme de triskell breton. J'adore cette image que je regarde souvent, je voulais me remémorer cet instant fugitif des deux randonneurs pris sur le vif. 

À la recherche de la photo du triskell

Photo originale de 2019 du triskell aux deux randonneurs ariégeois

Puis les côtelettes se succèdent dans cette étape accidentée. Les kilomètres ne défilent pas vite, la moyenne s'en ressent. Je roule avec des indiens (de l'Inde) perdus dans la pampa bretonne. Le moral commence à s'effriter, même si la chaleur s'estompe avec la fin de journée. Le vent légèrement défavorable, conjugué aux faux plats montants, joue avec mon mental. Ou est passé cet esprit guerrier, ce fighting spirit de ma première expérience PBP de 2015 ? À cette époque, 8 ans déjà, la motivation était au top et le mot Abandon était proscrit de mes pensées. Je commence à gamberger de la mauvaise façon. La réalité est que je n'ai plus le goût de souffrir sur un vélo pour le plaisir, après 24 heures de selle. La sempiternelle question du randonneur démotivé me hante à nouveau. Pourquoi je fais ça ? 

Des groupes me doublent avec aisance, pas capable de les suivre, mon calvaire se poursuit. Pourtant, peu de mal au dos, jambes encore énergiques, juste plus envie d'être là, avec tous ces kilomètres restants au PBP. De toute façon, je sais très bien que j'arrêterai avant la fin. Brest est visé, faire 600 bornes, après on verra. Mais irai-je jusque là ?

Même mon appareil photo perd la boussole. Impossible de prendre des clichés, ils sont systématiquement surexposés ! Est-ce un signe qu'il m'envoie ? C'est digne d'un film d'horreur ! Je n'ai même pas envie de sortir mon iPhone pour prendre des photos. Mon cerveau, tout comme ma caméra, est en train de disjoncter. 

Un fantôme s'est inséré dans ma caméra ... et mon cerveau

Je continue à un rythme faible, à la recherche d'un endroit pour une nouvelle pause. Pas beaucoup de village par ici pour une halte confortable, juste des côtelettes et des randonneurs qui s'échinent. Je commence à avoir faim et perdre des forces, faut que je recharge les accus. Arrêt donc au bord de la route, après St Launec au km 405. Je m'enfile les restes dans ma sacoche, thon mayonnaise, lait Nestlé, brioche aux abricot, coke, tout y passe. Je me goinfre sous le regard des indiens affamés qui défilent en cortège. 

La lumière du jour faiblit, la température avec. Je me rhabille en mettant les loupiotes près d'un cimetière à Laurénan, km 417, sombre présage. Puis j'accroche un groupe, voulant en terminer rapidement avant la nuit. Descente puis ultime côte imposante, je sers les dents. Derniers kilomètres pénibles en arrivant sur Loudéac km 436, ça n'en finit pas. Je vais pointer au lieu de contrôle surchargé, il est  22h16 en ce lundi 21 août. 

Rien ne va plus pour le participant I285 ...

Tant bien que mal, je rejoins Jack, déjà arrivé chez mon ami breton Luc, depuis deux heures environ. Ils ont commencé à siroter en m'attendant. Luc bafouille un peu, Jack est bien gai ! Quant à moi, j'ai le moral dans les chaussettes. Je songe à abandonner. 

Luc et Jack, deux larrons en foire

Mes deux acolytes éméchés s'insurgent en me disant que je dois aller jusqu'à Paris, à coup pied dans le popotin, s'il le faut. Je me donne la nuit pour y réfléchir. Aucun mal physique cependant, mais plus de plaisir à souffrir. On discute de tout cela tout en mangeant des pâtes pas très cuites, et du poulet bien meilleur. Je n'ai pas trop faim, je picore. 

Finalement, bye bye les amis, je prends ma douche et vais me coucher vers 23h, dans une chambre d'une maison bretonne. 



J+2, mardi 22 Août


Réveil chez Luc à Loudéac vers 5h grâce au cadran du iPhone. Celui-ci devait conduire sa fille à l'usine, mais impossible de passer à certains carrefours à cause du PBP. De mon côté, la question essentielle se pose. Est-ce que je continue ? Je pèse le pour et le contre. La déception de la famille et des amis qui me suivent. Pourquoi aller jusque Brest avec beaucoup de côtes à grimper et plus d'envie. Arrêter ici permettrait d'éviter 300 km de voyagement à Jack. Je passerai aussi plus de temps avec Luc. 

Je bois un café avec mon ami en jasant de nos vies, on laisse dormir Jack dans le camion. Ma décision est prise. Mon Paris-Brest se termine en Paris-Loudéac, nouveau brevet de 400 km ! L'affaire est classée. 

L'heure est grave, mon Luc. J'abandonne

Vers 8h, je vais me recoucher pour me réveiller vers 11h30. Apéro avec des potes de Luc dans une cave à vin. 

Boire un petit coup, c'est agréable ! Un toast au PBP 2023 !

Puis lunch dans une  pizzeria, pâtes aux pétoncles, à défaut de galette bretonne, coupe crème glacée, café espresso. 

Un bon gueuleton pour fiston et son Daddy

Nous disons au revoir à Luc en nous promettant de nous revoir au Québec en 2026. Nous quittons Loudéac et les Randonneurs du PBP 2023.

J'ai mis une croix sur mon 3ème PBP, comme prévu !

Nous taillons ensuite la route en camion jusque Rennes. Jack s'y fait faire deux piercings dans l'oreille, cadeau de son Daddy. Autoroute par Le Mans puis Paris. 

Retour à la case départ, en camion et plus tôt que prévu

Arrivée à bon port vers 21h30. De retour dans l'Oise, retrouvailles avec Marie et Flo. Puis dodo pour tout le monde après une journée bien remplie. 

Les vacances continuent. Comme si de rien n'était ...



J+3, mercredi 23 Août


Du coup, pas besoin de trop de repos pour récupérer des mes efforts au PBP. Pendant quatre jours, je peux à nouveau profiter de ma belle Picardie que je redécouvre avec plaisir. J'effectue quelques balades à vélo sur des routes bien connues et remplies de souvenirs. Je passe de bons moments entourés de ma fille, mon fils et mon frère, je prends des réserves avant de repartir de l'autre côté de l'Atlantique.

Retrouvaille avec les villages de l'Oise, nostalgie de mon Jacko

Mes 3 Paris-Brest, un réussi et deux échoués, game over !

Dans la vie, il y a des cactus ... et des oignons ... et la roue tourne toujours


 

J+7, dimanche 27 Août


C'est l'heure des joyeux festins et des tristes adieux. Marie me conduit à l'aéroport. Je lui souhaite une belle grossesse que je vais suivre à distance. 

En Gaule, ça se termine toujours par un festin !

Dans l'attente du vol, je rencontre Olive du club. Lui aussi a failli abandonner à cause d'un gros coup de chaleur. Heureusement, il a su se reprendre et terminer son PBP dans les temps.

Puis l'avion nous emporte au dessus des nuages, au delà de l'océan, vers notre terre de résidence au quotidien. La vie continue. 



Épilogue (plutôt court !)


Le PBP est terminé pour moi depuis belle lurette. J'ai pourtant suivi avec intérêt la progression de mes amis randonneurs du Québec grâce au tracker officiel. 

Il y a eu un non partant, ce fut Michel Lemaire, pour des raisons familiales. Jean Longtin a abandonné à Tinténiac à l'aller, pour une raison inconnue à ce jour. Carl Fréchette a stoppé la machine à cause de problèmes avec son diabète, abandon à Carhaix au retour. Casey Lambert a subi le coup du cou ou Shermer's neck, le même que j'ai subi en 2015 en fin de PBP alors qu'il me restait 30 bornes. Pour lui, il y avait trop à faire pour terminer, il s'est arrêté à Loudéac au retour. Enfin, il y a eu un Hors Délai pour Gaby, il a bouclé les 84 heures prévues en 89. Il aurait réussi avec succès s'il était parti dans les 90 heures !

Sur les 27 participants du CVRQ, 22 ont terminé dans les délais, dont 13 recrues, ce qui est un record de participation et de finishers pour le club. 

Quelques uns raconteront leur expérience dans un récit qui donnera peut-être le goût à d'autres de suivre leur trace. La roue tourne, donnez au suivant !

Bravo à tous, vous êtes mes héros !

Voici la liste des 27 car ils sont tous digne de mention. 

Un record au CVRQ, 27 participants et 22 finishers dont 13 recrues ! Un bon cru.

C'est décidé, désormais, je voudrais faire du vélo dans le cadre de voyage et de découverte. Tout en restant membre et dirigeant du club, bien entendu, mais en limitant mes brevets aux 300 voire 400 bornes maxi. 

Invitation aux voyages

Un nouveau projet trotte déjà dans ma tête. Le Tour du Québec en 10 étapes, 10 heures et 150 km par jour, soit 1500 km. Un beau petit voyage à vélo !

Vive le CVRQ. 

Vive le vélo.

Mon PBP 2023 est terminé, l'important fut de participer


4 commentaires:

  1. Bravo Frenchie 👍 très bon récit comme toujours

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    1. Merci Gerry ! L'accouchement fut long mais nécessaire. Comme pour fermer une page de mes aventures longues distances. Vive la moyenne distance au club et les voyages !

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  2. Toujours en forme le PP malgré l'abandon! Je me revois encore entrain de suivre ton premier PBP, c'est fou comme le temps passe vite! et Félicitations aussi pour les heureux événements, ça grandit les enfants :-)

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    1. Allô Hugh! Le sachem a bien parlé ;-) Oui toujours en forme malgré les années qui défilent. Le vélo reste ma passion, la trop longue distance un peu moins. Et la vie continue. Avec la joie de devenir grand-père. Ça grandit les enfants, et ça vieillit les parents ! À un de ces jours ! Bises à toute la famille.

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