samedi 4 juin 2022

Vent, côtes et participants en masse pour ce 400 Jean Robert révisé

 

Introduction 

La saison 2022 du CVRQ se poursuit. Les difficultés augmentent au fur et à mesure que le calendrier avance vers l'été. La forme s'améliore également, avec le volume de kilomètres accumulés. Cette semaine au menu, c'est le classique et exigeant brevet de 400 km, dit Jean Robert pour faire honneur à notre ancien président du CVRM. 

Le parcours a été revu et corrigé par le comité Brevet. La deuxième partie du tracé a été remanié pour découvrir de nouvelles routes, en allant plus au nord. Elles sont aussi moins passantes pour améliorer la sécurité des randonneurs. Le théâtre d'aventure est à nouveau dessiné, il ne nous reste plus qu'à aller l'explorer.


Mon pote Jean Robert vous invite à son 400 éponyme


Km 0: Départ du Parc de la Voie Maritime de St Lambert - Samedi 4 Juin 

Réveil à l'aube pour aller rejoindre vers 4h15 le sacro-saint stationnement de la VM. Pendant plus de 24 heures, avec une gang de joyeux lurons, nous allons pratiquer notre sport favori. Rien de tel pour oublier tous les petits soucis de la semaine !  

Aux aurores, je suis le premier à arriver sur le parking désert. Richard C puis Fred P, le distributeur de cartes désigné, font leur apparition. Bientôt, c'est toute une effervescence de passionnés du 2 roues longue distance qui s'installe. Les cyclos se préparent, j'en profite pour saluer mes compagnons de la journée. J'assiste Fred à distiller les précieux sésames. 

Fred devra distribuer les cartes avant de se sauver

Marcus me montre fièrement ses nouvelles chaussures pour sa Trans-Continentale. Elles sont montées en acier SPD, moins fragiles que les plastiques des SPD-SL. Seul petit problème, je lui fais remarquer qu'il n'a pas vissé les cales. Démontage des pédales, en grande pompe, pour remettre les anciennes ! Rappel d'un de mes principes de base, ne jamais faire de tests de matériel lors d'un long brevet !

Sti, heureusement que Pas-cales était là !

Nos courageux aventuriers sont les suivants. D'abord ceux s'élançant pour la première fois sur un 400, Richard C, Patrice PG, David P, Kevin P et Matthieu S. 

Deux canaris avant leur 1er envol pour un 400

Puis des randonneurs aguerris, Véronique RdM, Michel G, Jocelyn C et Jean S. 

Jean S s'affute en vue du Défi des 21

Enfin, les PBPistes endurcis, Gabriel A, Marc B, Olivier C, Yvon C, Martin D, Michel L, Fred P, Pascal P, Jean R et Régis P, un français originaire des Pyrénées venant découvrir le club. 

Yvon et Mitch, les 2 flashmen

Au total 19 partants sur les 21 inscrits. Carl F préférera rouler un aller-retour Ottawa et Fred D restera dans son lit, à chacun ses batailles !

Ambiance fébrile sur la ligne de départ

Briefing de départ avec Fred, nous expliquons les nouveaux contrôles de ce 400 revisité, un rappel de la sécurité sur nos routes souvent maganées du Québec, ainsi qu'une attention particulière de nuit. Richard nous a prévenu cette semaine que le Rang des Trente a été bombardé récemment, donc prudence, prudence ! 

Fred en plein briefing

5h03, photo souvenir puis les fauves sont lâchés. On roule sur le 400-LA22-JROBERT du CVRQ.

Ave Pascal, ceux et celle qui vont souffrir te saluent ! 


Km 19: Grande Ligne et son champ de mines 

Départ piano et première dispersion après 200 mètres. Certains s'en vont rejoindre Victoria par le tracé officiel. L'autre paquet des habitués bifurque sur Notre Dame, soit l'ancien parcours. Comme quoi, ce 400 JR est fortement programmé dans nos cerveaux ! 

Presque tout le monde se regroupe, soit 16 cyclos, lorsque je fais les comptes en prenant des photos de la troupe. Il en manque donc 3. D'abord Fred, ayant déjà disparu des tablettes, parti en éclaireur, comme à son habitude. 

Puis Régis, le nouveau frenchy qui ne connait pas les départs tonitruants du peloton montréalais, qu'il qualifiera de véloce ! Il fera les 400 bornes en solitaire, chapeau l'ami ! J'ai aussi connu ce spleen du randonneur solitaire, et plus d'une fois.

Enfin, David arrivera 20 minutes en retard. Il rattrapera un groupe de compagnons après 250 kms. Il se sentait seul au monde, dira-t-il.

Peloton groupé en plein papotage

Avec tant de people, ça papote tout azimut dans les rangs. Nous quittons la banlieue Rive Sud par Lapinière, puis l'extension du Dix-30 par Grande Allée. On se retrouve finalement dans la pampa. La température s'est un peu rafraichie mais cela reste très confortable. Je ne porte qu'une paire de manche pour supporter les 11 degrés matinaux, au pire de la courbe. 

Toujours des intenses discussions avec l'ami Jean

Nous déboulons sur la fameuse route pourrie de Grande Ligne, jamais refaite, seulement patchée, depuis que je la connais en 11 années de brevet. C'est sauve qui peut pour éviter de se jeter dans les trous.


Km 30: Passage du Richelieu, en souvenir du Cardinal

Nous commençons à sentir les effets d'Éole provenant du sud. Les plus costauds tirent le paquet en avant. Pour Jean, le vent est un facteur négligeable dans une randonnée. C'est pour cela qu'il reste bien planqué à l'arrière du peloton. Tout comme moi, d'ailleurs !

Moi planqué dans le paquet ? Non, je prends les photos officielles

Malgré la force contraire, la moyenne tourne autour de 27 km-h, les kilomètres défilent gentiment. Voici déjà le pont du Richelieu que nous franchissons allègrement sous un soleil qui darde ses premiers rayons, il est à peine 6h.


Km 48: Mont St Grégoire, peloton en éventail

Nous virevoltons dans la campagne, au gré des changements de direction. Tantôt le vent est de face, je me positionne juste derrière le cyclo me précédant, pour me bouffer moins de résistance et profiter de l'aspiration. Tantôt l'air vient de travers, je me mets du côté le moins exposé pour me protéger. 

Pas un bon exemple d'un peloton en éventail

C'est tout un art de savoir rouler en peloton et surtout sans effort. Il suffit de bien déterminer la direction du vent. La boussole du GPS est bien pratique quand on connait la direction du vent. Si tout le monde a bien compris le mécanisme, cela forme un bel éventail de cyclos prenant toute la largeur de la route. Aussi, soyons vigilants et gare aux autos pouvant arriver à tout moment. 

Le mont st Grégoire au petit matin

Le mont St Grégoire se profile au loin, son village est vite dépassé. Marc et moi proposons un arrêt pipi mais la troupe n'a pas l'air décidée à s'arrêter. Nous perdons donc quelques éléments isolés, pour satisfaire leurs besoins, notamment Patrice et Kevin. 


Km 73: Contrôle 1 à ND de Stanbridge, dépanneur fermé et engueulades

Nous continuons notre progression vers le sud pour atteindre le premier checkpoint de Notre Dame de Stanbridge. Avec notre belle vitesse de croisière, les organisateurs n'avait pas prévu que nous arriverions si tôt. Il est 7h43 et le Marché Gendreault ouvre ses portes à 8h, c'est la déception. 

Allure trop rapide pour le 1er contrôle

Certains profitent du bref arrêt pour arroser le mur ... et se faire engueuler par une madame défendant son territoire, ce qui est tout à fait compréhensible. Un peu de savoir vivre est demandé à tous nos participants.


Km 82: Bedford, contrôle de substitution 

Du coup, c'est la débandade. Le beau groupe est complètement disloqué, chacun est reparti dans le désordre. Le prochain village, distant d'une dizaine de bornes, sera notre point de contrôle de remplacement. Je me retrouve à la traine à cause de mon délestage de vessie, effectué dans la verdure, je précise ! En sprintant, je rejoins quelques unités, Marc, Olivier, Michel, Gaby, Jean et Martin. 

Bedford remplace Notre Dame de Stanbridge

Nous atteignons Bedford, à l'heure ou quelques commerces sont ouvrent leurs portes. Je connais un supermarché Métro, légèrement décalé du parcours. J'y emmène 3 de mes acolytes dont Marc, Olive et Mitch. Pour les autres, on se retrouvera plus tard, sauf Jean que je ne reverra pas du brevet. 

Ouf, le Métro Plouffe ouvre à 8h, il est 8h06

Pas de café chaud à l'épicerie pour se réveiller, je compense par un thé froid accompagné d'un croissant au jambon. Pour les autres, ce sera lait au chocolat et sandwich, que nous dégustons sur des tables à pique-nique. 

Michel nous raconte ses dernières péripéties sur le Virginia 1200 de la semaine passée. Ce brevet s'effectue en trèfle, il y a 4 étapes dont le point de départ et d'arrivée se situe au même endroit, idéal pour dormir dans un bon lit à chaque nuit. L'indestructible Mitch a été obligé de zapper l'étape 3, à cause de la grosse chaleur. Il nous narre l'histoire d'un des participants en fixie qui s'est fait frapper mortellement par une auto, presque sous ses yeux. 

Marcus s'étouffe en écoutant les histoires de Mitch

Tout cela nous ramène à rouler avec une extrême prudence, même malgré la fatigue. Ceci étant dit, mes compagnons s'éternisent alors je repars seul vers mon destin. Ils me rattraperont, comme on dit d'habitude. 


Km 107: Frelighsburg, ancien contrôle du 400 

Je quitte Bedford, joli village à souvenirs ! Direction la ligne de frontière du côté de St Armand. Peu avant de bifurquer sur la gauche, je suis surpris de revoir si vite mes 3 compagnons. Les difficultés de ce 400 commencent, je sais qu'il va falloir que je roule à mon rythme, pour ne pas me mettre dans le rouge. Chi va piano, va sano e va lontano !

Déjà repris par mes 3 lascars, le chemin St Armand se profile

Je laisse donc mon trio s'éloigner inexorablement à chaque bosse, c'est très bien ainsi. Pigeon Hill est franchi. Un dernier raidillon puis c'est la bonne descente sur Freligshburg, ou je m'éclate à plus de 70 km-h. 

Je suis fou de la vitesse ... et du chocolat Lanvin

Arrêt à l'entrée du village, au magasin des Sucreries de l'Érable, désormais fermé. Que c'est dommage, une si belle boutique de gâteries. Nous l'avions encore bien honoré lors de notre dernier 400 de 2021. 

Finito les sucreries à Frelighsburg ;-((

Je fais une courte pause sur le banc, me demandant si d'autres se sont arrêtés à la station service située un peu plus haut. Ce sera le cas pour Jean, Martin et Gaby, les réminiscences de l'ancien 400.

Y a t il des cyclos à l'ancien contrôle du 400 ?


Km 124: Abercorn et côte de Scenic, ça grimpouille  

Vers 9h30, me voilà reparti à la conquête de la Joy Hill, signifiant littéralement, côtelette ou y a de la joie ! J'aperçois la dégaine caractéristique de Gaby se déhanchant sur son bécyk pour gravir opiniâtrement la difficulté. Avec détermination, je n'ai pas de peine à le rattraper. 

Nous poursuivons ensemble notre chemin, dans les splendides paysages des vergers du mont Pinacle, avec Jay Peak en toile de fond. La température est agréable pour cycler, le vent nous pousse, le moment est parfait, la vie est belle ! Mon compagnon est intarissable en conversation, un véritable moulin à parole. Nous discutons du prochain long brevet du club, surnommé le Gros 1000, que nous ferons peut-être ensemble. Je vais voir pour réserver les hôtels, avec des chambres à 2 lits ! 

Retrouvailles avec Gaby en longeant le mont Pinacle et l'US border

Après quelques culbutes vertigineuses, nous arrivons au croisement de la 139. En face, c'est le charmant village d'Abercorn. C'est aussi la terrible Scenic avec ses forts pourcentages. Elle se dresse devant nos roues, pour nous en faire baver d'aplomb. Chacun effectue l'ascension à son allure. 

Mignon hameau d'Abercorn ... pas le temps de niaiser !

Avant la dernière rampe menant au sommet, je rejoins un autre cyclo du brevet. C'est Martin qui s'est fait largué par Jean. Ensemble, nous dévalons à toute allure l'autre versant de Scenic, toujours aussi impressionnant. 


Km 149: Contrôle 2 de Mansonville, miam miam Euro-Délices  

Sans attendre Gaby, nous pédalons de concert dans la vallée de la Missisquoi. Nous apprécions l'emprunter dans ce sens, beaucoup plus roulant. Surtout en étant propulsé par le vent, qui est passé au sud-ouest.  

Martin est mon nouvel ami dans la vallée de la Missisquoi

Vers 11h30, nous achevons une énième côtelette menant au 2ème contrôle de Mansonville. Le checkpoint officiel est à l'épicerie Bonisoir mais nous connaissons un endroit plus gastronomique, déjà visité lors de précédentes rides. 

Mansonville et les délices du village

C'est l'Euro-Délli ou se déguste une délicieuse saucisse polonaise au chou et moutarde, complétée par un dessert gourmand, genre strudel aux pommes ! 

Kielbasa, saucisse en polonais pure laine

Pour déguster notre butin, nous allons rejoindre nos amis installés dans le parc ombragé juste en face. Nous retrouvons Marc, Olive, Mitch, ainsi qu'Yvon et l'autre Michel. Il y a aussi Jocelyn, il commence à avoir mal à un genou. Cela l'a contraint à réduire son allure. Jean est reparti un peu plus tôt, il est en mission dans son raid solitaire.

Une belle gang de vainqueurs en pleine collation

Nous reprenons des forces, nous nous réhydratons pour les prochains efforts. Six cyclos repartent avant nous. C'est avec Gaby et Martin que je remets en route. 


Km 158: Vale Perkins et ses jolis paysages

Nous attaquons un secteur fort agréable de ce brevet, mais aussi bien vallonné. Nous passons proche du mont Owl's Head, très apprécié été comme hiver, pour ses randos et son ski. Nous retrouvons Jocelyn dans une bosse, il semble en arracher de plus en plus avec son maudit genou.

Mon nouveau trio du côté de Owl's Head

J'aperçois toute une gang de cyclo-sportifs dans l'autre sens, qui semble être la troupe Messorem de Yanick J. Ce sera confirmé par échange Strava. 

La gang Messorem de Yanick rencontrée en sens inverse

Les belles vues s'accumulent, j'adore notamment celle du lac Memphremagog, avec son enivrante descente en forme d'atterrissage sur Vale Perkins.

Atterrissage à Knowlton Landing, fort bien nommé 


Km 172: Austin, une bombe nous dépasse  

Les faces de singes continuent vers Knowlton Landing puis Austin. C'est à cet endroit que le 400 traditionnel a été modifié. Nous abordons une centaine de kilomètres de découverte, l'inconnu rend cela assez excitant. 

Que passe-t-il derrière ? Un missile nommé Gaby ? Un orage menaçant ?

Nous poursuivons nos ascensions avec Martin et Jocelyn. Gaby doit être loin derrière, pensé-je. En traversant le village, une bombe venant du diable Vauvert nous dépasse à vive allure et nous laisse sur place. C'est frère Gabriel, quelle mouche l'a piqué, on ne le reconnait plus. Un vrai voltigeur de côtelette, à présent. Depuis le temps qu'il nous bassine avec ses moins de 200 livres, il veut certainement confirmer ses progrès dans les ascensions. 


Km 191: Contrôle 3 de Magog, alerte orages et vents violents

Le ciel s'est soudainement obscurci de nuages noirs foncés, prémices à une pluie d'orage imminente. Le vent a forci, nous accélérons donc pour atteindre un abri providentiel en arrivant à Magog. Du coup, c'est à nouveau la débandade. C'est chacun pour soi, notre sympathique groupe de 4 s'éparpille. 

Y a de la tension dans l'air à Magog, explosion du quatuor

Sous quelques gouttes, je me retrouve seul pour rejoindre le 3ème contrôle. J'hésite entre le McDo ou se sont rassemblés quelques randonneurs, et le Métro, synonyme de meilleur bouffe. Comme les prochains checkpoints ne sont que de la fast food, j'opte pour le ravito plus santé du supermarché. 

Banzai, tempête sur Memphrémagog !

J'y retrouve 2 autres compagnons, ce sont Yvon et Michel G, reprenant leur dose d'énergie. Gaby et Martin se rendent au McDo, tandis que Jocelyn abandonne, le mal s'étant installé dans les 2 genoux. Il est sage d'arrêter à mi-chemin, plutôt que d'aggraver les choses. Surtout que nous n'en avons pas fini avec le dénivelé.

Lunch avec 2 nouveaux compagnons, excitant ce 400 !

Vers 14h30, la tempête s'éloigne, le soleil revient dans le paysage. C'est de bonne augure pour la suite. Une fois ma collation engloutie, je redécolle avec mon nouveau duo. 


Km 219: Lac Brampton, tentation du diable

Je préviens mes amis que je roule à mon rythme. Dès la seconde bosse, Yvon et Michel me distance, sans résistance de ma part. Je suis en exploration dans ce secteur, à ma gauche se profile le mont Orford. Il y a peu de trafic sur le 13éme rang, le vent est favorable, tout va bien. Je suis content de franchir le 200ème kilomètre, une moitié du contrat est remplie, youpi !

Le temps est revenu au beau fixe, roule ma poule avec Michel et Yvon

On rattrape la 220, moins bucolique, puis la 249, plus achalandée, nous conduisant au Lac Brompton. 

J'irai bien m'amuser avec le vent sur le Lac Brampton

C'est dans ces parages que l'ami Fred pètera un rayon. Il bricolera sa roue pour pouvoir repartir cahin-caha, et terminer son brevet, chapeau le champion Champenois ! S'il avait bien observé les points d'intérêts que les organisateurs mettent sciemment sur le parcours, il aurait pu aller chez Vélo Denise Belzil, mon ancienne mécano de Montréal, pour se faire dépanner.

Je descends donc sur le Lac Brompton, magnifique site de villégiature, tout indiqué pour la farniente. Une brasserie me nargue, avec parasols, boisson fraiche et bons petits plats cuisinés. Désolé, mais il me reste juste 180 bornes à parcourir, faut rester focus !

Joli coin pour farnienter, je résiste à la tentation


Km 228: St François Xavier de Brampton, une rencontre impromptue

Il me faut à nouveau remonter ben raide, pour rattraper la 222 puis la 249. Elle me conduit tout droit à St François-Xavier ou j'ai spotté un Marché Ami, histoire d'y faire une pause intermédiaire avant le prochain contrôle, encore distant de 20 bornes. 

Le dépanneur porte bien son nom puisque j'y retrouve mes 2 amis Yvon et Michel. En cet fin d'après-midi, ils se dorent la pilule sur un banc, en sirotant un drink. Je vais me chercher de quoi et viens les rejoindre. On repart ensemble un quart d'heure plus tard.

3 randonneurs radieux profitant du soleil


Km 239: Vive le vent et vive la garnotte !

À peine sortis du village que mes 2 compères ont déjà filé. Un faux plat fortement éventé vers le nord-ouest me force à ralentir la cadence et m'arcbouter sur ma machine. 

C'est bientôt la portion de gravel, tel qu'indiquée sur la map. Heureusement, cette section est bien tapée et lisse, si on trouve la bonne trace pour y mettre les roues. 

La fameuse garnotte du km 239

Le final s'effectue par une descente abrupte, plutôt périlleuse. 

Perdu dans les cailloux et la verdure du côté de Richmond


Km 248: Contrôle 4 du McDo de Melbourne, regroupement des effectifs

Il me reste 7 kilomètres à longer l'autoroute pour atteindre le 4ème checkpoint de Melbourne. C'est au McDo que je gare mon vélo, ou Yvon et Michel viennent d'arriver, il est 18h.

Je prends soin de brancher mes instruments électronique, GPS et casque Bluetooth, sur ma batterie auxiliaire. C'est ainsi que je procède, étant donné que je n'ai pas de dynamo sur la roue avant, fournissant le jus nécessaire. 

Refill d'énergie pour l'homme et la machine

C'est aussi au tour de mon corps d'y remettre de l'énergie. Un gros burger quart de livre fromage avec frites et coke, rien de tel pour rebooster un randonneur. 

Le groupe de Marc, Olive, Mitch et Gaby arrive à leur tour, Martin ferme la marche. Je les pensais devant moi mais il s'avère qu'ils se sont arrêtés plus longtemps au McDo de Magog. Tournée générale de burgers et frites pour ces messieurs !

Tournée générale de burgers pour la nouvelle équipe

Une fois repus et reposé, je décide de repartir solo. Mon road book indique encore de bonnes côtelettes en perspective, je veux donc prendre un peu d'avance. À mon départ, j'aperçois David sur son gravel bike, tout heureux de retrouver du monde après ces 250 kilomètres de chevauchée solitaire.


Km 269: Valcourt, solo puis formation du groupe Audax 

Tel que prévu, la route s'incline à nouveau pour remonter à plus de 300 mètres. Seul hic, le vent d'ouest est maintenant de la partie. Et nous rentrons vers l'ouest ! Il faut lutter contre Éole aussi bien sur le plat que dans les descentes. Le point culminant est franchi peu après le village de Racine. Les autres ne m'ont toujours pas rattrapé après 25 bornes de solitude.

I am a lonesome poor randonneur lost in the côtelettes !

À Valcourt, patrie d'Armand Bombardier, inventeur de la motoneige, je prends quelques clichés souvenirs. 

Valcourt, photos souvenirs au soleil couchant

Mes poursuivants sont sur mes talons. Le peloton de 7 unités s'est reconstitué, il ne manque de Martin, encore une fois distancé dans les bosses. J'en profite pour prendre le wagon Audax, me protégeant ainsi du vent. Celui-ci commence enfin à baisser dès la tombée du jour, c'est tant mieux. 

Grupetto Audax de 8, Martin navigue en arrière

À la sortie du bled, nous stoppons pour enfiler les vestes réfléchissantes et mettre les loupiotes, il est presque 20h. Toujours pas de trace de Martin.

Randonneur arborant fièrement sa chasuble du PBP 2019


Km 293: Warden, la nuit nous enveloppe

Nous égrenons les kilomètres en peloton, c'est plus agréable qu'en solitaire. La nuit s'installe peu à peu. C'est bien mieux d'éclairer la route avec 7 compagnons, Marc, Olive, les 2 Michel, Yvon, Gaby et notre nouveau venu, David. 

En arrivant à Warden, surprise surprise ! La route est en travaux sur 2 bornes, nous devons circuler parmi la garnotte de nuit, avec les autos au cul. C'est pénible mais ça passe. Il ne nous reste que quelques bosses à escalader pour en finir avec le gros dénivelé. Enfin, nous rattrapons la 112 ouest. Arrêt pipi.

Arrêt pipi dans la nuit en arrivant sur la 112

Km 311: Contrôle 5 du McDo de Granby, service au guidon  

En file indienne, c'est la descente full pin vers Granby. Le bord de la route est parfois magané. Comme nous descendons à vive allure, il faut slalomer parmi les trous à la lueur des lampions, c'est tout un sport. 

Heureusement, nous prenons la piste cyclable plus tranquille, longeant le Lac Boivin. Ça sent bon le McDo du 5ème checkpoint que nous rejoignons peu avant 22h. Seul le service au guidon est ouvert, nous faisons donc la queue avec les autos. 

Dans la file du McDo avec les chars

Repas poutine, coke et capuccino pour me tenir éveillé pour le reste de la ride. J'ai des souvenirs de mon dernier 400 ou je cognais des clous sur la fin. Chacun s'habille chaudement pour la nuit fraiche qui s'annonce, 10 degrés et moins sont prévus en rase campagne. 

Mélange explosif dans l'estomac, une poutine et un capuccino

Pendant la demie heure passée à se revigorer et se réchauffer, Martin revient dans le décor. Il va pouvoir manger et repartir avec nous. Nous faisons un dernier ravito en eau car il n'y aura plus grand chose d'ouvert jusqu'à notre retour. Il reste presque 100 kilomètres à parcourir.


Km 328: St Paul Abbotsford, fin de la piste cyclable 

Dans la noirceur, notre groupe de 9 s'enfonce dans la nuit. Traversée de Granby par la piste puis la route des Champs sur 10 kilomètres. On fait bien attention aux animaux qui pourraient surgir des buissons, chats, lapins, moufettes ou autres bestioles à 4 pattes. 

En formation de 9 sur la route des Champs, gare au gorille !

À St Paul, nous quittons la piste pour s'aventurer sur la route de la Montagne, encore un nouveau segment de ce 400 remanié. L'asphalte est très bon mais on ne voit rien autour. Normal, il fait nuit et c'est bien dommage.


Km 347: St Damase et son labyrinthe

Olive, Marcus et Gaby ont pris les commandes. L'allure est remontée d'un cran, le vent se fait négligeable, nous avons hâte d'en finir. Nous effleurons St Pie puis atteignons St Damase et son dédale de rues, programmé par Marcus. On aurait pu faire plus direct mais l'heure n'est pas à la critique. On suit notre GPS, point final !

Nous repartons dans la cambrousse, il fait de plus en plus frais. On est bien content d'être habillés adéquatement, bravo à nos super randonneurs qui emmènent tout leur kit dans leur sacoche, en complète autonomie. 

Nous évitons le rang des Trente, décrié cette semaine par Richard, un vrai champ de mines, parait-il. Fred l'a franchi entre chien et loups, c'était pas si pire que ça. Nous peloton décide quand même de le contourner par un léger détour. Bientôt nous rejoignons les lueurs de St Jean Baptiste. 


Km 367: Contrôle 6 à Otterburn Park, Couche-Tard déjà couché ! 

Nous approchons de l'ultime mont à franchir, celui de St Hilaire. Dernier rush sur le chemin de la Montagne puis nous redescendons sur le 6ème checkpoint d'Otterburn Park. Malgré l'ouverture 24-7 indiqué sur Google Maps, le gars du Couche-Tard semble déjà couché. Nous sommes désappointés et passablement fatigués. 

Avant dernier checkpoint désert, ou est le gars du Couche-Tard ?

Nous nous reposons quelques minutes en dégustant ce qui subsiste dans nos sacoches. Pour moi, ce sera une croustade aux pommes que je traine depuis Magog. Il me reste également une demie-banane en décomposition, un quart de sandwich de Bedford, 2 sandwiches fromage au pain Jack, préparés chez moi, avec amour. Tous ces ingrédients auront fait une belle balade de 400 bornes. 

À une heure du matin, je n'ai plus très faim. Il faut se forcer pour remettre du et des gaz dans la machine. Il ne faudrait pas tomber en panne sèche, si près du but. Après quelques minutes, nous repartons vers notre destination finale.


Km 385: Chambly, découverte de la piste toute neuve

En repartant dans le froid, je grelote un peu. Quelques coups de pédales et me voilà réchauffé. Les bornes défilent dans l'obscurité éclairée par la lueur de nos lampions. Voici Richelieu, déjà visité tôt ce matin. 

À Chambly, nous franchissons une zone de travaux. Puis je guide mes compagnons vers la nouvelle piste cyclable dans les bois, fraichement asphaltée. Je connais bien le secteur, ce sont mes routes d'entrainement. Je mène le peloton, les jambes répondent encore très correctement.


Km 395 St Hubert, retour vers la civilisation

Nous sortons du bois pour retrouver la banlieue de St Hubert par le chemin Kimber. Derniers tours de roues sur la piste cyclable un peu maganée, puis le boulevard Édouard jusque Victoria et son checkpoint final. 


Km 407: Contrôle final de St Lambert, Marché express ouvert 

Il est 3h du matin lorsque nous garons les bécyks devant le Marché Express. 

3h du mat à St Lambert, à quoi on joue ?

Ce coup-ci, le gars du dépanneur est bien là pour signer nos cartons, le temps réalisé du groupe est de 22h06.  

Félicitations et photo finish avant la dispersion générale. Merci les copains, ce fut un honneur de rouler avec vous !

Fiers d'avoir rallié l'arrivée en rangs serrés

Conclusion 

Mission accomplie pour notre groupe de 9, et en Audax s'il vous plait. Je suis ravi d'avoir fini le 400 de cette façon. J'aurais passé ma journée, tantôt avec des compagnons différents, tantôt en solitaire. Quels beaux échanges dans cette aventure humaine de presque 24 heures. Ce fut parfois dur mais aussi tellement trippant. C'est dans ces moments que l'on se sent vivre intensément. J'en redemande !

Résultats des autres participants. 

Fred aura fini le premier avec quelques péripéties à raconter, rayon cassé, orage violent et crampes. 

Puis ce sera en vrac, Richard, Kevin, Matthieu, Véronique, les 2 Jean. 

Puis notre groupe de 9, Marc, Olive, les 2 Michel, Yvon, Gaby, David, Martin et Pascal.

En dernier, ce sera Régis. Il aura effectué les 400 bornes solo avec toute une découverte du secteur. Félicitations à lui.

Enfin 2 abandons à signaler, Jocelyn victime de ses genoux et Patrice, victime d'un pneu éventré. Chapeau aussi à eux, l'échec fait partie de l'expérience. Nous sommes tous passés par là. Et nous en sommes ressortis plus forts !

Bravo à tous !

À la semaine prochaine, pour le 300 du Centenaire de l'ACP. 

Ce sera la fête des Randonneurs au CVRQ, venez nombreux !


Bonne nuit les petits !


4 commentaires:

  1. Un autre très bon récit. Bravo .... Gerry Boy

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  2. Hey ! bravo pour cette sympathique bafouille pédagogique et aux photos agréablement commentées.
    Voici donc un 400 bien intéressant et qui augure une belle réussite à venir.
    Un 400 avec un dénivelé proche de celui de PBP (3600 m vs 4000) exécuté en 22 heures avec repos compris donnerait en multipliant par 3 un temps total de 3x22=66 heures
    Comptons 80 heures de délai et ainsi 80 - 66 donne alors 14 heures pour dormir.
    En partant lundi matin, il y a deux nuits soit 7 heures par nuit (quel luxe).
    En partant dimanche, il y a une nuit en plus et donc plus de 4 heures trente de sommeil, soit 3 cycles de sommeil (quel confort).
    Paris-Brest-Paris objectif 80 heures avec des 400 en 22 heures, c'est choisir entre luxe et confort.
    Rassurant non ?

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    1. Merci pour ton commentaire, toujours apprécié..

      Mais pour PBP, ce n'est pas aussi mathématique que tes calculs. Il y a un paramètre important qui rentre aussi dans l'équation. C'est la fragilité de mon dos qui peut compromettre à tout moment l'exercice. Mon but ,si je fais PBP 2023, c'est de participer et peut-être le finir, même hors délai, si tout va bien. Et c'est sûr que je vais choisir le confort. Si je le finis en 89h59, je serai un randonneur heureux !

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