samedi 1 septembre 2018

Un brevet pop mi-fugue, mi-raison

Après 2 semaines de vacances sans vélo, pour cause de road trip avec fiston dans le Far West canado-americain, il est temps de reposer son cul sur une selle. Avant ce mini brevet de rentrée dont le but est de rouler avec les copains, j'ai quand même eu l'occasion de remettre le métier sur l'ouvrage. Un peu de vélo-boulot en semaine, une ride d'une centaine de bornes avec les potes d'Hydro samedi passé, quelques tests de position avec ma selle de remplacement car la vis de tension s'est encore brisée sur celle de base, et me voilà à peu près prêt pour ce populaire de reprise. 

Samedi 1er Septembre 6h30, je quitte Verdun et ma cocoon profondément endormie. Celle-ci revient d'une balade en cyclo-camping-hôtel d'une semaine sur les chemins du Vermont. Elle a été fort enchantée de se ressourcer au milieu de cette nature bucolique et sauvage. Elle soigne à présent ses piqûres de maringouins, c'est le prix à payer. De retour sur la rive sud, je déjeune et prépare mon matériel, premiers coups de pédale vers 8h30. Au passage de l'écluse de St Lambert, je récupère Michel L. qui arrive à vélo de Lachine, nous rallions ensemble le stationnement de la voie maritime. 

Ce n'est pas la grande foule pour ce populaire, seulement 8 inscrits dont un désistement, c'est Manuel Bravo, notre mexicain local. Salutation et discussion avec les participants du jour. Il y a bien sûr Jean le président qui nous présente Maxime B., un athlète avec un beau vélo carbone. Celui-ci a tenté récemment le 1000 km de l'Ultra Défi du gringo du Saguenay, mais il a dû abandonner après 250 km. 

Ambiance de départ, 5 des 7 participants


Il a emmené son beau-père Bruno L. qui me fait penser, avec sa moustache à la gauloise, à Agecanonix, un personnage dans les BD d'Astérix. Dommage, je n'ai pas pris de cliché de lui, il faudra se contenter de la photo de départ. 

Le sympathique Agecanonix

Il y a aussi Olivier C. qui a dû faire la majorité des brevets cette année, incluant les deux 600 plus le 1000 km des Coureurs des Bois d"Ottawa, une bête à rouler celui-là. 

Résistant, cette vieille branche d'Olivier

Enfin voici Nathaniel, breveteux assidu lui-aussi, puisqu'il a tenté deux 600, dont celui de Lake Placid, mais n'a pu le compléter dans les 40 heures limites, comme tous les autres participants à ce difficile brevet d'ailleurs. 

Nat raconte ses exploits de l'été

Si on ajoute Michel et moi, nous serons donc 7 à nous élancer, tout comme les Sept Nains, mais malheureusement sans Blanche Neige. 

Mais que viens-je faire dans cette galère ?
Les Six Nains (+ nain photographe Jean) au départ: Max, Bruno, Nat, Pasc, Mitch et Olive
Petit jeu: à vous de retrouver qui se cache sous chaque personnage ?

Km 0: Après la traditionnelle photo de départ, c'est parti par la sempiternelle rue Victoria. Le vent de sud annoncé est déjà bien présent dès les premiers kilomètres. Comme notre ride s'oriente vers les lignes américaines jusqu'à la moitié du tracé, soit environ 70 kms, autant dire qu'on va en bouffer pour plus de 2 heures. 

Km 10: Nous quittons la banlieue par Grande Allée, je laisse mes compagnons qui sont quasiment tous des puissants rouleurs, prendre les commandes du peloton. Ça roule déjà fort et je ne me sens pas d'attaque à passer un relais. Je reste cependant dans les premières positions. 

Km 20: Je n'ai pas retrouvé le parcours du Pop sur mon GPS, je ne l'ai donc pas sous les yeux, me disant que je le connais par cœur et que je devrais bien me débrouiller sans. Et puis mes compères sont là, je pourrais alors compter sur eux, ce sera une erreur. C'est justement le moment où Jean décide d'explorer d'autres chemins. Nous tournons plus tôt que prévu sur Grande Allée, précisément sur Bellerive au lieu de continuer sur Salaberry. 

Km 25: Nous arrivons à la 104 où nous croisons un groupe de cyclos qui semble être le club des Increvables de Brossard, d'après Jean. Nous prenons leur sillage pour quelques kilomètres sur le chemin des Noyers, c'est toujours ça de moins à batailler contre le vent. Sur Evangeline, nous lâchons le peloton des Increvables où nous étions bien à l'abri pour reprendre le parcours officiel a l'Acadie. Petit détour de 3 bornes à ajouter au décompte final et à mes repères kilométriques sur ma feuille de route, grrr! 

Km 30: Les relais de notre groupe se poursuivent pour avancer malgré cette force contraire. Olivier la locomotive est souvent sollicité, de temps en temps, Jean et Michel viennent faire un tour devant. Nathaniel a l'air en forme et donne aussi sa contribution. Faut bien aussi que je participe, ce que je fais en rattrapant la 219, mais c'est bien dur de maintenir la moyenne a 27. Je laisse mon tour à Mitch qui continue le travail collectif. Maxime et Bruno n'ont pas fait grand chose pour le moment. 

Km 40: On bifurque à gauche sur la rue Principale, Éole est toujours bien présent. Chacun s'accroche au cyclo précédent pour progresser. On commence à sentir venir le point de rupture pour certains, la moyenne faiblit un peu. À ce moment, Maxime prend un relais et lâche tout le monde, personne ne produit l'effort pour revenir dans sa roue. On maintient un rythme plus lent derrière lui, mais à ce jeu des accélérations, l'ami Bruno à la belle moustache a décroché du paquet. Pas de pitié pour les faibles. 

Km 50: Virage à droite dans St Blaise sur Richelieu, petit faux plat montant. Olivier appuie sur les pédales, je m'accroche avec Mitch à ses basques. Nat et Jean décrochent gentiment derrière, je me retourne et décide de stopper mon effort. C'est assez les conneries pour le moment, j'ai faim et c'est l'heure de me ravitailler. En 3 km, le groupe a explosé en petites unités. Résumons la situation, Max devant, suivi d'Olive et Mitch, moi bientôt rattrapé par Nat, puis Jean qui attend apparemment Bruno. On se retrouve donc chacun, plus ou moins isolé, à lutter contre les éléments. Cela me fait bouillir intérieurement car je me dis qu'il serait parfois préférable de lâcher notre orgueil individuel pour décider de ralentir tous ensemble et rester en groupe. Que voulez-vous, l'être humain est souvent con, faut juste le savoir. 

Km 52: Nat m'a rejoint et roule une dizaine de mètres devant moi, pas le courage de coller sa roue, je me restaure. Une bifurcation se présente, mon compagnon suit Olive et Mitch à une centaine de mètres en avant. Machinalement, je suis les meneurs mais cela ne semble pas correct puisque notre direction reprend le nord avec vent arrière. Le temps de recharger mon parcours que j'ai retrouvé sur mon GPS et on fait demi-tour avec Nat. Les deux autres devant sont sur la mauvaise route, ils s'apercevront de leur erreur un peu plus tard. 

Au CVRM, toujours faire confiance à son propre GPS

Km 55: Je poursuis Nat à distance. Un autre croisement de route se pointe. Par mon GPS, je vois que c'est à droite, Nat choisit à gauche. Encore un dans le champ, ce brevet devient un riding gag. Je calme mes ardeurs et me disant qu'on est là pour faire du vélo dans la nature et profiter du bon air. D'ailleurs la température n'est pas trop chaude et c'est bien agréable ce rouler ce matin en dépit du vent contraire. 

Km 60: Nat me rattrape sur la 223 à proximité de St Paul de l'île aux noix, ancien checkpoint destitué. Nous roulons ensemble et il mène la danse. Je le trouve plus en forme que moi, tant mieux pour lui, tant pis moi. J'ai dû m'alimenter trop tard et je suis en manque d'énergie, ça ira mieux après la pause bouffe du contrôle. 

Km 70: Nous poursuivons notre chemin par des gauche-droite incessants et en traversant de multiples fois la voie de chemin de fer. Nathaniel me fait remarquer que nous croiserons les rails 17 fois, il a fait le calcul, je suis étonné mais il a très certainement raison. 

Km 78: Voilà enfin ce foutu arrêt de Lacolle. Max, Bruno et Jean sont déjà arrivés, Olivier et Michel nous suivent de près. Tout l'effectif est réuni. Signature et épicerie rapides, nous allons dans le parc de l'hôtel de ville en face pour dévorer nos victuailles sur la table à picnic. 

Picinic dans le parc du château

Chacun reprend des forces en papotant de vélo, bien sûr. Mitch se demande comment rapatrier son vélo lors du prochain PBP 2019, il a en effet décidé de parcourir la France et l'Italie avec sa douce en auto, sans pour autant transporter son bécyk. On lui conseille de se renseigner mais ça va lui couter un bras et une jambe. Le soleil est de sortie et je fais quelques clichés d'ambiance. 

Mitch nous expose son dilemme au PBP 2019

On serait bien à discuter des heures mais il nous faut rentrer au bercail, direction plein nord, le vent de sud va devenir notre allié. 

Super lunch mais faut remettre les gaz

La triplette Max, Bruno, Nat est repartie avant que le quatuor soit prêt au départ. Deux cyclos dont un avec Marinoni Piuma, nous questionnent au sujet de notre mini brevet, ils s'en retournent quant à eux sur St Rémi. Ok pour tout le monde, nous reclippons. 

Km 80: Je mène l'allure, le vent arrière fait vite monter la cadence à 30 à l'heure. Jean me dit d'aller tour droit sur la 221, pas besoin de prendre le détour car l'asphalte est maintenant refait. Le président et Olivier me passent devant et font grimper la moyenne a 40, j'escalade mes vitesses pour les suivre à ce rythme effréné. Je me retourne pour voir si Mitch suit mais celui-ci est bien loin derrière. Je décide de l'attendre, bien content de laisser mes deux énergumènes se déchaîner. Ils se détachent et ne tardent pas à prendre le large. 

Km 85: On quitte la 221 par la gauche sur Grande Ligne, Michel me rattrape enfin. Il m'explique que ça lui prend du temps à remettre en route après manger et il a été surpris par notre départ. On décide de rouler relax, d'autant que le vent nous pousse vraiment bien sur Rang Double, le 30 de moyenne est maintenu sans forcer. Il m'avoue aussi en avoir un peu arraché ce matin et se questionne sur son état de forme. Sa présence au 200 de la semaine prochaine reste à décider. 

Sur le chemin du retour, vent arrière

Km 94: Après quelques coups de pédale, voici déjà Napiervile. Un dernier stretch de 4 bornes sur la 219 et le deuxième checkpoint est presque atteint. 

Km 98: Michel roule devant, je m'attends à ce qu'il bifurque vers le Shell mais celui-ci continue tout droit à vive allure. A-t-il oublié qu'il y avait un contrôle ici ou est-ce volontaire, le mystère reste entier. Toujours est-il que malgré mon coup de gueule, je le vois disparaître au loin tandis que je m'arrête au dépanneur. Les autres sont encore là, le trio de choc repart déjà, Jean et Olivier profitent quelques minutes de cette nouvelle pause. J'ingurgite un coke et une barre de chocolat, mes 2 acolytes viennent me saluer avant leur départ. Je rentrerai donc seul et relax, je les encourage à y aller. Il reste 46 km et presque 1h30 pour arriver avant 15h. C'est difficilement jouable, même si le vent pousse un max, il y a les lumières de la banlieue et surtout mon manque d'envie de m'éclater la rate. On verra bien, me dis-je. 

Km 110: Ça roule fort bien sur ces petites routes désertes et fraîchement refaites. C'est agréable, je profite du moment présent sur le vélo. 

Kid Kodak en pleine décharge d'adrénaline

Km 115: Je ne ressens plus la fatigue de tout à l'heure quand j'étais assez mal après le rush matinal et le manque d'énergie. La vitesse se maintient proche de 30. 

Ça file sur le rang St André

Km 127: J'ai rejoint le tourbillon de la banlieue du côté de Candiac. Je vire vers St Philippe où je fais une micro pause, histoire de remplir mon dos de chameau avec l'eau restante de ma gourde. J'en profite pour me détendre les jambes et les épaules puis c'est reparti pour la dernière ligne droite. 


Fait beau mais fait chaud en Ta !

Km 135: Voilà Taschereau et la loterie des lumières, je file avec le spinnaker en poupe. Arriverai-je avant 15h ? Pelletier, Provencher et le sprint de l'épicerie 7 Jours. 

Km 143: Le verdict tombe. Et bien c'est manqué, il est 15h07 quand la madame signe le bout de carton. Faut dire que j'ai 4 bornes de plus au final, mais tout ceci, on s'en fout après tout. J'aperçois au loin mes compagnons qui viennent juste de quitter le dépanneur et s'en retournent au stationnement de la VM. Dommage, je n'ai pu les saluer. On se reverra donc la semaine prochaine pour le 200 avec certains d'entre eux. 

Arrivée solo au dépanneur 7 jours, phase récupération

Et ben voilà, un Populaire de plus dans la musette. L'important est d'avoir passé une belle journée d'effort et de camaraderie dans la joie et la bonne humeur. Rendez-vous dans une semaine, même heure (-2), même endroit pour une nouvelle partie de manivelles et surtout pour une nouvelle tranche d'aventures. 

Un de plus dans la musette, next !

En regardant les résultats du brevet sur le site du CVRM, je m’aperçois que la plupart des participants a fait un temps de 6h moins 7 minutes alors que pour moi, c'est 6h plus 7 minutes. De plus, l'arrivée finale était au dépanneur 7 jours en ce premier jour de Septembre. Quelle coïncidence, cette histoire du chiffre 7. Pour le brevet des 7 Nains, c'est un véritable conte de fée, ou compte de faits, c'est selon ! 

Bisous à tous. Rouler prudemment.

Mes stats sur Strava

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