samedi 8 septembre 2018

Nouveau record au 200 pour terminer la saison en beauté

C'est déjà le dernier brevet dans le calendrier du CVRM. Je me fais un point d'honneur à y participer pour la 8ème année consécutive. C'est en effet, ce fameux samedi 10 Septembre 2011 que tout a commencé, que mon instinct de randonneur longue distance s'est réveillé. Il s'en est suivi de belles épopées, d'épiques randonnées et certains moments de gloire, comme ma participation au PBP 2015, réalisation d'un rêve de jeunesse. Et ce n'est pas terminé puisque 2019 s'annonce sous les meilleurs auspices, propices à de nouvelles aventures. Le point d'orgue se situera au mois d'août, à Rambouillet en France, pour le Paris-Brest-Paris qui a lieu tous les 4 ans, tel les Jeux Olympiques des Randonneurs Mondiaux. 

Mais revenons à 2018, et ce brevet de fin de saison. Après le Populaire de la semaine passée, c'est en bonne forme que je m'inscris, avec le but de passer un moment agréable avec ma bande de copains. Certes, j'ai toujours pour objectif d'améliorer le chrono à chacun de mes brevets, si la motivation est là, et les circonstances aussi. Il faut savoir s'ajuster et être opportuniste lorsque les conditions sont favorables. 

Samedi 8 Septembre, 6h30. Je m'élance à vélo de mon condo de St Lambert, dans la fraicheur de ce matin de fin d'été. La température contraste avec les chaleurs torrides qui ont encore sévi cette semaine, dépassant notamment les 30 au thermomètre. À matin, c'est à peine 9 degrés qui caressent froidement mes jambonneaux, mais pas mes bras, bien au chaud, puisque j'ai enfilé mes manches d'appoint, héhé ! 

Sur la ligne de départ, nous sommes 9 vaillants cyclos à vouloir en découdre. Passage en revue des forces en présence. Il y a 6 rouleurs assidus du club qu'on ne présente plus, les Jean R., Olivier C., Ralph L., Gabriel A., Michel L. et moi-même.
 
Les bécyks papotent ensemble

Michel fin prêt pour une nouvelle randonnée

Puis Manuel B., le sympathique mexicain, absent au Pop de samedi passé car coincé à Toronto, mais bien présent aujourd'hui. 

Ambiance chaleureuse de départ, j'ai mis mes manches

Il y a également 2 nouvelles têtes, ou plutôt nouveaux mollets. D'abord, Daniel R. tout droit venu de St Chrysostome, dont le terrain de jeu est la Covey Hil. Il chevauche un superbe Piuma en acier, fraichement fabriqué dans les ateliers de Guiseppe Marinoni. Enfin, voici Marc P., un autre frenchy arrivé au Québec depuis 6 ans, connaissance de Yves Ferland car travaillant chez Desjardins. Il aime socialiser en essayant différentes épreuves, pourvu que ce soit du vélo. Il a participé entre autres, au Défi Pierre Lavoie, ainsi qu'à la Boucle 2018. 

Marc et Daniel, les nouveaux et Manuel, le récidiviste

7 heures moins 1 pétantes, après la traditionnelle photo de départ, Jean décrète le début du brevet, cadeau du président en cette fin de saison. 

8 gringos + 1 photographe : Manuel, Daniel, Marc, Pascal, Michel, Olivier, Ralph, Gabriel et Jean

Km 0: Départ groupé, pas de fusée devant, genre Fred, qu'on ne voit plus, d'ailleurs. Il ne peut pas être partout puisqu'il a récemment participé au 1200 km Madrid-Gijon-Madrid mais a dû abandonner car il était malade en partant. Comme d'habitude, ça papote en quittant la banlieue. Les gros mollets s'installent devant, Ralph, Jean, Oliver, Gaby. Il fait bon pour rouler par cette belle température, je n'ai ni chaud, ni froid, ça va être une magnifique journée. 

Km 10: Taschereau et son faible lot d'autos à cette heure. Je fais connaissance avec Daniel et Marc, les nouveaux du groupe, c'est toujours plaisant d'échanger nos expériences de vélos. Marc me raconte son week-end passé dans le Vermont, il a participé à la Redemption Gravel Race, une course de 100 miles soit 160 bornes, qu'il a complété avec brio.
 
Le Gravel est à la mode en 2018


Il exprime aussi son intention de prendre part au 100 à B7, épreuve de 100 km de chemins dans la région de Bromont, fief de Lyne Bessette, d'où le jeu de mot. J'ai eu le plaisir d'y participer il y a quelques années, mieux vaut être équipé de pneus larges et de petits braquets, gravel bike conseillé. 

Marc et son gravel bike à la Redemption Race

Km 20: On sort de Candiac, enfin la rase campagne. Le vent annoncé pour la journée est de Nord 10-15 km-h, d'où la fraicheur ressentie. Ce n'est pas trop fort mais suffisant pour nous booster vers le Sud. Ça tombe bien, on a justement 60 km à faire dans ce sens. Je discute avec Gaby qui me fait part de son intention de participer justement au Madrid-Gijon-Madrid, tenté par Fred, mais en 2022, ça me paraît bien loin tout ça. Manuel me parle de ses Ironmen, tous les 2 réussis dans un temps de 14h, un au Mexique et l'autre au Texas, Bravo champion. Bravo, c'est aussi son nom de famille. 

Km 30: Rien à signaler de particulier, sauf que ça roule vite en paquet, la poussée par l'arrière et l'aspiration par l'avant sont idéales pour pédaler léger à plus de 30 à l'heure. Avec Michel, nous discutons du PBP 2019, de son voyage en France et en Italie et de ses probables lieux de visite, on en a déjà l'eau à la bouche. En parlant de liquide, j'ai une envie de pisser depuis quasiment le départ et pas question de s'arrêter à ce tempo, ma vessie devra attendre le prochain contrôle. 

Contrôle 1, km 43: Même pas 8h30 qu'on arrive déjà au checkpoint de St Cyprien, moyenne de 30, nous n'avons pas flâné. Je fonce direct au pipi room, mais Ralph m'a devancé. Enfin c'est le soulagement. Refill de fuel, bouchée de banane et biscuit énergétique, on en profite pour jaser encore. Courte pause de 10 minutes, certains rembarquent bientôt sur leur bécyk. Cela me plait car c'est ce que j'avais prévu sur mon horaire. J'entrevois la possibilité d'améliorer mon temps sur la distance, je ferai le point plus tard. Ralph, Olivier et Gaby mettent à nouveau le turbo, je leur emboîte les roues. C'est reparti à vive allure sur cette roulante 217. Les autres suivent comme ils peuvent. 

Étape 1 - 43 km

Km 50: Les locomotives jouent au TGV ou Train à Grande Vitesse, et assurent un train d'enfer. Pas le temps de trop regarder les vaches et le paysage, mais plutôt la roue du copain à 20 cm devant. 40 à l'heure par moment, en file indienne, on se tire la bourre, comme des flèches. 

Km 63: Ralph, Olive et Gaby ont fait du beau boulot, 20 km de roulés à 35 à l'heure, bravo les amis, merci pour le lift. Nous arrivons à présent au bout de notre direction Sud, c'est un point stratégique du brevet. Il faut maintenant négocier le chemin bosselé menant à la Covey Hill, juge de paix de la journée. Fini le vent arrière, on va le prendre de côté, mais dans ces portions vallonnées, c'est plutôt négligeable. Ma moyenne cumulée est de 30,5, c'est décidé, il y a quelque chose à faire avec ce foutu record. Si je fais des pauses raisonnables et si je ne fais pas trop baisser la moyenne, l'amélioration du chrono perso est parfaitement envisageable. 

Km 70: Les premières montées dévoilent les forces en présence dans le groupe. Les plus costauds sont Daniel, Olivier, Marc puis Michel qui s'accroche à leurs basques, il est orgueilleux, le Mitch. Suivent ensuite Ralph, Gaby, Manuel et enfin moi, légèrement distancé, qui n'ai pas envie de me brûler. Long est ce toboggan d'une vingtaine de bornes que je connais par cœur, qui nous mène au raidillon final avec une pente à plus de 10%. Mais au fait, nous ne sommes que 8, où est passé l'ami Jean ? Est-il parti en retard du contrôle, a-t-il eu des ennuis mécaniques, mystère ? 

Km 80: Dans la répétition des montées, j'ai lâché Manuel et Gaby. Puis c'est au tour de Ralph d'être repris. Il transpire abondamment alors que de mon côté, tout va bien, je suis habillé comme il faut et je roule à mon rythme. Je suis même encore sur le grand plateau, c'est bon signe. Je n'oublie pas de m'alimenter car les muscles ont besoin d'énergie avec ces efforts plus intenses que sur le plat. Lorsqu'on a mal aux pattes, c'est que les fibres musculaires sont en souffrance et donc en manque de carburant. Un cyclo se présente en point de mire mais je ne distingue pas qui c'est. Marc ou Mitch ? 

Km 90: Un petit gel derrière la cravate et me voilà au pied de la CH, pas la Camilien Houde, ni les Canadian Habs mais la Covey Hill. Le cycliste devant, à une centaine de mètres est à présent bien visible, c'est Michel. Je suis surpris quand un gars me dépasse par l'arrière, c'est Jean, le voilà celui-là. Pas le temps de lui demander quoi que ce soit qu'il se lance à l'assaut de la côtelette, rattrapant Mitch au passage. J'ai en tête le segment Strava de la CH, ce ne sera pas encore ce coup-ci que je pulvériserai mon PR. 

Segment de la CH sur Strava

Je suis bien mais pas je n'ai pas la giclette, ce sera mon 3ème chrono perso quand même. Le haut de la bosse est atteint. Jean et Michel se sont déjà évaporés dans la descente, je ne les rejoindrai pas. 

Les stats Strava de la CH en ce 8 Septembre pour mes abonnés

Km 100: Je profite de ces quelques kilomètres de pente douce pour me refaire une santé. Un peu de répit, ça ne fait pas de mal, d'autant que mon allure est bonne et pas trop demandante. Mieux vaut en garder sous la pédale. J'atteins Doréa et son léger faux plat montant puis c'est la descente sur la 209. Petit changement au parcours par le chemin Pollica en remplacement de Black Wood en travaux. Dernier rush sur la 202 avant d'atteindre le checkpoint de Franklin. 

Contrôle 2, km 113: 11h11, un coup d'œil à ma moyenne, celle-ci est encore à 28,5. Pas pire pour le record, va falloir maintenir le plus longtemps possible.

Étape 2 - 70 km (int.6-7 à 35, int.10 la CH)

Je prends 19 minutes pour puncher, ingurgiter un coke, un sandwich jambon tiré du sac et une demie banane, papoter un peu avec Daniel et Marc, prendre quelques clichés.

Marc et Daniel relaxent à Franklin

Plein de sucres rapides pour être rapide

Je préviens la gang des 4 mousquetaires attablés O-R-J-M que je repars déjà pour mon défi de la journée. Ouf, faut pas traîner, je reclippe. Me voilà reparti en direction de la Covey Hill, 2ème passage. Gaby arrive à mon départ tandis que Manuel est encore sur la route. 

Les 2 frenchies du 200, Orléans et Amiens

Ma gang des 4 mousquetaires O-R-J-M

Km 123: Je remonte à un bon tempo, les 10 kms me séparant du sommet à 345 mètres d'altitude. Je me sens bien mais je sais qu'il va falloir tenir sur la durée, il reste 80 kms à négocier, et bientôt le vent me sera défavorable. Daniel, le régional de l'étape, parti peu après moi, m'a déjà rejoint et dépassé. Je le vois s'éloigner au loin, il est plus véloce que moi sur son flambant Piuma noir en acier. Je bascule pour une 2ème fois au sommet de la CH, puis dévale l'imposante descente me ramenant 250 mètres plus bas. J'aperçois sur la ligne d'horizon, les gratte-ciels de Montréal et le Mont Royal, l'air est tellement pur aujourd'hui, aucune brume, ni déformation visuelle causée par la chaleur. 

Km 130: Je continue de foncer solo vers le Nord. Ça roule toujours à la perfection, le relief est encore en ma faveur et Éole ne se fait pas trop sentir. Le croisement 202-203 est franchi, j'attaque les rangs à travers champs. 

Km 150: Les kilomètres défilent, je continue de m'alimenter et boire. Heureusement, ce n'est pas un jour de canicule, alors tout devrait bien aller de ce côté. Mon Camelbak suffit amplement à étancher ma soif, je n'ai même pas emmené de gourde. Je commence à surveiller mes arrières, des fois que la troupe de mes poursuivants surgisse au détour de la route. Aux deux derniers 200, c'était dans cette section que la gang des rouleurs m'avait avalé tout cru. Mais ce ne sera pas pour cette fois, alors que je m'engage sur la 219. Je pense avoir une bonne avance, ils étaient encore en plein repas lorsque je suis reparti. 

Km 158: La grande route est plus à découvert, le vent me vient directement de face. J'essaie de maintenir l'allure autour de 25. Rouler mollo mais pas trop, tel est le maître mot. A St Patrice de Sherrington, je dépasse l'ancien dépanneur passé au feu, une construction le remplace mais elle n'est pas terminée. Il me faut pousser 9 km plus loin pour atteindre le 3ème checkpoint. Je me motive à l'idée de prendre un léger break, après il ne restera que 36 bornes. 

Contrôle 3, km 167: Voilà l'épicerie Jovy de St Édouard. Youpi ! Je ne me suis pas fait rattraper jusque là. Seul, Daniel est arrivé et termine de se restaurer. Je vais puncher et m'acheter un coke. Je m'assieds au soleil pour dévorer mes victuailles, tout en discutant avec Dan. Mon repas est la copie conforme de Franklin, sandwich jambon maison, banane et coke, le mélange gagnant. Ça commence à chauffer mais je n'ai pas envie de retirer mes manches car le fond de l'air est frais.
 
Étape 3 - 54 km (int.14 la CH bis, int16-19 entre 24-25)

Mes premiers poursuivants se pointent enfin, d'abord Olivier et Marc, puis Michel et Gaby. 

Mon 1er poursuivant, Olive la locomotive

Ceux-ci vont se reposer derrière le dép. Je n'avais pas remarqué qu'il y avait des tables et des chaises avec une boutique de crème glacée, mince alors. De toute façon, je n'ai pas le temps de flâner, j'ai un record à battre. 

La face cachée du contrôle, y a des crèmes glacées

Je remballe mon stock et me remets en selle après une pause de 15 minutes. Daniel est reparti un peu avant moi. Il m'avait proposé de rouler ensemble mais je lui dis que je préfère rouler à mon rythme. À peine sur la route, je regrette ma décision, nous aurions pu conjuguer nos efforts pour progresser plus vite. En fait, je ne voulais pas le retarder, il est sûrement plus rapide que moi.

Km 175: D'après mes calculs, je dois avoir 20 minutes d'avance sur mon temps référence de 8h42 pour un 200 km. Ce devrait être dans la poche si je ne m'écroule pas avant la fin. Je rattrape à gauche St André, toujours ce vent défavorable, ma moyenne instantanée plafonne entre 24 et 25, celle cumulée est encore à 27 et des poussières. 

Km 192: J'en finis avec la traversée de Candiac, sa piste cyclable peu roulante et ses arrêts multiples. Voilà maintenant Taschereau, faudrait pas perdre trop de temps. Même si c'est gagné, autant améliorer mon chrono le plus possible. Je scrute les lumières de loin pour essayer de les franchir sur les vertes sans déclipper. 

Km 202: Je reprends Pelletier car c'est trop dangereux par le parcours officiel qui nous fait passer au milieu des files de voitures de Panama. J'ai failli me faire étriper la dernière fois et je n'ai pas aimé ça. Je déboule sur les nids de poule de Lapinière puis Victoria. J'aperçois Daniel qui m'attend à une lumière. Il cherche le dépanneur final, en vain, après 3 tentatives, il n'a pas trouvé le bon. Je lui conseille de me suivre, je connais bien. Nous faisons le dernier kilomètre ensemble, en sprintant jusqu'au Dép du Coin. 

Contrôle 4, km 203: Arrivée à 15h22, soit un temps de 8h22, record battu de 20 minutes, yes ! Sur mes stats, j'ai roulé 7h37 à 26,7 de moyenne et je me suis arrêté 45 minutes. Je peux difficilement gagner plus sur mes pauses car il faut quand même puncher, faire ses besoins naturels, acheter des aliments et les ingurgiter. Les minutes défilent vite dans ces moments là. 

Étape 4 - 36 km

Bien que dans les brevets, il n'y ait ni classement, ni compétition, on peut toujours se faire plaisir en essayant de se battre soi-même. Cela met un peu de piquant dans la sortie et c'est gratifiant pour l'accomplissement personnel. 8h22, c'est super pour moi, ça peut faire rigoler pour d'autres. Je n'oublie pas que le meilleur temps sur cette nouvelle formule du 200, depuis 2017 avec ses 2 ascensions de la CH, est de 6h50, réalisé par l'ami Fred, évidemment. Je sais très bien que jamais je ne réaliserai une telle performance, je suis conscient de mes moyens. Mais qui sait, peut-être dans une autre vie.

Daniel est crédité du même temps que moi, bien qu'il m'ait attendu au moins 15 minutes, c'est dommage pour lui. Je texte à ma chérie ma joie de m'être bien défoulé aujourd'hui avec ce petit challenge, elle me félicite. À 8h38, voici Jean en solo. Il est pressé car il a prévu une soirée camping aux US, il doit rentrer vite pour repartir ensuite. J'en profite pour lui filer ma carte de brevet, la carte du record ! Une petite photo souvenir puis Dan et Jean rejoignent leur auto au stationnement de la VM. 

Les 3 premiers arrivants

8h50, Olivier, Michel et Ralph en terminent, bientôt suivis par Marc et Gaby, il ne manque que Manuel. Ils me félicitent pour mon défi réussi, j'en suis tout ému. Ils vont puncher et ressortent chacun avec une crème glacée. Quelle bonne idée pour finir cette belle journée et sympathique randonnée en beauté. Ça fait un superbe cliché. 

Les 5 suivants, séance crème glacée, il manque Manuel

Mitch est presque triste en songeant que c'est déjà le dernier brevet de la saison. La recrue 2017 a vraiment pris la piqûre, il a bien hâte à l'année prochaine. On se donne RV au repas de fin d'année du CVRM pour faire le bilan de 2018 et préparer 2019. Son principal objectif sera le PBP tant attendu. Ce seront de nouvelles histoires à raconter. 

À l'an prochain, sur la route du Saint Graal. 


1 commentaire:

  1. C’est incroyable je pensais pas que l’on pouvait rouler autant. Sportivement Dany

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