samedi 4 juillet 2020

Un malade imaginaire au brevet de la Covid ill

Prologue

Mais que diable vais-je refaire dans cette galère ??? - me demandé-je en imitant Scapin dans ses fourberies, signé Molière !

Après ma piètre saison 2019 terminée en queue de poisson, me laissant un goût amer de la longue distance, le bonheur d'enfourcher ma bicyclette est toujours présent. Alors pourquoi bouder son plaisir ? 

En ce 4 juillet, journée d'indépendance ricaine, je me lève donc vers 5h du mat, aux premières lueurs d'un jour s'annonçant encore caniculaire. L'épisode Covid-19 s'éloigne peu à peu. La valse des brevets, suspendue de mars à juin, reprend tranquillement son rythme. Et il y en aura tout l'été, toute la gamme des BRM jusqu'au 600, qu'on se le dise ! 

200 bornes au programme aujourd'hui, j'ai hâte de retrouver une partie de ma gang de folles ... randonnées et autres inconnus sur 2 roues. La forme du moment est plutôt bonne, 5000 kilomètres à l'odomètre pour 2020, training indoor hivernal compris, les jambonneaux ont du répondant. Seule ombre au tableau, ce foutu mal au bas du dos, nom de code L3-S1, qui ne me lâche plus. Et il va falloir faire avec, en attendant un miracle. J'irai peut-être voir Notre-Dame de Lourdes l'an prochain ...


De retour à la VM pour une nouvelle galère, youpi !!!

RV à la VM pour 6h45, je prends le temps de saluer mes partenaires du jour. Il y a bien sûr les incorruptibles randonneurs Olivier C, Ralph, Michel L, Michel G. Marc est venu avec son pote Romain, ave Marcus, pour quelques tours de roue matinaux. Il n'avait peut-être pas cumulé assez de air-lousse pour pouvoir partir minimum 8 heures. 


2 randonneurs chevronnés, Olive et Michel G

Ave Marcus ...

... avec son pote légionnaire Romain !

Jean, notre indétrônable président, distribue les cartes de brevets, gratos cette année, telles des pamphlets de la Tour de Garde, en prêchant la bonne parole. Le couple frenchy est aussi présent, Fred l'éternel coursier solitaire lors de nos brevets québécois, accompagné de Cath, sa douce moitié. Il y aura au moins une féminine au départ, elle se font rare par les temps qui courent. 


Jean distribue les pamphlets

Fred et Cath, le duo mixte Perman

Quatre paires de mollets moins connus se joignent à nous. Deux d'entre eux ont déjà fait 200 bornes en 2019, d'après les archives du CVRM, ce sont Yanick J et Mathieu S. Pour Stéphane D et Philippe H, ce sera le baptême du feu. Mais détrompez-vous, ces 4 là ne sont pas venus pour faire de la figuration, ce sont même de très bons rouleurs, nous le verrons dans la suite du récit. 


Nos 4 néos-breveteux, Stéphane D, Mathieu S, Yanick J, Philippe H

Comme Marc (et Romain) ne participe pas au brevet, il prend la rituelle photo de groupe dans les starting blocks, incluant ainsi Jean qui pose fièrement devant sa gang d'initiés, soit 12 valeureux pédaleux inscrits. On en a presque oublié la distanciation physique, je n'aime pas dire sociale !


Le chef de bande entouré de ses 11 sbires

Bicycologue

7h pétantes, c'est parti mon kiki. Pour le moment, la température est parfaite pour cycler et papoter en toute quiétude. Et pour rendre ça encore plus agréable, un léger vent de nord devrait nous pousser gentiment vers le sud, sur plus de 60 kilomètres. 


C'est un départ, tout le monde suit ?

Virage sur les chapeaux de roue, Go Go Cath !

Chacun parle de ses projets 2020 reportés à cause de ce conard de virus. Marc et Olive n'iront pas à la Transcontinental Race, cette randonnée de 4000 km traversant l'Europe, d'ouest en est, de Brest (France) à Burgas (Bulgarie), qui devait débuter en juillet. Michel L ne fera pas non plus NY-Montréal-NY soit 1200 km, ni le Maglia 1600 prévu juste après, belle folie italienne avec ses nombreux cols à gravir. 


Ça papote avec Marc, adieu projets 2020

Même chose pour Mitch, vivement 2021 !

Pour Fred, je n'ai pu recueillir ses impressions, puisque après un km, il a déjà pris son rythme de croisière, bien en avant du peloton des 13 autres. D'après Cath, ses projets de 1200 américains sont aussi tombés à l'eau. Alors pour tout le monde, vivement 2021 !


Cath me parle des plans de son homme

C'est donc dans une ambiance bon enfant que nous quittons la banlieue rive sud par Taschereau puis Candiac où nous retrouvons le tranquille rang St André. Propulsés par la new wave et relayés par nos vétérans, nous filons le vent en poupe et la fleur au fusil. L'allure avoisine les 35 à l'heure sur les petites routes de ma verdoyante Montérégie. Notre unique féminine s'accroche aux basques des hommes sans trop de difficulté.


Propulsion ... à l'arrière de nos jeunots, en sous régime

À babord toute !

Les néos ont repris le contrôle des opérations

Bien vite, le premier contrôle de St Cyprien est en vue, 30 km-h pour 43 bornes sans trop forcer, c'est toujours bon à mettre dans la musette. Il est 8h30, c'est le temps d'une pause  toilette, ma caméra au torse, celle-ci tourne encore. Oups, le petit oiseau est apparemment sorti de la boite à image ... photo censurée !

Refill de calories, pointage de carte par Jean avec un crayon de plomb, s'il vous plait. C'est pas trop réglementaire cette affaire là, mais bon, par temps de Covid, personne ne rechignera. On est quand même bien loin des coups de tampon très officiels des brevets européens, icitte c'est l'Amérique, le Far West du randonneur !


Le rituel arrêt du Shell de St Cyprien

Refill de liquide et solide

Après quelques minutes de discussion, le groupe des 4 au sang 9 repart déjà, accompagné de Jean et Michel G, ils ont décidé de se tester avec les jeunots. Marc et Romain s'en retournent à Montréal par des chemins détournés. 


Notre féminine a bien roulé avec le peloton des boys

Bientôt un nouveau départ, Romain et Marc nous quittent

Le dernier paquet de 5 cyclos, celui des cinquante ans et plus, reclippe à son tour, en direction du sud. Michel L puis Ralph mènent la bande. Un relais bien appuyé d'Olivier fait exploser le gruppetto et Cath se retrouve éjectée à quelques hectomètres en arrière, on ne la reverra plus. 

Km 63, nous atteignons la fin de la 217, qui va ensuite se perdre dans l'état de New York. Puis cap à l'ouest, sur le toboggan infernal de la Covey Hill. La température de 20 degrés n'est pourtant pas très élevée à 9h30 mais ça commence à chauffer sous les casques. Le rythme reste soutenu dans les côtelettes alors je décide de décrocher, je veux prendre ça cool aujourd'hui, pour contrer la chaleur qui se précise.


Ma triplette de vétérans arborant la collection PBP 2015-2019

La triplette s'éloigne de mon champ de vision mais bien d'autres cyclos viennent me divertir. C'est la recrudescence des cyclistes en ces temps de Covid. On dirait que l'humain vient de découvrir les bienfaits de la petite reine, et il s'en donne à cœur joie. Ma fidèle caméra vidéo tourne ses instants mémorables.


Largué dans le toboggan mais toujours entouré de vélos

La frontière enchantée, nouveau parc de jeux de Trump ?

Roulez petits bolides ...à 10 à l'heure !

Le point culminant du brevet vient se pointer pour la première fois devant mes roues, je le gravis à mon tempo. Puis descente en faux plat vers Dora, l'exploratrice ?, où j'aperçois Fred sur son retour. Encore un tit bout de 209 et me voilà au 2ème contrôle de Franklin, km 110, il est 11h20.


Point culminant en vue

Go Go Fred, back to St Lambert

Beaucoup d'amis à l'Amigos, c'est le cirque pour se trouver une place pour garer son vélo et ensuite, faire la file pour payer son sandwich à l'épicerie. Jamais vu autant de monde à cet endroit, bonjour la distanciation physique, trop de casques, aucun masque !


Beaucoup d'amis à l'Amigos de Franklin

C'est la course aux sandwichs

Y a la file, j'ai trop faim !

Je retrouve quelques uns de mes compères dans la foule, Jean et Michel G s'apprêtent à repartir ensemble. Puis c'est Michel L qui décolle solo, enfin Ralph et Olivier. La bande des 4 flèches d'argents a déjà filé à la poursuite du lièvre Fred, qu'ils ne rattraperont pas d'ailleurs. Ouf, l'honneur des randonneurs est sauf. 


Quelques têtes connues dans cette faune de cyclistes

On peut pas dire qu'il y a pas un chat !!!

Je réquisitionne un coin de table pour déguster mon lunch au rôti de porc arrosé d'un grand litre de Perrier. C'est le festival des bouteilles de liquide en tout genre, délaissées à moitié remplies par des cyclos de passage. Ne surtout pas oublier de bien boire en cette période caniculaire. La route est encore longue jusqu'à l'arrivée et les heures chaudes sont encore à venir.


Ralph et Michel G saluent la fête du plastique ...

Sur mon départ, j'aperçois Cath qui arrive, elle se plaint de crampes. Je peux l'attendre si elle se dépêche de se restaurer mais elle veut faire une bonne pause récupératrice. Je file donc solo, repartant vers la montée de la CH, idéal pour la digestion. Un long faux plat va me ramener pour la deuxième fois au sommet à 330 mètres. Une mouche à chevreuil vient me tenir compagnie, me forçant à quelques intervalles anaréobiques pour tenter de la semer, ce qui est réussi après 2 kms d'effort !


Sprint avec mouche à chevreuil dans la 2ème ascension de la CH

Je peux enfin dévaler dans l'enivrante descente mal pavée qui me conduit au carrefour de la 203 Nord. Le vent matinal est passé à l'ouest, ce qui est fort apprécié, même si pas très fort. Les portions défavorables me rafraîchissent un peu. Je mouline tranquillement en faisant défiler les kilomètres et les paysages ruraux, tout en écoutant ma musique du moment. Elle est pas belle, la vie ?


Impressionnant, les nouveaux vélos électriques

Paysage rural du Québec, meuhhhh !

Cowan, Poupart, Backbush puis c'est le croisement avec la 219, km 146. Petite halte sanitaire, j'en profite pour prendre un gel et me rebooster pour les dernières 18 bornes avant le 3ème contrôle de St Édouard.


Belles maisons sur la 219 Nord

L'église de St Édouard est en vue, yeah !

Vers 14h, je rejoins le dépanneur Brosco où un groupe de 5 randonneurs chevronnés se repose aux tables à l'ombre, non loin du soleil qui surchauffe nos épidermes. Chacun se restaure et s'hydrate, la chaleur fait ressortir les traces de sel sur nos maillots par excès de sudation. 


Têtes à l'ombre, jambonneaux au soleil au Brosco

Discussion avec Ralph sur notre période de confinement, les changements intervenus avec le télétravail, maintenant fortement adopté dans notre société. Et oui, les dirigeants de nos grosses compagnies s'aperçoivent enfin que les affaires peuvent très bien fonctionner tout en bossant de chez soi. De plus, ça fait beaucoup moins de déplacement sur les routes mais c'est aussi dommage pour le vélo-boulot quotidien !


3ème bouteille de Perrier de la journée, vive les sels minéraux !

Compagnons au départ, pas fini de sucer mon esquimau !

Je n'ai pas le temps de terminer mon Magnum aux amandes que mes acolytes me quittent pour le contrôle final. Je me remets en selle et en sels quelques minutes plus tard pour les 36 kilomètres finaux me ramenant au point de départ. Le thermomètre monte à 33 degrés, je suis content d'avoir mon Camelbak bien rempli pour étancher ma soif, j'ingurgite une gorgée toutes les 5 minutes. 


Bye bye gang ! Snif ;-(((  - À très bientôt

J'enfile le rang St André pour la 2ème fois de la journée, le retour s'effectue sur le même tracé pour les 20 derniers kilos. Il y a des routes qu'on connait par cœur. Taschereau, Pelletier, Victoria et me voilà avec 200 bornes au dépanneur Bon Coin. Il est 15h52, soit 8h52 pour ce brevet, c'est Jean qui signe mon bout de carton et le garde pour l'homologation. Mes 5 compagnons sont arrivés juste 7 minutes plus tôt. 

7 minutes après la gang, j'aurai pu forcer un peu ...

C'est lui le coupable, semble dire Stéphane D

En plein cagnard, nous nous remplissons le gosier une fois de plus, boissons fraîches et crème glacée. On se raconte les péripéties de la journée, la bonne tenue des 4 néo-breveteux qui ont roulé à 30 de moyenne, d'après leurs stats sur Strava. Il y a aussi eu les crampes de Jean, le 7h18 anecdotique de Fred, pas son meilleur. Et enfin, l'état physique de Cath qui abandonnera à 19 km du but, épuisée et déshydratée. 


8h52, j'ai bien mérité ma dose de coke !

Débriefing sur ce 200 chaud bouillant

Épilogue

Un gars de passage nous raconte ses exploits à vélo, le coup où il a fait Montréal-Gatineau avec son frère et un bécyk pourri. Je lui dis que s'il veut connaitre nos aventures, il n'a qu'a lire mon blog, de la bonne lecture pour les longues soirées d'hiver ... ou les chaudes journées d'été !

Sur ce, c'est le moment du bye bye, Jean nous lance, à la semaine prochaine pour le 300. Mais ce sera sans moi, et ce pour plusieurs raisons :

1- Mes vacances commencent justement samedi prochain avec fiston et nous avons un Montréal-Québec à vélo de programmé. 

2- La canicule encore prévue ces jours-ci qui taxe beaucoup trop les organismes à l'effort et nous met en danger de déshydratation. 

3- Le manque actuel de motivation pour faire plus de 200 bornes à vélo.

4- Mon mal de dos récurrent qui s'intensifie après un certain nombre d'heures de selle. 

5- Mais que diable irai-je refaire dans cette galère ???

À la manière de Molière, je pourrais terminer par : Bien que je ne sois pas Avare de mes efforts, et ne me prenant pas pour un Malade imaginaire, je ne voudrai pas devenir un Précieux ridicule !

Fin du dernier acte. Rideau !!!


Rideau sur les jambes de l'exploit

Mes stats sur Strava

Le résumé de Jean :
    13 cyclistes se sont pointés au départ de ce premier 200Km de l'été. Quatre de ceux-ci en étaient à leur premier brevet avec nous (Stéphane Dumont, Yanick Joyal, Philippe Hamel et Mathieu Sanscartier). Ça fait du bien de voir que les jeunes prennent la relève. À part Frédéric évidement, nous avons tous roulés ensemble jusqu'au premier contrôle (Km 44). Par contre Catherine semble avoir un peu trop forcé pour s'accrocher et aura quelques crampes avant le second contrôle et abandonnera à une trentaine de kms avant l'arrivée du brevet. Je suis parti avec les 4 jeunes vers le second contrôle mais ils étaient plus fort que moi, surtout dans les côtes, alors je les ai laissé partir au km 70 environ. Michel Gervais m'a rejoint et nous sommes arrivés au contrôle ensemble. Les jeunes étaient toujours là mais sont partis une dizaine de minutes après notre arrivée. Avant de repartir avec Michel Gervais, j'ai vu tout le monde arriver sauf Catherine. Petite crampe en chemin vers le troisième contrôle (c'est la première fois que que j'ai une crampe à vélo de ma vie). Crevaison à Sherrington qui à permis à Michel Lemaire de nous rejoindre. Longue pause au troisième contrôle pour repartir avec Olivier, Michel G. Michel L. ainsi que Ralph et rejoindre l'arrivée ensemble. Félicitation à tout le monde car avec une température de 30 degrés et un soleil mur à mur ça n'a pas été un brevet facile.

4 commentaires:

  1. Wow ! Un autre très bon récit avec encore plus détails. Hi, hi. Félicitations pour ton brevet 👍

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    1. Merci Gerry pour ton comm. J'essaie de donner un peu de mes nouvelles à mes fidèles lecteurs (retraités de HQ ! comme Bob ci-dessous). A+ sur la route.

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  2. Un autre blog intéressant, amusant à lire.
    Merci Pascal de partager

    Robert P

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    1. Merci Bob, toujours un plaisir de faire plaisir ! On se voit bientôt pour le MTL-QC avec fiston. Il y aura aussi un récit, je pense. Et surtout un vidéo car mon fils est un grand amateur de drone. A+ au Tim !

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