samedi 29 juin 2019

Un petit 200 pour garder la forme jusqu'au PBP

Prologue 

Les 4 brevets qualificatifs pour PBP étant homologués auprès des Audax Parisiens, mon inscription est maintenant officielle. L'enregistrement se fait sur le web, il y a juste à renseigner quelques infos comme par exemple, l'heure de départ souhaitée, le nom éventuel d'un accompagnateur, ce sera mon fiston JA comme il y a 4 ans, ainsi que le nombre et la taille des maillots souvenirs du PBP. Ce n'est pas pour autant qu'il faut se reposer, juste attendre la mi-août pour se remettre en selle et pédaler cette randonnée de rêve de 1200 kilomètres. Je présume que chaque PBPiste sérieux se planifie un calendrier d'entrainement pour rester motivé et surtout affûté jusqu'au jour du lâché des fauves. 

Pour ma part, durant ces 7 semaines d'attente, je me suis concocté un petit programme comprenant des activités pour me faire plaisir et d'autres, plus basiques, pour garder le tonus musculaire. Pour la partie fun, j'ai mis à l'agenda cette côteuse randonnée des 6 Gaps dans le Vermont que j'effectuerai avec ma chérie. C'est seulement 210 bornes mais avec l’enchaînement de 6 petits cols à gravir pour un total de 4000 mètres de dénivelé. Ce sera l'occasion de préparer mes muscles aux grimpettes répétées en vue d'une traversée des Alpes post-PBP, si et seulement si la récupération a été bonne. J'ai aussi prévu mon traditionnel Montréal-Québec annuel que je ferai équipé en bike-packing pour tester du matose, toujours dans l'optique de me balader en France après le Paris-Brest. Pour la partie entrainement de fond, ce seront des brevets du CVRM de 200 et 300 km, ainsi que des balades improvisées de plus de 100 bornes, entre amis ou en solo, pour travailler l'aspect social et mental. 

La feuille de route étant tracée, c'est ainsi que je m'inscris pour le brevet du 29 juin, un petit 200 entre potes, pour garder la forme jusqu'au PBP. 

Un PBPiste sérieux doit rester motivé et affûté, n'est-ce pas Fred?

Samedi 29 juin, 5h30

Bla bla bla, toujours la même routine de brevet pour me rendre au point de ralliement de la voie maritime. J'y arrive d'ailleurs le premier, il n'y a pas un chat, me serais-je trompé de jour? Pour me rassurer, Olivier C puis Jean ne tardent pas à garer leur auto dans le stationnement désert. Aujourd'hui, pas de stress pour personne, la pression des qualifs est retombée. C'est dans la décontraction qu'on vient rouler pour le plaisir. Hélas, certains d'entre nous n'ont pas réussi à obtenir leur billet pour Paris. Je pense à Jessica, qui a dû faire des choix dans son programme d'activités multiples, privilégiant les triathlons et l'ultra trail. Dommage aussi pour Bernard, qui n'a pu compléter le 600 de la semaine passée avec Olive C, pour sa 2ème tentative. Il a été trahi par une selle récalcitrante qui a eu raison de son popotin. Tombés au champ d'honneur également, Uriah Mark et certains autres pour des raisons inconnues. 

Ce sont donc quelques habitués et de nouvelles têtes qui se présentent sur le tarmac de la piste de décollage des brevets du CVRM. D'abord, en tout bien, tout honneur, nos PBPistes 2019, soit Marc B avec son maillot de brésilien houlala, échangé lors du PBP 2015, Olive C qui refait tous les brevets cette année comme en 2018, Michel L en super forme avec récemment un Lachine-Mégantic, les doigts dans le nez, Fred P à fond la forme, comme dirait Décathlon, Pascal P, tiens, c'est qui celui-là et enfin Jean R, notre président, ça vas-tu mieux les genoux? En tant que randonnistes, nous avons notre immensément grand Marc L, toujours prêt à tester sa forme sur un 200 voire un 300. 

2 Toyotistes me rassurent qu'il y a bien un brevet aujourd'hui

Fred de retour de Grèce et Marcus fan du Brésil

Super Mitch et Big Marc, au loin, en préparation

Il y a aussi 3 nouveaux, Yanick J, un copain de Jean du club des Increvables, ainsi que 2 nouvelles que sont Katia S et Catherine D, des amies de Jonathan, qui sont venues voir ce qui se passe dans nos escapades aux longs cours. Malheureusement, celles-ci arrivent sur le tard à cause des ponts fermés entre Montréal et la rive sud, elles auront juste le temps de poser pour le kodak puis de nous voir partir à 7h pétantes. Même Jean, notre gentleman de service, ne les attend pas, elles sont trop longues à se préparer. Ah les femmes! 

Au départ de ce 200, 7 cyclos en chaussures, 2 cyclotes en gougoune, 1 derrière le kodak

1- St Lambert - St Cyprien, 43km 

C'est donc un départ à 8 cyclistes, nos 2 féminines partiront un peu plus tard. Comme d'habitude, Fred s'éclipse en tête, il tourne les brevets à plus de 30 de moyenne, ce qui est bien au-dessus de nos vitesses de croisière. Nous débutons en groupe de 5, les 2 Marc, Mitch, Olive et moi. En retrouvant Victoria, Marc B dit Marcus, doit stopper pour un problème de je ne sais quoi, Marc L en profite pour s'échapper à l'avant. Puis ledit Marcus repart et impose un tempo assez rapide, nous lui emboîtons les roues sans broncher. Jean et Yanick ne nous accompagnent pas tout de suite, ils ont dû attendre quelques minutes les gentes demoiselles. 

Provencher, Pelletier, Taschereau, ça papote dans notre quatuor habituel. Je fais un brin de causette avec Mitch. Il m'apprend que son PBP a bien failli ne pas se faire, suite à un accident survenu la semaine passée. En effet, lors d'une ride entre amis du côté de Granby, un automobiliste a eu la fâcheuse idée de dépasser un tracteur sans voir ce qui se passait en avant de lui. Résultat, 4 cyclos dans le fossé, sans bobo, mais avec une grosse frayeur. Et un cinquième qui n'a pu éviter l'impact, il s'en sort avec un bras cassé. Morale de l'histoire, on a beau être super prudent, nous ne sommes pas à l'abri des erreurs d'autrui, pour ne pas dire d'un abruti. Ah, je l'ai dit? 

Km 15, on quitte Taschereau pour traverser Candiac. À la sortie du bled, Jean et Yanick nous rattrapent par l'arrière au prix d'un sprint soutenu. À 6 unités, nous filons plein sud sans trop ressentir le vent de Sud-Ouest qui passera à l'Ouest en après-midi. Les relais s’enchaînent pour faire monter la moyenne à plus de 30. Je trouve que ça roule bien fort à mon goût, alors je reste bien sagement planqué dans les roues. Moi qui songeais faire un 200 relax, ce ne sera pas encore pour cette fois. Je pense que j'ai dû perdre mon excellent travail cardio-musculaire en haute intensité, que me procuraient les courses virtuelles hivernales sur Zwift. Je suis plus en mode LSD-Long Slow Distance, qu'en mode puissants rouleurs que sont nos locomotives du CVRM. 

Peu avant 8h30, le Shell du St Cyprien au km 43, est en vue, nous stoppons les machines. Nous retrouvons Marc L, arrivé depuis peu. La pause allouée est de 15 minutes, chacun met à profit son temps de lousse. Pour bibi, ce sera passage aux toilettes pour vider vessie et intestins, je vous passe les détails. Signature du bout de carton et alimentation des turbines en prenant un café avec chocolatine. Un brin de jasette avec Marc L puis celui-ci s'en va, las d'attendre les lambineux. Quelques minutes plus tard, c'est au tour notre groupe des 4 mousquetaires (POMM) de remettre en route. Jean et Yanick partiront quelques minutes plus tard, ils resteront avec ce léger décalage tout au long du brevet. 

Mitch raconte sa terrible aventure de la semaine passée

Notre Marc L ou plutôt XXXL, en pause méditative

Yanick J comme Joyeux, le sourire aux lèvres

Notre reporter en pleine action

2- St Cyprien - Franklin, 70 km, total 113 km 

Le Fab Four ainsi reconstitué, file vers les lignes, à la poursuite de Marc L que nous rattraperons plus tard, profitant d'un de ses arrêts solitaires. Avec entrain, les relais s’enchaînent sur la belle 217 aux courbes légèrement ondulées. C'est d'abord Mitch qui se met à la tâche, suivi de Marcus, puis Olive et finalement Pascual qui apporte enfin sa contribution, il était temps. Rapidement, nous atteignons la pointe sud au km 63. Puis à tribord toute, cap à l'ouest, moussaillon ! 

Nous voilà dans le toboggan infernal, menant au juge de paix du jour, gravi 2 fois dans ce 200, la célèbre colline de Covey. Sur les 27 bornes d'approche, tel un sherpa, je ne lâche pas le grand plateau de 48 dents. Nous nous relayons à passer les multiples bosselettes, parfois avec élan, parfois en forçant sur les manivelles. Juste avant l'ascension de la bosse, au niveau du camping-golf du km 90, nous réveillons Marc L dans sa pause. Il s'apprêtait justement à redémarrer. Frais et dispo, il s'échappe à nouveau, en compagnie de Mitch, décidément très en forme, et d'Olive, l'homme toujours en forme, même quand il ne l'est pas. 

À l'arrière, il y a Marcus et moi, nous nous échinons dans les pourcentages les plus raides. Je me surprends à le dépasser, me sentant quand même pas trop mal après les efforts soutenus des derniers kilomètres. Nous atteignons le sommet et croisons Fred en sens inverse, il en termine avec sa 2ème ascension de la CH. Notre duo se regroupe dans le faux plat descendant vers Dora, l'exploratrice? Je ressens une douleur dans le bas du dos et cela m'inquiète un peu. Aurais-je trop forcé ces 4 dernières heures? Heureusement, le mal s'estompe après quelques kilomètres, et cela ne restera qu'un mauvais souvenir. 

Dora est dépassé, nous nous laissons glisser sur la 209, puis bâbord toute sur le détour du chemin Pollica. Nous encaissons les dernières rafales venant de l'ouest. Dans ce forcing, Marcus grimace, victime d'une crampe, signe qu'on ne s'est pas ménagé. Puis Éole passe derrière nos fesses. Aussi, nous enclenchons le turbo pour rejoindre sans tarder le 2ème checkpoint de Franklin, km 113, il est 11h25. Jean et Yanick ne devaient pas être très loin derrière car ils accostent au quai presque en même temps que nous. 

Le ravito arrive à point nommé car j'ai vraiment les crocs, mon estomac criant famine, famine. Les 7 mercenaires vont faire signer leur ausweis et se ramènent de quoi se remplir la panse. Chacun s'installe dans les fauteuils et sur les bancs en bois de l'Amigos, pour dévorer sa pitance et retrouver des forces pour la suite du programme. Cette terrasse est d'ailleurs un charmant endroit où il fait bon se reposer quand la température est agréable. Il commence surtout à faire chaud, n'oublions donc pas de nous hydrater. 

Je me restaure avec un bon sandwich fromage-jambon arrosé d'un coke. Mais je n'ai pas trouvé les délicieuses crottes de fromage pour me rassasier tout à fait, alors je complète mon lunch d'une banane tirée de la sacoche. Quelques photos d'ambiance et un peu de crème de jour sur mon popotin terminent notre pause d'une trentaine de minutes. En effet, 4 pistoleros s'apprêtent à repartir et je ne voudrais pas rater l'attaque de la diligence. Nous laissons encore Jean et Yan derrière nous, tels des gibiers de potence. Ils prétextent qu'ils prennent leur temps mais on les soupçonne de vouloir attendre les demoiselles en queue de peloton. 

Qu'on est ben dans les fauteuils en bois de l'Amigos !

Un trio qui ingurgite leur trio pour reprendre de l'énergie

Jean notre président, prend son lunch tranquillement

3- Franklin - St Édouard, 54 km, total 167 km 

5 cavaliers ré enfourchent donc leur monture pour l'ascension de la Covey Hill, 2ème acte. Pour digérer, on doit gravir un petit coup de cul qui nous remonte sur le chemin de la CH. Marc L et Olive prennent à nouveau la poudre d'escampette, ils s'éloignent en avant. En trio avec Marcus et Mitch, nous nous défoulons sur les 8 bornes de faux plat, nous hissant à 330 mètres d'altitude. Plein d'énergie, j'ai le goût de mener la danse. J'ai pourtant très chaud, je transpire abondamment et mes pulsations tournent autour des 150 bpm. Est-ce une bonne idée de me déchaîner ainsi, je le saurai bientôt. Je remarque que ma casquette sous le casque retient moins la transpiration qu'un bandeau. J'ai de la sueur dans les yeux et ce n'est pas agréable. À noter pour les grosses chaleurs à venir. 

Peu avant le pylône de télécommunication, km 122, nous croisons nos 2 courageuses breveteuses qui n'ont pas lâché le morceau. Surtout, elles ne sont pas égarées car elles semblent rouler sans GPS, seulement avec les feuilles de route. Ouf, c'est enfin la bonne descente jusqu'au prochain croisement, j'essaye de suivre Mitch qui dévale comme un fou. Je ne mets donc pas les freins et me retrouve à 72 km-h à sautiller sur un asphalte incertain. Puis, à gauche toute, vent de Sud-Ouest, nous sommes bien propulsés sur la 203. C'est plutôt facile et l'allure du trio dépasse allègrement les 35 à l'heure. 

Km 132, chemin Cowan, Mitch continue de pousser la machine. Marcus semble suivre aisément alors que je commence à avoir mal aux pattes, comme si elles étaient en manque de carburant. Je m'accroche comme je peux au rythme rapide imposé par mes compagnons. Mais en 10 kms, je me sens vidé, je n'ai plus de jus. J'avale un gel miracle pour tenter de me rebooster mais son effet tarde à se faire sentir. 

Après le chemin Back Bush, nous atteignons la 219 nord, km 150, retrouvant notre géant Marc L, qui termine sa pause. Lui aussi a ressenti quelques douleurs au dos, il a préféré faire une petite escale bienfaitrice. Il repart donc avec notre trio tandis que Mitch ralentit pour manger une barre de vitamines. Je préviens Marcus que je manque d'énergie et que je vais rallier le prochain contrôle distant de 15 bornes, à mon rythme, soit un tempo plus mollo. 

Mon coup de pompe soudain reste un mystère. J'essaye de comprendre ce qui s'est passé. Pas assez mangé à Franklin? Coup de chaleur? Rythme trop élevé? Ce sera à analyser. De toute façon, je connais le remède. S'alimenter, s'hydrater et reprendre une allure modérée. Je vois donc mes compagnons disparaître dans le lointain. Effectivement, en roulant moins vite, mes pulsations ont baissé et mon gel ingurgité tout à l'heure, a fait remonter mon taux de sucre dans le sang. 

J'arrive au dépanneur contrôle de St Édouard, km 167, il est 13h50. Je suis encore affamé et assoiffé, c'est une bonne maladie me dirait ma mère! La pause va m'être salvatrice, je ne repartirai qu'après avoir bien récupéré. Je vais me chercher un autre sandwich jambon forêt noire, je trouve enfin des crottes de fromage, le tout arrosé de pepsi et d'eau fraîche pour remplir mon camelbak. Je rejoins mes compagnons aux tables du Brosco. Bien installés à l'ombre, nous rechargeons les accus tout en discutant et en plaisantant, y a de la bonne humeur dans l'air. Y a de la joie, ça fait du bien pour oublier notre fatigue passagère. Jean et Yanick se pointent 10 minutes après mon arrivée. Ils confirment avoir un peu attendu les filles, Jean étant inquiet à leur sujet. On le rassure en lui disant les avoir aperçues sur les hauteurs de la CH. 

Repus et reposés, les 3 M et le O remettent en route pour la destination finale. Je reste encore quelques minutes pour terminer de me rebooster et jaser avec les nouveaux arrivants. Puis je me ré-équipe pour la route et repars solo, il me reste 37 bornes à boucler. 

Pause à l'ombre sur les tables du Brosco de St Édouard

Pouce levé mais besoin de me rebooster

Glucides et liquides sont les bienvenus dans l'estomac

Jasette joyeuse avec les 2 nouveaux arrivants

4- St Édouard - St Lambert, 37 km, total 204 km 

Le vent est passé à l'Ouest, il m'encourage pour le retour. La moyenne remonte enfin et je me sens beaucoup mieux. Sur le Rang St André, km 175, le changement de direction me donne un peu de fil à retordre, je sers les dents de ma cassette et poursuis mon effort. La chaleur s'intensifie, les orages annoncés en fin de journée sont en train de se préparer sous forme de gros nuages gris dans certaines parties du ciel. Encore quelques coups de pédales bien sentis en passant l'overpass de la 10 et me voilà dans la traversée de Candiac. 

Je m'autorise une micro pause sur la 134 au niveau de La Prairie. À l'ombre d'un minuscule arbre, je croque quelques crottes de fromage bien salées, j'avale le reste de coke que j'avais emporté dans la sacoche. À nouveau rempli d'énergie, je termine les 12 derniers kilomètres par l'achalandé Taschereau, Pelletier, Provencher et enfin Victoria. J'atteins le dépanneur Au Bon Coin à St Lambert, il est 15h51, soit 8h51 pour un 200 à 27 de moyenne roulée, sous les aisselles! 

J'y retrouve mes 3 compères, Marcus, Olive et Mitch en train de se réhydrater en plein cagnard. Marc L est déjà rentré au bercail. Je les imite en sirotant un Perrier rafraîchissant. Photos finish, débriefing, puis on se donne RV à la semaine prochaine. Marcus et sûrement Olive vont faire le 300 du CVRM, tandis que Michel va certainement refaire un Lachine-Mégantic, ayant un chalet familial dans le secteur. C'est juste 275 kms et il y a quelques côtes bien connues du 600, une bonne pratique pour un randonneur. 

Ce pourquoi nous roulons des tonnes de kilomètres

Juste un petit 200 de routine entre amis

Sous le soleil, on se donne RV à la semaine prochaine, l'orage gronde au loin

Épilogue 

À nouveau seul, j'attends Jean et Yanick qui ne devraient pas être bien loin. J'en profiterai pour laisser ma carte de brevet à Jean et ainsi économiser un timbre et les services de la poste. À 16h15, ils ne sont toujours pas là. Comme je suis fatigué de rôtir au soleil, je repars pédaler vers mon condo. Je les croise sur Victoria, on se salue de la main. Les gros nuages en formation de tout à l'heure, menacent à présent d'exploser. Juste le temps de prendre ma douche que l'orage éclate vers 17h, déversant à son tour, une copieuse douche écossaise. Je pense à Katia et Catherine, les 2 filles du brevet, qui sont peut-être encore sur la route de retour et donc sous la pluie. Ce sera confirmé dans le récit de Jean, elles ont bien été rincées par des averses violentes et fraîches. En effet, toujours inquiet à leur sujet, il a fait le chemin en sens inverse en auto et les a retrouvées. Il les a rejointes au contrôle final pour les féliciter de leur courage et prendre leur carte de brevet ! 

Nos 2 téméraires cyclotes à l'arrivée, elles ont survécu à l'orage, chapeau les filles !

Voici le point de vue de Jean sur ce 200:

Malgré une météo, qui s’annonçait pluvieuse pour la majorité de la journée, dix cyclistes se sont alignés au départ dont deux nouvelles demoiselles, Kathia et Catherine, des amies de Jonathan Abitbol. Malheureusement elles sont arrivées sur le tard à cause des ponts fermés alors nous sommes partis alors quelles débarquaient leurs vélos de l'auto.

Yanick Jovial, un ami membre des Increvables, est venu rouler avec nous. C'était son premier brevet mais puisque l'on a fait Montréal-Québec-Montréal en deux jours l'année passée je savais qu'il n'aurait pas de difficulté à le faire.

À part Fred qui devait déjà être à une année lumière de nous, et Marc Lusignan qui lui n'était qu'à 30 secondes, nous sommes arrivés au premier contrôle en même temps. La gang est parti et Yanick et moi avons attendu une dizaine de minutes pour voir si les femmes arrivaient mais ce ne fut pas le cas. On est donc reparti et avons pris ça mollo pour discuter de toutes sortes de sujets. On a revu la gang au second contrôle (Km 113) mais Yanick et moi sommes repartis seuls après une heure de lunch. Pas de trace des deux nouvelles. Comme il me semblait qu'elles n'avaient pas de GPS je commençais à me demander si elles ne s'étaient pas égarées mais au prochain contrôle de St-Édouard (Km167) nos amis nous ont dit qu'ils les avaient vues sur la Covey-Hill.

Yanick et moi sommes arrivés au dernier contrôle à 16h20. De gros nuages approchaient lorsque je repris le vélo pour me rendre au stationnement à 1,7Km mais je n'avais pas fait 500m qu'une trombe d'eau se déversait sur moi. La température est passée de 26 à 19 degtrés et le vent devaient être de 40Km/h alors j'ai mis mon imperméable.

En prenant la route avec mon auto j'ai décidé de retourner chez-moi en prenant le parcours inverse du 200Km pour voir si je ne croiserais pas les filles. L'eau se déversait depuis une vingtaine de minutes et il y avait un pied d'eau à plusieurs endroits sur la route. Je les ai finalement vu à quelques kms de l'arrivée. Elles ne devaient certainement pas avoir chaud car elles n'avaient rien ajouté à leurs vêtements de la journée. Elles avaient l'air de rouler rondement et roulaient souvent dans des immense flaques d'eau. Je ne voulais pas les déconcentrer alors je les ai laissées s'amuser dans l'eau et les ai attendues au contrôle. À leur arrivée elles ne semblaient pas fatiguées, juste trempées et elles avaient froids alors petite photo et on s'est dit au revoir.

Félicitation Kathia et Catherine. C'est une sortie dont vous allez vous rappeler longtemps j'en suis certain.


Voici le point de vue de Marc L sur ce 200:

Deux cent six kilomètres avalés sans histoire, aux deux tiers en solo.

Le quatuor Bisaillon-Caty-Lemaire-Philippe s'étant illico arrêté pour un ajustement mécanique après quelques hectomètres, j'ai filé à l'anglaise avec Frédéric Perman en point de mire jusqu'au quatrième virage; après : pchitt, disparu à l'horizon notre leader !

Ce samedi, je ne savais pas trop où j'en étais côté forme alors je n'ai pas poussé trop, essayant de ne pas dépasser une FC de 150. Avec ce petit vent du sud-ouest que nous avions trois quarts face, suis sagement resté sur le plateau de 39 et le trajet jusqu'à la station Shell de Saint-Cyprien-de-Napierville s'est bien passé.

Le peloton masculin est arrivé sur mes talons. Petite jasette avec monsieur Philippe pendant que Michel Lemaire gesticulait en s'entretenant avec Olivier et Marc B. Je pense alors repartir avec eux mais je suis prêt et ces messieurs prennent ça très cool, alors je les salue et remets ça solo. Il est 8h30. Le vent s'apaise un temps, alors la descente vers le sud est très agréable. Au passage de la montée Henrysburg où nous rejoignions auparavant la 217 au retour de ce brevet, je note l'heure : 9h02. C'est à dix heures pile que j'aperçois au loin la côte de Covey Hill au pied de laquelle, quelque peu usé, je décide de prendre une petite pause à l'ombre.

Peut-être cinq minutes passent que voilà, dans l'ordre et groupés : Lemaire, Caty, Bisaillon et Philippe. Un petit coucou et je remets ça illico derrière eux. Je mets tout à gauche naturellement, d'autant que, si le Marinoni a toujours les mêmes braquets que lorsque j'en pris livraison, moi j'ai pris quinze ans depuis ! Un changement de pédalier et de roue libre, on verra ça l'hiver prochain alors j'enroule 39x26 et la montée se passe super bien. Passé l'antenne au sommet, petit regard derrière : Michel et Olivier sont à 200 mètres peut-être; je reprends mon rythme de croisière sur ce faux-plat descendant et au paysage un peu quelconque. Ce terrain plait particulièrement à notre ami de Lachine et voilà que Michel, avec Olivier dans sa roue, arrive à bonne allure; je prends le train au passage. À l'approche de la 209, j'en ai assez et lève le pied, Michel m'imite bientôt et Olivier à l'avant, chevaleresque, fait de même. Regroupement du trio chemin Pollica et on arrive à bonne allure au dépanneur de Franklin. Pause salutaire sous le porche du lieu : sandwich, eau, jus de tomate et jus de fruit. Sur ces entrefaites, le reste du peloton masculin arrive. J'apprends que Marc et Pascal ont croisé la fusée Frédéric sur le chemin de Covey Hill alors que personne n'a encore revu les filles.

Reparti seul, je rejoins le chemin de Covey Hill parcouru en sens inverse il y a peu. Justement, voilà les deux participantes de ce brevet roulant côte à côte vers le deuxième point de contrôle. Mais voilà enfin l'antenne et les derniers mètres à gravir de ce brevet; je bascule en roue libre dans la descente où je dépasserai les 75 kilomètres à l'heure. Petit salut à trois filles à vélo en bas de la côte. Passé le hameau de Havelock sur la 203, j'ai les sens en éveil : n'ayant pas téléchargé l'itinéraire du brevet sur mon cyclomètre, je retrace à mémoire ce tracé du brevet de 200 que je n'avais parcouru qu'une seule fois depuis qu'il a été changé. Rang Saint-Charles, j'hésite et décide d'un arrêt pour consulter le road book. Mais voilà Olivier Caty qui se pointe et qui me confirme que c'est plus loin qu'il faut tourner à gauche. Je recolle tranquillement Olivier (qui se retourne montée Poupart pour vérifier que je suis sur la bonne voie : merci l'ami) mais il prend irrésistiblement le large chemin Back Bush et je le perds de vue avant le virage sur la 219 où mon dos m'intime de faire arrêt. Le troisième quart de ce brevet est fidèle à lui-même : le jour avançant, le soleil est maintenant haut dans le ciel et la campagne montérégienne offrant peu d'ombre, l'organisme du cycliste n'en est que plus taxé. Incidemment, le profil de la température enregistré par le cyclomètre le confirme : le matin, la courbe fut très plate sous les nuages alors que l'apparition du soleil se manifesta par des dents de scie caractérisant l'alternance de passages plein soleil et à l'ombre (sous un nuage ou les rares frondaisons).

Mais trêve de considérations météorologiques : Michel, Marc et Pascal arrivent sur ces entrefaites; je repars et recolle le groupe qui ne roule pas très vite. À nouveau, il faut composer avec le vent. J'ai un peu de mal à trouver ma zone de confort : que je me laisse aller à mes sensations du moment et que j'enlève une dent derrière, voilà que le cœur bat un peu vite et que je lâche mes compagnons de route; sinon, je trouve que je roule un peu dans le beurre… Enfin, voici l'église de Saint-Édouard et le troisième point de contrôle où nous retrouvons monsieur Caty. Jean et Yanick arrivent alors que nous nous apprêtons à repartir, laissant cette fois Pascal derrière. On fera équipe ainsi un bon bout puis Olivier et moi prendront un peu d'avance pour terminer en 8h33 sur le bitume surchauffé de la rue Victoria.

Une bonne journée !


Mon bilan sur ce brevet est mi-figue, mi-raisin. J'ai réalisé une bonne moyenne mais j'ai peut-être sous-estimé la chaleur et aussi présumé de mes forces pour avoir roulé en sur-régime par moment. Aussi, je ferai le 300 de la semaine prochaine à mon tempo, en mode PBP ! 

À la semaine prochaine. 

Roulez prudemment et évitez les autos qui pourraient surgir devant vous. 
Pensée pour Mitch ... 
Car le danger peut-être là où vous ne l'attendez pas. 
Et nous avons une mission à remplir, en août prochain ...


samedi 8 juin 2019

PBP Wars, Épisode IV: un 600 de moine Jedi

Prologue:

Dans pas bien longtemps, dans une galaxie proche de chez vous, va se tenir l’apothéose des brevets qualificatifs for the PiBiPi. Il est plus que temps de mettre la dernière pierre à l’édifice afin d’obtenir le St Graal de la participation à l’épreuve reine et mythique de la longue distance. Pour compléter notre collection d’étoiles et obtenir la 4ème, il va nous falloir vaincre le terrible brevet de 600 du CVRM, comportant au bas mot, plus de 5000 mètres de dénivelé sur 400 kms, répartis entre le 100éme et le 500éme km. C’est vraiment la terreur des randonneurs rebelles québécois. Heureusement et comme toujours, la force sera avec nous. Un vélo entre les jambes, nous conduirons. Avec motivation et obstination, nous pédalerons. La fin de la galaxie, s’il le faut, nous atteindrons. Amen! 

Avec motivation et obstination, tu pédaleras ...

Samedi 8 juin, 4h30: 

Enfin le jour J est arrivé, plus capable d’attendre. Ce n’est pas le D Day du débarquement du 6 juin 1944, mais presque. À l’aube de ce jour important, c’est plus que motivé que je vais rejoindre mon bataillon de la souffrance au stationnement de la VM. Comme à mon habitude pour les brevets 2019, ma camera tourne déjà les moments fébriles des soldats de l’ombre. Chacun se prépare en silence pour 2 jours de joyeuses pédalées et d’aventures insoupçonnées. 

Jour J pour les randonneurs de l'ombre

La plupart d’entre nous considère que ce 600 est moins exigeant que le 400, car réparti sur 2 jours, le problème étant la récupération et l’enchaînement des étapes. Coté météo, la chance est avec nous. Les prévisions sont de 2 journées sans pluie, sans trop de vent, avec un beau soleil et même de la chaleur annoncée pour dimanche. C’est donc un signe que les astres s’alignent pour réaliser avec brio notre dernier challenge pour PBP. Il ne reste plus qu’a pédaler. 

C'est jour de GP: les Formules 1 se préparent non loin du circuit GV

Pour ce 600, ce sont 17 cyclistes qui se présentent au garde à vous, voici le décompte. 

14 PBPistes: Jonathan A, Gabriel A, Marc B, Olivier C, Yvon C, Bernard C, Martin D, Olivier J, Michel L, Ralph L, Guy M, Pascal P, Jean R, Jean-François T. 

JF le Rouge et Jean le distributeur de cartes postales

Marcus toujours joyeux arborant son beau maillot de PBP 2015

Ralph déballe son vélo prestement après un 400 réussi la semaine passée 

Bernard tout content de son 300 réalisé en France

Jacob, chauffeur du jour, est venu accompagné papa Yvon 

Ajouter une légende! Pas besoin, c'est moi la légende!

2 randonnistes, contraction de randonneurs touristes: Carl F, Robert L. 

Guy le randonneur et Robert le randonniste

Carl nous arrive à toute allure de Montréal

1 invité touriste: Romain C (ami de Marc B) 

Peu avant 5h, Jean passe son kodak à Jacob, qui accompagne son père, pour prendre la photo officielle du départ: 

De gauche à droite: 1-Robert 2-Marc 3-Guy 4-Ralph 5-Olive J 6-Olive C 7-Pascal 8-Carl 9-Michel 10-Yvon 11-Martin 12-Gaby 13-JF 14-Jean. Manque Bernard, Jonathan et Romain

Les randonneurs du Canada au garde à vous

Jonathan pose fièrement pour le kodak, il sera en retard au départ 

Étape 1: St Lambert - St Césaire, 55 km 

5h pétantes, km 0. Départ groupé de 16 unités, pas de Fred devant, mais un Jonathan derrière. En effet, Jo est à la bourre, nous ne l’attendons pas, il nous rattrapera. C’est la loi du nombre, tant pis pour lui. 

5h pétantes, le brevet de 600 est officiellement lancé
  
Dans le peloton, on papote sur le déroulement du dernier 400. Les péripéties de Jessica qui doit demander à sa maman si elle doit continuer ou non, les crevaisons diverses de ce jour pluvieux que jamais, l’abandon de Gaby à 30 km de l’arrivée pour un problème de pneu difficile à remonter, mais qu’a fait la CAA dans ces moments difficiles. Gabriel a d’ailleurs effectué un autre 400 à Ottawa la semaine suivante, fort bien réussi avec l’ami Ralph. 

Premiers coups de pédale sur Victoria

Marcus et Martin disent bonjour la caméra

Boulevard du Quartier au soleil levant

Le soleil se lève gentiment, tout va bien en déroulant Grande Allée, km 11, puis Richelieu km 30. Jonathan réintègre les troupes à toute vitesse, il est en forme le bougre, que c'est beau la force de la jeunesse. 

Km 11, Grande Allée, Marcus en pète de joie!

Km 30, Richelieu, Sergent Guy évite de justesse un trou d'obus

Romain est venu nous accompagner jusqu'au 1er contrôle de St Césaire

Je jase avec Jean notre président, on parle des principes de base en longue distance, comme manger avant d'avoir faim, boire avant d'avoir soif. Je lui dis que c'est un des commandements du célèbre Vélocio, précurseur du cyclotourisme en France. Il ne connait pas le personnage mais en a entendu parler à travers les Flèches Vélocio, genre de brevet sur 24 heures, effectué par une équipe de randonneurs qui déterminent eux-même leur parcours. 

Jasette avec Jean le président

Vélocio, un autre Jedi du Cyclotourisme

Je discute aussi avec Bernard de son récent voyage en France. Il me raconte son brevet de 300 dans les Pyrénées avec 60 participants, il y a un peu plus de monde qu’au Québec. Il me parle de l’esprit de solidarité des cyclos français, roulant souvent à plusieurs du même club. Chaque équipe reste soudée, le mot d’ordre étant, on part ensemble, on rentre ensemble. Ce n’est pas tout à fait le genre du randonneur nord-américain que je connais. Icitte c’est plutôt le chacun pour soi qui prévaut. Peut-être est-ce un signe prémonitoire de ce qui va bientôt se produire. 

Jasette avec Olive J, l'autre frenchy du peloton

Jasette avec Nanard, de retour d'un voyage en France

Km 44, nous déboulons plein pot sur le rang des Dix Terres, rebaptisé pour l’occasion rang des Dix Millions de craques. La route est truffée de trous, un vrai champ de mines. Ça zigzague à gauche, à droite, chacun évite les obus comme il peut. Malheureusement, masqué par le cycliste qui me précède, je roule dans une série de 3 cratères. Ce sera fatale pour ma pauvre roue arrière dont la chambre à air se retrouve fortement pincée. Le caoutchouc explose et le précieux gaz s’échappe illico presto. 

Km 44, Achtung, champ de mines !!!

Km 45, je me range sur le coté droit, en signalant que je viens d’avoir un flat. Quelques cyclos ralentissent, Jean se demande s’il va s’arrêter. Je lui dis de continuer avec un petit pincement ... au cœur. C’est la loi du nombre, tant pis pour moi! Le peloton s’éloigne et me voilà seul, livré à mon triste sort. Seul dans le silence de cette cambrousse inondée d’une belle lumière de soleil rasant. Bon ben, ça commence bien ce 600, me dis-je la gorge nouée. C’est sûrement un signe qui m'est envoyé pour tester mon mental. 

Km 45, je tombe au combat, un flat pour bibi, bye bye peloton !

Et bien soit, je relève ce défi imprévu et répare ma roue en une quinzaine de minutes, sans trop de difficulté. Je regonfle avec ma petite pompe, ce n’est pas top pour la pression mais ce sera suffisant. Je repars en roulant mollo jusqu’au contrôle, avec l’infime espoir de rattraper la gang à St Césaire, km 55. J’y arrive vers 7h20, mais il n'y a pas un chat, pas même un randonneur. J’apprendrai plus tard, que la plupart d’entre eux m’a attendu mais pas trop longtemps. Nous avons du nous manquer de peu, fait chier. 

Contrôle 1 de St Césaire, plus de compagnons, snif ;-((

Je prends donc mon temps pour pointer ma carte, prendre un bon café réconfortant avec chausson aux pommes. J’en profite pour remettre un peu de pression dans mon pneu, à m’en éclater les biceps, 80 psi, yeah! Faut garder le moral, même si pour l'instant, il est pas mal bas, au fond des chaussettes. Je vais rouler seul pour un bout mais j’y suis habitué, le dernier 400 d'il y a 2 semaines m’a servi d’entraînement. Après un bon quart d'heure de pause, je me remets en selle. 

Solo pour un bout, moral dans les chaussettes

Étape 2: St Césaire - Compton, 125 km, total 180 km

Je ne retire pas de couche de vêtements car il fait encore un peu frette à cette heure, malgré la présence de Galarneau. J'attaque la 112 puis prends la piste cyclable. Je vais rouler à mon rythme, c'est au moins ça l'intérêt de se retrouver en solo comme Han Solo! Seul inconvénient, le vent me souffle faiblement du Nord-Ouest, mais il n'est pas trop gênant pour le moment. Les paysages hyper connus défilent. St Paul d'Abbotsford, km 66, le camping Bon-Jour, l'arrivée à Granby par la rue Simmonds. Me voici au lac Boivin et son magnifique jet d'eau ressemblant à celui de Genève, il est 8h45. Pas de pause au Vélogare, km 82, j'en ai prévu une un peu plus loin. 

I am a lonesome poor Jedi riding in the interstellar space

Fin de la piste des Champs, vive la piste urbaine

Le célèbre jet d'eau du lac Boivin, un air de Suisse

Fin de la piste, je reprends la 112 et son faux plat montant qu'on prend en sens inverse lors du retour du 400. C'est d'ailleurs au croisement du chemin Warden, km 94, qu'on peut enfin respirer alors que pour le 600, c'est ici que le relief débute. Le compteur d'ascension totale commence à accumuler les mètres escaladés. Voilà le village de Waterloo que je traverse pour m'arrêter peu après au dépanneur checkpoint du 400, km 102, il est 9h43. C'est ici que s'est passé tant de moments de joie et de peine, mes divers souvenirs remontent à la surface. Je m'offre un coke pour hausser mon niveau de sucre et me désaltérer, accompagné d'un demi sandwich maison ainsi que d'une banane qui ne résiste jamais bien dans une sacoche compressée et surchauffée. C'est le bon moment pour me délester de mes jambières, de ma cagoule et de mes gants longs. 

Traversée de Waterloo, toujours sur la 112

Un de mes dépanneurs fétiches car chargé d'histoire

Remise à niveau de sucre et mise à nu des mollets

Je continue sur la 112, direction Stukely Sud, km 110. Traversée d'Eastman, autre souvenir du motel où je m'étais reposé lors de mon premier 400 de 2012. Marielle avait loué une chambre car elle était venue partiellement m'accompagner. Ça gamberge pas mal lorsqu'on est seul avec soi-même, le temps passe ainsi plus vite. Un beau point de vue se découvre au Lac Orford, où le mont du même nom se reflète dans ses eaux. Je vais d'ailleurs lui rendre une petite visite par quelques côtelettes de mise en jambes. Tout est passé à la moulinette, pas de débauche d'énergie inutile, c'est le mot d'ordre de ces 2 jours. 

Belle auto des années 70 en traversant Eastman

2 pour 1, le lac et le mont Orford

Solo mais heureux après la bosse du mont Orford

Un petit coucou à la station de ski, km 131, puis je déboule vers Magog. J'emprunte le détour préconisé par Robert qui avait signalé des travaux sur le parcours officiel. C'est donc le chemin de la Montagne puis celui du Roy qui rattrape directement la piste cyclable de la 112. J'aperçois d'autres perspectives intéressantes en longeant le Lac Memphrémagog. C'est une agréable promenade pour les badauds et les amoureux qui profitent paisiblement de la journée. Pour moi, c'est une fin de semaine de pédalage, j'ai signé alors ... je ferme ma gueule ! 

La station de ski est fermée depuis peu 

Sur la piste cyclable de Magog, longeant la 112

Belle journée pour flâner près du lac Memphrémagog

Petite satisfaction en arrivant au Subway vers 11h35, km 142. Je me refais une santé avec un 6 pouces steak-fromage, une soupe aux légumes, une boisson gazeuse en fontaine et de la glace dans le Camelbak. C'est un grand classique immuable de ce 600, quelques souvenirs me reviennent encore. Je consulte les commentaires sur FB au sujet de mon tracker que j'ai mis à disposition de mes followers. Ils me donnent quelques encouragements lors des pauses. Ma chérie me suit aussi bien assidûment, elle m'envoie des textos réconfortants. Je jette également un œil sur les comms de JF qui a fait de même avec son tracker. Je peux ainsi estimer mon retard sur lui et le groupe qui l'accompagne. 

Première pause au royaume du pain qui pue, ce ne sera pas la dernière

Sérieusement revigoré par les comms FB de mes followers

Je retire mon juste au corps à manches longues pour me retrouver jambes et bras nus. Il ne faut donc pas oublier de se tartiner de crème solaire car mon épiderme fait connaissance avec les rayons ultraviolets pour la première fois de l'année. En effet, quelles drôles de saisons nous avons, n'est-ce pas madame Boulic ! J’ai aussi pris le réflexe de me crémer le popotin aux 100 kilomètres, afin d'éviter toute surchauffe de l’arrière train. Spécial dédicace à mon chum Roger Vador!


Ne pas oublier la crème à cul, n'est-ce pas mon Roger !

Je me remets en selle, prochaine étape jusqu'au checkpoint de Compton. Les choses sérieuses se précisent. Long faux plat à la sortie de Magog, bonne descente sur Ayer's Cliff et son quai sur le Lac Massawippi. Encore un peu de nostalgie, celle de ma gravel ride de 3 jours avec ma cocoon, l'été dernier. Voici le village de Massawippi, km 163, j'attrape la 208 et ses côtelettes à répétition. 

Belle descente à 44 km-h sur Ayer's Cliff

Le quai d'embarquement sur le lac, souvenir de gravel ride avec ma chérie

Je quitte la 141 pour la 208 dans Massawippi

La campagne se fait plus présente, la civilisation beaucoup moins, j'entre dans le Québec rural. Il fait chaud mais pas trop, environ 20 degrés, je suis juste bien pour pédaler alors je profite du moment de plaisir. Carpe diem, tant que c'est d'actualité. Un dernier raidillon à l'entrée du village et me voilà au contrôle 2 de Compton, km 180, il est 13h50. 

Il fait bon pédaler dans la campagne, Carpe Diem

La belle descente sur Compton approche, c'est à gauche

Comme de bien entendu, il n'y a plus personne aux tables du Marché Tradition, juste des restes de randonneurs de passage. Je trouve une bonbonne d'eau à moitié pleine et la grosse miche de pain de Jean à moitié dévorée. Je le sais par son récit futur, la force est avec moi, je vous dis! Je suis tout de même un peu dépité, mais c'est la règle des largués, toujours en rattrapage. Pointage à l'épicerie, j'achète un gros sac de crottes de fromage que je vais trainer longtemps, un yaourt aux fraises avec gruau et un soda au citron, les sandwichs appétissants ont disparu des rayons. Je m'assois à l'ombre pour dévorer mon butin. 

Contrôle 2 de Compton, pause récupératrice bienvenue à l'ombre

J'aperçois une bande de travailleurs latinos en vadrouille, profitant de leur fin de semaine pour faire du vélo, les chanceux! Après une vingtaine de minutes, il est temps de re décoller, je suis dans les temps d'après ma feuille de route, j'ai même 30 minutes d'avance, toujours bon à prendre pour récupérer un éventuel retard. J'aime avoir ce guide qui me permet de bien ajuster mon rythme et mes pauses. J'apprendrais plus tard que Bernard a abandonné à cet endroit. D'après ses mots relatés par Gaby, il se sentait comme si un camion de 18 roues lui était passé dessus. 

Une bande de travailleurs latinos en vadrouille 

Étape 3: Compton - Cookshire, 55 km, total 235 km

Rechargé en glycogène, je rallume la machine et retrouve les beaux paysages bucoliques de la région. Le festival de la côtelette et des BBQ prend son rythme de croisière. Montée-descente sur Moes River, même chose du côté de Martinville, km 190. Puis Ste Edwige et le km 200, déjà un tiers de fait, on se motive comme on peut. Jolie descente rapide et beau point de vue sur une nouvelle rampe qui m'attend sur la 206. Cette route est d'ailleurs mythique pour deux de mes complices de 2014, Yves et Marie-Claude, alors prétendants au PBP. Je me souviens de cette photo qu'ils avaient adorée et mis en fond de page sur leur FB. 

Je continue de jouer à saute-vallon du côte de Martinville

Km 200 à Ste Edwige, un tiers de fait

Une belle descente suivie d'une belle côtelette sur la 206

La fameuse photo de mes 2 mongols préférés sur cette même 206, côtes à gogo !

Doucement mais sûrement, je me rends à la jonction de la 253, km 208. Pause crottes de fromage avant d'attaquer le dernier tronçon jusqu'au prochain checkpoint Charlie. Le parcours prend la direction Nord, je roule donc face au vent. La moyenne s'en ressent avec la succession de bosselettes qui freinent ma progression. Enfin voilà Cookshire-Eaton et son Subway, km 235, il est 17h07. 

Je rushe dans le vent et les côtes avant le checkpoint

Je suis vidé, affamé sans appétit et aussi un peu déprimé, la totale quoi! La célèbre interrogation me remonte à l'esprit, pourquoi fait-on cela? La réponse est évidente, c'est pour participer au PBP bien sûr, et pas question d'abandonner ce brevet. Non, je ne vais pas sombrer du côté obscur de la force, si près du but! À cet instant, je ne pense pas une seconde qu'il me reste encore 370 bornes et de multiples ascensions à gravir, cela doit rester anecdotique. 

Il ne faut pas basculer du côte obscur, parole de Jedi

Subway presque désert, j'aurai préféré dîner avec mes amis


Je me commande donc ma pitance dans ce Sub quasi désert. Ce sera un 6 pouces que j'emporterai et ne mangerai jamais, un gros bol de soupe, au moins les liquides passent facilement, de la compote de fruits, des croustilles, une boisson en fontaine et le célèbre refill de glaçons. Je m'accorde 30 minutes de pause, le temps de me refaire une santé et un moral d'acier. Le mental travaille fort, une vraie job de moine. Je regarde mon FB, JF et sa gang sont passés il y a une heure environ. Ce qui veut dire que je ne suis pas si largué que ça, un point positif de plus. Je ré-équipe le bonhomme et la machine puis je repars pour la dernière étape de la journée et surtout le dodo à Lac-Mégantic. 

Le jaune et vert dominent, non ce n'est pas une équipe de football

Étape 4: Cookshire - Lac-Mégantic, 93 km, total 328 km

J'enquille la célèbre 212 pour 60 kms d'un toboggan infernal que je connais par cœur. Ma prochaine cible est le dép de la Patrie, situé à 30 kms. Le soleil décline gentiment dans mon dos, offrant de superbes lumières à mes yeux et ma caméra. Les premiers kms sont plutôt tranquilles, je dépasse Island Brook, me rapprochant d'une zone de travaux, prédite par un message de MC et Yves dans la semaine précédant le brevet. Ils avaient averti la gang de breveteux, car ils s'en étaient aperçu lors d'un entrainement en côtes dans le secteur réputé du Mont Mégantic, en vue de leur voyage en Norvège. Km 250, nous y voilà, panneau pour 6,3 km de construction, la route est grattée faisant apparaître une sorte de grillage et de la garnotte. C'est un peu chiant mais ce n'est pas si terrible que prévu. Je prends mon mal en patience, le plus pénible étant la poussière que m'envoient les autos à leur passage. 

C'est reparti dans le toboggan infernal de la 212

Zone de travaux prédite par MC, 6,3 km de plaisir

C'est ça le fameux grillage !

Ouf, la zone critique est dépassée, au loin se profile La Patrie. Allons enfants! Une bonne côte puis la descente effrénée jusqu'au dépanneur, km 265, propice à un arrêt crème glacée et coke, il est 19h07. Le premier objectif est atteint, le suivant est prévu à Woburn dans 32 bornes, que j'espère atteindre avant la tombée de la nuit. Mais en attendant, encore et toujours de la grimpette. Heureusement, les jambes ne donnent aucun signe de fatigue, le corps encaisse bien les heures de selle jusqu'à présent. Faut le reconnaître, je suis en forme, l'entrainement hivernal sur Zwift finit par récolter ses fruits. 

Route des Sommets avec le soleil dans le dos

Allons enfants de la Patrie, le jour de gloire est arrivé !

Récompense promise pour l'objectif atteint

Mon visage s'illumine à l'arrivée à Notre Dame des Bois, km 279, belle côtelette dans le village et point culminant du brevet à plus de 600 m d'altitude. Vite, le masque à oxygène! 

La super côte à Notre Dame des Bois

Vue sur l'église du village, parc national du Mont Mégantic

Le soleil disparaît derrière l'horizon, découvrant le Mont Mégantic et ses 1100 mètres de hauteur dans le lointain. Je dépasse le sommet puis m'arrête près d'une maisonnette afin de m'équiper pour la nuit. Loupiotes, coupe vent en Goretex, gants longs et jambières, je suis paré pour la chute des températures, je suis bien au chaud. 

Le soleil se couche sur le point culminant du 600 à 623 mètres

Rhabillé de la tête aux pieds, paré pour la nuit

Encore quelques raidillons dans la pénombre de la brunante puis la descente tant attendue sur Woburn, km 297. Je m'arrête au seul dépanneur encore ouvert, pour un coke et des Munchos, mes chips au mais préférées. Il me reste beaucoup de crottes de fromage aussi, ça fera l'affaire pour me bourrer la face jusqu'à l'étape. Ce sera juste 30 bornes by night en longeant le lac Mégantic que j'aperçois de temps en temps, avec une bonne musique entre les oreilles pour me distraire agréablement. 

En ce moment, j'écoute du Coldplay et du Mark Knopfler, rythme très cool pour du vélo méditatif. Et puis aussi, quelques artistes frenchies, nouvellement découverts, du Jeanne Added, comme le nom ne l'indique pas et qui chante en anglais, ainsi qu'Eddy de Pretto, un chanteur gai, proche de Stromae pour les textes, c'est très bon, j'adore. 

Une demie lune m'accompagne jusqu'à la cité lacustre, tristement célèbre par son terrible accident de train de Juin 2013. Le bas de la ville est totalement refait à neuf, je ne prends donc pas le détour prévu au parcours, lorsque les rues étaient en reconstruction. J'arrive au Tim salvateur, km 328, il est 22h50 lors de mon pointage. 

Arrivée by night à Lac-Mégantic

Un quartier entièrement refait suite à l'accident de 2013

Je fais mon épicerie pour le souper de ce soir et le déjeuner de demain matin, qui vont être très rapprochés. Je fonce, Alphonse, jusqu'au motel Le Quiet pour m'enregistrer vers 23h. L'aubergiste m'attendait justement, il me donne les clés de la chambre 12, refaite à neuf pour l'occasion. 

Chambre 12 du Motel Quiet, je prends mes aises

Je déballe mon stock vite fait dans la pièce puis optimise mon temps pour pouvoir me coucher rapidement. Plugging des instruments, GPS, IPhone, lampe, puis douche bien chaude et décontractante, suivi d'un souper rapide, enfin préparation des affaires pour un réveil éclair. J'entretiens aussi ma machine en regonflant le pneu arrière et en remettant de l'huile sur la chaîne. Pour 23h30, je m'allonge dans un lit bien frais. Je jette un œil sur la téloche qui diffuse un match de soccer féminin sur la coupe du monde qui se déroule en France. Cadran à 2h39 puis je me dirige tout droit dans les bras de Morphée pour presque 3 heures de sommeil réparateur. 

Ben content d'être arrivé, vite à la douche
Un bon lit m'attend pour une bonne nuit de 3 heures

Malheureusement, je me réveille vers 1h30 et plus capable de me rendormir. Je reste coucher à me détendre puis me lève vers 2h30. Déjeuner avec café de la machine de la chambre, wow, le luxe! Je le bois accompagné de ma roussette au miel, quelques gorgées de jus d'orange et mon déjeuner est terminé. Je compléterai en route avec le wrap au poulet. Il est 3h09 pour les premiers coups de pédale dans Lac-Mégantic totalement endormi. Je file doucement dans la nuit, l'aube ne sera pas longue à venir. 

Réveillé, rhabillé, prêt pour un nouveau départ 

3h09, Lac-Mégantic est totalement endormi

Étape 5: Lac-Mégantic - Lennoxville, 90 km, total 418 km

Je quitte la lumière orangée des lampadaires de la ville martyre, continuant mon périple dans la noirceur absolue. Aucune auto ne me dépasse, juste quelques unes en sens inverse. J'en profite pour rouler au milieu de la route, le faisceau de ma lampe éclairant la ligne à suivre dans mon champ de vision. La température du GPS, partie de 20 degrés de l'intérieur de ma chambre, ne tarde pas à chuter vers les 5 degrés, autant dire que ce n'est pas chaud. Heureusement, je suis bien habillé, il y a peu de vent, alors roule ma poule. 


Sacrée vision dans la nuit noire

Sans difficulté, je dépasse Nantes, km 338, un air de France, vive les Pays de Loire. Puis c'est au tour de l'Italie d'être célébrée en passant à Milan, km 348. Je suis toujours en altitude, vers les 500 m, d'où la fraîcheur. Quelques bosses en arrivant vers l'Écosse, à Scotstown, km 365, il est 4h50. J'ai prévu d'y faire une pause complément déjeuner, avec ce qui me reste dans la sacoche car tout est fermé à cette heure matinale. Une rasade de jus d'orange, quelques bouchées de mon wrap un peu dégueu et quelques crottes de fromage scouic scouic, toujours gagnantes. Je repars bien vite car je grelotte comme une crotte. Fait plus chaud sur le vélo à pédaler, me dis-je. 

Nantes puis Milan, me voici en Europe

L'aube d'un jour nouveau est béni !

En arrivant sur Scotstown, dans le parc du Mont Mégantic, pas dans les Highlands!

Je remets donc en route et les raidillons pentus du secteur me remettent à la juste température. La bonne nouvelle, c'est que le jour se lève déjà, je n'aurais pas utilisé mes loupiotes bien longtemps. Ce qui confirme qu'il n'y a vraiment pas besoin d'un moyeu dynamo pour un 600, si on gère bien son timing. En effet, mon nouveau Garmin 1030, d'une autonomie de 20 heures, a parfaitement tenu le coup la première étape. Mon arrêt à l'hôtel m'a permis de recharger mes instruments à bloc. 

Les montagnes russes se poursuivent 

Une charmante petite église rurale salue mon passage 

Les montagnes russes achèvent un peu après Bury en rattrapant la 108, km 387. Encore 9 bornes faciles et me voici pour la 2ème fois à Cookshire-Eaton, km 396, bouclant le terrible tour du Mont Mégantic. Je repasse devant le Subway de la déprime d'hier après-midi. À présent, tout va beaucoup mieux, car je suis sur la route du retour. Nouvelle pause café bien chaud à l'Ultramar. il est 6h34 et c'est ouvert, yeah! Galarneau réchauffe l'atmosphère, ce qui est fort apprécié. 

Retour sur la 108, plein gaz vers Cookshire-Eaton

La fin du tour du Mont Mégantic, bye bye La Patrie

Un bon café me réchauffe le corps et l'âme

Dernière ligne droite de 22 bornes sur la 108, en travaux dans la descente me menant à Lennoxville. Je passe devant l'Université Bishop où mes compagnons d'aventure doivent s'éveiller et prendre leur petit déjeuner. Pour moi, ce sera au mini Tim de la station essence, un autre café pour me garder les yeux ouverts, accompagné d'un Timatin œuf bacon sur muffin anglais. Il est 7h48 quand je pointe mon carnet de route, exactement dans les temps sur l'horaire prévu. Je ne vois personne de la gang passé sur la route du parcours officiel. Dommage, j'aurais pu accrocher un wagon pour poursuivre ensemble. Je consulte FB et le tracker de JF, malheureusement pour moi, ils ont quitté plus tôt, vers 7h30, ils sont sûrement pas loin devant. 

Dernière ligne droite sur la 108 avant le prochain checkpoint

Descente sur Lennox en travaux, circulation alternée

7h40, mes compagnons sont déjà repartis, dommage

Je profite de l'arrêt pour me délester des couches de nuit, maintenant inutiles, le thermomètre est déjà remonté à 15 degrés. Je me mets en court, sauf les bras, puis je m'asperge de crème solaire. J'oublie de m'en mettre dans le cou, ce qui me vaudra un cou ... de soleil. Je réorganise le stock dans la sacoche, mettant à la poubelle, le sandwich du Sub d'hier, non mangé. Mon alimentation, c'est toujours un peu du n'importe quoi, après un certain nombre d'heures passées sur le vélo. Me voilà revigoré, déshabillé, huilé et bien motivé, c'est donc un nouveau départ pour l'avant dernière étape. En effet, Cowansville est dans presque 100 bornes, va falloir gérer. 

Contrôle 5 de Lennoxville, un déjeuner au Tim est le bienvenu 

Étape 6: Lennoxville - Cowansville, 98 km, total 516 km

Je re-décolle de Lennox par la bonne côte de la rue du Collège, je mouline comme un damné sur mon 26x27 parfois 26x30. Je ne vais pas me péter les quadriceps avec ces rapports de cyclotouriste. En tout cas, ça me réchauffe même si l'atmosphère est déjà tiède à cette heure encore matinale. Comme à mon habitude, je vais découper l'étape en segment pour me fixer de courts objectifs, mentalement plus accessible. C'est la technique du moine Jedi. Focus, focus! 

La côte du Collège est grimpée à la moulinette

Donc prochain stop à Magog dans 33 bornes. Après la difficile bosse qui m'a remonté de 150 mètres, j'emprunte un dédale de routes, dans de multiples directions, à gauche, à droite, ponctuées de montées et descentes, mon GPS fonctionne à plein régime. Je rattrape un petit bout de 112 proche de Rock Forest, km 434, puis la piste cyclable le long du Lac Magog, ce qui me fait arriver à la cité du même nom. 

Dédales de routes et multiples directions

Après la 112, la piste cyclable plus tranquille 

Je longe le lac Magog pour arriver au village du même nom

Je retrouve le Subway de la veille, km 451, il n'a pas bougé, dis donc! Le déjeuner à Lennox ayant été succinct, j'ai grand appétit et c'est bon signe. Soupe, compote, boisson fraîche et glace pilée, comme d'hab, toujours la même recette, pas mal liquide. Je ne m'attarde pas trop pour ne pas prendre de retard excessif. Je retire mes manches longues car le mercure monte à présent au dessus des 25 degrés, alors qu'il n'est que 10h30. Surtout que les difficultés ne sont pas encore terminées. 

Le Subway de la veille est toujours au même endroit

Bon timing pour un break, je cogne des clous, zzz

Je reprends la route et j'arrive rapidement face à la redoutable côtelette de Southières. Un gars à vélo redescend la côte en sens inverse, mais à pied, le vélo à la main, son dérailleur traîne par terre, Oh My God! Je me dis que si cela m'arrivait, fini mon 600, faudrait prévoir un plan B. Je ménage donc mon matériel et prie la malchance pour qu'elle ne soit pas avec moi. Ouf, le mur est passé, un peu de répit sur le Chemin des Pères. Quelques cyclos légers me doublent sans peine, ils ne savent pas que j'ai plus de 450 bornes au compteur. La chaleur s'amplifie et le rythme des côtelettes aussi. 

Vision panoramique sur le Chemin des Pères

Au loin, dans une énième bosse, je vois un cycliste à la dégaine que je connais bien. Mais oui, c'est Gabriel. Bien heureux de retrouver un compagnon, je me fais violence pour le rejoindre. Allô Gaby! en le dépassant, je continue mon effort et le largue bien vite. J'ai même pas eu le temps d'entamer la discussion alors je l'attendrais un peu plus loin. Je suis reboosté car je ne suis plus le dernier, c'est pas grand chose mais c'est bon pour le moral. Vas-y Francky, c'est bon! 

Dans la énième bosse, j’aperçois un cyclo bien connu 

Je déboule sur Austin, ne m'arrêtant pas à son dépanneur, lieu salvateur d'un 600 de 2014. On s'était réfugié dans son frigo car la température frôlait les 40 degrés. D'après mes calculs, je devrais en finir avec les grosses côtes du parcours, la dernière étant celle de Boston Centre. Mon Garmin m'informe que j'ai largement dépassé les 5000 m de dénivelé positif. 

Les côtelettes achèvent, il serait temps après 5000 m de dénivelé

Au croisement de la 245, km 476, je m'arrête aux tables à pique-nique à l'ombre des arbres. Je sors mon chocolat suisse Toblerone complètement fondu dans la sacoche avec cette fournaise. Quelle idée d'emporter du chocolat et de l'oublier. Heureusement que j'ai encore quelques crottes de fromage et un reste de jus, cela fera l'affaire en attendant Gaby. Au bout de quelques minutes, il ne s'est toujours pas pointé le bout du nez alors je redémarre vers la 243, fraîchement réparée. Je me fais dépasser par une miss bien dodue sur un vélo de triathlon, respect madame! 

Chocolat fondu, jus et crottes de fromage

Bien à l'ombre, j'attends Gaby qui n'arrive pas

Pour me désaltérer de nouveau, je vise le dép de Knowlton, km 497, lieu de la fameuse crème glacée, endroit adopté par nombre de mes compères. N'est-ce pas Marcus qui s'y est encore arrêté pour ce 600, en état de décomposition, parait-il. Comme par magie, Gaby apparaît quelques minutes plus tard. Il va aussi se chercher le bon pop sicle surgelé accompagné d'une boisson gazeuse, on ne lésine plus sur les glucides et les calories à ce stade du brevet. 

Un autre de mes dépanneurs fétiches, crème glacée à Knowlton

Enfin je peux jaser avec Gaby, mon Chewbacca préféré !

D'après mes stats, je brûle 500 calories à l'heure, alors pas de culpabilité à dévorer n'importe quoi. Enfin, me voilà avec quelqu'un avec qui je peux discuter, je sors de mes réflexions intérieures et reprends contact avec l'extérieur. Je demande des nouvelles de la gang et des événements passés, c'est fort intéressant. 


Le fidèle Piuma Millenium de En Solo

Refill des sucres sous toutes ses formes

Nous repartons pour les 20 dernières bornes jusqu'au checkpoint de Cowansville. Le léger vent à dominante Ouest, freine nos ardeurs. Gabriel, plus puissant que moi sur le plat, se détache à l'avant. Je galère pour trouver un endroit pour vider ma vessie, pas facile sur cette 104 passagère. Je trouve enfin de gros cailloux qui feront l'affaire pour me cacher derrière et sortir mon attirail. Enfin voilà le Tim de Cowan, km 516, il est 14h20. Chus bien content d'atteindre ce point symbolique, synonyme qu'il ne reste plus qu'une seule étape facile. Autant dire que c'est bientôt dans la poche ... de maillot cycliste! 

La 104 maganée et achalandée, le cauchemar des breveteux

Ouf, un tas de gros cailloux pour vider ma vessie

Pour me sustenter, je fais la file au royaume de la bouffe jetable, je prends mon mal en patience. Au moins je suis au frais et ça me fait du bien. Gaby arrivé plus tôt, est déjà passé à table, à ingurgiter ses victuailles. Je le rejoins en avalant une bonne soupe chaude aux patates, arrosée d'un coke bien frais et d'un café bien tiède. Maintenant, le challenge va être de rester éveillé jusqu'à la fin. J'ai des souvenirs de final de 600 où je me battais pour ne pas fermer les yeux, comme en 2014 et 2015. Gaby me jase des récentes péripéties survenues lors du brevet, notamment la chute de Marc dans le fossé, heureusement sans incidence. Bien réhydraté, bien refroidi, bien sustenté, il est l'heure d'enfoncer le dernier clou pour sceller le sort de ce 600. Et non pas pour cogner des clous! 

Brunch entre amis après 500 bornes dans les pattes

Mon festin dans la chaleur, soupe et café chauds

Étape 7: Cowansville - St Lambert, 89 km, total 605 km

Notre duo repart sous le cagnard par la 104 achalandée et surchauffée. Ça va être la course aux boissons fraîches en tout genre. Prochain oasis visé, le Tim de Farnham dans 23 bornes. On file sur la 104 Nord, vent semi favorable, youpi. La voie de contournement est sprintée et me voici à nouveau dans l'antre de la climatisation. Je me commande cette fois, un café glacé pour encore faire descendre la température du corps et faire baisser mon envie de dormir. L'adrénaline commence à prendre le dessus sur la fatigue, c'est bon signe. Gaby ne s'est pas arrêté, il a préféré continuer sur sa lancée vers St Césaire. 

Gaby mène la danse vers Farnham

Juste 10 minutes d'arrêt et je ré-enfourche ma bécane pour effectuer les 16 prochains kms à fond les ballons, Éole me poussant dans le dos. C'est pas long que je rejoins la 112 et le village tant fréquenté des breveteux. Le vélo de Gaby est garé devant le Tim, km 555, j'hésite à stopper. Faudrait peut-être pas trop déconner, il faut avancer quand même. Mais bon, je pause encore une fois pour lui tenir compagnie et pour terminer ensemble, ce sera plus sympa. Nouveau café glacé et beigne, tant qu'à faire, je continue de faire chauffer ma carte de crédit par petites dépenses. Au final, ce sera environ 130 dollars de distribuer en épicerie diverse, à cela s'ajouteront les 120 dollars du motel pour 3 heures de sommeil. 

À nouveau solo jusque St Césaire, Éole me pousse

Il nous reste 50 kms pour en finir avec ce foutu brevet, 50 bornes avant la délivrance. Il faut conclure en beauté et sans incident. Je repense justement à Gaby qui a dû abandonner son 400 à 30 kms de l'arrivée, no way for me! Nous reprenons plein sud vers le golf, faut appuyer sur les pédales dans le vent et la fournaise de la campagne montérégienne. Puis c'est Marieville, km 572, un bout de 112 jusque Richelieu, et la traversée de Chambly au galop. 

Retour dans la campagne montérégienne, retour dans le vent

Ombre chinoise pendant une halte boisson

Gaby est bien motivé pour sprinter sur la 112

Ultime pause au dépanneur, pas de Tim cette fois, plus capable. C'est le dernier arrêt, promis, juré. Je me délecte d'une crème glacée framboise chocolat et d'un Perrier bien frais. Derniers sucres aussi pour attaquer notre bout final de 22 kms. 

Une dernière crème glacée de ce brevet, promis juré!

Dép de Chambly, Gaby se goinfre à cœur joie

Mon corps tient le coup parce qu'il le faut, je sens la fatigue générale m'envahir, le manque de sommeil et la déshydratation. L'organisme est poussé dans ses derniers retranchements. À la sortie de Chambly, on prend Bellerive, l'astre solaire décline enfin, c'est pas trop tôt. Nous nous levons de la selle de plus en plus souvent, le popotin demande grâce lui aussi. Vite, Grande Allée, la dernière montée de l'overpass de la 10, Lapinière puis Victoria. 

Km 591, retour sur Grande Allée au soleil couchant

Lapinière à Brossard

Victoria à St Lambert

Enfin, nous y voilà, le dépanneur du Coin de St Lambert km 605, il est 19h50, soit 38h50 pour ce 600, à 1h10 du temps maxi de 40h. C'est fait, nous l'avons ce fameux sésame pour PBP, j'en pleure de joie. On se congratule avec Gaby, le fidèle compagnon de mes multiples aventures. Nous célébrons en nous envoyant encore quelque chose de frais dans le gosier. 

Contrôle final au km 605, brevet accompli sans incident

600 réussi pour moi et Gaby, les portes du PBP 2019 nous sont ouvertes

En apposant sa signature sur notre carnet, le commis du dép nous informe que depuis environ 2 heures, des petits groupes et des unités sont arrivés à presque chaque demie heure. D'abord, Jean, Martin et JF en 36h22. Puis, Marc, Olive C, Yvon et Mitch en 36h57. Puis encore, Guy seul en 37h29. Et enfin, Robert solo en 38h10, un peu avant nous 2 en 38h50. Pour compléter la liste des participants, il faut ajouter les 3 fusées, Jonathan, Olive J et Carl qui ont maté la distance en moins de 30h, soit 29h40, exploit réussi sans dodo planifié, il faut le dire. Il y a eu aussi malheureusement 2 abandons, Bernard à Compton km 180, et Ralph à Lac-Mégantic km 328. Ce dernier n'a pas été capable de repartir après sa courte nuit à l'hôtel. Il me signalera par la suite qu'il aurait bien voulu qu'on redémarre ensemble, too bad, old fellow ;-) 

Voici le point de vue de Jean R2D2 sur ce 600:

Enfin une température de saison. Heureusement que ça tombe sur le 600Km parce qu'entre Lac-Mégantic et Lennoxville les nuits sont fraîches. C'est la première fois de l'année où on part sans manteau avec ce 13 degrés à 5h du matin.

Très bonne participation avec 16 cyclistes dont 13 de ceux-ci tentent de se qualifer au Paris-Brest-Paris. Tous n'y arriveront pas malheureusement mais pourront se reprendre dans deux semaines.

Nous sommes tous arrivés au premier contrôle (km 55) en même temps sauf Pascal qui a fait une crevaison une dizaine de km avant celui-ci. Puisque je suis plus fort que lui c'est difficile de se décider à l'aider pour une crevaison lorsque l'on sait que celà peut signifier que l'on va rouler seul pendant des heures à essayer de rattraper le groupe. C'est la loi des randonneurs, on doit se débrouiller seul quelques fois. L'arrêt à ce contrôle fut d'environ 20 minutes mais pas de trace de Pascal, pourtant réparer une crevaison ne devrait pas être si long. Le peloton l'attends un peu mais moi je préfère repartir pour rejoindre Guy et Robert qui viennent de partir. Avec mon mal de genoux et mon estomac souvent récalcitrant je préfère également rouler à mon rythme. Je les rejoins rapidement, leur parle un peu et décide de prendre le tracé officiel que je n'ai pas pris depuis plusieurs années, eux prendont la piste cyclable. Finalement la chaussée être très belle et en plus ça enlève 2km par rapport à la piste cyclable.

Je dépasse Jonathan, Carl, et Olivier J. quelques km avant la montée du mont Orford alors qu'ils se sont arrêtés pour une pause à une pâtisserie. Ils me dépasseront une quinzaine de minutes plus tard dans cette montée. De vrais machines ces trois là.

Je mange un peu à un dépanneur de Magog puis reprends la route jusqu'au second contrôle à Compton (km 181) où le trio de tête est sur leur départ. J'achète un gros pain bien frais et une salade de pommes de terre. Je mangerai la moitié des deux, il faut dire que le pain devait peser deux livres. Au moment de partir le peloton principale formé de Martin, Ralph, Olivier C., Marc, Yvon, Michel et Jean-François (j'espère ne pas en oublier). Marc me dit qu'il a accroché une roue et est tombé dans l'herbe haute mais ce n'est pas trop pire avec seulement un mal à l'épaule, c'aurait pu être pire.

Je repars et me rends au prochain contrôle de Cookshire (km 235). Pas de trace du trio. Je mange et tout à coup je les vois de l'autre côté de la rue qui reprennent la route, on se salue. Vingt minutes après le peloton arrive et je repars seul direction Notre-Dame-des-bois. Ce n'est pas un contrôle mais j'y arrête toujours. Ça coupe ce tronçon en deux et c'est bienvenue puisque cette partie et la plus côteuse de ce brevet. Le temps de manger Robert arrive suivi de Jean-François. Toute une surprise de voir Robert. Je ne l'ai pas vu de la journée et il a réussi à dépasser le peloton qui s'est arrêté à La Patrie, pas mal à 70 ans.

La température qui avait atteint les 24 degrés environ commence à baisser et à 10 kms de Lac-Mégantic, vers 21h00, c'est rendu à 13 degrés. Pas le choix de mettre une petite laine même s'il ne reste que quelques km. Ce n'est pas le temps de se refroidir avant la nuit qui s'annonce fraîche.

Pas de trace du trio à Lac-Mégantic mais quelques minutes après être débarqué de mon vélo je vois Jacob Clément qui m'annonce que le peloton vient d'arriver et mange au Mac-Donald. Je les rejoins et commande un trio avec deux Big Mac. L'estomac va bien et mes genoux ne me font pas trop souffrir tant que je ne force pas trop. Bonne nouvelle!

On s'habille chaudement pour la traversée de 90Km entre Lac-Mégantic et Lennoxville. Jean-François décide de ne pas mettre ses pantalons et le regrettera. Martin lui pensait avoir amené ses pantalons mais ne les trouve pas. La température ira en diminuant et atteindra 5 degrés environ. Avec mon lycra et mon manteau je suis confortable sur le plat et dans les montées mais les descentes sont un peut frisquets mais ça m'aide à me tenir éveillé avec près de 20 heures de vélo et 400Km dans le corps. On arrive au contrôle de Lennoxville à 2h00 . On se restaure rapidement et se rend aux résidences de Lennoxville prendre un bonne douche chaude et quelques heures de sommeil pour se lever à l'ouverture du buffet à 7h00. Je mets ma montre pour qu'elle sonne à 6h30 mais elle ne sonnera jamais. Heureusement qu'un des cyclistes m'a réveillé en faisant du bruit en descendant l'escalier à 6h58.

Au brunch j'y vois plusieurs des guerriers mais j'apprends que Bernard Croteau a abandonné à Compton et pas de trace de Ralph qui, je l'apprendrai le lendemain, a abandonné à Lac-Mégantic.

On repart tous pas mal en même temps mais Gabriel a décidé de prendre une douche avant de partir et le duo Guy et Robert ne sont pas près à partir. On reverra Guy à Austin Km 380 où nous avons pris une pause et il repartira avec nous mais décidera d'attendre Robert une vingtaine de km plus loin au dépanneur fusée.

Marc a de la difficulté à suivre. Olivier, Yvon, Michel et Jean-François s'éloignent à l'avant. Je me mets devant lui pour le tirer à son allure et rattrapons Jean-François qui s'accroche à nous. Marc a besoin de repos alors on s'arrête à une crèmerie à Lac-Brome (km 496). Il est 11h30 environ et il fait déjà 25 degrés alors la crème glacée fait du bien.

On se rend à Cowansville (km 520) où l'on rejoint le reste du peloton. Bizarement Marc décide de repartir avec eux une quinzaine de minutes plus tard. La crème glacée semble avoir fait des miracles.

Nous repartons donc Martin, J-f et moi une bonne dizaine de minutes après eux et bien reposés. En passant à Farnam (km 535) nous appercevons leurs vélos au Tim Hortons mais n'étant pas trop fatigués après ce petit 25 km on décide de continuer notre route. Même à St-Césaire nous ne nous arrêterons pas. Personnellement j'aurais fait une pause ici parce que la chaleur commencait vraiment à m'affecter. De plus le tendon de mon talon droit me faisait souffrir depuis une vingtaine de km et deux de mes orteils me demandaient grâce. J'ai du demander un arrêt de quelques minutes à 15 km de l'arrivée sur le bord d'une route assez passante et sans accôtement. J'aurais pu endurer la douleur mais la chaleur de près de 30 degrés m'enlevait toute énergie, je n'étais plus capable de les suivre. À mon arrivée chez moi je pesais 9 livres de moins qu'au départ. J'étais donc déhydraté malgré qu'il me semblait avoir bu constamment. J'espère qu'il ne fera pas aussi chaud au PBP. J'ai donc peiné pour me rendre à l'arrivée. Rarement un 15 km m'a semblé aussi long.


Voici le point de vue de Jonathan SkyWalker sur ce 600:

Qualification confirmée pour PBP et j'en suis très heureux!

Le brevet de 600km s'est très bien déroulé, malgré un départ un peu laborieux! N'ayant pas assez d'essence dans l'auto, j'ai dû faire un arrêt à la pompe. Je suis donc arrivé juste à temps pour la photo. Alors que vous partiez tous, je me suis dit que rien ne servait de courir et qu'il fallait mieux partir à point. J'ai donc pris le temps de vérifier que je n'oubliais pas les clés dans la voiture, que tout était en ordre, et hop... je suis parti à la chasse du peloton!

Peloton rattrapé, brin de jasette et puis je suis reparti à la chasse de Carl, que je n'ai rejoint qu'à Saint-Césaire. Arrêt éclair, puis on a frappé la route vers le contrôle #2. Quelque part entre Waterloo et Orford, Carl a senti le besoin de doser son taux de sucre. Quelle coïncidence, nous nous trouvions tout juste devant "Les Beignes Dora" un endroit où j'ai souvent voulu m'arrêter! L'étalage était rempli de bonnes choses! J'ai misé sur un beigne érable et bacon, un délice! Olivier J nous a rejoints et a opté pour la brioche. Ce souvenir de sa France natale lui a donné des ailes jusqu'à Compton!

Un peu de difficulté pour moi dans les bosses jusqu'à Compton. J'ai été à mon rythme, laissant Carl et Olivier partir devant. Je les ai rejoints à Compton, où se fut l'heure de réappliquer la crème solaire. Jean nous a rejoints, alors que l'on s'apprêtait à repartir.

J'ai encore laissé filer mes partenaires entre Compton et Cookshire, pour les rejoindre encore une fois au contrôle. Départ regroupé et on a roulé ensemble jusqu'à La Patrie. Je les ai regardés prendre les devants à N-D des Bois. Je les ai rejoints après Woburn, je les ai regardé partir une autre fois... et on s'est rejoint à Lac-Mégantic.

Trio poulet croustillant, soupe au légumes et coca-cola au Tim Horton's et on est reparti.

Le plus gros du travail derrière nous, je me sentais en confiance pour attaquer les dernières difficultés. On a roulé en groupe à partir de là et jusqu'à la fin. J'ai finalement trouvé le bon braquet pour suivre mes collègues dans les côtes, et j'étais même d'attaque à rouler devant, particulièrement après Magog.

Un chien nous a couru après dans le coin de Scotstown. Son maître la rappelé à l'ordre, mais il est venu bien près de mordre mon mollet. Une voiture nous suivait en plus, alors s'en est fallu de peu pour que pitou passe sous les roues.

Un autre genre de pitou nous à causé du tord dans le bout de Bolton. Olivier venait de prendre une crevaison et on s'est arrêté devant une maison (celle où il y a des voitures antiques de garées sur le gazon). Il était à peine 5h du matin. On regardait Olivier changer sa chambre à air, alors qu'un homme émerge de nulle part armé d'un bâton de golf.

    -"Fucking idiots would you fucking shut up, people are trying to sleep here fuck. It's private property here..."
    -"Désolé monsieur".
    -"Fucking fuck fuck" (dit-il en retournant chez lui).
Honnêtement, je ne crois pas qu'il y avait d'autres personnes chez lui qui dormait, mis à part peut-être sa mère enfermée dans le sous-sol. L'homme semblait bien seul et de la manière qu'il parlait et qu'il était habillé, je ne doute pas qu'il était encore sur la brosse de la veille.

Bref. On a continué.


À Cowansville, on a réalisé qu'on était dans les temps pour finir sous les 30h. Les troupes se sont motivées, et on a roulé au-dessus de 30km/h jusqu'à Saint-Lambert.


Objectif atteint: 29h40m


Il faut souligner le double défi auquel Carl a dû faire face durant ce brevet, en ayant à gérer son diabète. Une charge mentale supplémentaire pour lui. Franchement bravo!


Épilogue:

Que dire de plus sur ce brevet? Pour l'heure, je suis complètement lessivé, on dirait qu'un camion 36 roues m'est passé dessus! Non, je déconne, Bernard! Je salue Gaby puis rentre tranquillement à mon condo. Le prochain rendez-vous officiel est fixé au dimanche 18 août, départ 18h à Rambouillet. Ce sera le début d'une nouvelle aventure, certainement plus que mémorable, j'ai bien hâte d'y être et de vous raconter les péripéties. 

J'informe mes followers FB que ma mission est accomplie. J'appelle ma princesse Leia adorée pour lui communiquer ma joie et ma fatigue. Douche et relaxation puis dodo, je l'ai bien mérité. Me voilà téléporté au plus profond d'un sommeil intergalactique. 

Que la paix soit avec moi !!! 

Prochain RV le 18 août à 18h en France

Fin de l'épisode IV du PBP Wars. 

Chant victorieux des Ewoks ou Musique grandiloquente du final, à vous de choisir !

Mes stats sur Strava

Mon film sur Youtube

Mon plan de match du 600:

Ma feuille de route pour ce 600