3h30, le cadran sonne après 5 heures de sommeil. Je suis comme d'habitude
excité à l'aube de ce
brevet de 400 km organisé par le CVRM, point obligé et logique de ma
progression vers mon projet fou de Paris-Brest-Paris 2015. En effet, dans mon
agenda 2013 du mois de juin, j'ai inscrit 400 km le 1er, 600 km le 15, 400 km
le 29 ! Je ne sais pas si le mental et surtout le physique tiendront le coup,
mais faut bien se fixer des objectifs dans la vie. J'espère que mes kilomètres accumulés depuis le début de l'année me permettront de passer ces différents caps et qu'enfin je réussirai un 600 bornes, trophée suprême dans la formation du jeune jedï randonneur que je
suis !
Mais avant tout il
est temps de revenir au présent et de prendre
les choses dans l'ordre. Je me prépare un bon petit
déj avec café fort, tartines au
Nutella, banane en rondelles arrosées de sucre, jus
d'orange, yaourt, de quoi tenir les premières heures jusqu'au
contrôle 1 situé à 105 km. Tout en
avalant mon stock de glucides et de vitamines, j'analyse la météo sur le net, il est annoncé des vents
raisonnables O et SO de 10 a 20 km/h mais surtout une chaleur caniculaire avec
des orages en fin de journée. Hou lala, ça va chauffer sur la route, surtout qu'aux plus chaudes heures de la journée, nous devrions nous retrouver dans les côtes infernales du côté de Sutton ! Le maître mot va être boire, boire et encore boire, et surtout ne pas se
faire déshydrater.
Je termine de préparer mon matose, le dilemme est de bien choisir quoi mettre dans ma
sacoche MEC car celle-ci n'est pas très volumineuse,
environ 7 litres. Pourtant il faut que j'emmène les indispensables, trousse de réparation avec 2
chambres à air, l'imperméable et les sur-chaussures pour la pluie, les lumières avant et arrière avec leur batterie de rechange ainsi
que le baudrier pour la nuit, la crème solaire, la crème pour les fesses, de l'huile pour la chaîne, (ne pas se tromper lors de l'application !) et enfin toute la bouffe de
secours nécessaire en cas de coup de pompe, gels et jujubes
contenant de la potion magique, je veux dire électrolytes en tout genre ! En plus de ça, le gros problème de la journée est aussi de maintenir son GPS actif pendant tout le parcours, sachant
que les Garmin sont out après 15 à 18 heures de
fonctionnement. Alors chaque cyclo a ses solutions, pour ma part, j'ai pris ma
plug pour tenter de le recharger dans des endroits civilisés lors de mes arrêts, on verra bien, au pire des cas, il
me restera les cartes fournies par l'organisation.
4h30, il est temps
de rejoindre le départ au stationnement de la voie maritime de St Lambert,
dehors il fait déjà un bon 20 degrés quand je déroule Victoria. Je suis habillé en court et je
n'ai pas pris de vêtement chaud car plus de place dans la
sacoche et aussi suite à l'analyse météo ! Mes compagnons de route sont déjà arrivés, salutations et retrouvailles, papotage, distribution
de cartes de route et Jean rappelle tout le monde à l'ordre pour la
traditionnelle photo à 5 heures pétantes, nous aurons toute la journée pour terminer
nos conversations ! Clic-clac Kodak.
C'est le moment d'allumer mon GPS jusque là préservé en énergie. Misère ! Celui-ci s'est réinitialisé et toutes mes options personnelles comprenant mes écrans fétiches sont à reprogrammer, bordel de merde, fuck la technologie ! Heureusement mon parcours de ce brevet de 400 est toujours là et me voilà en train de re paramétrer mon bidule en slalomant sur Victoria et pendant les premiers kilomètres, grrrr, ça m'énarve, mais y a pas mort d'homme !
C'est le moment d'allumer mon GPS jusque là préservé en énergie. Misère ! Celui-ci s'est réinitialisé et toutes mes options personnelles comprenant mes écrans fétiches sont à reprogrammer, bordel de merde, fuck la technologie ! Heureusement mon parcours de ce brevet de 400 est toujours là et me voilà en train de re paramétrer mon bidule en slalomant sur Victoria et pendant les premiers kilomètres, grrrr, ça m'énarve, mais y a pas mort d'homme !
Après ce stressant épisode, je me remets dans mon trip,
j'ai 400 bornes à parcourir et cet effort à équilibrer sur la journée, voir la nuit.
12 cyclos pour la photo plus Jean le photographe, ça fait 13. Nous roulons en peloton de 11, il en reste 2 à l'arrière, ça marche fort les mathématiques à 5 heures du mat ! J’ai retrouvé mes équipiers du 300, René de Rimouski et les
2 compères Yves et Marc qui ont aussi le PBP 2015 en
perspective, de quoi se retrouver ensemble sur les brevets pour de nombreux
kilomètres. Il y a aussi des français dans le peloton, Emmanuel avec son maillot Mc Gill et son accent du sud
qui fait son premier 400, ainsi que Rémi Bout de
Relique, en fait Bouderlique, excusez-moi, je n’ai pu m’en empêcher ! Oui Rémi, c’est moi le randonneur qui t’ai dit le matin
que tu avais pris ton vieux bazou, un vieux Surly de 50 kilos au moins ( !), ami de la Picardie, dont la mère est née à Amiens, ma ville
natale de France, que le monde est petit ! Et bien sûr, je te niaise au boutte comme on dit icitte, espèce de jeune aisneux plus vigoureux que moi (il comprendra !) car tu me largueras quelques kilomètres plus loin ! Pour finir la
liste des participants, il y a bien sûr les toujours présents Jean et Martin, Simon le triathlète qui est aussi de la partie, ainsi que Patrick sur son Marinoni qui
prodigue des conseils de temps à autre, Luc sur son
vélo de triathlon mais qui ne fait pas de triathlon,
Sylvain dit Gringos, sûrement un mexicain venu du Saguenay, et
le 13éme dont je ne sais pas le nom, crotte, y’avait pourtant 12 gars sur la photo sans Jean, mystère et boule de gomme, Jean help me please !
C’est donc joyeusement excités que nos cyclos
quittent la banlieue rive sud par Grande Allée re-bitumée, un véritable plaisir,
et la moyenne commence à s’élever
dangereusement, en tout cas pour moi. René décide ensuite de prendre un relais sur Grande Ligne à plus de 33 de
moyenne et le peloton explose en 2 morceaux en arrivant sur Chambly. Il ne reste
plus autour de moi que Yves et Marc avec qui nous avons décidé de nous tenir les coudes, ainsi que Luc et Patrick. Quelques kilomètres plus loin, nous retrouvons René qui nous attend, j’ai un peu trop forcé avouera-t-il aussitôt et il préfère rouler pépère avec nous, doucement mais sûrement, telle est notre devise. Nous continuons vers la municipalité de Mont St Grégoire ou je propose une pause pipi banane, histoire de couper en 2, nos 100
bornes jusqu’au premier contrôle. Ma suggestion
est acceptée et le timing est bon car Marc a une crevaison lente et
il décide de changer sa tripe. Photo pour la postérité et notre groupe de 6 repart gentiment.
Malgré notre allure pépère, nous avons une bonne moyenne sans trop forcer. 2
cyclos nous rejoignent de l’arrière, c’est Simon et Martin qui étaient partis après nous, Simon, faudra régler ton cadran un peu plus tôt la prochaine
fois, c’est sympa Martin de l’avoir attendu ! Avec eux, notre groupe de 8 continue
sa progression, nous parcourons les quelques hectomètres de gravelle du brevet et atteignons le petit village de St Armand. À partir de là, finie la direction sud, bonjour la direction ouest, le vent dans le dos,
et bonjour les côtelettes jusqu’à notre 1er
checkpoint. Le groupe s’éparpille un peu
dans les bosses, Luc semble souffrir à l’arrière, pas de pitié pour les gars pas
en forme ! Nous gravissons Pigeon Hill et la dévalons jusqu’au 1er contrôle, Frelighsburg et son dépanneur Sergaz, km
105.
Il n’est que 9h du matin et la chaleur commence à nous accabler
fortement, ça promet pour le reste de la journée. Bien sûr, comme le maître mot du jour
est boire, boire et encore boire, chacun y va de ses goûts préférés pour se déshydrater, pour ma part ce sera coke (trop tôt me diront certains) et crème glacée, ainsi qu’un bon sandwich pour remettre du gaz dans la machine.
Pour d’autres, ce sont de grosses bouteilles d’eau et des réserves de Gatorade. J’en ai aussi dans mon Camelbak de 2 litres et demi et je n’ai pas besoin de recharger pour cette fois, car j’ai aussi 2 bidons, un de Gatorade d’une autre saveur
et l’autre rempli d’eau pour me désaltérer la bouche, car le Gars Tout Raide, c’est un peu écoeurant par moment. À peine 20 minutes d’écoulées que Patrick
sonne le rappel à l’ordre, bon, on n’est pas ici pour
rigoler, ni se la couler douce à Frelighsburg.
Dommage car le village est accueillant et rempli de belles pitounes à bécyk, nous faisant fantasmer avec leur tenue moulante, mais calmons-nous car
la testostérone n’est pas toujours
compatible avec l’effort à pédale !
C’est donc sous le cagnard que nous reprenons notre chemin de croix ou plutôt de côte car des côtes, on va bouffer
sur les 100 prochains kilomètres, en effet
nous attaquons la partie la plus dure du brevet. Nous amorçons les hostilités par celle de y’a de la joie (Joyhill in english), au début nous chantons la chanson de Trénet mais en haut,
plus de souffle pour terminer le refrain et y’a moins de joie ! Déjà, je sens que ça commence à chauffer sous mon
casque et un petit mal de tête se fait sentir,
faut faire gaffe à l’insolation par cette canicule. Heureusement quelques
kilos de descente nous refroidissent un peu les esprits et c’est à ce moment là que nous perdons Luc, un peu lourd dans les côtes mais une vraie bombe dans les descentes ! À tel point qu’il loupera un virage et se retrouvera dans le fossé avec la roue avant
endommagée, heureusement il s’en sortira plutôt bien. Nous apprendrons cette nouvelle
en lisant le compte rendu de Jean sur le site du CVRM et Luc rentrera en bus de
Sutton à Montréal.
Après avoir bien descendu sur la 139, nous voilà au pied de la côte la plus coriace du parcours, la Scénic qui se monte
en 2 temps. Pour moi ce sera en lanterne rouge que je ferai l’ascension, à mouliner sur mon 28 dents et me faisant ainsi larguer par tous les autres
qui tirent plus grand. Marc n’est pas loin
devant et je pense qu’il m’attend au sommet, je suis étonné qu’il soit derrière Yves. Nous dévalons ensemble la
descente et tout en bas une belle frayeur nous attend. Il y a un arrêt à négocier et nous avons l’intention de le griller car il y a rarement d’auto à cet endroit proche de la frontière. Et comme de
bien entendu, voilà une auto qui arrive au mauvais moment,
alors je commence à freiner et Marc qui me suit à vive allure. Alors
je l’entends crier brake-pas brake-pas, et après traduction, je décide de ne plus freiner, évitant ainsi la catastrophe de justesse.
Fiou, que d’émotions, on boit un coup et on continue dans la vallée de la Missisquoi avec vent favorable, le pied. Le groupe de 7 (sans Luc)
se reforme et nous atteignons Mansonville pour un arrêt dépanneur rafraîchissement
bienvenu et cela sans consensus, nous avons trop chaud et trop soif ! Pause de 15 minutes à se désaltérer à l’ombre mais dans la chaleur qui doit toper à 35 degrés car le soleil est au zénith. J’y vais à nouveau avec une crème glacée et une bouteille de thé glacé, pas envie de coke. Le temps de récupérer un peu et le sergent Pat nous invite à nous remettre en
selle pour continuer notre périple, bien mon
adjudant, nous nous exécutons !
À la sortie du
village, nouvelle côte et sa collection multiple sur une
quarantaine de kilomètres, mes compagnons n’ont pas l’air très motivés pour attaquer les grimpouilles alors c’est Pat et moi qui donnons la charge. En fait, chacun monte tranquillement à son rythme et à ce moment là, je me sens bien et j’appuie allègrement sur les pédales, bizarre me dis-je. Je continue
de boire mais je commence à être dégoûter de mon
Gatorade orange, j’attaque le Gatorade bleu tout chaud et
même sensation de dégoût, re-bizarre me dis-je ! Belle descente
en forme d’atterrissage sur Knowlton Landing puis succession de côtes sérieuses qui continuent de nous laminer les cuisses et de
nous assécher le gosier ! Nous passons à côté d’une maison en party, je m’y serai bien arrêté pour prendre une
bière mais non, je reste sur mon vélo à pédaler comme un forcené, qu’est-ce que je fais là à m’éclater la rate, me dis-je, certainement un moment d’égarement !
Nouvelle bonne
descente et nous voilà sur la 243 du côté de Bolton Pass, les autres se sont arrêtés pour atteindre les retardataires que nous sommes, Yves,
Marc et moi. Nous repartons à la file indienne
sur cette route passagère et dans une bosse, Pat et Martin se
font la belle, direction le 2éme contrôle. Simon attend les autres qu’il tire contre un
vent devenu défavorable, jusqu’au Lac Brôme. Maintenant c’est au tour de René de traîner les pattes en queue de peloton et ce n’est pas peu dire car il a les pieds qui gonflent lorsque la chaleur se fait
trop intense, ce qui est le cas. Dernier droit jusque Sutton, nous rencontrons
les autres cyclos en sens inverse, Gringos, Jean, Rémi, Emmanuel, les chanceux, ils ont déjà contrôlé et ravitaillé. Pour ma part, c’est en piteux état que j’atteins l’IGA de Sutton km 211,
les forces m’ont abandonnées depuis quelques
kilomètres et l’arrêt est le bienvenu car il faut que je me refasse une santé.
Pause à l’ombre sur les tables de pique-nique jouxtant le magasin salvateur. Nous y pénétrons comme dans une église, il fait frais et notre salut est dans les rayons remplis de bonnes
choses à boire et à manger ! Seul hic pour moi, je meurs de soif
mais je n’arrive plus à avaler quoi que ce
soit, je n’ai même plus faim et je
suis sans force, que faire ? Je prends une
bouteille de Perrier et de Gatorade fraîche, un bol de riz
avec légumes, une pâtisserie aux
fruits en espérant avaler tout ça, de peine et de
misère. Je pluggue mon GPS à l’intérieur du magasin pour lui faire reprendre de l’énergie, il a l’air épuisé lui aussi ! Dehors je retrouve la chaleur
assommante et m’installe à la table pour déguster avec mes potes. J’ai des visions
apocalyptiques, Yves et Marc se prenant en photos devant des dizaines de
bouteilles de Gatorade, René se trempant les
pieds dans 2 sacs plastiques remplis de glace. La bande de Martin, Simon et
Patrick en profitent pour décamper ensemble, sûrement soulagés de ne plus avoir à nous traîner derrière eux ! Car il faut bien
admettre qu’ils sont bien plus costauds que nous, alors merci
messieurs de nous avoir amener jusque là à bonne allure. Peut
être que j’aurais dû rouler un ton en
dessous, j’aurais peut-être évité une surchauffe de mon petit corps en cette période estivale intense. Et dire que la semaine passée, il faisait 5 degrés et qu’il neigeait presque, y a plus de saison ma bonne dame !
Au bout d’une heure, nous levons le camp direction le prochain contrôle distant d’à peine 40 bornes. J’espère que cette pause m’a été salutaire et je vais faire un test pour .évaluer mon état de forme. Au courant de mon problème, Marc me donne une pastille de sels que je verse dans mon bidon d’eau, ça va te faire du bien me dit-il. Si je n’ai plus de jambes comme à mon arrivée à Sutton, je vais sérieusement penser à un plan de
sauvetage. Nous repartons par la 215 nord, le vent nous pousse, c’est donc assez facile mais je sens que ça ne tourne pas rond. Nous grimpons la côte en pente douce en direction de Bromont, je monte mais je traîne à l’arrière, je n’ai pas envie de servir de boulet à mes compagnons, même si Yves me dit gentiment qu’on reste ensemble,
même si je suis nase. Je comprends que je me suis pris une
bonne déshydratation, je n’arrive plus à boire et j’ai envie de vomir.
C’est péniblement encore que j’atteins le 3éme contrôle au dépanneur de Waterloo, km 249. Je descends de vélo et mes jambes faiblissent, je titube et je dois prendre une décision, continue-je ou continue-je point ? Je prends un bon Magnum aux amandes, mon dessert favori
pour me mettre en appétit, un Perrier et un coke, on verra ce
qui passe … ou ne passe pas ! Malheureusement,
mon estomac refuse tout corps étranger. Malgré les encouragements
de mes compagnons, je décide d’arrêter là pour ne pas mettre
en péril notre groupe et surtout ma santé ! Il faut savoir connaître ses limites et savoir dire stop quand il le faut. Je pense que ça pourrait peut être revenir si je faisais une longue
pause et attendre que la chaleur du jour décline car il est 17h30 et ça devrait bien
finir de chauffer, merde alors ! Mais j’ai déjà appelé mon ex conjointe,
la mère de mon fiston qui possède une auto car ma blonde n’en a pas.
Justement cette semaine, on avait mis au point un plan Orsec (organisation des
secours) au cas ou il m’arriverait un pépin, et bien c’est le temps de le tester.
Mes amis Yves,
Marc et René sont prêts à repartir et je ne
les retarde pas plus longtemps. Je les prends en photo et leur souhaite bon
courage pour la fin du brevet. Bande de veinards, il ne vous reste plus que 150
bornes à faire, dans la noirceur qui approche et certainement avec des trombes d’eau car l’orage gronde à l’horizon, surtout en direction de Montréal. Je les regarde s’éloigner,
tristounet, désolé les gars, mais on
se reverra une prochaine fois, le temps d’analyser ce qui m’est arrivé et d’en tirer les leçons pour ne plus que
ça se reproduise. Après réflexion, je pense que c’est à cause bien évidemment de la chaleur, mais surtout du fait que je ne
me suis pas arrêté quand mon corps le demandait. C’est ça de rouler en groupe, parfois au dessus de ses moyens,
on laisse aller son orgueil plutôt que d’écouter les messages envoyés à notre corps. À méditer pour les prochains brevets et notamment celui de
600 que j’ai bien l’intention de faire
et surtout de terminer, à moins qu’une canicule soit annoncée, dans ce cas, j’y réfléchirai à 2 fois ! Ne pas oublier que par forte chaleur, le maître mot est boire, boire et encore boire … mais pas n’importe quoi !
Une heure après mon appel téléphonique, mon taxi de Montréal vient me cueillir à l’endroit convenu. Je remballe le matériel et m’engouffre dans l’auto, retournant à vive allure par la
10 vers la métropole. Je raconte à Véro mes aventures et plutôt ma mésaventure, tu es fou de faire ça me dit-elle pour
me consoler !
Arrivés à St Lambert, l’orage continue de gronder tout en se rapprochant, ça va bientôt éclater. Je pense
aux cyclos encore sur la route qui vont affronter ces dures conditions, armés de leur courage et de leur volonté, bravo les gars,
vous êtes tous très bons, quelque
soit votre allure, vous avez toute mon admiration. Et j’en aurai aussi pour moi quand je complèterai ce fameux brevet de 600 km dans 2 semaines !
À la prochaine donc
pour une nouvelle et épique épopée et certainement pas abandonnée !
Message à Yves : Comme tu m’as dit que tu
avais la plume facile, peut être que tu
pourrais terminer ce récit pour les 150 dernières bornes que vous avez faites sans moi. À plus, l’ami qui sait comme moi que la vie est maintenant un cadeau !
Voici donc le récit d'Yves Ferland, racontant la fin de ce 400 km épique, publié sur le site du CVRM:
Suite du récit de mon nouvel ami de vélo Pascal Philippe
Waterloo... nous quittons Pascal à l’instant pendant qu’il nous tire le portrait et nous souhaite bonne route; à +300 degrés Kelvin.
Pascal vient de prendre toute une décision, il abandonne, si proche du but... mais si sage de la part d’un cycliste d’expérience comme lui. Pas de connerie avec la déshydratation et la surchauffe de la caboche.
Surtout que la boutique du haut lui et moi, on connaît ! C’est je ne sais plus où durant le parcours que je découvre en Pascal un survivant d’un AVC. Eh ben, dit donc mon vieux lui dis-je... savais-tu que tu roules avec un survivant d’une tumeur au cerveau toi là!
Faut bien se taper des épreuves d’endurance style brevets pour trouver des gais lurons comme Pascal et moi qui ont décidés de savourer chaque seconde de la vie depuis leur retour parmi les vivants.
Alors Pascal, cette fin de récit que tu as si bien débuté est pour toi mon pote !
Contrôle #3 km 249, 17h 25 - Waterloo
Marc, René et moi repartons pour le festival des montées. Car ce n’est pas terminé mesdames et messieurs, nous annonce René. On va se taper de la face de singe solide pendant encore 60 kms avant de commencer la descente en direction de Granby: dans le bout du parc de la Yamaska.
Après 3-4 montées exténuantes, René nous dit:« ça achève les gars, y en reste pu gros des côtes ». Après une heure et demie, Marc me dit:« wow, on est rendu dans un des villages les plus hauts du Québec! ». Ah ben tabern... que je dis à René en pissant de rire, t’as pas dit vla une heure que ça finissait bientôt l’ascension du mont Everest?
Trop drôle: René a tellement de brevets dans les pattes qu’il déconne et nous dit qu’il n’est plus certain de rien après 15 heures assis sur une selle de bike. René, c’est mon nouveau chum de Rimouski qui se met les pieds dans des sacs de plastique remplit de glace pour survivre au parcours du 400 quand il fait trop chaud. Ben maudit ! Ça marche le truc de René... pas un hasard qu’il ait réussi le Paris-Brest-Paris 2011; un connaisseur du dépassement physique et de l’humilité notre Rimouskoi.
Le soleil se couche, je demande un arrêt pour changer de lunettes: du fumé noir polarisant, je passe à verres standards à foyer progressifs de pépère de presque 50 ans bientôt. On installe nos phares de routes, nos lumières rouges clignotantes. René en installe tellement sur son bike qu’il a l’air d’un arbre de Noêl commandité par Hydro-Québec...
On enfile nos dossards jaunes hyper voyants; je suis certain qu’à nous trois, Marc, René et moi on va déclencher des crises d’épilepsie violentes pour les damnés à voiture qui nous croiseront !
Nous roulons à vive allure, troquant les 7,8,9,12 km/h des montées pour du 42-55 km/h le vent dans le dos - woufff, ça fly vers Granby et on reprend du pep. Je pense souvent à Pascal et je me demande s’il va bien sur le chemin du retour dans un 4 roues. Pas naturel pour un cycliste de bouffer autant de bornes pour finir dans une caisse de tôle vers la maison.
Granby: nous arrêtons dans un McDo pour remplir nos précieuses bouteilles d’eau. Boire, boire, boire comme disait Pascal... pisse, pisse, pisse comme disait Marc ! Sérieux, on force tellement qu’on sublime ce que l’on boit avant que ça se rende plus loin dans le système !
Tout d’un coup, on entend un wow ! venant d’une table d’à côté sur la chic terrasse du Wacdo... « as-tu vu l’éclair man...? » que j’entends. Pis d’un seul coup les 3 gais lurons de la pédale qui se lèvent la tête en synchro pour regarder le ciel, avec la bouche en coeur bien ouverte, la mâchoire décrochée... À une autre table du MacDo, un autre s’exclame:« Ça va être lète en sale à souère, regarde le ciel yé noir comme l’enfer - y va en tomber une crisse ! ». Je regarde Marc et René, pis je me dis que l’enfer je viens de le vivre dans le boutte de Dunham, Bromont, Sutton, Lac-Brome, Eastman, Waterloo alouette ! Ça peut-tu être pire que nos premiers 320 kms..., hein, ?$$#%&?
Ben oui, et boum ! Le tonnerre qui pète et les éclairs qui nous décollent la rétine. Je vois en négatif pendant que mes yeux se réajustent. Marc nous dit, on part les boys pis ça presse, on va en manger toute une pis ça va être mouillé rare.
Enfilage d’imper pour Marc, enfilage de rien pour moi et René..., car dans notre grandeur lors du départ, on a trouvé qu’il ferait ben chaud pis que la pluie, ça tue pas. Oh hhhho oh oh, la pluie qui tombe en trombes avec des orages le soir sans soleil... c’est frette en svp. Je demande un mini arrêt et j’enfile ma deuxième peau, un chandail de ski fétiche que j’ai toujours avec moi: ça garde au chaud même mouillé et tu ne transpires pas.
Paf ! les éclairs, et les grenouilles qui sortent de partout sur la piste cyclable. On ne voit mauditement rien à l’extérieur de la couverture de nos phares. Les arbres de la piste cyclable cachent la luminosité avoisinante de la ville et des maisons. Boum, patlowe! On repart comme des voleurs sur nos montures. J’ai enfilé mon jersey à la vitesse de la lumière.
Marc ouvre la route, je suis et René ferme le convoi. Fait tellement noir, le bruit de la pluie est assourdissant, les éclairs aveuglants et les branches d’arbres sont tellement basses qu’elles forment une voûte naturelle: comme si nous traversions le tunnel sous la Manche.
Personne ne parle, on roule, on mouline, on est CONCENTRÉS... Tout d’un coup je me rappelle une scène du Parc Jurassique: la lumière est pareille, les bruits de vent et d’orage aussi. Et surtout, le son des ouaouarons ou grenouilles du genre qui envoient leurs borborygmes bizarres en canon et en stéréo. Vraiment, on dirait la scène où les T-REx vont attaquer... même son, même suspens...
On roule, Marc manque d’écraser un lièvre qui se pousse en raquette et qui traverse la voie en détalant comme s’il était poursuivi par un des T-Rex. Je vois le lièvre qui passe proche de finir en sushi dans les roues profilées de Marc. Marc en rit un bon coup et me dit: « check les grenouilles partout qui sautent sur la piste » ! Au même moment, j’en ai une qui me saute sur le cuissard, va savoir pourquoi... Je manque de pogner une débarque mémorable, mais on reste zen, pas de faux mouvements en vélo, sinon... y en a une couple qui vont se rappeler de toi dans le peloton, et à l’hôpital !
On roule jusqu’à Saint-Césaire sous la flotte et le vent dans le dos, ou sur le côté. Saint-Césaire.. avant-dernier contrôle à 349 kms. Je n’ai jamais autant aimé la vue d’un Tim Horton de ma vie ! Il est 23h 10. Oubliez ce que je ai dit tout à l’heure pour mon jersey de ski qui respire et garde au sec... bulsh... Je suis détrempé à mort, René aussi. Marc a été protégé par son imper, mais il sort d’un sauna en enlevant cette cochonnerie de Saran Wrap pour cyclistes. Leçon, on est tous mouillés égal pour des raisons différentes - y a une justice sur terre.
Simon, Patrick et Martin sont déjà au Tim en train de se faire sécher et d’attendre que la pluie cesse un peu. C’est des machines ces trois-là - qu’il pleuve, qu’il grêle, qu’il tombe des canards, ils roulent. Jean est loin devant, ou bien il a déjà fini, qui sait. Ce gars est hors norme, jamais vu ça autant de puissance et d’endurance dans un seul être humain.
Marc, René et moi on mange LE repas chaud de la journée ! Jouissance totale avec mon bol de soupe aux nouilles défaites et mes deux mains étampées sur ma tasse à café pour me décongeler les membres. J’en profite pour faire sécher mon jersey avec le séchoir à mains dans les toilettes... bilan: ça marche pas.
30 minutes plus tard, la pluie a diminué de beaucoup, on repart pour le dernier stretch pour le point de contrôle au kilomètre 392. Nous ne parlons plus, on n’entend que le bruit de nos roues, les routes, la ville, la nuit nous appartient totalement. C’est à ce moment que je me rends compte que je suis prêt pour le brevet de 600 kms. Je sais que ce sera intense et plein d’épreuves, mais je découvre mes capacités ce soir et la sagesse de rouler à ma cadence. Tout comme Pascal qui a su prendre un arrêt avant de se rendre malade.
Le vent est tombé, la chaleur du jour à venir se fait déjà sentir. De 5 heures du mat samedi au départ jusqu’à maintenant quelques 20 heures plus tard, le cycle de la journée se manifeste devant nous: du lever, au coucher, au lever du soleil qui ne tardera pas à se produire d’ici quelques heures.
Nous arrivons au dernier point de contrôle et terminons notre parcours en 21 heures 10 minutes. Pascal n’y est pas, mais on a pensé à lui tout du long. On se serre la main et on apprend que René s’en va faire un classique dans une semaine, ou deux... Un classique... c’est 1,200 kms ça... René me dit: « quand t’en as fait 600, un autre 600 ça te dérange plus... » Une autre sage parole de la Rimouskoiture.
Nous arrivons à ma voiture au point de départ à St-Lambert. Marc et moi on se fait une grosse accolade. Wow, on se connaît depuis longtemps, très longtemps. On ne parle plus beaucoup. Je le laisse chez lui, j’arrive chez moi et... je me réveille à 11 am en ne me rappelant plus comment je me suis couché en arrivant.
Yves Ferland
Voici donc le récit d'Yves Ferland, racontant la fin de ce 400 km épique, publié sur le site du CVRM:
Suite du récit de mon nouvel ami de vélo Pascal Philippe
Waterloo... nous quittons Pascal à l’instant pendant qu’il nous tire le portrait et nous souhaite bonne route; à +300 degrés Kelvin.
Pascal vient de prendre toute une décision, il abandonne, si proche du but... mais si sage de la part d’un cycliste d’expérience comme lui. Pas de connerie avec la déshydratation et la surchauffe de la caboche.
Surtout que la boutique du haut lui et moi, on connaît ! C’est je ne sais plus où durant le parcours que je découvre en Pascal un survivant d’un AVC. Eh ben, dit donc mon vieux lui dis-je... savais-tu que tu roules avec un survivant d’une tumeur au cerveau toi là!
Faut bien se taper des épreuves d’endurance style brevets pour trouver des gais lurons comme Pascal et moi qui ont décidés de savourer chaque seconde de la vie depuis leur retour parmi les vivants.
Alors Pascal, cette fin de récit que tu as si bien débuté est pour toi mon pote !
Contrôle #3 km 249, 17h 25 - Waterloo
Marc, René et moi repartons pour le festival des montées. Car ce n’est pas terminé mesdames et messieurs, nous annonce René. On va se taper de la face de singe solide pendant encore 60 kms avant de commencer la descente en direction de Granby: dans le bout du parc de la Yamaska.
Après 3-4 montées exténuantes, René nous dit:« ça achève les gars, y en reste pu gros des côtes ». Après une heure et demie, Marc me dit:« wow, on est rendu dans un des villages les plus hauts du Québec! ». Ah ben tabern... que je dis à René en pissant de rire, t’as pas dit vla une heure que ça finissait bientôt l’ascension du mont Everest?
Trop drôle: René a tellement de brevets dans les pattes qu’il déconne et nous dit qu’il n’est plus certain de rien après 15 heures assis sur une selle de bike. René, c’est mon nouveau chum de Rimouski qui se met les pieds dans des sacs de plastique remplit de glace pour survivre au parcours du 400 quand il fait trop chaud. Ben maudit ! Ça marche le truc de René... pas un hasard qu’il ait réussi le Paris-Brest-Paris 2011; un connaisseur du dépassement physique et de l’humilité notre Rimouskoi.
Le soleil se couche, je demande un arrêt pour changer de lunettes: du fumé noir polarisant, je passe à verres standards à foyer progressifs de pépère de presque 50 ans bientôt. On installe nos phares de routes, nos lumières rouges clignotantes. René en installe tellement sur son bike qu’il a l’air d’un arbre de Noêl commandité par Hydro-Québec...
On enfile nos dossards jaunes hyper voyants; je suis certain qu’à nous trois, Marc, René et moi on va déclencher des crises d’épilepsie violentes pour les damnés à voiture qui nous croiseront !
Nous roulons à vive allure, troquant les 7,8,9,12 km/h des montées pour du 42-55 km/h le vent dans le dos - woufff, ça fly vers Granby et on reprend du pep. Je pense souvent à Pascal et je me demande s’il va bien sur le chemin du retour dans un 4 roues. Pas naturel pour un cycliste de bouffer autant de bornes pour finir dans une caisse de tôle vers la maison.
Granby: nous arrêtons dans un McDo pour remplir nos précieuses bouteilles d’eau. Boire, boire, boire comme disait Pascal... pisse, pisse, pisse comme disait Marc ! Sérieux, on force tellement qu’on sublime ce que l’on boit avant que ça se rende plus loin dans le système !
Tout d’un coup, on entend un wow ! venant d’une table d’à côté sur la chic terrasse du Wacdo... « as-tu vu l’éclair man...? » que j’entends. Pis d’un seul coup les 3 gais lurons de la pédale qui se lèvent la tête en synchro pour regarder le ciel, avec la bouche en coeur bien ouverte, la mâchoire décrochée... À une autre table du MacDo, un autre s’exclame:« Ça va être lète en sale à souère, regarde le ciel yé noir comme l’enfer - y va en tomber une crisse ! ». Je regarde Marc et René, pis je me dis que l’enfer je viens de le vivre dans le boutte de Dunham, Bromont, Sutton, Lac-Brome, Eastman, Waterloo alouette ! Ça peut-tu être pire que nos premiers 320 kms..., hein, ?$$#%&?
Ben oui, et boum ! Le tonnerre qui pète et les éclairs qui nous décollent la rétine. Je vois en négatif pendant que mes yeux se réajustent. Marc nous dit, on part les boys pis ça presse, on va en manger toute une pis ça va être mouillé rare.
Enfilage d’imper pour Marc, enfilage de rien pour moi et René..., car dans notre grandeur lors du départ, on a trouvé qu’il ferait ben chaud pis que la pluie, ça tue pas. Oh hhhho oh oh, la pluie qui tombe en trombes avec des orages le soir sans soleil... c’est frette en svp. Je demande un mini arrêt et j’enfile ma deuxième peau, un chandail de ski fétiche que j’ai toujours avec moi: ça garde au chaud même mouillé et tu ne transpires pas.
Paf ! les éclairs, et les grenouilles qui sortent de partout sur la piste cyclable. On ne voit mauditement rien à l’extérieur de la couverture de nos phares. Les arbres de la piste cyclable cachent la luminosité avoisinante de la ville et des maisons. Boum, patlowe! On repart comme des voleurs sur nos montures. J’ai enfilé mon jersey à la vitesse de la lumière.
Marc ouvre la route, je suis et René ferme le convoi. Fait tellement noir, le bruit de la pluie est assourdissant, les éclairs aveuglants et les branches d’arbres sont tellement basses qu’elles forment une voûte naturelle: comme si nous traversions le tunnel sous la Manche.
Personne ne parle, on roule, on mouline, on est CONCENTRÉS... Tout d’un coup je me rappelle une scène du Parc Jurassique: la lumière est pareille, les bruits de vent et d’orage aussi. Et surtout, le son des ouaouarons ou grenouilles du genre qui envoient leurs borborygmes bizarres en canon et en stéréo. Vraiment, on dirait la scène où les T-REx vont attaquer... même son, même suspens...
On roule, Marc manque d’écraser un lièvre qui se pousse en raquette et qui traverse la voie en détalant comme s’il était poursuivi par un des T-Rex. Je vois le lièvre qui passe proche de finir en sushi dans les roues profilées de Marc. Marc en rit un bon coup et me dit: « check les grenouilles partout qui sautent sur la piste » ! Au même moment, j’en ai une qui me saute sur le cuissard, va savoir pourquoi... Je manque de pogner une débarque mémorable, mais on reste zen, pas de faux mouvements en vélo, sinon... y en a une couple qui vont se rappeler de toi dans le peloton, et à l’hôpital !
On roule jusqu’à Saint-Césaire sous la flotte et le vent dans le dos, ou sur le côté. Saint-Césaire.. avant-dernier contrôle à 349 kms. Je n’ai jamais autant aimé la vue d’un Tim Horton de ma vie ! Il est 23h 10. Oubliez ce que je ai dit tout à l’heure pour mon jersey de ski qui respire et garde au sec... bulsh... Je suis détrempé à mort, René aussi. Marc a été protégé par son imper, mais il sort d’un sauna en enlevant cette cochonnerie de Saran Wrap pour cyclistes. Leçon, on est tous mouillés égal pour des raisons différentes - y a une justice sur terre.
Simon, Patrick et Martin sont déjà au Tim en train de se faire sécher et d’attendre que la pluie cesse un peu. C’est des machines ces trois-là - qu’il pleuve, qu’il grêle, qu’il tombe des canards, ils roulent. Jean est loin devant, ou bien il a déjà fini, qui sait. Ce gars est hors norme, jamais vu ça autant de puissance et d’endurance dans un seul être humain.
Marc, René et moi on mange LE repas chaud de la journée ! Jouissance totale avec mon bol de soupe aux nouilles défaites et mes deux mains étampées sur ma tasse à café pour me décongeler les membres. J’en profite pour faire sécher mon jersey avec le séchoir à mains dans les toilettes... bilan: ça marche pas.
30 minutes plus tard, la pluie a diminué de beaucoup, on repart pour le dernier stretch pour le point de contrôle au kilomètre 392. Nous ne parlons plus, on n’entend que le bruit de nos roues, les routes, la ville, la nuit nous appartient totalement. C’est à ce moment que je me rends compte que je suis prêt pour le brevet de 600 kms. Je sais que ce sera intense et plein d’épreuves, mais je découvre mes capacités ce soir et la sagesse de rouler à ma cadence. Tout comme Pascal qui a su prendre un arrêt avant de se rendre malade.
Le vent est tombé, la chaleur du jour à venir se fait déjà sentir. De 5 heures du mat samedi au départ jusqu’à maintenant quelques 20 heures plus tard, le cycle de la journée se manifeste devant nous: du lever, au coucher, au lever du soleil qui ne tardera pas à se produire d’ici quelques heures.
Nous arrivons au dernier point de contrôle et terminons notre parcours en 21 heures 10 minutes. Pascal n’y est pas, mais on a pensé à lui tout du long. On se serre la main et on apprend que René s’en va faire un classique dans une semaine, ou deux... Un classique... c’est 1,200 kms ça... René me dit: « quand t’en as fait 600, un autre 600 ça te dérange plus... » Une autre sage parole de la Rimouskoiture.
Nous arrivons à ma voiture au point de départ à St-Lambert. Marc et moi on se fait une grosse accolade. Wow, on se connaît depuis longtemps, très longtemps. On ne parle plus beaucoup. Je le laisse chez lui, j’arrive chez moi et... je me réveille à 11 am en ne me rappelant plus comment je me suis couché en arrivant.
Yves Ferland
Message à Jean : Tu pourras mettre le mot Abandon en face de mon nom sur
ce brevet de 400 km. Ce n’est jamais facile
d’assumer ça mais c’est la dure loi du sport !
Suite personnelle
du journal, après cet article remis au CVRM et mis sur Facebook. Je
rentre a mon condo, je remercie Véro puis j'appelle
Marielle pour lui dire que je me douche et j'arrive. L'orage se met a éclater avec violence, je mets mon vélo et celui de
chou sur l'auto et je rejoins Verdun vers 21h30. Je raconte mon aventure, je
mange un peu de Chili, j'ai encore faim, c'est bon signe ! Un peu de téloche avec du tennis a Roland Garros puis nous allons pieuter sans folie.
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