Km 0 : Il pleut, il mouille, c'est la fête à la
grenouille. 16
participants au départ de ce brevet de 600 km, un record. 16 mongols,
prêts à en baver et se faire rincer pendant 2 jours, qui vont se demander par
moment d'égarement, mais pourquoi on fait ça ???
Km 15 : On sort de la banlieue de la rive sud avec un vent favorable d'ouest modéré. Notre grupetto est composé de moi, Yves, Marc et Martin Dugré, faut préciser car y a beaucoup de Martin dans le club. Gabriel n'est pas venu pour cause de funérailles.
Km 15 : On sort de la banlieue de la rive sud avec un vent favorable d'ouest modéré. Notre grupetto est composé de moi, Yves, Marc et Martin Dugré, faut préciser car y a beaucoup de Martin dans le club. Gabriel n'est pas venu pour cause de funérailles.
Km 30 : Richelieu, ça roule bien.
Martin fait un boucan d’enfer avec sa sacoche qui frotte sur sa roue. Ah ces
sacoches Carradice, bien pour le volume, pas terrible pour la fixation ! Il
pleut mais c’est acceptable, de toute façon on commence à avoir l’habitude,
dans tous les derniers brevets, miss Pluie est de la partie. L’asphalte de la
route est vraiment pourri jusque Rougemont, on a même droit à 500 mètres de
garnotte.
Km 55 : Contrôle 1 de St Césaire,
7h15. Même temps que l’an passé à mon premier 600, il faisait beau, j’étais
avec Sieur René de Rimouski, mon idole, de la bande des rockers mongols, j’ai
des posters dans ma chambre ;-) Je dis ça parce que ce gars a fait 3 ultra
brevets en 2013, 2 fois 1200 km et 1 fois 1400 km, un vrai super randonneur
Jedi ! Notre moyenne est bonne, proche de 27 km/h, pourvu que ça dure. On
retrouve quelques unités qui décampent aussi sec quoique mouillées ! Pause
courte à la demande de tous et post sur Facebook à tous nos partisans.
Km 80 : On prend la piste cyclable,
toujours plus agréable. Pause 5 minutes au Vélogare de Granby. Martin tente un
ajustement à sa sacoche qui est trop lourde, ma parole, il a emmené tout son
garde robe ! Bernard, qui nous avait rejoints, fait une pause café au Mc Do,
c’est sa routine, on le laisse là. On le reverra de temps en temps sur le
parcours.
Km 100 : La pluie s’intensifie à
Waterloo, morne plaine, a dit Victor Hugo, c’est pas faux ! On poursuit notre
route, stoïques. La confrérie Clément and Co fait une pause à l’abri des
cocotiers, s’ils attendent que le soleil revienne, ils feraient mieux de se
prendre un aller simple pour Cuba !
Km 125 : Pause pipi et étirements à
Eastman. Photos devant les affiches de film, le dernier Survivant, serait-ce
notre destin, Yves en rigole ! On rajoute de l’huile sur nos chaines couinantes
à souhait. Voilà les premières côtelettes avec apothéose au pied des pistes de
skis du mont Orford puis la grisante descente sur Magog.
Km 142 : Arrêt repas au Subway au
bord du lac Memphré. On se requinque avant le relief tourmenté. Martin cherche
au magasin, une plug USB pour son GPS. Le groupe des 4 mousquetaires repart
sous le soleil, vent favorable, dans les charmants vallons du lac Massawippi,
ça roule facile et nous profitons du moment présent.
Km 160 : On rejoint Bernard qui nous
avait dépassés à Magog. C’est le party à Ayers Cliff, musique et ambiance
country au programme. On grimpouille les côtelettes en chantant y a de la joie,
tant qu’y en a encore, au son de la musique de mon iPhone ! On est heureux,
bande de mongols !
Km 181 : Contrôle 2 de Compton, 14h
(13h30 en 2013). La sacro-sainte halte crème glacée arrosée de Perrier nous
rafraichit, même si ce n’est pas la canicule. Je me mets en court en prévision
du relief tourmenté qui va s’intensifier. Ça déconne en gang, on prend des
poses durant la pause, voir photos !
Km 210 : On rigole moins, les bosses se succèdent rapidement maintenant. Cependant la bonne humeur est toujours de mise. On reperd Bernard qui s’arrête soudain sur l’accotement.
Km 235 : Contrôle 3 de Cookshire, 17h
(16h30 en 2013). On reprend de l’énergie au Subway avant d’attaquer le toboggan
infernal qui nous attend jusque Notre Dame des Bois. Recharge d’iPhone et de
mon GPS sur sa batterie auxiliaire. Martin déleste son sac d’un pneu de
rechange, qu’il cache dans un bosquet, il le récupèrera au retour.
Km 250 : C’est la fameuse route des
sommets, on se croque le portrait devant le panneau indicateur ! Chacun craint
un peu ce passage difficile, 1400 mètres de dénivelé en 60 kilomètres, dixit
Fred. Alors chacun prend son rythme because faut pas se désintégrer dans ses
longs faux plats !
Km 280 : La côte finale à Notre Dame des Bois est de toute beauté, ça nous emmène à l’apogée de notre brevet, soit 640 mètres. Au sommet, il est 20h30 et nous allumons nos loupiotes. Marc a des soucis avec sa lampe, problème résolu, c’étaient les connecteurs mal connectés !
Km 300 : La pluie refait son
apparition. La bonne descente attendue s’avère être une succession de petits raidillons
bien casse pattes. Enfin de la route plate en longeant le lac Mégantic. Il fait
nuit, il mouille et on commence à accuser le coup, on a hâte d’arriver au
village sinistré en Juillet 2013. La catastrophe s’est déroulée la même nuit
que le deuxième brevet de 600, Yves et Marc étaient présents. Lors de mon
premier 600, 3 semaines plus tôt, j’avais remarqué en haut de la côte, ce
fameux train de la mort, à l’arrêt mais tout moteur allumé, attendant son heure
pour essaimer la mort dans le bas du village. Passage à la guérite dans la zone
du crash, on se croirait à Beyrouth. Yves mène le groupe sur les indications de
Martin Bergeron qui a fait son premier 600 la semaine passée. Nous arrivons
enfin au Tim.
Km 325 : Contrôle 4 de Lac-Mégantic,
23h (22h en 2013). On retrouve Olivier, Emmanuel et Sylvain qui attendent que
la pluie s’arrête depuis plus d’une heure, encore de doux rêveurs ! Voilà
l’accalmie attendue et ils filent, ils ont décidé de dormir en cours de route.
Nous séchons nos carcasses en prenant une bonne collation, soupe, panini, café
et pepsi. Quant on repart, les Clément et Bernard arrivent, ils vont dormir
ici, au motel Quiet, peut-être une sage décision. C’est une bonne stratégie
pour récupérer, ne plus se faire mouiller car la météo doit s’améliorer et
surtout moins rouler la nuit, ce qui est très exigeant au niveau attention et
physique. Le seul bémol est qu’il ne faut manquer le prochain contrôle situé au
km 420, heure limite à 9h. C’est ce que j’avais fait l’année passée en solo et
ça s’était bien passé, mais cette année j’ai décidé de faire le dodo à
Lennoxville, encore 95 bornes à faire de nuit, comme cela, je pourrais
comparer. Yves s’est posé la question de dormir au motel, peut-être une
prémonition.
Km 345 : On a dépassé Nantes
puis nous voici à Milan, vive l’Europe, tout est désert à cette heure de la
nuit. La pluie a cessé, en aurait-on terminé avec elle ? Les descentes et les
côtes se succèdent toujours.
Km 365 : Pause hygiène à Compton. On
retrouve Olivier, Emmanuel et Sylvain qui ont dormi dans un abri pour 20
minutes. Yves se plaint du froid dans les descentes, il a surtout froid à la
tête, au niveau de sa plaque de métal, récolté lors de son récent problème au
cerveau. Nous repartons tous ensemble, en grupetto de 7 cyclos, les lumières
blanches et rouges dansent dans la nuit noire.
Km 375: Yves continue de ahaner en montant
les côtes, au ralenti et en queue de peloton. C'est bientôt la fin pour lui, il
a des étourdissements, je lui conseille de s'arrêter, on va déclencher le plan
OrSec, organisation des secours. Téléphone à plusieurs taxis de Sherbrooke, pas
de réponse. Avec Marc, on décide d'arrêter les rares autos qui passent par ici,
dans ce coin perdu au fin fond du Québec entre Cookshire et Compton sur la 214,
au fin fond de la nuit vers 2h30 du matin. À la 3ème tentative, un pickup
s'arrête, Marc négocie avec le jeune chauffeur un lift jusque Cookshire,
celui-ci accepte, ouf ! En plus, pas de problème pour mettre le vélo à
l'arrière, cool ! Nous reprenons notre route, nous sommes plus serein de savoir
notre ami en sécurité, mieux vaut ne pas tenter le diable. Du coup, on s’est fait larguer par le
groupe alors on repart en duo, Marc et moi.
Km 395 : Retour sur la 118, plus civilisée mais
toujours sans auto, yes ! On atteint Cookshire et sa côtelette d’arrivée avec
le Subway visité tout à l’heure. On retrouve Martin qui a récupéré son pneu de
spare dans le bosquet. En haut de la côte, on aperçoit le vélo de Yves, il
s’est réfugié dans le sas d’entrée d’une Caisse Desjardins, triste coïncidence,
c’est dans cette compagnie qu’il travaille ! I va téléphoner à son ex en début
de matinée pour le rapatriement. En attendant, on le laisse dans sa couverture
de survie et il va dormir un peu.
Km 420 : Contrôle 5 de Lennoxville, 5h30 (8h15
en 2013). Après avoir tiré quelques bords bien appuyés sur la 108, nous voici
enfin au dodo promis de l’université Bishop. On prend soin d’aller puncher au
dépanneur, des fois qu’on se réveille en retard, ce serait trop bête. Le
gardien nous emmène à nos chambres et nous montons les vélos au 2éme étage ! Il
est 6h, je mets mon iPhone à sonner pour 7h30, alors pas le temps de niaiser,
une douche rapide et zou au lit ! Zzzzzzzz ! Une heure trente de sommeil
réparateur s'écoule, pour 8h nous voilà à la cafétéria de Bishop à déjeuner
copieusement. Nous apercevons quelques joueurs des Alouettes, sortis de leur
nid. On retrouve David l’albertain et nous repartons tous les 4. Marc, Martin,
David et moi. Une bonne côte nous attend pour nous remettre en condition et
sortir de la vallée du St François.
Km 435 : C’est le festival des routes pourries
et des changements de direction jusqu’au lac Magog, c’est vraiment horrible
cette portion ! On retrouve la quiétude d’une piste cyclable.
Km 450 : Pause ravito à l’IGA de Magog. J’aurais
voulu m’arrêter au Subway, plus tranquille et plus pratique, mais le groupe a
décidé que c’était ici. Fait chier car on se perd dans l’immense magasin pour
trouver de la bouffe, IGA vive la bouffe ! Puis on s’assoit par terre et au soleil
pour grignoter, grrrr, Subway, comme tu me manques ! On se met en court car le
soleil semble sortir pour de bon, la température est agréable, voir idéale pour
le vélo.
Km 455 : Côte de Southières, on en arrache
encore un bon coup, comme c’est abrupt ! Les côtes reprennent leur rythme
incessant, faisant exploser notre groupe, Marc et Martin en tête, suivi de
David, puis moi en bon dernier mais trop loin quand même ! J’ai pas envie de
m’éclater la rate alors je roule à l’économie, en faisant du 4 litres au 100 !
Km 475 : Le grupetto se reforme au coin de la
245, au spa de Bolton, pause rapide et reprise d’énergie pour la suite. Nous
rattrapons la 243, la formation ré explose dans le même ordre. Le vent est
toujours modéré d’ouest, nord-ouest, donc normalement défavorable jusqu’au
retour. Aussi pas de grosse moyenne à prévoir pour la fin du brevet, faut faire
avec les éléments ! J’essaie de rattraper David pour faire des relais mais
celui-ci me re distance à la faveur d’une côte, dommage.
Km 495 : Nouvel arrêt au dépanneur de Lac Brôme,
j’ai besoin d’un café car le sommeil me rattrape. Je retrouve Marc et Martin
qui repartent ainsi que David un peu plus tard. Dernière ligne droite jusque
Cowansville, dernier contrôle avant St Lambert.
Km 517 : Contrôle 6 de Cowansville, 14h30 (même
temps en 2013), l'heure limite étant à 15h32. Arrêt au Tim, le premier du
brevet, café, beigne, yaourt et pepsi. Je retrouve David qui vient me montrer
comment il renverse son Tim glacé, alors qu’il voulait juste le placer derrière
son cou pour se refroidir la nuque ! Bien joué, Dave, il repart seul, et penaud
!
Km 525 : Après une brève pause car il faut faire
attention au chrono maintenant, me voilà reparti sur la trépidante 104. Marc et
Martin me rattrapent par l’arrière (comment ils pourraient faire autrement !)
et on fait 10 km en faisant des relais contre le vent. Mais c’est trop intense
pour moi alors je les laisse s’escrimer à deux, préférant rouler à mon rythme.
Km 535 : Farniente à Farnham ! Je profite d’une
table de piquenique accueillante a l’ombre, pour bouloter mes bouchées de cake
énergétique préparé avec amour par moi-même, le bon plan alimentation de
l’année ! Je consulte régulièrement mon Facebook et suis ravi par tous ces
posts d’encouragement, ça fait du bien. Go Go Go, ça achève !
Km 550 : Je rejoins un cyclo vêtu de rouge au
loin, serait-ce David ? Non, c’est Martin ! Je suis étonné de rattraper the
machine, seul et à la dérive, il est en manque d’énergie. Ah ben ! Ça valait
bien la peine de s’échiner 25 km plus tôt. Petite victoire intérieure.
Km 555 : Tim de St Césaire. Halte dans ce lieu
symbolique, c’est notre Mecque des cyclos. C’est là que se passe la dernière
pause avant la mise à mort des brevets. Encore un café, un beigne et un pepsi,
la formule gagnante. Décidé d’arriver avant 20h, je repart seul, mes compagnons
me rejoindront sûrement.
Km 565 : Petit détour dans la campagne montérégienne pour retrouver la 112 et mes acolytes qui me rattrapent déjà. On roulera ensemble jusqu’à la fin.
Km 580 : Juste un petit bout de 112 et nous
filons sur la piste cyclable de Chambly. Martin trouve ça agréable ! Je
commence à en avoir mon voyage, plein mon casque, j’ai sommeil, un peu mal au
cul et ma cheville gauche se coince par moment. C’est sûrement dû à mes cales
qui se bloquent pour manque d’huile, je pense même pas à les lubrifier !
Km 598 : Nous retrouvons Gaétan Boucher, pas le
gars, la rue ! C’est à ce moment précis que mon GPS et celui de Marc
s’éteignent sans prévenir, seraient-ce les extra-terrestres ? Impossible de les
redémarrer, fait chier, si près du but !
Km 608 : Contrôle 7 de St Lambert, 19h40 (19h47
en 2013, yes !) Ouf ! Arrivés ! Terminé ! Plein les bottes ! Si on me demande
de refaire un autre 600 prochainement, c’est NIET ! Mais bon, je sais que
demain sera un autre jour et que je mettrais les choses en perspective.
D’ailleurs le lendemain, la réponse au prochain 600 que j’avais programmé le 28
juin sera … peut-être ! Big five pour les 3 amigos de la route qui se
congratulent devant le Couche Tard. Petite pensée émue pour notre ami Yves qui
a suivi notre progression jusqu’au bout et qui nous envoie un post de
félicitations. Remets toi bien, mon Yvounet, pour le prochain 600 avec ta
dulcinée, si tout va bien ! Merci à tous nos supporters, sans vous je ne sais
pas si j'y arriverais ! Et pendant ces 2 jours de joyeuse pédalée, on cherche
toujours la réponse à notre question fondamentale : Pourquoi on fait ça
??? Peut-être parce que nous sommes de véritables mongols 100% pur jus !
Bravo et merci pour le récit!
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